Rennes-le-Château a son B.A.BA, et c'est une bonne chose (Fabrice et
Daniel Kircher, Pardès 2003). Un ouvrage assez classique, avec une première partie critique fort complète et pertinente. Et puis on décolle dans une seconde partie, en brassant les hypothèses les plus folles…… Graal et pierre philosophale bien sûr. Mais le plus de cet ouvrage est d'apporter une pierre supplémentaire à une théorie qui m'est chère, celle de l'agglutination. Notre Mythe préféré fait en effet ici un pas décisif et la jonction est enfin réalisée…. avec notre écrivain américain fétiche,
HP Lovecraft. Je laisse la parole aux auteurs :
Qu'il y eût des reproductions de ce fantastique Baphomet est prouvé. Une per-quisition faite au Temple de Paris, en 1310, découvrit une tête en métal contenant des reliques. Elle portait le numéro LVIII en chiffres romains. Sur une des dalles de la tombe Blanchefort figure le chiffre LIXLIXL. le numéro de la tête du Bapho¬met du Bézu?
Arrivés à ce stade, il nous faut poser la question : étaient-ils tous fous? Et les auteurs du présent ouvrage commencent-ils eux-mêmes à «dérailler»? Questions légitimes. Et dire que nous ne sommes pas encore au bout de nos absurdités... Reve¬nons au problème initial: la grotte.
La pieuvre, dessinée sur la tombe de Rennes-le-Château, nous interpelle en effet. le graveur aurait pu faire un jeu de mots, avec octopus, mais non, il a dessiné la bête, seule image dans ce vaste rébus dont l'épicentre est au Bézu. Que peut signi¬fier cette représentation? Indique-t-elle une grotte sous-marine? Symbolise-t-elle le démon de l'eau, de l'ennemi de la vie, dont le rôle est d'empêcher l'apparition de la vie sur la terre ? Ou le combat entre le soleil et les eaux ? Ou, plus prosaïquement, la résistance, la ténacité ? Une unité de « Marsouins » de la dernière guerre avait pour emblème une pieuvre agrippée à une ancre, et pour devise «Tenir» ; ou encore un Gardien du Seuil de cette grotte dont l'entrée ne se ferait que dans la Quatrième Dimension?
Examinons attentivement la bête. Entre ses tentacules sont figurés de petits points noirs. Des spores ? Ce détail se retrouve sur le bas-relief de Manabi, une île au large de la côte équatorienne. Il représente une créature composite, armée de griffes et dont la tête est celle d'un céphalopode. Entre ses tentacules sont gra¬vées les mêmes petites boules mystérieuses. Selon
Michel Meurger 3, ce bas-relief, notamment publié par Saville en 1907 4 et Nature (2 août 1924) aurait servi à l'inspi¬ration de l'écrivain de fantasy américain H. P
Lovecraf t: la créature de Manabi serait le modèle de son Cthulhu.
Une créature cthulhienne hanterait-elle donc le Razès ? Ferait-elle l'objet d'un culte ? La pieuvre étant une figure représentée familièrement en Scandinavie des origines jusqu'à l'époque moderne, l'abbé Saunière faisait-il partie d'une société secrète «thuléenne» ? Rappelons que, comme le dieu scandinave Odin, Saunière était borgne, et que l'on ignore en quelle circonstance il perdit son oeil ; initiation odi¬nique, donc ?
Après ce long clin d'oeil, signalons également que ce livre est l'un des premiers, à notre connaissance, à intégrer l'affaire dite de la maquette dans l'invraisemblable jeu de piste laissé par Saunière pour conduire à « sa découverte ». le chercheur
André Douzet a en effet retrouvé une maquette topographique, commandée par le prêtre en 1916, juste avant sa mort, à un fondeur d'Aix-en-Provence. Une maquette dont le cartouche porte l'inscription « le Calvaire et le Saint Sépulcre. Etat primitif » et qui pointe un certain nombre de lieux comme le Jardin de Ghetsemani, le Golgotha ou Calvaire, une Citerne, le Tombeau de Joseph D'arimahie, le Tombeau du Christ. S'il est évident que la région représentée est difficilement assimilable à celle des lieux saints « historiques », peut-on en conclure avec
André Douzet qu'elle correspond à un lieu bien précis du Razès ? Mais ceci est une autre histoire……..