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Trois cents hooligans partent en chasse dans un quartier populaire du sud-est de Londres. Après avoir contourné les barrages de la police, ils traversent le quartier d'East-End pour débusquer la bande du club rival. Les supporters des équipes de Millwall FC et de Chelsea FC sont réputés pour leur violence. le derby qui oppose ces deux clubs londoniens se déroule aussi bien dans le stade que dans la rue. La tension et l'excitation sont au paroxysme quand les deux groupes se trouvent enfin. Des briques et des bouteilles commencent à voler. Soudain, dans un rugissement, les hooligans se ruent les uns vers les autres. C'est la guerre, un millier d'allumés s'affrontent en plein jour.

Un soir de match, ils se saoulent, -avec un peu de chance - ils ramassent une femme complètement ivre, ou - avec beaucoup de chance- ils incrustent le crâne d'un supporter rival dans le bitume. « Football factory » est le contrepoint du roman « Carton jaune » dans lequel Nick Hornby décortique sa passion qui vire à l'obsession pour l'équipe d'Arsenal FC. Si les personnages de John King sont aussi de fervents supporters, leur passion se situe autre part. Ce qu'ils recherchent, c'est l'adrénaline, un mélange de peur et d'excitation qui précède un combat de rue. King distingue cette violence du football, ce sport n'étant à ses yeux qu'un prétexte. « Il faut bien que l'agressivité passe quelque part ». Il considère que ses affrontements n'opposent que des citoyens libres et consentants qui trouvent dans ces bagarres un exutoire à leurs vies banales. Les bandes ont leurs règles, leurs territoires et leurs légendes urbaines. Il faut se faire respecter, montrer sa valeur au combat. Il dénonce le traitement médiatique du hooliganisme qu'il trouve biaisé et caricatural. Il critique la gestion du phénomène par les forces de l'ordre et l'omniprésence de la vidéo surveillance.

« Football factory » dresse le portrait de ces petits blancs britanniques qui se considèrent comme « une minorité ethnique écrasée par le système social ». Ils haïssent l'establishment, la politique et la police. Leur vie n'est que frustration. Dans le roman, une assistante sociale communiste se désespère de ces travailleurs qui ne politisent pas leur colère. Ils préfèrent crever l'abcès en se saoulant et en se bagarrant. L'auteur complète sa description de ce nouveau prolétariat en dressant le portait de Londoniens qui subissent sans pouvoir se défouler : un retraité solitaire survivant des maigres subsides de l'État, une blanchisseuse folle de Jesus qui ne s'aperçoit pas de la déchéance de son fils, un ancien combattant qui prend conscience des transformations de son pays, un jeune qui dessine une bande-dessinée où le héros se venge de la Dame de Fer… Chaque récit est parfaitement écrit. John King parvient à retranscrire l'état d'esprit des classes populaires britanniques. Il nous invite à dépasser une condamnation trop rapide du hooliganisme. Ce n'est qu'un épiphénomène du mal-être global d'une société britannique broyée par des années de Thatchérisme.

Bon, si vous croisez un groupe de hooligans dans votre ville (souvenez-vous, l'Euro 2016...), ne tentez pas d'engager le dialogue avec un "j'ai compris les raisons de votre frustration"... Courez et ne vous retournez pas !
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John King écrit la culture populaire anglaise et les racines sociales de la violence : punks, hooligans et autres joyeux damnés. Il a connu un succès immédiat avec son roman Football Factory (Points), adapté au cinéma par Nick Love en 2004 et premier tome d'une trilogie, grande fresque de la culture prolétaire britannique.

Ce classique de la pop culture britannique ressort en cette fin d'année 2020 dans une très belle réédition au Diable Vauvert l'éditeur qui l'a fait connaitre en France

"Huit heures, neuf heures, la soirée file à toute blinde, c'est la fin de la semaine, tu as deux jours devant toi et la bière est fameuse. le paradis qui coule, glacé, âcre dans la gorge. Des bulles chimiques, un poison brassé à la hâte pour les locdus qui apprécient. Tous les gars sont chauds, ils racontent des conneries qu'on aura oubliées demain, la musique donne à fond et tu es obligé de crier, mais c'est le rythme qui compte."

Il n'a rien perdu de sa force, bien au contraire, ce roman qui décrit de manière assez radicale et avec un grand réalisme et une justesse d'observations le quotidien d'un jeune hooligan du club londonien de Chelsea, supporter de l'équipe de Chelsea qui travaille la semaine, en attendant de pouvoir se fritter avec ses adversaires le samedi de match. Belle traduction d'Alain Defossé!
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Cela commence toujours par une pinte de Guinness, suivie d'une deuxième, puis d'une troisième, et encore plus...

Cela continue ensuite avec une baston, suivie d'une deuxième, puis d'une troisième...

L'Angleterre « ouvrière », vue à travers un hooligan fidèle supporter de Chelsea et ses quelques pôtes...

Un livre sur le foot, la bière, la baston. Un peu réducteur, non ?!? En fait, c'est plus que cela. Un livre sur la virilité, l'imbécillité humaine ou tout simplement la passion ?

Et la vie dans cette Angleterre, on peut pas dire que se soit le paradis idéal, un lieu de rêve où les gens sont heureux de se retrouver tous ensemble, heureux de leur journée passée à bosser durement mais honnêtement...

Le foot n'est qu'un prétexte pour pénétrer dans l'intimité d'une bande de jeunes (et moins jeunes), voyous, casseurs. Ces hooligans nous font découvrir un autre univers, une autre société où ils se sentent foncièrement exclus. Entre absence de travail, ou travail de merde, répétitif, ennuyeux, sans considération aucune, le foot est devenu un exutoire. le quotidien se fait uniquement en fonction des matchs à venir.

