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Mon premier polar africain. Moussa Konaté écrit comme un conteur. Il raconte avec une verve particulière les aventures du Commissaire Habib patron de la brigade criminelle de Bamako et de son adjoint le jeune capitaine Sosso, dépêché par le Préfet dans la commune de Kita pour résoudre une affaire de meurtres en série. Des corps sans têtes sont découverts dans différents endroits de la ville.
Sur place, le commissaire Dembélé un Malinké né à Dialaya non loin de Kita et son adjoint le lieutenant Sy, un Peul de la ville de Nioro, ne voient pas d'un bon oeil l'arrivée de policiers de la capitale, d'autant plus que Habib est un Malinké dont la famille habite toujours Kita et que Sosso, lui, est un Bambara.
Ne vont-ils pas démontrer, avec leurs méthodes peu conventionnelles, que Dembélé et Sy sont incapables de dénouer cette affaire ?
Diallo, un Peul, collaborateur de Dembélé est acquis aux méthodes des policiers de la capitale.
Kita se situe au Mali, ex Soudan français, la capitale est Bamako.
L'enquête policière est l'occasion pour Moussa Konté de faire découvrir l'histoire de ce pays d'Afrique où les Musulmans sont majoritaires. Les différents peuples qui y vivent, Malinkés, Kitankés, Peuls, Kassonkés s'affrontent au cours de l'enquête.
Les Malinkés traitent les Kassonkés de « fainéants passant leur temps à bavarder », « Malinkés balourds, mangeurs de pâte d'arachide. » répliquent ces derniers.
« Ne fais jamais confiance à un Peul » lance sous forme de boutade Habib à Dembélé en lui faisant remarquer que ses deux collaborateurs appartiennent à cette ethnie.
De la même façon il plaisante Sosso et Diallo, « J'espère que le Bambara et le Peul ne vont pas en venir aux mains… »
Avant l'arrivée d'Habib et Sosso, le Préfet convoque Dembélé à Moribougou, un quartier ancien de Kita où vivent les autorités tribales, le chef de village Fakourou Kéita, le chef des griots Balla Kouyaté et le devin Namory Dioumba.
Les structures administratives le plus souvent héritées de la période coloniale, Préfet, Police et Gendarmerie sont amenés à composer avec les anciens gardiens de la tradition « Tu es le chef, certes, mais nous sommes les anciens » préviennent-ils le Préfet, l'enjoignant de se soumettre aux cauris du devin exigeant un sacrifice (un mouton blanc et du lait) pour calmer l'esprit des ancêtres qui jugent les habitants de Kita coupables de céder aux sirènes de l'argent « L'argent achète tout désormais et nos filles vendent leurs corps. Nos ancêtres n'ont-ils pas raison ? Ne sommes-nous pas devenus indignes d'eux ?»
Les crimes en série sont-ils réellement commis par un esprit vengeur ou ne cachent-ils pas quelque manipulateur comptant sur la crédulité des habitants de Kita ?
Telle est la question à laquelle Habib et Sosso vont se trouver confrontés seuls, ne pouvant compter que sur l'aide de Diallo, tant les responsables locaux Dembélé et Sy semblent acquis à la thèse des esprits vengeurs ou par la suite à celle du fou possédé par l'esprit des ancêtres, un vagabond du nom de Ngaba qui se promène avec un coupe-coupe autour du cou.
La perspicacité d'Habib et Sosso viendra à bout de l'enquête et de ces croyances, se colletant avec des personnages emblématiques comme Kadia grande-gueule, « une femme unique en son genre. Elle a une bouche qui dit tout. Pour elle, le secret n'existe pas. En revanche, elle vend d'excellents fruits.», Kouassy l'Ivoirien « Oh, pour moi une fille est une fille. le reste je m'en fous. Je fais ce que j'ai envie, c'est tout. », le capitaine de gendarmerie Coulibaly, Mamadou Kébé le malfrat.
La ville de Kita, regorge d'arbres, témoins muets de l'enquête, kapokiers, manguiers, caïl-cédrats, tamariniers, flamboyants, une végétation que nous découvrons au fil des aventures d'Habib et Sosso.
Un roman très agréable à lire où l'on apprend beaucoup de choses sur l'Afrique, son histoire et les contraintes héritées des colonisateurs qui ont niés l'histoire du continent tout en s'appuyant sur certaines ethnies pour mener à bien leurs projets. Nicolas Sarkozy affirmait « L'homme africain n'est pas assez entré dans L Histoire », après la lecture du roman de Konaté je dirais plutôt qu'on a volé son histoire à l'homme africain.
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A Kita, petite village du Mali, les habitants et la police sont en émoi. Alors qu'il ne se passe en général pas grand chose dans la ville, un mendiant est retrouvé mort, décapité, sa tête introuvable.
S'ensuit alors une enquête endiablée pour le commissaire Dembélé et son adjoint, Sy. Alors que de nouveaux corps sans têtes sont découverts, le commissaire Habib et son adjoint Sosso, de la brigade criminelle de Bamako, sont appelés en renfort. Mais que se passe t'il donc à Kita? Est-ce les esprits des ancêtres qui sont en colère et qui le montrent ainsi comme le croient une majorité d'habitants? Ou est-ce le travail de tueur organisé et sans pitié? Telle est la question à laquelle Habib et Sosso vont devoir répondre.

