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sur 1036 notes
Eguchi a 67 ans et est encore très vert pour son âge… Ce n'est pas un vieillard lui ! Pas un vieillard pour qui les femmes ne se concrétisent plus que dans les rêves. Et pourtant Eguchi, sur l'invite d'un « ami » va à la rencontre de ces belles endormies dans cette maison, close, mais si particulière.
Ce court roman de Kawabata a autant de chapitres que de visites effectuées dans cette maison où de vieux hommes bien sous tout rapport passent des nuits avec de belles jeunes femmes, parfois à peine nubiles, endormies.
Droguées, elles dorment tellement profondément que rien ne les réveille. Tout serait donc possible, même le pire. La première expérience d'Eguchi vire au cauchemar, mais aussi à l'attraction… fatale.
La description des corps, des ambiances, des ressentis sont époustouflantes. Une atmosphère résolument glauque aussi mais poétique à la fois, donne à ce roman une force assez étonnante. Il ne se « passe » pas grand-chose mais le bouleversement intérieur chez Eguchi comme chez le lecteur sont incroyables.
Revisiter son histoire charnelle, son histoire amoureuse. Interroger son rapport à la femme, au corps de la femme mais aussi à sa propre décrépitude jusqu'à aboutir au rapport à la mère sont le fil conducteur de cet opuscule.
La mort enfin, comme lien de tous les rendez-vous, jalonne bien notre histoire par trop commune.
Vues au théâtre avant de les avoir lues, ces belles endormies sont décidément de beaux souvenirs.
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Eguchi est un vieil homme qui, au début du livre, vient pour la première fois passer la nuit dans une maison close d'un genre particulier. Il s'agit ici, pour les vieillards, de s'offrir quelques heures de repos auprès d'une jeune femme plongée artificiellement dans le sommeil, un sommeil de plomb durant lequel tout peut arriver. Et c'est précisément ce qui gêne Eguchi, tenté dès le début de réveiller la belle jeune fille endormie à ses côtés. Mais la règle est très claire : il est ici interdit de toucher. Très vite, il va devenir un client assidu de cet établissement géré par une femme d'une quarantaine d'années tenant parfois d'étranges propos…comme si la vie de ces filles n'avait au fond que peu d'importance.

La suite sur mon blog...
Lien : http://tassedethe.unblog.fr/..
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Ce livre pas très épais est un petit plaisir à lire. Il est tendre, simple, émouvant, et à ma grande surprise assez pudique, je dois avouer qu'en lisant le résumé j'avais un peu peur qu'il soit scabreux, ce vieille homme Eguchi, qui dort de temps à autre avec les fameuses Belles endormies, qui ne sont que de jeunes prostituées vierges au sommeil de plomb artificiel, me paraissait un peu voire carrément malsain, mais finalement non... Bien au contraire et à ma grande surprise ! Car ce livre est avant tout chose écrit et pensée dans la douceur, enfin je trouve.

Les souvenirs sont tendres, tristes ou agréables, remplis de mélancolies, de remords ou encore de questions. Ce vieille homme Eguchi, reste malgré tout assez paisible et délicat en toute circonstance, et l'image que le texte développe, -l'imminence de la mort et toute une vie de souvenir-, est abordée avec tellement délicatesse et d'une écriture si fine et simple, qu'on glisse sur la lecture comme un bateau sur l'eau. Tout dans ce livre, disons plutôt le fond du livre, respire la paix, sauf un peu la fin sans doute, et cela a été magnifique pour moi.

Une lecture que je recommande vivement.
Lien : http://voyagelivresque.canal..
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Japon. Une curieuse maison close offre à de vieux messieurs des jeunes filles sciemment endormies pour la circonstance, auprès desquelles ils peuvent passer de chastes nuits à rêver à leur jeunesse et se préparer à affronter le temps qui passe.

Mon avis
J'ai reçu ce livre reçu dans le cadre d'un swap "lecture".

