Dans un futur proche dystopique, la société a dérivé, restant sur ses rails actuels, pour devenir assez sombre et cruel. Les classes sociales sont extrêmement marquées, et chacun se partage un quartier de ville, sans trop se mélanger. D'une part, la classe des « nantis » ou liés, qui gagnent des salaires en nouveaux dollars ; d'autre part, les pauvres, les crasseux, les « rebus » de la société, qui ne gagnent pas forcément un salaire (ou pas légalement) et qui, s'ils en ont la chance, mettent en danger leur santé pour de misérables anciens dollars qui valent largement moins que les nouveaux et qui n'ont pas court en dehors de Co-Op City, le quartier pauvre. Sans compter la pollution de l'air qui détruit la population des bas-fonds à petit feu.
Mais, dans cette obscurité alarmante, une lueur apparait... celle de la télévision (ici appelé Libertel) abrutissante et divertissante, outil d'aliénation et d'endoctrinement. Etant un instrument du « Réseau » (= l'Etat), le Libertel permet de (relativement) calmer les esprits, les détournant des vrais problèmes. « Panem et circenses » comme disait
Juvénal. le must de ces « divertissements » consiste en des jeux assez... spéciaux, souvent mortels, qui permettent à ceux qui y participent de rêver une vie meilleure en cas de victoire. Et bien entendu, ce ne sont que des personnes d'une classe sociale bien précise qui s'y inscrivent. Je vous laisse deviner laquelle.
Ben Richards et l'un d'eux : un jeune homme proche de la trentaine, chômeur, ancien salarié près General Atomics, marié, père d'une miraculeuse petite fille atteinte de pneumonie. Miraculeuse car il était supposé être stérile à cause de son métier. Mais c'est pour elle qu'il décide de participer à ces jeux. Atteinte de pneumonie, elle risque de mourir à Co-Op City, les bons médecins n'étant pas disponibles dans ce quartier et étant très chers de l'autre côté.
Il décide donc de se rendre aux studio pour s'inscrire et sera proposé au plus terrible (et au plus apprécié du public) jeu : la Grande Traque. le but du jeu est simple : survivre 30 jours dans les rues pour récolter le prix d'un milliard de nouveaux dollars. Mais ce n'est pas si simple : des « Chasseurs » et les « Forces de l'ordre » sont à la poursuite du « participant » afin de l'exécuter et les citoyens donnant des informations à son sujet reçoivent une prime.
On suivra donc Ben Richards dans sa quête de vérité et de survie.
J'ai lu ce livre en une journée et je dois dire que c'est passé vite. Enfin... jusqu'à un certain point. C'est du
Stephen King : c'est plutôt bien écrit, mais assez brouillon ou confus par moments.
Dès le départ, on est jeté dans un univers assez sombre sans trop comprendre mais au fil des pages, les détails obscurs s'éclairent plus ou moins bien. On comprend les dérives du Réseau, les tenants et les aboutissants d'à peu près tout le contexte même si le background n'est pas spécialement détaillé. Les idées sont très bonnes, un peu à la sauce d'Orwell et on ressent aussi un petit air de « Hunger Games » donc certaines scènes présentent une assez forte ressemblance avec «
Running Man » (sans parler du contexte/de l'univers). C'est parfois assez troublant.
Si le début était intéressant et intriguant, avec de très bonnes idées, et si le milieu est intense, j'ai trouvé le reste assez mauvais. Ou du moins pas à mon goût. Plus ou moins à partir du moment où Richards se retrouve à l'aéroport, j'ai ressenti un manque d'originalité et une mise en scène à la manière des films d'actions hollywoodiens. Un peu trop convenu et sans trop d'idées intéressante comme on a pu en trouver au départ.
On ressent toutefois assez clairement la critique faite par l'auteur sur l'évolution de la société et de ses dérives et exagérations ainsi que sur sa propension à nourrir l'esprit de la population d'absurdités et d'inutilités au travers de la télévision (entre autres) au détriment de la connaissance plus ou moins exacte que l'on peut acquérir au travers des livres. Cette mise en comparaison entre les livres et la télévision est assez nette dans l'ouvrage mais aurait, selon moi, mérité un tout petit peu plus de traitement.
Une petite citation qui résume le message : « Ils nous ont donné le Libertel pour que le peuple crève tranquillement, sans faire d'histoires. le Libertel nous tue. Pendant qu'on regarde leurs tours de passe-passe, on est aveugle au reste. »
En bref, j'ai aimé jusqu'à quelques pages de la fin où j'ai commencé à légèrement m'ennuyer. Un livre à lire, surtout si on aime les dystopies comme « 1984 », avec de bonnes idées et un plaisir de lecture presque complet ; mais qui ne restera pas forcément gravé dans la mémoire.
Hiroyuko.