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Le style inimitable de Joseph Kessel met en valeur le parcours et le destin uniques de celui qui fut un des plus grands pionniers de l'aviation, Jean Mermoz.
L'auteur nous emporte sur les traces de celui qui allait devenir un pilote exceptionnel et celui qui devait ouvrir la voie aux avions Latécoère vers l'Afrique d'abord, puis vers l'Amérique du Sud et à travers l'Atlantique.
On suit ainsi l'enfance de Mermoz aux côtés de sa mère qui l'éleva seule, on le voit grandir sans que rien ne semble le prédestiner à l'aviation.
Le récit de Kessel prend d'autant plus de réalisme qu'il est devenu l'ami de Mermoz et que tout ce qui est relaté dans cet ouvrage consiste en des instants vécus aux côtés du héros de l'aviation, ou d'instants narrés par l'intéressé lui-même.
On y apprend beaucoup sur Mermoz, sur son passage dans l'aviation militaire qui installa durablement chez lui un certain dégoût, sur sa première rencontre avec Didier Daurat à la suite d'une démonstration en vol que Mermoz avait cru -à tort- convaincante, de ses débuts de pilote entre Toulouse, Casablanca puis Dakar.
On suit ensuite ses traces en Amérique du sud où on assiste à un combat contre la Cordillère des Andes qui faillit lui coûter la vie, ainsi qu'à son mécanicien.
On découvre en Mermoz un homme franc, loyal, passionné jusqu'à l'extrême dans tous les aspects de son existence, fidèle et dont la foi en l'aviation est chevillée au corps.
Mermoz l'indomptable, l'invincible qui, en 1936, embarque à bord de l'hydravion "La Croix du Sud" et disparaît corps et bien en plein océan Atlantique sans qu'on ne retrouve la moindre trace.
A la vue de l'existence édifiante de Mermoz, un autre épilogue était-il possible ? Que serait devenu le pilote idéaliste (au point de se perdre dans les méandres de la politique) devant les progrès des avions de ligne qui aujourd'hui traversent tous les océans du globe en seulement quelques heures ? Comment aurait évolué celui qui relia l'Afrique à bord d'un Bréguet 14 ?
Autant de questions qui subsistent après qu'on ait refermé -à regret- ce remarquable ouvrage.
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L'auteur, Joseph Kessel (1898-1979), a été journaliste, aviateur pendant la 1ère guerre mondiale, romancier et biographe.
En 1938, il fit paraître une biographie de "Mermoz", et en 1960 une biographie de Felix Kersten (1898-1960) - "le" masseur d'Himmler - sous le titre "Les mains du miracle".

Kessel a connu Jean Mermoz (1901-1936) ; le portrait qu'il en dresse est un hommage à cet ami.
Comme pour Antoine de Saint-Exupéry, les circonstances accidentelles de la mort de Mermoz ont contribué à 'sa légende', conférant en quelque sorte une aura supplémentaire à ses actes de bravoure. La liste des aviateurs du début du XXe siècle morts en service est longue, mais ils ne sont pas tous restés dans la mémoire collective.

Kessel retrace l'enfance et la jeunesse de Mermoz, ainsi que certains de ses exploits. Il montre avec beaucoup de lyrisme quel ami et quel humain était Mermoz. Je ne sais pas si Mermoz a réellement tué quelques jaguars lors de parties de chasse en Amérique du sud comme l'écrit Kessel. Il est possible que le romancier ait rajouté ce genre de détails, pensant ainsi exhausser son personnage, tant cette chasse était alors censée révéler courage voire virilité.
[ Aujourd'hui encore, quelques richissimes crétins croient montrer du courage en déboursant quelques centaines de milliers de dollars pour pouvoir exhiber dans leur salon des fauves empaillés qu'ils ont simplement visés puis tués à partir de confortables 4 x 4 climatisés, et/ou guidés et protégés par des nuées d'accompagnateurs ! ]