Parce que l'Angleterre d'aujourd'hui, c'est d'une putain de laideur, bourré d'usines abandonnées, de villes fantômes où traînent des gosses désabusés et des parents dégénérés.

La recherche des supporters entre les rues de Londres ou de Liverpool, les stations de métro, les pubs bourrés de supporters ennemis, le jeu de cache-cache avec la police jusqu'à l'affrontement final...

Une société libérale qui a laissé pour compte les ouvriers et les chômeurs, qui les a exclus de toute vie sociale et qui tente même de les exclure des stades de foot (les pauvres sont devenus indésirables partout). Ils ne leur restent que cet amour pour la cuite (oublier leur avenir sombre et sans espoir) et pour la castagne (se défouler de toutes frustrations).

Le racisme se vit au quotidien, les rancoeurs aussi. le fossé se creuse entre les générations, entre les cultures, entre les riches et les pauvres. Mais, seul le foot semble encore avoir cette petite "aura" capable de réunir et de souder le peuple. le désespoir se sent à chaque coin de rues. L'avenir ne fait plus illusion, sombre, sans espoir, sans rêve ni trêve. Les punks ne sont plus là mais l'anarchie reste omniprésente dans l'esprit de ces anglais oubliés de leurs « dirigeants ».

Un roman aux odeurs de kebabs et de curry, entre « 1984 » et « Orange mécanique » ...
Lien : http://leranchsansnom.free.fr/
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Comme le dit le 4ième de couverture, FF est avant tout une plongée au coeur d'une certaine Angleterre des années 80/90 et en aucun cas la tribune d'un quelconque hooliganisme malodorant. Durant 1 chapitre sur 2 l'on suit le protagoniste principal (j'évite sciemment le terme de héros) embarqué dans tout un tas d'embrouilles parfois drôle parfois insupportables (notamment lorsqu'il s'agit des rencontres avec les-filles-d'un-soir). Tom ne voit pas Londres comme un ensemble de quartier mais comme un découpage fonction des clubs de la capitale Londonienne.

Les autres chapitres proposent des portraits touchants d'anglais et d'anglaises appartenant à cette fameuse classe ouvrière, pauvre et blanche, qui au final a moins bien réussi socialement que la population immigrée (Relativement tout le contraire de la France). le ton et les anecdotes de ces chapitres bien spécifiques m'ont rappelés le style d'un autre King.

De cette situation, la classe ouvrière britannique, que personne ne veut voir de l'autre côté de la Manche, ressent un vrai dégoût de son propre pays, de leurs policiers et de l'establishment (cohérent dans le réactionnisme puisqu'une frange non négligeable se réclame d'extrème-droite). Toutes les villes anglaises sont vues comme des shitholes, plus particulièrement celles du Nord. Franchement ce qu'on est bien en France !

L'amateur de football que je suis y a trouvé également tout un tas d'anecdotes sympas sur les différents clubs, c'est une cerise sur le gâteau car l'essentiel n'est pas là.

A noter que le livre fait partie d'une trilogie et qu'il a été adapté au cinéma en 2004.
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Met en scène Tom Johnson, un "Chelsea hooligan" haut en couleur, à l'image d'une société en colère, dont la brutalité est la règle. Un roman sur les années 90 avec ses réalités quotidiennes : dégradation sociale, chômage, racisme, violence occasionnelle, alcoolisme, mauvais trips sexuels et, surtout, comment on en arrive à un contexte politique de surveillance et de manipulation par les médias.
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Football factory.
Un roman d'immersion dans la working class anglaise. John King met en scène un jeune hooligan de Chelsea (londres) que nous suivons dans sa vie de tout les jours (recherche emploi, famille, pub, stade, ...).
C'est populaire, c'est vivant, c'est brute et terriblement vrai.
On le suit avec son groupe pour défendre le territoire (Londres est découpé en zone pour chaque club ou chaque bande fait sa loi), ou envahir celui de l'ennemi. Affrontements dans la rue, dans les pubs, les stations de métro, au stade, c'est un combat quotidien pour la suprématie de sa bande, pour assurer et assumer sa réputation... Parce que quand en face c'est Millwall ou West Ham qui déboulent, il y a du lourd !!! C'est pas 2-3 jeunes de 20 ans en manque de sensation en face.

L'écriture de John King fait que l'on ressent les émotions, les excitations, les inquiétudes, la passion du football et l'amitié forte de l'appartenance à une Firm, un groupe.
Mais au fil de l'histoire l'auteur met en avant aussi d'autres personnages de l'Angleterre des années 1980-90 pour aller plus loin dans la recherche des causes de cette violence, de ce besoin d'appartenance et d'opposition aux autres, à la police, etc...
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Pas seulement un livre sur la violence dans le foot et les hooligans.Aussi un livre,plein d'humour, sur l'Angleterre ouvrière et populaire des années 80/90.Brutal quoi...
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Nick Hornby, dans "Carton Jaune", avait lui aussi romancé sa vie de supporter de foot. Mais King, fort d'une expérience personnelle extrême (et même extrémiste), raconte le hooliganisme de l'intérieur et c'est saisissant. le foot n'est plus alors qu'un prétexte pour se saouler, chercher la bagarre, se battre et peu importent les résultats.
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Le foot anglais, la bière, la baston entre bandes de supporters, la castagne avec les flics. LE livre culte sur la classe ouvrière anglaise des années 90.
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Qu'en dire ? Déjà, quel genre ? Un roman ? Des nouvelles mettant en scène les mêmes personnages ? Un peu de tout cela, sans doute. Beaucoup de misère sociale mis en scène sans fard mais sans verser dans le misérabilisme. de la misère sexuelle aussi, à la Houellebecq.
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