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sur 486 notes
De temps en temps, Yasmina Khadra écrit sur les extrémismes, les dérives un peu partout dans le monde musulman, et de temps en temps il écrit sur l'Algérie.

Et l'Algérie, il l'aime. Il la déteste aussi. Il l'aime pour ce qu'elle pourrait être, et pour ce qu'elle a été. Il la déteste pour ce qu'elle est.

Il aime les hommes et les femmes qui veulent la faire progresser. Vers la lumière et le savoir. Il déteste celles et ceux (surtout ceux...) qui la maintiennent dans l'ignorance, la corruption et le passé.

L'auteur nos livre tout cela et bien davantage dans un polar bien noir, glauque et désespéré. Qu'il est difficile de vivre en Algérie. D'y être droit et honnête. le salut semble ne pouvoir être obtenu que par la mort ou la fuite. La désertion. le côté obscur de la force...

Yasmina Khadra nous livre son Algérie. Elle est belle. On a envie d'y être. On a envie qu'elle soit telle qu'il semble nous la montrer, derrière les voiles tendus par les caciques du pouvoir, les magnats, les potentats qui usent de leur argent sale pour maintenir les choses en leur faveur.

Mais il nous rappelle à l'ordre. Les Justes meurent seuls. le processus est lent, mortel. Mais Yasmina Khadra a foi en l'Homme, dans ses capacités. Dans sa volonté à changer les choses.

Reste le style très reconnaissable, frôlant parfois le "trop", le pathos, la langue ampoulée ou parlée, bref on a l'habituel salmigondis de l'auteur. Et ... cela fonctionne bien dans le polar. Les dialogues sont vifs, incisifs. Les descriptions, par contre, moins heureuses, avec des effets de style qui (en ce qui me concerne) tombent à plat.
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"Qu'attendent les singes", tel est le titre d'un roman sorti en 2014 de Yasmina KHADRA. C'est assez exotique, à première impression, comme promesse ; n'est-ce pas ? Or il n'en est rien. Ce roman reste un roman engagé dans la filiation de l'oeuvre de Yasmina KHADRA. Il nous livre une facette supplémentaire de son Algérie qu'il aime tant mais qui le désole. le titre est tiré d'une pensée d'un personnage, intellectuel, ancien présentateur de littérature à la TV, consécutive à une lecture qu'il ne sait plus resituer, la phrase se terminant par..."pour devenir des hommes". Il y a peut-être un lien en relation au fond du roman, les hommes sont si désespérants...alors qu'attendent les singes...pour nous guider, nous apprendre la sagesse ? Mais là, ce n'est qu'un point de vue personnel, ne pas en conclure plus qu'un clin d'oeil. le roman se présente comme un thriller, une enquête policière, suite au meurtre effroyable d'une jeune fille d'à peine vingt ans. Certes, l'auteur maîtrise aussi à la perfection, l'art de créer un suspens et même de nous faire frémir. Ce n'est pourtant que l'alibi, le décor pour la mise en scène du sujet principal : le puissant "rboba" selon l'auteur ce terme signifie "décideur de l'ombre". Ce rboba est l'un des personnages principaux : Haj Saad Hamerlaine. Cet homme dispose d'un pouvoir tel qu'il commande aux ministres du gouvernements algériens, au préfet d'Alger, au leader des médias algériens, au commissaire divisionnaire de la police et dispose du pouvoir de désigner qui il veut aux postes stratégiques de l'état algérien et bien d'autres pouvoirs... Il est aussi un "nabab" et traite avec les autres nabab, les personnages les plus fortunés d'Algérie. On ne peut pas s'exonérer de s'interroger, mais alors n'est-ce pas là une organisation mafieuse ? Toutes les instances à tous les niveaux sont-elles donc corrompues ? Une mafia à la taille d'un pays ? Tout comme son collègue Boualem SANSAL avec sa fiction, "2084 La fin du monde" qui nous expose les désastres d'un pouvoir religieux -les barbus d'un pays fictif- fondement du pouvoir politique en se protégeant derrière la fiction, ici aussi l'auteur habillement, utilise la fiction pour révéler la généralisation de la corruption au sommet de la nation. Faut-il désespérer d'un bonheur accessible pour ce peuple algérien ? Non, l'auteur a foi dans les petits, les humbles citoyens, qui donnent le meilleur jusqu'au dont suprême, leur vie, comme cette jeune femme commissaire de police Nora Bilal. Non, car il termine par une métaphore, la mise à mort de Hamerlaine, ce redoutable rboba, et donc la fin -espérons avec lui- de la corruption.
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En effet, qu'attendent les singes pour devenir des hommes ?!

Qu'attend l'humanité pour évoluer, qu'attend l'Algérie pour répondre aux rêves qu'elle avait suscités à la libération ?

Sous couvert de roman policier, Yasmina Khadra dresse un portrait cruel de l'état acutel de son pays, où les anciennes "gloires" se sont transformées en "super citoyens exonérés d'impôts" au titre de la "légitimité historique" et qu'on appelle les "rbobas".

Tyran de l'ombre, de sa retraite dorée, M. Hamerlaine tire les ficelles du pouvoir, se fait craindre de la classe politique tout autant que de la presse corrompues.