Kessel n'évoque pas les engagements politiques, douteux, de Mermoz. Avec le colonel François de la Roque (1885-1946), alors ex-président des Croix-de-Feu, Mermoz fut l'un des membres fondateurs du Parti social français dont il fut vice-président en 1936.
Le PSF défendait une idéologie chrétienne, conservatrice et patriotique. En politique, ces trois mots, a fortiori lorsqu'ils sont réunis, sont souvent synonymes d'intolérance, et s'y cachent des choses peu reluisantes. C'est à de la Roque que Pétain "emprunta" la devise "Travail, Famille, Patrie" (certes Pétain ne lui avait pas demandé pas son accord, et de la Roque a lutté contre l'antisémitisme). Là aussi, il faut chercher à voir ce qui se cache derrière les mots ("phallocratie", par exemple).
Joseph Kessel, est au-dessus de tout soupçon de dérive fascisante. Après la défaite de 1940, il avait rejoint la Résistance (alias Pascal) à Londres, avec son neveu Maurice Druon. En 1943, Kessel et Druon co-écrirent les paroles du "Chant des partisans", qui devint ensuite le chant de ralliement d'une partie de la Résistance, et qui fut interprété par Germaine Sablon, alors compagne de Kessel.

Peut-être Kessel a-t-il aussi été sensible au patriotisme de Mermoz ? Quoi qu'il en soit, il a voulu retenir et montrer le meilleur de cet aventurier. Je ne saurais aujourd'hui blâmer Kessel de cette amitié.
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Biographie de Mermoz (1901-1936), ami de Kessel (1898-1979). Un souffle épique, héroïque, lyrique, poétique, passionnel balaye en permanence ce récit où se côtoient l'humanisme, la tendresse, l'admiration, l'amitié, les hautes aspirations, l'idéalisme, le courage, le sens du sacrifice, le don de soi, la beauté, les belles valeurs parfois magnifiées par les bassesses et les turpitudes des autres hommes.

Mermoz est hissé par Kessel au rang de héros, de figure dionysiaque, de mythe, de génie ailé, de force de la nature, de dieu vivant, d'autant plus magnifié qu'il était profondément humain, humble, charnel, ancré dans les plaisirs de la vie.

Florilège d'expressions et de qualificatifs sur Mermoz :
- l'empire de la volonté et le sens du sacrifice ; désir impossible du parfait et de l'infini ; respect des trésors de l'esprit ; besoin, pour vivre, d'un but mystique ; une densité spirituelle toujours manifeste ; amour spirituel, désincarné ; soif immatérielle ; né pour la quête de l'inaccessible ; don de la foi et de l'émerveillement ; anxieux devant les questions éternelles et insolubles : l'amour, la mort, la justice parfaite, le sens à donner à la vie ; une sensibilité, une exaltation poétique, une soif de l'infini et un sens profond du sacré d'essence mystique ; puissance méditative ; l'amour et la foi dans l'aviation, l'ampleur de l'horizon, la violence de la volonté, la notion de la grandeur.
- bagarreur, au rire de combat et d'amour, aux terribles colères, aux joies tumultueuses ; cran ; ténacité ; Une hardiesse raisonnée, une assurance d'homme fait, une impatience contenue, une fermeté de chef ; l'étoffe pour instruire, guider, organiser ; puissance d'enthousiasme ; rayonnement physique incomparable ; les moyens de l'action ; avidité charnelle ; exigence sensuelle à la mesure de ses muscles, de son esprit, de sa résistance physique et de sa faculté d'exaltation ; équilibre unique entre l'éclat charnel et la vertu de l'esprit.
- honnêteté ; réserve intérieure ; d'une humilité profonde ; simplicité ; réserve ; intégrité naturelle ; mépris pour les conventions ; dédain pour les biens matériels ; un merveilleux sens humain et la notion juste de la dignité ; courtois avec tous et prêt rendre service à chacun ; être exceptionnel par la sève, la chaleur vitale, la sensibilité ; un don inépuisable, incurable de générosité et de bonté, de rêve et de mélancolie ; Archange glorieux, neurasthénique profond, mystique, résigné, païen éblouissant, amoureux de la vie, incliné vers la mort.