Au delà du sujet soumis à controverse puisque le lieu où se situe le récit est une maison close, et cela, même si les relations sexuelles sont, a priori, prohibées, ce roman est de toute beauté. Nous assistons aux réflexions d'Eguchi, un homme de 67 ans qui, bien que ressentant encore toute sa virilité, accepte le respect de la règle de l'étrange maison de plaisirs : ici, la seule consommation permise est celle du souvenir.
La peau, l'odeur jeune des filles, peut-être apportent elles aux tristes vieillards de cette espèce pardon et consolation. (p.119)
Point de pénétration autre que celle de la pensée dans le bassin de la mémoire. La chambre, avec ses tentures rouges, me fait l'effet d'un utérus. A chaque nuit qu'il passe dans la maison, auprès d'une nouvelle fille, Eguchi retrouve une sorte de maternité : il retrouve le souvenir des filles qu'il a connues, celui de sa mère, et aussi de ses propres enfants.

Un roman qui nous emporte à la rencontre de notre poésie intérieure, celle de nos vrais désirs, et peut-être aussi, à la rencontre de l'intuition que nous sommes au fond toujours seuls face à notre propre conscience des choses et des êtres.
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Résumé: Dans quel monde entrait le vieil Eguchi lorsqu'il franchit le seuil des Belles Endormies? Ce roman publié en 1961 décrit la quête des veillards en mal de plaisirs. Dans une mystérieuse demeure, ils viennent passer une nuit aux côtés d'adolescentes endormies sous l'effet de puissants narcotiques. Pour Eguchi, ces nuits passées dans la chambre des voluptés lui permettront de se ressouvenir des femmes de sa jeunesse, et de se plonger dans de longues méditations. Pour atteindre, qui sait? au seuil de la mort, à la douceur de l'enfance et au pardon de ses fautes.

Mon opinion: très franchement, je me suis ennuyée à lire ce roman. J'étais pourtant emballée par le thème original du livre et certaines critiques que j'avais lues. Hélas, je n'ai pas été emporté par l'histoire à tel point que j'ai mis du temps à le finir alors qu'il ne fait qu'une centaine de pages. Certes l'écriture est fine, élégante, l'histoire intrigante mais pour ma part je me suis lassée des descriptions des corps des jeunes filles, des souvenirs d'Eguchi. Bref, j'ai pas aimé mais ça ne reste qu'un simple avis!
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Les Belles Endormies est le nom d'un étrange établissement qui propose à ses vieux clients de passer la nuit au côté de belles jeunes femmes plongées dans un profond sommeil par de puissants somnifères. Il leur est permis de les toucher, mais sans aller plus loin, ce que la "décrépitude" de l'âge ne leur permettrait d'ailleurs pas. Eguchi est l'un d'entre eux et va y passer quatre nuits, auprès de femmes très différentes.

Plus qu'un conte érotique, ce court roman est une description du fonctionnement de la mémoire, des souvenirs enfouis, réprimés qui refont soudain surface à la faveur d'une sensation.

Les "belles endormies" n'apportent pas, hormis le plaisir sensuel de les regarder et les toucher, de véritable satisfaction sexuelle à Eguchi, mais chacune d'entre elles, par le contact de sa peau, son odeur...va faire renaître en lui des souvenirs anciens, tous liés aux "femmes de sa vie" (une liaison de jeunesse, ses filles, sa mère, une aventure d'un soir).

S'ensuivent de longues réflexions où Eros et Thanatos s'entremêlent, symbolisés par les adolescentes et les vieillards , les unes dans l'éclat de leur jeunesse mais pâles et inertes, les autres proches de la mort mais éveillés.

Ces réminiscences vont aussi le plonger dans des cauchemars, dont les descriptions semblent destinées à l'étude d'un psy : femme castratrice aux jambes multiples, bébé monstrueux. C'est à une séance d'analyse que se livre le vieil Eguchi nuit après nuit, sur un futon au lieu d'un divan ;-), jusqu'à finalement remonter à l' image primale : "Ce dont il pouvait se souvenir, c'était des jours d'enfance où, dans son sommeil, il cherchait les seins de sa mère jeune".

