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EAN : 9782221159125
368 pages
Robert Laffont (22/09/2016)
4.38/5   24 notes
Résumé :
20 avril 1999, lycée de Columbine. Dylan Klebold et Eric Harris tuent douze élèves et un professeur avant de se suicider. Sue, la mère de Dylan, témoigne pour la première fois.

Comment imaginer qu'un enfant qu'on a élevé et aimé puisse être responsable d'un tel massacre ? Comment, en tant que mère, a-t-on pu rester aveugle à sa dérive ? Qu'aurait-on dû faire différemment ? Depuis dix-sept ans, Sue Klebold vit avec cette douleur indescriptible et la ho... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
♫ But who knew that this day wasn't like the rest ?
Instead of takin' a test, I took two to the chest
Call me blind, but I didn't see it comin'
Everybody was runnin', but I couldn't hear nothin'
Except gun blasts, it happened so fast
I don't really know this kid, though I sit by him in class ♪ ♪

Ils ne sont pas au supermarché, dans la rue ou dans un quelconque quartier chaud parce qu'ils ont entre 15 et 19 ans et qu'ils sont au lycée, ils s'attendent donc à tout sauf à se prendre une bastos en pleine poire au détour d'un couloir, pourtant c'est ce qui est en train de se produire en ce mardi 20 avril 1999 dans une école d'un quartier bourgeois du Colorado.
Quand les parents d'élèves entendent parler de cette fusillade en cours, pas un qui ne se précipite pas sur place. Quand bien même les informations sont encore un peu floues, il y a un problème au lycée où leur gamin est scolarisé, pas besoin d'en savoir plus pour s'y rendre en quatrième vitesse. Enfin, tous les parents ou presque, Susan Klebold elle, et c'est ainsi que commence son livre, nous raconte que son mari apprend vaguement ce qui se passe aux infos (un homme aurait fait irruption au lycée de leur fils et canarderait à tout va), téléphone à son boulot pour la mettre au courant et Sue Klebold rentre aussitôt chez elle où son mari l'attend... A aucun moment ni l'un ni l'autre ne semblent effleurés par l'idée de se rendre sur place voir si leur fils va bien et s'ils peuvent le récupérer. Non, ils attendent jusqu'à ce que les gros bras du SWAT débarquent, les refoulent dans le jardin et leur interdisent tout retour dans leur maison jusqu'à nouvel ordre. Personne ne leur donne aucune info mais Sue Klebold arrive tout de même à parler à un flic et la seule question qu'elle trouve à poser, comme une confirmation de ce qu'elle pressent déjà, est de savoir si son fils est mort. Une fois cette interrogation confirmée et sans plus de renseignements, elle commence à se faire une idée de ce qu'il vient de se passer.
Comment cela est-il possible ? A moins de savoir que son fils était instable, perturbé et tout à fait capable d'un acte pareil ? Mais elle va passer le livre à nous répéter comme un mantra qu'elle ne savait pas, qu'il n'y a eu aucun signe et que son fils était doux comme un agneau, plus gentil et serviable que lui, y'avait pas.
Du coup, dans la confusion, et c'est bien normal on ferait tous pareil, elle se rappelle son rendez-vous chez le coiffeur pour le lendemain, ça lui a été tellement reproché ce petit soin personnel alors que les corps étaient encore tièdes qu'elle trouve une justification dans le fait qu'elle voulait être présentable pour les funérailles de son fils et que son avocat (pas elle qui est à blâmer donc) lui a conseillé de continuer à faire des choses normales pour ne pas perdre pieds et puis surtout elle agissait plus comme un robot que comme une personne réfléchie. Ah oui ? Allez, je veux bien admettre qu'en pilotage automatique, elle se soit rendue chez son coiffeur sans vraiment y penser, suivant là une sorte de routine... mais téléphoner au dit coiffeur, lui demander de repousser son rendez-vous après la fermeture afin de ne croiser personne et de n'avoir à répondre à rien, euh... tout ça ce sont des actions réfléchies, qu'importe ce qu'elle veut nous faire croire.