Si certains se rebiffent et tentent de se faire oublier, la plupart, ministres, préfets, et j'en passe, se plient aux invectives des "rbobas". le tableau est sombre mais pas sans espoir.

En effet, une femme - et ce n'est certainement pas un hasard si Khadra a décidé de confier le rôle de commisaire à une femme - ne recule pas, ne régresse pas; elle fonce et cherche, sans se laisser intimider, l'assassin d'une jeune-fille. L'enquête la fait remonter jusqu'au plus haut, jusqu'à Hamerlaine.

Les témoins sont éliminés les uns après les autres et malgré sa détermination, Nora elle aussi sera victime des bassesses que ce pouvoir n'hésite pas à mettre en oeuvre pour préserver ses privilèges.


Alors, les singes ne deviendront-ils jamais des hommes ? Si ! le trop plein, la rage, le besoin de prendre sa revanche sur une vie qui perd son sens, et par-dessus tout celui de retrouver sa dignité, finira pas triompher par le plus insignifiant des acteurs, par le plus faible, par le plus impuissant.

Khadra est décidément un auteur à suivre. le regard qu'il porte sur la marche du monde et sur l'Algérie en particulier, est empreint de critique sévère, de dénonciation - avec un certain courage il faut bien l'admettre - mais n'est jamais désespéré, même si le retour à la dignité nécessite la violence.

Lien : http://meslecturesintantanee..
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C'est un thriller qui a la particularité de se dérouler dans l'Algérie contemporaine. le cadavre d'une jeune étudiante algéroise est retrouvé dans une forêt et la commissaire Nora (une femme !) est chargée de l'enquête. Mais ce n'est pas une affaire ordinaire ! Rapidement, les pistes mènent à l'entourage de Hadj Saâd Hamerlaine, un “r'boba”, c'est-à-dire un homme de l'ombre qui tire toutes les ficelles et qui est en réalité plus puissant qu'un ministre; ce très vieil homme soumet à son pouvoir presqu'absolu non seulement ses propres âmes damnées, mais aussi la presse de caniveau et tout l'appareil d'Etat. Ainsi, au-delà du suspense d'une enquête dangereuse, se profile une critique au vitriol de l'Algérie, le pays d'origine de l'auteur. Yasmina Reza va très loin quand il dénonce la corruption et la manipulation qui étendent leurs tentacules sur tout le pays. Si ce qu'il évoque était entièrement vrai, ça dépasserait l'imagination; mais je ne peux pas en juger.

Tout le long de cette aventure, il y a beaucoup de cadavres. Mais la sinistre vérité se dessine peu à peu. Juste avant la fin, Hamerlaine parait avoir gagné sur toute la ligne, conservant la totalité de son pouvoir. Mais un petit policier profondément écoeuré par tout ce qu'il a découvert refuse un tel dénouement et, sortant de la légalité, va exorciser le mal que représentent les corrupteurs criminels qui gouvernent en sous-main le pays. Cet étonnant roman s'achève sur un hymne à tous les Algériens qui résistent encore à l'injuste oppression qu'ils subissent; ils éradiqueront un jour la tyrannie souterraine des “r'boba”. Une fin peut-être trop optimiste, après les horreurs qui ont été décrites auparavant.
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Un grand Yasmina Khadra,
Un polard, une intrigue qui se tient, des péripéties qui font frissonner. Et surtout : une atmosphère algérienne. Un pays que l'on connait très peu paradoxalement. Une fin dure mais quelle roman ! Je n'aime pas tous les livres de cet auteur, mais celui là et sans doute un des plus réussi.
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Un thriller politique qui dépeint une Algérie dans laquelle les gens "ordinaires"ne trouvent pas leur place,surtout si ce sont des femmes ,surtout quand on les empêche de rétablir une justice égalitaire.Une approche lucide de la fabrique de tyrans menée par ceux qui vont avoir à en pâtir.
Du très grand Yasmina Khadra.
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Je n'ai jamais lu de roman de Yasmina KHADRA, et ce fait, je ne savais pas à quoi m'attendre. Je n'ai pas été déçue.

Les 2 1ères pages décrivent une scène bucolique où une jeune et jolie fille, nue, est étendue dans l'herbe humide. Cela semble beau et tellement serein.
A partir du 2d chapitre, le ton change radicalement.
Nous découvrons un ensemble de personnes qui gravite autour du meurtre de la jeune femme. de la femme commissaire lesbienne au vieux tyran, au-dessus des lois et des mortels.
Yasmina KHADRA sait créer de "vrais méchants " et sait transmettre les émotions ; je prends pour exemple la rencontre entre Eddy DAYEM et le rhoba : j'ai vraiment ressenti toute la peur de Ed face au monstre, dieu vivant en Algérie. Cet homme est abject.
Petite lueur d'espoir dans toute cette noirceur, parmi certains de ces personnages corrompus ou apathiques, on découvre une once d'humanité, une limite que certains ne sont pas prêts à dépasser.

