Paul et Robyn Leuen sont mari et femme et pourtant tout les oppose. Robyn, comptable de profession, est une personne très cartésienne, organisée et prévoyante. Paul, artiste peintre, est lui tout son contraire. Bohème, de caractère léger et dispendieux, il ne pense guère au lendemain et se laisse vivre comme bon lui semble, sans penser à l'inconséquence de ses actes. Mariés depuis trois ans à peine, Robyn et Paul s'aiment mais les différences qui autrefois les avaient attirés l'un l'autre, les amènent cette fois-ci au bord de la crise conjugale. C'est alors que Paul propose à Robyn un dépaysement total afin de raviver la flamme de leur amour : un voyage au Maroc où enfin Paul pourrait peut-être retrouver l'inspiration qui lui fait défaut et où Robyn pourrait enfin se décontracter et se laisser vivre.
Robyn se laisse tenter. En effet, cela pourrait être enfin l'occasion pour elle et son mari de faire cet enfant tant désiré.
Une fois arrivés au Maroc, dans la petite ville médiévale d'Essaouira, il semble enfin que les souhaits de Robyn se réalisent. Au gré des couleurs et des images qui l'entourent, Paul retrouve l'inspiration et se remet à peindre, tandis que la jeune femme découvre un pays enchanteur. le couple est en communion, leur passion à nouveau vivace. Tout semble se dérouler de manière idyllique… Jusqu'au jour où Robyn découvre un terrible secret sur son mari, si terrible qu'il fait voler en éclats toutes ses illusions. A partir de cet instant, le voyage enchanteur se transforme pour Robyn en un périple dangereux où de nombreux secrets se dévoilent les uns après les autres.
Je pense que je vais me faire huer par les Babeliomaniacs fan de Kennedy mais pour moi, «
Mirage » restera un
mirage dans les oeuvres de
Douglas Kennedy. Très heureuse de recevoir ce livre par Babelio et les éditions Belfond (que je remercie), j'avais hâte de découvrir le dernier roman de cet auteur américain prolixe, dont j'ai déjà par ailleurs lu d'autres titres –que j'ai beaucoup appréciés. Mais cette fois-ci, l'histoire de Robyn et de Paul ne m'a pas convaincue du tout. Et c'est peu de l'écrire…
Pour ceux qui n'auraient pas encore lu ce livre, ne lisez pas la suite.
Pour commencer, comme c'est souvent le cas dans les romans de
Douglas Kennedy, il a fallu attendre la page 119 pour qu'enfin quelque chose d'intéressant se passe. le récit de leur voyage au Maroc est entrecoupé de flashbacks retraçant la vie passée du couple, le caractère de chacun, leur rencontre et leurs premières années communes. Une fois « le tableau en place », on peut se lancer dans l'histoire proprement dite qui débute avec leur arrivée à Casablanca. Mais là encore, la patience est de mise. Les descriptions de la lune de miel exotique que s'offrent Robyn et Paul m'ont terriblement ennuyée et plus je faisais connaissance avec ce couple, moins je m'y attachais.
En effet, je n'ai pas cru un instant à leur histoire. Paul m'apparaît dès le début comme un adolescent attardé, inconséquent et égoïste, bien content d'avoir trouvé une femme responsable qui pourra réparer ses bêtises. Puis, au fil des découvertes que Robyn fait sur lui, il apparaît comme une personne de plus en plus lâche, qui ne brille pas pour son courage ou sa moralité. Robyn, personne censée et responsable, se lance ensuite dans une quête invraisemblable pour le retrouver dans un pays inconnu. Mais pourquoi ? La culpabilité est souvent mentionnée. Mais de quoi se sent-elle coupable ? du mot qu'elle lui laisse ? Incompréhensible. de plus, outre ses talents d'artiste, on a l'impression qu'elle ne trouve comme réelle qualité à son mari que son don pour le sexe qui la fait grimper aux rideaux quatre ou cinq fois de suite. J'ai cru lire durant les cent premières pages un roman de la collection Arlequin (que je ne dénigre aucunement). Quand on lit un Arlequin (et j'en ai lu), on sait à quoi à s'attendre ; quant on lit un Kennedy, on s'attend à autre chose. Je ne suis pas une adepte des romans à l'eau de rose et le début de cette histoire y ressemblait beaucoup. Tant pis pour moi…
Quand enfin les choses se précipitent suite à la découverte du secret de Paul, on peut s'attendre à des péripéties rocambolesques comme Kennedy sait nous les inventer. Et là bien sûr, nous ne sommes pas déçus. Mais cette fois-ci, alors que la magie opérait très bien dans les autres romans de Kennedy, tout tombe dans le caricatural et la facilité. du personnage de Ben Hassan, le parrain de l'histoire (un méchant gentil ?) au bijoutier juif M. Abbou qui intervient à la fin tel un ange tombé du ciel, en passant par la gentille famille berbère… je n'ai pas accroché. L'omniprésence également du « fric » dans cette histoire est assez impressionnante : le lecteur est sûr de maîtriser le dirham à la fin de sa lecture (je n'ai pas compté le nombre de fois où ce mot est utilisé mais cela doit être assez considérable).
Surtout, je n'ai pas compris cette quête menée par Robyn, totalement inconcevable quand on pense au caractère même de ce personnage. Son mari se révèle de plus en plus méprisable, elle le déteste ou bien l'aime encore... Non, décidément, tout est fini entre eux mais elle continue à lui courir éperdument après. Moi-même je ne sais plus où j'en suis dans cette histoire. Il est clair que son mari est le «
mirage » du titre : un homme, une histoire, sur lesquels elle a projeté tous ses rêves et qui au final se révèlent dans toute leur vérité plus que médiocres. le tout situé au Maroc qui au final, à part les scènes du Sahara, n'en ressort pas grandi. Kennedy, qui voulait sûrement mettre en avant la beauté de ce pays, a manqué son objectif.
J'ai dû sûrement moi aussi manquer quelque chose à la lecture de ce roman, qui par ailleurs se lit très bien, avec un style toujours très fluide et très simple. Connaissant tout le talent de
Douglas Kennedy, il va s'en dire que cela ne sera pas le dernier que je lirai de lui… mais «
Mirage », je vais très vite l'oublier.