Au-delà de Mermoz ce sont autant de portraits magnifiques des autres pilotes de l'Aéropostale, ses amis, que nous offre Kessel, avec une émotion et une sincérité touchantes. A travers ces hommes Kessel fait aussi son propre portrait car il a été pilote, aventurier, risque-tout et grand voyageur avant d'être écrivain. Il sait de quoi il parle.

Une biographie de haute voltige avec notamment quelques chapitres d'exploits incroyables réussis par Mermoz pour gérer les accidents d'avions qu'il a subis.

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Je viens, avant même d'avoir terminé la lecture de cet ouvrage, en recommander chaudement à tous la lecture. Au hasard d'une boîte à livres, parce que j'ai déjà lu deux Kessel cette année, je me suis dit "pourquoi pas". Je ne savais pas à quel point je me laisserais embarquer (jeu de mot...). A lire, absolument, si l'on veut lire un modèle de personnage, un héros, un aventurier, un vrai... du temps où tout était encore à découvrir et où certaines valeurs faisaient encore la raison de vivre des hommes. A lire ! A lire absolument !
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Lire Kessel m'a toujours procuré de la joie. Une joie de lecteur qui se laisse emporter par la symphonie de l'aventure et des grands sentiments.
"Mermoz" raconte la vie mouvementée d'un des plus grands aviateurs Français. Kessel a connu ce pilote ambitieux et modeste, idéaliste et rêveur à la fois. Il en tire un récit généreux, respectueux du personnage et soucieux de nous le raconter avec la plus grande sincérité possible.
"Mermoz" est aussi le récit de l'époque des premiers vols longue distance, il nous invite dans l'aventure des lignes aériennes long courriers, une époque où l'esprit d'aventure, l'amour du panache, de la camaraderie et le goût du risque étaient à l'esprit de tous les pionniers du ciel.
J'ai aimé m'embarquer dans ce roman picaresque plein de rebondissements, au décor embelli de paysages sauvages, à l'action ponctuée de traversées tumultueuses.
Et comme toujours avec l'écrivain, la prose est de toute beauté.


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Plus qu'un aviateur précurseur, c'est un pionnier, un aventurier au grand sens du terme, qui ne sert pas son aventure mais celle des Hommes, et avant tout un ami que Joseph Kessel nous présente à travers cette biographie empreinte d'objectivité et d'affection. Jean Mermoz comme ses camarades de l'Aéropostale devraient figurer en bonne place dans les manuels scolaires tant ils ont contribué à créer des liens entres les Hommes plutôt que le contraire.
La plume de Kessel tantôt journalistique tantôt confidente, nous transporte d'Europe en Afrique, d'Afrique en Amérique du Sud avec ce désir de ne jamais atterrir.
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On a tous côtoyé un Jean Mermoz quelque part dans une vie citadine, une avenue, un boulevard, une rue voire une impasse. Pour moi ça a été l'avènement du métro toulousain et une station dédiée du côté parental, qui a réussi à me faire différencier un Mermoz d'un Jaurès grâce à ses décos. L'adolescence peut vite s'embrouiller avec les Jean du côté de Toulouse. Kessel y voit très clair en tout cas puisque Mermoz il l'a bien connu, ils ont été potes. Il l'a aussi bien compris apparemment. le portrait qu'il en tire s'envole en longueur et en détails psychologiques du côté de l'hagiographie, porté par un puissant souffle romanesque de l'époque Latécoère suivi par l'Aéropostale, au dessus du désert ou de la pampa. C'est à la fois virtuose dans l'écriture, passionnant dans les faits, fin dans la psychologie (avec toujours ce côté Zweig, d'autant plus ici pour une bio comme celles de l'autrichien). Pas grand chose à jeter de mon côté, le côté suranné de la passante du Sans-Souci s'est évaporé dans les strates aériennes (à moins qu'à force de m'abreuver à la source Kessel je n'eusse été formaté sans le savoir aux tournures parfois subjonctives). Toujours est-il, je continue de découvrir Kessel après la passante du Sans-Souci et l'Equipage... Et celui-ci m'a passionné dans l'ensemble, malgré quelques redondances (à mon goût).
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C'est un livre biographique sur Mermoz, immense aviateur français, qui a tant contribué à l'essor de l'aéropostale.
Avant de commenter ce livre, il faut vraiment se rendre compte de ce qu'était l'aéropostale.
Des pilotes chargés d'amener le courrier, en Afrique, puis en Amérique du Sud.
Le tout dans des avions bien éloignés de nos avions actuels. Regardez sur internet. Bréguet 14, par exemple. Vous comprendrez à quel point ces hommes faisaient de l'exploit leur quotidien.
N'ayant qu'une vitre comme pare prise dans un cockpit ouvert au vent et à la pluie, dans des avions très vieux, avec le risque de panne qui augmente avec le temps de vol (imaginez traverser l'Europe dans une voiture avec un kilométrage de 500 000).
Contre les tempêtes de sable, au dessus de la chaleur du désert, avec une boussole et les dunes pour s'orienter, sans moyen de communiquer.
Dans les pluies tropicales, au dessus des montagnes.
Pour que le courrier arrive, quoiqu'il arrive.
Contre les pillards qui profitaient des pannes pour attaquer, enlever, torturer les malheureux qui avaient le malheur d'être posé trop longtemps.
Avec le nombre important de mort tout au long de cette conquête de l'espace.