J'ai aimé lire ce polar à la sauce malienne, assez différent de ceux que je lis en général, même si la fin avait un petit air d'Agatha Christie. En effet, à la manière d'Hercule Poirot, le commissaire Habib va réunir tous les protagonistes de l'histoire et dévoiler ses conclusions.
L'histoire est bien écrite et l'enquête est rondement menée par le duo de Bamako.
Une belle découverte
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Dernier roman écrit par Konaté peu de mois avant sa mort. Roman policier qu'il a choisi de situer dans sa ville natale Kita.

Ce n'est pas le meilleur ouvrage que j'ai lu de cet auteur loin s'en faut. L'histoire est courte, ce qui n'est pas un défaut, mais l'intrigue fort simple, voire simpliste.

Ceci n'empêche pas l'auteur, comme à l'accoutumée, de nous présenter, et on le sent avec beaucoup de tendresse, les antagonismes qui nourrissent la population africaine, divisée entre animisme, croyance dans les esprits des ancêtres et islam, mais qui divisent aussi la population plus âgée aux plus jeunes, qui vivent, eux, pleinement à l'heure de la mondialisation.

Et c'est là que réside principalement l'intérêt de lire les oeuvres de Konaté, pour ce livre-ci également.

Merci à Babelio et aux éditions Metalié de m'avoir fait découvrir ce titre.
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« L'affaire des coupeurs de têtes » de Moussa Konaté est la quatrième enquête du commissaire Habib et de son fidèle acolyte le jeune Sosso. Les deux hommes n'apparaissent qu'à partir du chapitre 4. Les trois premiers chapitres sont là pour semer le désordre dans la ville de Kita au Mali dont est originaire le commissaire, et planter une situation où la tradition se heurte à la modernité d'un monde globalisé ou le billet vert est roi. Nous faisons connaissance avec le commissaire Dembélé, de l'ethnie Malinké et son séduisant adjoint peul, le lieutenant Sy. Ils sont dépêchés près de la gare de Kita où un mendiant sans tête a ruiné la fête donnée en l'honneur de l'équipe de football de la ville. Il y a aussi le docteur Sissé, frêle et chauve, et un fou surnommé Ngaba. Ce dernier, ne serait-il pas un esprit ? C'est ce que pensent les habitants de Kita, du moins ceux qui sont encore tyrannisés par les superstitions. Les anciens de Kita, les sages avertissent les autorités : les dieux sont en colère. D'ailleurs sur la colline Kitakourou, qui est sacrée pour les Kitankés, un esprit est apparu, tout de rouge vêtu. Il a effrayé le notable Fadiala Dembélé et l'animiste Gouloufin Kéita. Ce dernier en est mort de peur. C'est donc dans ces trois premiers chapitres que l'auteur fixe les qualités des protagonistes, les tensions, les influences de la société de Kita. Les imams inspirent davantage confiance aux habitants que la police. Les mentalités changent à Kita et pas seulement à Kita, mais dans l'ensemble du Mali et des territoires africains. Les ancêtres perdent de leur influence. Ce n'est pas une étude des moeurs au Mali. Mais, ce roman laisse entrevoir les effets de la mondialisation mais aussi de la décolonisation sur les peuples autochtones. La corruption n'est pas mentionnée. Et la précarité n'est pas cachée. On sent l'auteur respectueux des traditions. Ces traditions semblent s'effacer rapidement.
Je suis intriguée par cette culture que je ne connais pas.
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Pour leur dernière enquête, Moussa Konaté emmène le commissaire Habib et de son adjoint Sosso à Kita, la ville de son enfance, où un gang de coupeurs et de voleurs de têtes s'en prend aux mendiants. La police locale, écartelée entre les partisans de la tradition et les tenants de la modernité - avec les autorités locales en arbitre -, doit accepter qu'Habib quitte Bamako pour lui prêter main forte et retrouve ainsi sa ville natale.