"Qu'attendent les singes ..........................pour devenir des hommes"

Le roman est riche en rebondissement, et l'auteur sait nous tenir en alerte.
C'est le 1er roman de Yasmina KHADRA que je lis mais certainement pas le dernier.

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L'arabe du futur.
Je ne sais trop pour quelle raison nous ne sommes guère coutumiers des bouquins de Yasmina Khadra (notre dernière lecture remonte à 2008 !) mais c'est certainement l'un des rares sinon le seul écrivain à nous attirer sur l'autre rive de la mer intérieure.
Pourtant sous le pinceau de Khadra, l'Algérie prend souvent des teintes désespérées et sombres, très loin de l'espoir que pourrait laisser poindre le vert du drapeau national ou du patronyme de l'auteur.
Le bouquin peine un peu à démarrer : Khadra place ses pions un par un et se laisse aller à quelques diatribes amères, quelques pamphlets un peu appuyés, emporté par son louable enthousiasme de prédicateur.
Alger est un marigot nauséabond et fangeux où claquent les mâchoires des vieux crocodiles cannibales, échoués après le reflux de la vieille Révolution.
C'est dans les tons amers et désabusés que l'auteur nous brosse le portrait d'une Algérie rongée par la prévarication, la violence (l'ombre de la 'décennie noire' obscurcit toujours le tableau) et la corruption.

[...] Un pays où l'on est fier de corrompre et d'être corrompu.
[...] Un pays où les décideurs s'évertuent à construire une villa à leurs rejetons là où il est question de leur bâtir une nation.
[...] En Algérie, on n'a pas à faire, on fait des affaires.

Mais peu à peu l'intrigue policière se met en place et l'on enquêtera sur le meurtre sordide d'une toute jeune femme, aux côtés d'une commissaire couguar, amoureuse d'une jeune droguée, et d'un inspecteur impuissant.
Accrochez-vous, il va falloir grimper dans les sphères du pouvoir ou, ce qui revient au même, descendre bien bas dans la fange boueuse du marigot : enfilez vos bottes et gaffe aux mâchoires des crocos.
Généreux, Khadra gratifiera son lecteur courageux d'un dernier chapitre en forme, sinon de happy end, tout au moins de voeu pieux, voire de promesse ou d'espoir, mais cela ressemble bien à une figure imposée et l'on a bien senti que le 'vrai' livre s'était refermé quelques pages tôt, au plus noir des ténèbres.
Brrr.. Jamais polar noir n'aura porté aussi bien son étiquette.
Paradoxalement cette gravure à l'eau-forte d'une nation dépravée et corrompue nous donne envie de mieux connaître ce pays à la fois si proche et si différent, caché derrière les épais brouillards politico-médiatiques qui couvrent la Méditerranée depuis un demi-siècle. Entre les vestiges de la colonisation et le prisme déformant du regard de Khadra lui-même, il est difficile de ne pas lire entre les lignes une Algérie qui partage une même culture avec notre France et un Alger qui ressemblerait bien à Paris.
Évidemment on se doute bien que al-Jazā'ir n'est pas la seule nation à porter tout le malheur du monde et que le portrait au noir, même un peu forcé ici, était bien celui de notre temps et de notre planète.
De quoi laisser trottiner longtemps dans notre tête la petite phrase de Khadra ...

[...] — Qu'attendent les singes pour devenir des hommes ?
— Pardon ?
— Je ne me rappelle pas où j'ai lu ça. Qu'attendent les singes pour devenir des hommes. Cette phrase tourne en boucle dans ma tête depuis des semaines.

Pour celles et ceux qui aiment les portraits-vérité.
Lien : http://bmr-mam.blogspot.fr/s..
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Khadra retourne ici dans le roman noir avec un assassinat dont les pistes conduisent les flics jusqu'aux gros pontes de l'état Algérien. Pourtant l'enquête patine, puis s'accélère soudain et se termine vitesse grand V, tandis que des diatribes surgissent et brisent le rythme du bouquin sans véritablement de logique.
Et c'est de là qui provient le malaise, car on se sait pas bien si Khadra a brodé autour de cette enquête uniquement pour régler des comptes et tirer à boulets rouges ( à tort ou à raison ) sur l'Etat algérien, les politiques corrompus, et tout cela alors que le pays s'apprêtent à élire un nouveau président.
Un réel malaise donc.
Mais si Khadra désirait montrer une image de l'Algérie moderne, objective ou subjective, il y est parvenu.
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Pourtant , il , Yasmina Khadra , n'avait pas besoin d'imagination pour écrire ce roman de bien de chez lui , du fin fond de chez lui , d'une Algérie : Amour , et Plaie , je lisais alors une toute nouvelle et toute étrangère Algérie , de complots , de mafia , d' homosexualité , et je me posais la question à travers mon parcours , n'est-ce pas l'imagination de YK , mais non , c'est la face cachée de ce pays rangé par la corruption , Sid Ahmed demeure le personnage espoir , la voix de la conscience , l'inspecteur Zine en tuant Hamerlaine , avec la bénédiction de tout un monde écoeuré des rboba et leurs queues !
Une lecture qui m'a rendu perplexe : suis-je en Algérie mon cher pays ou c'est juste le délire d'un romancier !
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