Et tout le reste du livre est de ce tonneau : "je ne suis pas responsable", "je me justifie de toutes les accusations qu'on a pu porter contre moi depuis 16 ans", "je ne comprends pas", "Dylan était un bon garçon", "je ne savais pas", et Klebold tient tellement à nous clamer son innocence dans toute cette affaire, tellement concentrée là-dessus qu'elle n'est pas à une dizaine de contradictions quand elle nous dépeint son si charmant Dylan qui aurait préféré mourir plutôt que d'arracher une patte à une mouche. Exemples, pour situer :
– "Il n'y a eu aucun signe avant-coureur" --> "Il y avait des signes"
– "Si j'avais su des choses que j'ignorais à l'époque, j'aurais pu empêcher Columbine" --> "Des tragédies comme Columbine ne peuvent malheureusement pas être évitées"
– "Dylan était dépressif mais nous le le savions pas" --> "Il y avait des signes qu'il allait mal mais nous n'y avons pas prêté attention"
– "Mon fils est complètement responsable de ce qu'il a engendré, je ne lui trouverai jamais aucune excuse" --> "Il était en dépression, vulnérable et influençable, ce n'est peut-être pas entièrement sa faute"
etc etc...

Bon, une fois qu'on a bien compris que son fiston adoré était l'enfant le plus intelligent et le plus doux qui ait jamais foulé de ses petits petons délicats cette terre ingrate et violente, Sue Klebold met en place une théorie qu'elle se refuse à appeler "maladie mentale" sous des prétextes plus que fallacieux et préfère employer le terme de "maladie cérébrale" (c'est psychiatriquement moins signifiant surtout) dont elle ne va plus avoir de cesse d'en séparer Dylan, allant jusqu'à nous dire que cette perturbation cérébrale ne lui permettait plus d'avoir accès aux outils de la raison et qu'il pensait sûrement être sur le droit chemin (allant aussi jusqu'à nous parler d'un spécialiste qui aurait mis en avant le fait que si Dylan ne mangeait pas de poisson, ça pourrait expliquer son geste car les carences en oméga 3 sont souvent responsables de violences meurtrières, heureusement Klebold affirme que la famille mangeait du poisson régulièrement... Mais quand même, retenons cette information capitale et à l'avenir quand vous rencontrerez des gens que vous ne connaissez pas, demandez-leur s'ils mangent du poisson, si la réponse est non, fuyez !!)

Passons ensuite en revue qui sont les vrais fautifs dans cette histoire. On peut facilement résumer les coupables en quelques mots : tout et tout le monde sauf l'adorable Dylan qui a reçu la plus parfaite éducation qu'on puisse imaginer donner à un garçon bienveillant et sensible comme lui. Alors, les coupables ? Les jeux vidéo, la "maladie cérébrale", le harcèlement scolaire et surtout, surtout, Eric Harris, compagnon de misère de cette épopée sanglante. Amusant d'ailleurs de voir comme Sue Klebold le déshumanise pour en faire le démon qu'elle tient à ce qu'on voit en lui, exactement ce qu'elle a passé des pages à reprocher à la presse quand ils ont agit de même à l'égard de son fils. de plus, mais comme je le disais Sue Klebold n'en est plus à une contradiction près, si Dylan ne doit pas être jugé à l'aune de sa "maladie cérébrale" car nous devons avoir de la compassion pour ce genre de choses, Eric, qu'elle définit comme un psychopathe (maladie cérébrale s'il en est) n'a lui, semble-t-il, pas droit à la même compréhension. Si Eric Harris est aujourd'hui à sa place en Enfer, il n'a pas fini de crever de chaud avec le costume que Sue Klebold ne cesse de lui tailler avec comme conclusion : "Sans Eric, pas de Columbine". D'ailleurs il ne mérite aucune compassion puisqu'il est coupable, tandis que Dylan, alors là c'est différent, c'est la victime type, tellement gentil que Klebold n'hésite même plus à laisser entendre que s'il a accepté de suivre le plan d'Eric (oui parce que c'était une idée d'Eric, lui qui a tout planifié, mis en place etc... pas une preuve officielle ça mais bon, pas envisageable d'imaginer que son tendre "Dyl" ait pu ne serait-ce qu'avoir le germe d'un foetus d'idée pareille), c'est parce qu'il était tellement gentil qu'il ne voulait pas faire de peine à son copain en lui disant non. D'ailleurs, on a des preuves, regardez leurs journaux intimes, ce diable d'Eric est plein de haine et dessine des armes et des svastikas tandis que Dylan, lui, dessine des... coeurs ! Et pendant le massacre, il faut le dire, à quatre reprises au moins, et quand Eric n'était pas dans le coin, Dylan a laissé partir des élèves... Alors ? Pas admirable, ça ? Surtout que quand on regarde les stats, Dylan a tué 5 personnes et Eric 7. Pour Dave Sanders, professeur d'informatique, on n'est pas sûr de qui est responsable de la blessure mortelle sachant qu'ils l'ont canardé tous les deux. Eh bah, heureusement que Dylan a épargné 4 personnes sinon il explosait le score ! Et ce que Klebold sait très bien mais évite soigneusement d'en faire cas, c'est qu'Eric Harris a lui aussi laissé partir certains élèves qu'il connaissait et appréciait. Et alors ? Qu'est-ce que ça fait tout ça, ça amoindrit ce qu'ils ont commis ? Ils n'auraient tué qu'une seule personne que ça aurait déjà été une de trop et Klebold se vante que bien que son fils ait tué des innocents, ce qu'il faut surtout retenir c'est qu'il en a aussi épargné ?!
Mais c'est vrai qu'il y a meurtrier et meurtrier et qu'il ne faut pas tout confondre, il suffit de voir les mots qu'elle emploie pour décrire la tuerie : "Eric a tué ***, puis il a tué *** [...] Dylan a tiré sur ***" etc.
Pas de quoi s'étonner outre mesure, l'introduction d'Andrew Salomon nous avait mis dans le bain en comparant tranquillement Eric Harris à un Hitler raté tandis que Dylan Klebold lui serait plutôt un Holden Caulfield raté. Mais bien sûr.

