Du mou dans les voiles.
Le vice-amiral Richard Bolitho est désormais Sir Richard. Anobli par la reine suite à ses exploits dans le tome précédent.
Nous sommes mi septembre 1803. La paix d'Amiens a fait long feu et la flotte anglaise désormais sous-dimensionnée va avoir fort à faire.
Notre héros est envoyé, aux commandes d'une petite escadre de quatre soixante-quatorze (dont son vaisseau Amiral, l'argonaute, pris aux français), une frégate, un brick et un cotre à hunier, en méditerranée.
Il y retrouvera son nouvel ennemi : le contre-amiral Joubert, un officier général français compétent et désireux de prendre sa revanche.
Mais au passage, avec Val Keen, son capitaine de pavillon, ils vont devoir embarquer une passagère bien spéciale, qui va pimenter cette aventure.
Oui, du mou dans les voiles. Après un épisode tonitruant et haut en couleur, ce nouvel opus est plus intimiste et
fait une grande part aux atermoiements amoureux de nos héros. Bon ce n'est pas la première fois que les femmes font irruption dans la vie de nos marins, et souvent à bord des vaisseaux du roi d'ailleurs, mais à part quelques batailles et coups d'éclats (indispensables et indissociables de cette série), on a l'impression que tout tourne autour des problèmes conjugaux de Bolitho et Belinda (et quand on connaît un peu la vie (fictive) de Sir Richard, on sait ce que cela donnera) et de la « romance » naissante entre Keen et Zénoria (notre passagère spéciale).
L'ensemble reste agréable à lire et le personnage principal est bien obligé d'évoluer tant dans sa carrière que sa vie personnelle, vu que ses aventures sont calquées sur des faits réels, mais on le préfère aux commandes de batailles flamboyantes, plutôt qu'aux commandes d'un épisode tout mollasson...
Tome suivant : A l'honneur ce jour là.
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- J'ai peur de ne pouvoir m'entretenir plus longtemps avec vous, Sir Richard. Mes journées sont fort occupées. Je me demande parfois si Leurs Seigneuries et Whitehall mesurent bien tout ce qui pèse sur mes épaules.
L'entretien était terminé.
Bolitho descendit un escalier et vit se diriger vers la pièce qu'il venait de quitter un domestique chargé d'un plateau avec deux carafes et un seul verre. Ma foi, se dit-il amèrement, l'amiral va s'en mettre un peu plus sur les épaules.
Ils avaient appareillé avec le jusant, mais aucune lettre n'était arrivée. Bolitho serra celle qu'il avait écrite dans son coffre et contempla la terre qui se perdait dans le crépuscule. « Mon pays, quand te reverrai-je ? »
Ce cri lui était sorti du cœur, mais seule la mer lui répondit.
La guerre n'est pas un jeu, Val ni une joute d'honneur d'où l'on sort preux ou félon. Souvenez-vous du Suprême, lui dit-il, la voix soudain durcie. Ils n'ont eu aucune pitié pour ce pauvre Hallowes, je n'en aurai aucune pour eux.
L'ambiance était sans doute la même par toute l'escadre. Des courageux qui avaient peur de mourir, des poltrons qui avaient peur de vivre.
Attendre. Apparemment, voilà en quoi consistait l’essentiel de la vie de marin. Comme aspirant ou comme enseigne, mais tout aussi bien lorsqu’on était commandant.