Cette approche psychanalytique m'a semblé par moments un peu trop appuyée, mais j'ai aimé le lire aussi comme une sorte de fable fantastique, voire de conte gothique.
source : pollanno
Lien : http://mazel-livres.blogspot..
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http://bartlebylesyeuxouverts.blogspot.com/search/label/Kawabata

Extrait :

C'est peut-être avec la littérature asiatique que le problème de la traduction se fait le plus sentir. Il se perd sans doute plus par le passage du japonais au français que par le passage d'une langue européenne à une autre non seulement parce que la musicalité du japonais diffère essentiellement de celle du français, mais surtout parce que les implicites attachés à cette langue et à sa culture ne peuvent sans doute pas être rendus. Peut-être sont-ce là les raisons qui m'ont toujours empêché d'apprécier à leur pleine mesure les grands auteurs japonais.
Malgré cela, la poésie des Belles endormies de Yasunari Kawabata m'a profondément touché. le thème général de ce petit texte est celui qui se retrouve chez tous les auteurs japonais que j'ai pu lire de Sôseki à Murakami Ryû : l'alliance intime entre l'érotisme et la mort.
Le vieil Eguchi, 67 ans, se rend dans un bordel que lui a recommandé son vieil ami Kiga (peut-être est-il le mystérieux propriétaire du lieu puisqu'il est au courant de tout ce qui s'y passe, du nom des clients – alors que ceux-ci ne devraient pas se connaître les uns les autres – et même des circonstances du décès de l'un d'eux). le rituel est précis et il se répète à l'identique lors des cinq nuits (correspondant aux cinq chapitres du livre) qu'Eguchi passe dans cet étrange hôtel. Il est accueilli par une femme d'une quarantaine d'années, impassible et froide, qui l'introduit dans une grande pièce au premier étage de cette petite maison. Cette pièce jouxte la chambre dont la porte est fermée à clé et la clé n'est remise à Eguchi qu'une fois la cérémonie du thé présidée par l'hôtesse est terminée. Il y a donc une dimension religieuse incontestable et cette maison est un temple tout autant qu'un boxon. Impossible d'échapper et à cette cérémonie, impossible de boire autre chose que du thé, même du saké comme le demande Eguchi la première fois.
Il est difficile pour nous, Occidentaux, de saisir ce caractère mystique à la prise du thé. Il faut pourtant savoir que la voie du thé est un rite remontant au XVème siècle mettant en exergue des valeurs telles que le respect, la simplicité, la pureté, etc. Dans le livre du thé, Okakura écrit :

« le théisme est un culte basé sur l'adoration du beau parmi les vulgarités de l'existence quotidienne. Il inspire à ses fidèles la pureté et l'harmonie. Il est essentiellement le culte de l'Imparfait, puisqu'il est un effort pour accomplir quelque chose de possible dans cette chose impossible que nous savons être la vie. »

Il peut sembler étrange qu'une telle cérémonie se déroule dans un lieu tel que celui-ci. Mais ce bordel n'est pas un bordel comme les autres : il est réservé à des vieillards, « clients de tout repos » dont Eguchi ne fait cependant pas partie, contrairement à ce qu'a dû croire Kiga.
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On a déjà eu l'occasion de croiser ici Yasunari Kawabata, l'un des deux prix Nobel nippons de littérature (rien que ça), avec l'excellent Pays de neige.
Revoici cette belle écriture venue d'extrême-orient avec Les belles endormies.
Moins accessibles que Pays de neige, encore plus japonaises, Ces belles endormies nous proposent une bien étrange visite.
Celle d'une maison de «passe». Une maison où l'on «passe» la nuit aux côtés d'une belle.
Aux côtés d'une belle endormie.
Une maison où quelques vieillards avisés, mais plus tout à fait en mesure d'honorer une belle (des «vieillards de tout repos» !), passent une nuit paisible auprès d'une belle, endormie artificiellement.
Comble de l'horreur ou comble du bonheur ?
Un bien étrange rituel, très loin de nos fantasmes occidentaux, très proche du shinjû, le double suicide amoureux de l'imaginaire nippon. Car du sommeil tout court au sommeil éternel, il n'y a qu'un pas. Un pas de deux.
Oui, car au-delà de la fascination pour les corps délicats de ces jeunesses endormies, Eguchi le vieillard, est tout autant obsédé par leur sommeil que rien ne vient réveiller. Un sommeil que l'on pourrait croire éternel.
Un sommeil qui sera bientôt le sien, vu son âge avancé.
Dix ans après avoir écrit Les belles endormies, Kawabata se suicidera, un an après le seppuku de son ami Mishima.
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