Bref, intéressant d'ailleurs à ce stade de noter que ce Holden masqué ne s'est pas servi d'un couteau à beurre pour abattre ses victimes mais pourtant quasiment pas un mot dans tout le livre sur les armes à feu (si, faut être honnête, c'est un peu évoqué à un moment sur une longueur spectaculaire de très exactement huit lignes) pour quelqu'un qui se présente d'entrée comme une "anti", dommage de n'avoir pas profité de cette tribune pour développer un peu la haine des armes qu'elle nous a dit avoir pour justifier que son fils n'en possédait pas, n'y avait pas accès et surtout, savait que c'était mal.

Et puis finalement, au deux tiers allez hop, le livre prend un virage à 180° et se présente comme un mauvais traité de psychanalyse sur la dépression et le suicide (ou meurtre-suicide que Klebold fini par amalgamer avec le suicide "simple" car c'est avant tout l'envie de se suicider qui fait le meurtrier et non l'inverse... de là à dire que les victimes exécutées sont de simples dommages collatéraux, il n'y a qu'un pas que, on le comprend, Sue Klebold a depuis longtemps franchi dans sa tête), une véritable tragédie dont personne n'a semblé comprendre l'ampleur préférant voir Dylan comme un monstre alors que c'est avant tout un adolescent qui s'est suicidé, ce qui lui donne l'idée de participer activement à des groupes de soutien pour celles et ceux dont un proche a mis fin à ses jours, exactement comme elle se décrit.

Bien sûr on ne peut être complètement indifférent à sa douleur, ce que cette femme a traversé est au-delà du concevable et bien sûr qu'elle ne savait pas, comment aurait-elle pu ? Si son fils n'a (presque) rien laissé paraître, elle ne pouvait pas deviner (et quand bien même un adolescent a des réactions colériques et antisociales, il y a tout de même un gouffre infranchissable avant qu'on l'imagine se rendre un beau matin à son bahut pour le faire sauter, chose que Klebold et Harris avaient prévu au départ, des bombes artisanales n'ayant pas explosé dû à une erreur de calcul avaient été déposées à la cafétéria) et, sauf cas extrême, personne n'est responsable des actes d'une autre personne, aussi proche soit-elle, c'est son fils qui a commis l'impensable et non pas une extension d'elle-même mais on imagine facilement que ces tentatives répétées à l'infini de justifier sa non-responsabilité sont dues à des années et des années d'attaques personnelles avec, toujours en toile de fond, "ton fils = toi". Peut-on lui reprocher de malgré tout continuer à aimer et pleurer son fils ? Évidemment non mais au delà de ça, ce livre reste un livre de Sue Klebold encensant Sue Klebold en tant que mère modèle, amie de confiance, épouse parfaite et professionnelle impeccable dans son boulot. Je pensais lire un témoignage unique de la mère d'un des tueurs qui amènerait quelques éclairages sur Columbine, je me suis retrouvée avec l'autosatisfaction d'une femme se plaçant au-dessus de la moyenne et qui, malgré ses dires, n'acceptera peut-être jamais que son fils est aussi coupable qu'on peut l'être et que chercher des fautifs ailleurs et des excuses à la pelle n'effacera jamais ce qu'il a froidement mis au point, prémédité et exécuté même si, bien entendu, il devait y avoir une part de douleur difficilement quantifiable en lui pour en arriver là, mais des gens souffrent autant voire plus à travers le monde et pourtant rares sont ceux qui trouvent un soulagement dans le meurtre de masse.