Respectueux des coutumes et mythes traditionnels mais doté d'un esprit logique, le commissaire laisse son adjoint mener les recherches sur le terrain et interroger les témoins et suspects potentiels alors que lui-même se concentre sur les réseaux internet. Dans une ville où la population, sous l'influence de l'imam et avec l'approbation du préfet, préfère croire à une vengeance des esprits au mépris d'arguments rationnels, il ne sera pas facile de démasquer et d'arrêter les coupables. Ce que fera Habib lors d'une séance d'explications digne d'Hercule Poirot !

L'affaire des coupeurs de têtes propose une intrigue solide et une enquête convaincante, mais c'est aussi le portrait contrasté d'une société malienne (et aussi africaine) avec ses rivalités ethniques (évoquées ici sur le mode de l'humour par le Malinké Habib, son adjoint Bambara et quelques collègues Peuls), ses croyances traditionnelles, les aspirations de sa jeunesse et son désir de modernité. Dernier roman de Moussa Konaté avant sa disparition en 2013, L'affaire des coupeurs de têtes, à l'écriture plus rigoureuse que celle de Meurtre à Tombouctou, se lit d'une traite et, à travers une histoire policière assez classique, constitue une bonne introduction à la réalité d'un pays.
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Dans la petite ville de Kita, au Mali, des jeux d'enfants bousculent un mendiant qui s'effondre, et on lui découvre son corps sans tête ! 

Le commissaire Dembélé un Malinké, et son adjoint le lieutenant Sy, un Peul démarrent une enquête compliquée ; personne n'a rien vu, on ne connait même pas le nom du mort, stocké à la morgue dans l'attente d'informations complémentaires. 

Lorsqu'un deuxième cadavre est découvert, que des esprits malins se révèlent sur une colline avoisinante, le Préfet se fâche, et le commissaire Habib, natif de la ville, débarque de Bamako avec son adjoint, le jeune capitaine Sosso. 

Entre révolte des jeunes et conseil des anciens, sabotage de la voiture de Sosso, les policiers de la capitale arriveront à identifier les coupables, qui seront révélés dans un final digne d'Agatha Christie, avec Habib dans le rôle d'Hercule Poirot ! 

Un roman que j'ai beaucoup apprécié par la vivacité de son écriture, la plongée dans des paysages et des comportements méconnus. 

Des personnages bien campés, des pointes d'humour bien placées, et voilà donc un nouvel auteur qui rejoint la cohorte de mes indispensables ! 

