Les sirènes de Bagdad

Superbe roman . Yasmina Khadra nous fait vivre dans l'Irak juste après Sadam Hussein.On découvre la pauvreté des villages perdus, la dignité des gens, les attaques des GI, les horreurs et les attentats quotidiens dans ce pays qui n'a plus rien ; ceci gràce au regard d'un garçon de 21 ans qui raconte.
Mené à bout par cette vie de terreurs, d'attaques , d'horreurs à son comble il quitte son village de Kafr Karam et se dirige vers Bagdad où de par des amis rencontrés là-bas il acceptera une terrible mission.

La descente aux enfers d'un jeune homme broyé par le terrorisme. Fuyant son village, dérivant jusqu'à Bagdad, il se retrouve dans une ville déchirée par une guerre civile féroce. Sans ressources, sans repères, miné par l'humiliation, il devient une proie rêvée pour les islamistes radicaux...

Il est évident que Yasmina Khadra est un conteur né qui sait trousser une histoire et embarquer immédiatement le lecteur dans ses fictions.
Mais qu'a-t-il voulu démontrer ici ? s'il a voulu dénoncer le terrorisme aveugle, eh bien, c'est raté !

Car le "héros" de cette histoire n'est pas franchement crédible. Et les fantoches terroristes qui l'entourent paraissent bien fades et totalement dénués de substance !
On comprend évidemment la rancoeur et la haine à l'encontre des américains qui battent victorieusement le pavé à Bagdad. Pour autant, cela n'excuse pas les attentats qui touchent des civils innocents.

Alors, comment et pourquoi devient-on terroriste ?
est-ce que cela peut être uniquement pour assouvir une vengeance personnelle ?
Car ce jeune homme, un peu trop naïf, frisant parfois la crétinerie, se contente de vomir lors des deux exactions commises par les soldats américains, auxquelles il est mêlé, et ne réagit extrêmement violemment que lorsque l'honneur familial lui paraît bafoué ! alors, il veut se venger n'importe quand et n'importe comment.
Ce jeune homme de vingt et un ans passe indifférent dans l'existence. Rien ne l'émeut, pas plus à Kafr Karam, son village natal, qu'à Bagdad, où règne un indescriptible chaos et où la mort est monnaie courante.
Il y échoue, totalement apathique, pour finir par s'acoquiner avec des gens qu'il n'apprécie pas et dont il mettra beaucoup de temps à comprendre les véritables activités !
Est-ce ainsi que l'on devient terroriste ?
Le parcours erratique de ce jeune homme ne me paraît pas être l'exemple idéal pour illustrer la démarche de l'auteur !
On sait que le mal peut être d'une banalité effrayante. Pour autant l'insignifiance de ce garçon, auquel d'ailleurs Yasmina Khadra n'a même pas pris la peine de donner un nom, est telle que le lecteur demeure incapable de se passionner pour son parcours.

Afin de donner de la vigueur à sa démonstration et la rendre plus convaincante, il aurait fallu que l'auteur, si talentueux au demeurant, donne plus d'épaisseur psychologique et une personnalité plus complexe à ce personnage falot dont on finit par se désintéresser totalement.
Quel dommage !

Un livre qui ne sombre pas dans le manichéisme. Encore un titre magnifique de cet auteur qui mène une réflexion de plus sur le terrorisme, le fanatisme et leurs multiples causes.

Cette adaptation permet de (re) découvrir le très célèbre roman de Yasmina Khadra.

De quoi ça parle ? Des GI investissent la maison d'un jeune bédouin et malmènent le patriarche devant sa famille.
L'humiliation du père va faire basculer la vie du fils, qui va alors se métamorphoser en un prétendant au suicide terroriste.

La manipulation mentale par des leaders des organisations terroristes y est décryptée pas à pas, depuis l'instant où ils ont repéré un candidat potentiel, affaibli par les circonstances de la vie, jusqu'au moment où ils le sentent prêt à franchir le pas.

La dureté des images est nécessaire à la réalité des faits et retranscrit aussi parfaitement le processus de manipulation.