♪ ♫ He put his life to an end
They might remember him then
You cross the line and there's no turning back
Told the world how he felt
With the sound of a gat ♫ ♪

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Mlle Alice, pouvez-vous nous raconter votre rencontre avec Columbine ?
"J'ai la chance de faire partie du Cercle Arion de Robert Laffont et de recevoir certaines publications dans ce cadre-ci. Chaque mois, je fais donc avec plaisir un tour des nouvelles publications. En voyant Columbine je me suis dit oui, puis non, puis oui quand même..."

Dites-nous en un peu plus sur son histoire...
"Dix-sept ans après les faits, la mère de Dylan Klebold, l'un des deux tueurs de Columbine, raconte sa tragédie. Celle d'un enfant timide et intelligent qui a grandi dans une famille normale et affectueuse et qui un jour d'avril, a décidé de tuer et de mourir..."

Mais que s'est-il exactement passé entre vous?
"Ce livre est bouleversant et surtout, essentiel. J'ai du mal à écrire ma chronique parce que je ressens le besoin vital de vous convaincre que vous devez absolument lire ce livre. Ce ne sera pas facile. Il vous fera pleurer, c'est certain, il fera, je l'espère, tomber certains de vos préjugés, il vous fera peut-être même aimer un peu Dylan contre votre gré. Mais surtout, il vous aidera peut-être à sauver une vie. Sue Klebold n'écrit pas ce livre pour excuser les actes de son fils ou se plaindre de la vague de haine qui a déferlé sur elle mais parce que depuis le drame elle essaie de sensibiliser les gens aux signes de dépression et de suicide. Ceux-là même qu'elle n'a pas vu... Penser que Dylan est un monstre et que notre enfant ne pourrez jamais faire ça, c'est humain, c'est de la préservation. Mais dans le monde dans lequel nous vivons aujourd'hui, je pense sincèrement que la naïveté peut être criminelle.

Pour vous parler plus directement du contenu même du livre, je peux vous dire que j'ai préféré la première partie à la seconde. Nous sommes directement plongés dans la tête de cette femme aux premières heures du massacre, qui pense avoir une vie parfaite et dont le monde s'écroule soudainement et c'est très impactant. Cette femme qui le matin même pensait à son fils avec fierté et qui quelques heures plus tard, prie de toute son âme pour qu'il se suicide. Mais tout ce qu'elle dit par la suite est tout aussi intéressant, d'autant qu'elle a, pour ce livre et pour son bien, fait d'innombrables recherches et consultées de nombreux spécialistes. Les paragraphes sur le rôle des médias et sur la requalification des maladies mentales en maladies cérébrales et leur dépistage sont particulièrement importants et pertinents il me semble. Je ne sais que vous dire de plus ou au contraire, pourrais vous en parler toute la journée mais j'espère sincèrement que certains d'entre vous auront la curiosité, et le courage, de lire cet ouvrage."

Et comment cela s'est-il fini?
"J'ai eu beaucoup de mal à refermer ce livre, à abandonner Sue et Dylan. Il m'a fallu digérer tout cela avant de réussir à vous en parler et en écrivant ma chronique, je verse encore quelques larmes..."
Lien : http://booksaremywonderland...
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Ce témoignage m'a totalement chamboulé.

Sue Klebold, mère d'un des deux tireurs de Columbine, nous livre ici un témoignage bouleversant sur le avant mais aussi le après.

En aucun cas elle essaie de trouver des raisons à l'acte de son fils, bien au contraire, elle essaye de comprendre comment il a pu en arriver là et surtout comment elle et son mari Dylan ont pu ne pas se rendre compte de ce qui se tramait.

Et on comprend à travers ses mots, qu'il est tellement facile de cacher son mal-être à ses proches, de faire semblant lorsqu'à l'intérieur rien ne va.