Là était le terrain de jeu de l'immense Mermoz.
Là est le sujet d'écriture de cette biographie portée par la plume superbe et virile (au vrai sens du terme, pas dans le sens machiste) de Kessel.
Ajoutez y des anecdotes dignes des plus grands thrillers. Ah, cette traversée de la cordillère des andes.
Vous aurez alors un livre magnifique à lire.
Sur les pages sur la jeunesse de Mermoz, j'ai eu un peu de mal à décoller, mais une fois devenu aviateur, ce livre prend tout son envol et vous n'arrivez plus à atterrir, il faut tout lire d'un seul tenant.

D'un seul élan, comme cette traversée de l'Atlantique. Nouveau remarquable fait d'arme. Regardez à quoi ressemble l'avion "comte de la vaulx".

Chapeau bas, monsieur Mermoz, pour votre destin héroïque jusqu'à sa fin tragique. Bravo monsieur Kessel pour votre plume qui lui rend honneur.
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Résidant avenue Jean Mermoz, j'avais depuis longtemps le désir de découvrir plus à fond sa vie . Appréciant la plume de Joseph Kessel, cette biographie, presque une hagiographie, était toute indiquée pour partir à la rencontre de cet illustre aviateur qui, par sa vie fougueuse, ses exploits , ses traversées, est entré glorieusement dans l'histoire légendaire de l'aviation française. Une lecture entreprise à quelques jours de la date anniversaire de sa naissance - le 9 décembre 1901- et de la date de sa disparition – 7 décembre 1936-
Mermoz avait l'intention de confier ses souvenirs à Kessel, il n'en a pas eu le temps.
Un an après, Kessel entreprendra d'écrire cette biographie qu'il achèvera le 13 mars 1938.
Pour cette rédaction, il se nourrira de ses propres souvenirs, de ceux de la mère de son ami, il imaginera aussi, en tentant « d'être honnête », en respectant, la personnalité de son ami.
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De longue date, j'aime le style et les romans de Joseph Kessel. de longue date, je connais par les conversations familiales l'histoire des « faucheurs de marguerite » ainsi que les exploits des aviateurs durant les guerres modernes. J'ai lu très jeune avec beaucoup d'émotion Vol de nuit de Saint-Exupéry. Les exploits des aviatrices étaient moins connus, mais le métier d'hôtesse de l'air faisait battre le coeur des filles. Souvent la vocation naissait à Orly où il était alors possible de voir les avions décoller depuis la terrasse accessible au public et ouverte à tous vents. Gilbert Bécaud chantait le rêve dans Dimanche à Orly.
Aussi, lorsque, au hasard des chroniques de Babelio un lecteur m'indiqua le livre de Kessel sur Mermoz, je plaçai l'ouvrage dans ma pile à lire. Conquise d'emblée, j'ai retrouvé avec plaisir l'écriture échevelée de l'écrivain, son enthousiasme débordant, sa conviction sincère de journaliste. Kessel eut la chance de connaître le jeune pilote et éprouva pour lui une véritable adoration. En 1938, deux ans après la mort de l'aviateur, il écrit à la fin de son livre « Rien ne parvient à reproduire la vibration touffue de la vie. J'ai apporté à écrire toute mon honnêteté. Et tout mon amour pour toi. »