Troisième volume de la trilogie consacrée au Moyen Orient, le roman présente le portrait d'un jeune irakien paisible poussé à la révolte par les exactions de l'armée américaine. Quittant le village où sa famille a été humiliée, il est recruté par un groupe terroriste qui cherchera à faire de lui un instrument mortel contre l'Occident.
Le parcours du jeune homme dont le nom n'est d'ailleurs jamais mentionné comme si son anonymat servait à le rendre symbolique, est parsemé d'horreurs, de haines exacerbées et certains passages frôlent l'insoutenable.
Conservera t'il suffisamment d'humanité pour échapper au destin fatal qui lui est assigné ?
Quel dommage qu'à aucun moment ce jeune héros n'inspire la sympathie et que son parcours, malheureusement crédible, se déroule sans qu'aucune prise de conscience n'intervienne pour lui donner davantage de profondeur.
Si on ne peut être qu'ému et indigné par le sort des populations civiles évoqué avec justesse par l'auteur, le portrait qu'il brosse des terroristes est tellement révoltant que la lecture du livre devient parfois pesante.
Loin des ambiguités qui ont fait la richesse romanesque des deux précédents volumes, ce roman m'a plutôt déçue.
Il n'en fait pas moins frémir car l'inventivité du mal est infinie et la lutte à mort engagée par les extrémistes de tous bords sera t'elle suffisamment horrible pour susciter le rejet et l'indignation des esprits libres ? Ou l'escalade de la violence ne connaîtra t'elle jamais de fin ?
Perspective glaçante à laquelle ce roman d'un humaniste algérien n'apporte pas de réponse tranchée.

Les sirènes de Bagdad - Winoc d'après le roman de Yasmina Khadra

L'histoire se déroule pendant l'occupation de l 'Irak par les troupes américaines. Nous suivons un jeune bédouin qui vit paisiblement, aux portes du désert, loin des fureurs guerrières de Bagdad. Les soldats américains débarquent dans le village de Kafr Karam et s'en prennent à sa famille. Ils brutalisent et humilient son père pourtant pacifiste.
Traumatisé par cet incident et une série d'atrocités perpétrées par les soldats américains, , il voue une haine à l'occupant et n'a plus qu'un désir, se venger. Tout à sa rage et à sa haine, il se laisse manipuler par un groupe de fedayin…

Le récit nous explique très bien l'exploitation de la misère et du sentiment de déshonneur, et la manipulation mentale faites par les terroristes pour le recrutement de martyres dès lors, qu'ils ont repéré des personnes humiliées, affaiblies, et naïves.

Les dessins soutiennent l'histoire de manière précise, avec des personnages réalistes retranscrivant bien les émotions. Les couleurs utilisées donnent une ambiance orientale mais aussi accentuent les situations de guerre, de peur, de chaos…

Je remercie Clara et Phileas pour l'envoi de cette BD qui m'a permis de découvrir un livre de Yasmina Khadra via ce beau roman graphique.

Lien : https://www.instagram.com/p/..

(LX971) - Cette adaptation en bande-dessinée du roman de Yasmina Khadra est plutôt réussie à mes yeux. Concis et rythmé, contrairement au roman dont l'intrigue est plus lente à se mettre en place, cet album ressemble à un condensé de l'histoire. L'effet produit est du coup assez efficace, avec ses rebondissements et coups de théâtre. A l'heure du conflit à Gaza et de l'islamophobie grandissante, il est urgent de lire les oeuvres de Yasmina Khadra ou leurs adaptations dont la BD L'attentat de Loïc Dauvillier. Les personnages y sont souvent d'une grande humanité bien que confrontés à l'horreur et à l'oppression ici américaine ou plus globalement occidentale, suite à la guerre en Irak.

J'aime beaucoup lire cet auteur : il a un style fluide et précis.
J'ai un jugement partagé sur ce livre. En termes de trame de roman, il est moins intéressant que "Ce que le jour doit à la nuit" (superbe !), ou "l'Attentat".

Par contre, il est intéressant en ce qui concerne le débat sur la légitimité de la rébellion (et surtout son but). Dans une Irak à moitié détruite par les guerres successives, le héros du livre, plutôt passif, va décider de venger l'honneur de sa famille (et de son père) brutalisée par l'occupant américain.

Cela veut-il dire s'opposer au pouvoir ? Aux soldats américains ou aussi aux innocents qu'ils soient irakiens ou européens ? Un sujet d'actualité où plusieurs personnes (au sein du livre) débattent sur ce sujet. L'auteur expose bien les thèses des parties en présence.
Chacun pourra trancher selon ses opinions.

C'est le premier livre de cet auteur que je lis et j'ai été subjuguée par son écriture, c'est littéraire et on sent que l'auteur aime les mots, il leur rend un très bel hommage.

L'histoire est poignante et malheureusement d'actualité. Cela parle du conflit irakien avec l'invasion américaine et le pays qui plonge dans le chaos. Cela fait écho au dernier attentat qui a eu lieu la semaine dernière faisant près de 300 morts... On suit avec effroi le personnage principal tomber dans la clandestinité et dans sa quête morbide pour laver l'affront fait à sa famille lors d'une perquisition de GI américains.

C'est très intéressant et émouvant jusqu'à la dernière page.

Un de mes coups de coeur de l'année.