La vie de Sue et de Dylan a été bouleversé le jour de la tuerie, une descente aux enfers à laquelle ils ne s'attendaient pas. Parce que la plupart des gens et les médias les ont de suite désignés comme les premiers responsables de cette tragédie, sans savoir qu'eux même ont été pris au dépourvu.
C'est aussi fou de voir à quel point les médias sont prêts à raconter tout et n'importe quoi juste pour être les premiers à parler d'un sujet, et en l'occurrence de ce sujet.

J'admire le courage qu'a eu Sue de nous livrer ce témoignage, sans pudeur avec de belles réflexions sur la vie, sur l'éducation.. Ce livre n'est en aucun cas une façon pour elle de déculpabiliser son fils, bien au contraire. Mais ce témoignage nous laisse sans mots...Et nous rappelle qu'il faut parfois faire attention au moindre détail aussi insignifiant soit-il.
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Ce livre nous apprend à ne pas juger notre prochain. Il faut se mettre à la place de cette maman qui a fait ce qu'elle a pu pour élever son fils au mieux. Dans le livre, on repère ses erreurs mais est-ce qu'on ne fait pas tous des erreurs dans l'éducation de nos enfants? Ce fils ressentait une profonde déprime, trop profonde pour qu'il l'explique lui-même. Cela n'excuse en rien son crime mais ne jugeons pas trop sévèrement cette maman qui a eu raison d'écrire son livre. Cela nous donne à réfléchir.
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Un témoignage vraiment bouleversant! Une femme d'un grand courage.
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Le suicide est laid. Il est enveloppé de honte. Il crie à la face du monde que cette vie s'est soldée par un échec. La plupart du temps, on ne veut même pas en entendre parler. Culturellement, nous croyons que les suicidés sont des faibles, des individus sans volonté qui ont choisi « l'issue des lâches ». Nous les pensons égoïstes, nous voyons leur acte comme une agression. S'ils s'étaient souciés de leur famille/conjoint/travail, ils auraient trouvé le moyen de sortir de la spirale qui les avalait. Rien de tout cela n'est vrai. Pourtant, la souillure est tenace et les familles la reçoivent en partage. Stupeur, culpabilité, regret, autoflagellation accompagnent toujours ceux qui restent.
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Quand il subit un traumatisme extrême, le corps est en état de choc – on a tous entendu ces histoires de combattants qui courent des kilomètres avant de s'apercevoir qu'il leur manque un membre : un phénomène similaire se produit en cas de traumatisme psychique. Afin de préserver notre santé mentale, un mécanisme de protection se déclenche et ne laisse passer que ce que nous sommes à même de supporter, par petites doses. C'est un dispositif de défense incroyable, dans sa faculté de faire rempart comme de déformer la réalité.
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Pratiquement tout ce que je savais sur le suicide était faux. Je pensais savoir quel genre de personnes essayaient de se donner la mort et pourquoi : c'étaient des égoïstes, des gens trop lâches pour affronter leurs problèmes, ou à la merci d'une pulsion passagère. J'avais adhéré au cliché culturel qui fait du suicidé un déserteur : il est trop faible pour relever les défis de l'existence, cherche à attirer l'attention, ou à punir son entourage. Ces idées, je l'ai appris, sont des légendes ; elles tiennent au fait que nous pensons le suicide sans véritablement essayer d'habiter la pensée suicidaire.
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Si je m'étais délibérément dérobée à la couverture médiatique de la tragédie, pour écrire aux familles, j'avais besoin d'en savoir plus sur les disparus. Je me suis donc obligée à lire les journaux afin de savoir qui étaient le professeur et chacun des enfants morts. Je ne voulais surtout pas déshumaniser les personnes qui avaient été tuées ou blessées en pensant à elles comme à un collectif : les « victimes ». Dans chaque cas, j'avais besoin d'apprendre quel trésor particulier, unique, avait été perdu.
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Ceux qui ont perdu un proche s'accordent généralement à dire que la deuxième année est pire que la première. La première année, on essaie de s'adapter à cette souffrance nouvelle, de réussir à passer les jours. Mais la deuxième année, on s'aperçoit que l'on ne voit plus le rivage. Il n'y a plus rien que le néant, et devant et derrière, une immense solitude qui s'étend à perte de vue. Et cette solitude est définitive. Il n'y aura pas de retour possible.
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