Sous sa plume, la vie de l' « Archange » vire à l'épopée, pour le plus grand bonheur du lecteur. Dans l'esprit de Kessel, le futur pilote est marqué très jeune par le sceau du destin : il n'a aucun goût pour l'aviation naissante qui enthousiasme les foules ! Ainsi sa réaction, alors qu'il assiste à un meeting aérien : « Il considéra [Mermoz] d'un regard curieux, mais très calme toutes les évolutions. Son cousin, qui était là aussi, criait qu'il serait aviateur. – Pas moi, dit Jean. J'aime mieux la mécanique et le dessin ». En effet, jeune garçon, adolescent, puis jeune homme, Mermoz va se chercher longtemps. Il pourrait même tourner voyou, sans la solide éducation reçue dans son enfance et l'amour dévoué de sa mère qui constituent des garde-fous puissants
Second signe du destin, il est prêt à s'engager dans l'Armée en 1919, lorsqu'il opte pour l'aviation sur les conseils d'un chanteur d'opérettes ami de sa famille. Il ne paraît toujours pas être un pilote-né : il échoue à deux reprises à son brevet de pilote, qu'il obtient en 1921. Dans le même temps le jeune homme introverti est devenu, sur le plan physique, un athlète, un géant à la chevelure de lion, un ogre débonnaire et puissant, un homme fait qui cueille les femmes comme des fleurs et qui suscite l'admiration et le dévouement de ses amis. La légende est en route.
Troisième signe, devenu pilote aguerri dans l'Armée, il est démobilisé en 1924 et se retrouve au chômage. A tel point qu'il en est réduit à la soupe populaire et aux asiles de nuits. Cette épreuve pourrait tourner mal elle aussi, mais justement, c'est l'époque où Latécoère lance sa ligne d'aviation civile. Mermoz postule, fait un vol d'essai, en fait trop. Daurat, directeur d'exploitation, lui dit sans détour qu'il a besoin de pilotes, pas d'acrobates. Qu'il fasse du cirque aérien. Mermoz tourne déjà les talons, Daurat lui propose un poste de mécano. Nouvelle épreuve acceptée de bon coeur par le futur pilote exceptionnel que sera Mermoz, qui accomplira enfin son destin, ce pour quoi il né.
Cette destinée humaine, conjonction de multiples facteurs, Kessel la magnifie. Il tombe sous le charme de l'aviateur, mélange de force et de vulnérabilité. Mermoz trouve son équilibre mental au sein de l'habitacle d'un avion, surtout lorsque le danger est présent. Cette ambiguïté entre l'amour de la vie et l'attrait de la mort, l'écrivain et journaliste la connaît mieux que personne.
Ce qui m'intéresse aussi dans cette lecture contemporaine, c'est la description des amitiés viriles. Elle évoque les relations fusionnelles mythiques. Les femmes sont des mères, des soeurs, des épouses, des filles de joie. Une apparaît comme une comète singulière dans l'histoire. Maryse Bastié, que Mermoz encourage dans sa vocation de pilote. Ils effectuent ensemble un trajet aller-retour sur l'Atlantique Sud. Peu après la disparition du pilote, elle traverse seule l'Atlantique de Dakar à Natal et réalisera un nouveau record féminin de vitesse sur ce trajet.
Livre généreux et émouvant, Mermoz est un moment de lecture dépaysant, qui parle d'une époque révolue, où après avoir labouré la mer durant des siècles, l'humanité tournait les yeux vers le ciel tandis qu'une poignée de « fous volants » découvraient en hauteur, une nature merveilleuse, très peu abîmée encore. La prochaine grande aventure humaine, spatiale, aura-t-elle la même aura ?
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