A suivre, je viens de glisser d'autres enquêtes du commissaire Habib dans ma liseuse ! 
Lien : http://les-lectures-de-bill-..
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Rendez vous à Kita, la capitale de l'arachide avec les Malinkés mangeurs de pâte .... d'arachide, avec les Bambaras, artistes de génie surtout dans la fabrication de la bière de mil, et j'allais oublier les Peuls, leur cerveau est en diamant !
Le retour dans la ville natale où deux mondes se côtoyaient... "celui du passé, désespéré parce que se sentant impuissant, et celui du présent, ignorant le passé et convaincu que l'avenir lui appartenait."
Plongée dans ce que devient le Soudan français ... le Mali indépendant depuis le 22 septembre 1960, avec comme devise « un peuple, un but, une foi », avec Moussa Konaté, auteur malien qui a fini sa vie à limoges le 30 novembre 2013.
Ce livre est le dernier écrit .... à mon humble avis, pas le meilleur, le style est plutôt haché, toutefois l'intrigue est pas mal foutue.
Dernier roman de l'auteur, dernière occasion de l'écouter raconter son Afrique, il ne faut pas bouder notre plaisir de le retrouver.
Un vrai roman noir malien qui tient la route !
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Avant la critique proprement dite, je tiens à remercier les éditions Points pour leur concours Twitter... et mon conjoint, pour m'avoir filé son lot! xD
L'affaire des coupeurs de têtes était, des trois romans gagnés, celui qui me faisait le plus envie et, une fois n'est pas coutume, celui par lequel j'ai commencé, au lieu de le garder pour la fin.

Il s'agit d'un roman très court, presque une nouvelle, de même pas 180 pages et imprimée assez gros. Autant dire que l'on se doute tout de suite que l'auteur ira à l'essentiel... eh bien, oui et non.
Les protagonistes principaux n'arrivent qu'après les cinquante premières pages, destinées à planter le contexte, présenter quelques-uns des personnages, et surtout à montrer à quel point ceux-ci pédalent dans la choucroute... Point de sentiment de longueur toutefois, la narration se veut assez fluide, sans temps morts, au détriment toutefois des descriptions, purement et simplement inexistantes tout au long de l'ouvrage, ce qui constitue son plus gros point faible. L'immersion se trouve vraiment gâchée par un manque cruel de détails: on ignore totalement (!) à quoi ressemblent Habib, Sosso, le commissaire Dembélé et le jeune policier Diallo, et il faut se débrouiller avec l'esquisse de leurs traits de caractère. Il en va naturellement de même pour les lieux, alors que la ville de Kita parait être un décor haut en couleur que l'on aurait aimé découvrir un peu plus à l'occasion de cette enquête!

Mais, mis à part ça, L'affaire des coupeurs de têtes est vraiment un très bon moment de lecture, durant lequel on ne s'ennuie jamais. Et si Moussa Konaté a été chiche sur le décorum, il ne l'a pas été sur les messages de fond. On découvre en effet une ville souffrant d'un fort clivage entre la jeune génération désabusée à l'extrême, et les aînés réfugiés dans leurs croyances. le folklore occupe ainsi constamment l'arrière-plan du récit, et si l'on s'étonnera au tout début de voir un préfet et un commissaire de police, censés incarner la logique et la rationalité, rendre des comptes aux anciens et écouter le devin local, on comprendra rapidement que les deux ne sont pas forcément incompatibles, de la même façon que l'animisme côtoie sans mal l'islam dans le quotidien des gens.
Le déroulement de l'enquête, lui, se suit sans déplaisir. Moussa Konaté laisse traîner suffisamment d'indices pour que l'on aie une idée du coupable dès la moitié du roman, tout en brouillant suffisamment les pistes pour que l'on n'en aie pas l'absolue certitude avant la toute fin.
Chose étonnante, ce n'est pas le commissaire Habib, comme le résumé pouvait le laisser supposer, que l'on suit le plus, mais bien Sosso, qui mène l'enquête sur le terrain pendant que son supérieur... vérifie des trucs sur internet. Impossible donc de ne pas ressentir une légère frustration quand ().
Enfin, si l'ouvrage se veut parsemé de quelques touches d'humour apportant une bouffée de légèreté, celles-ci se veulent majoritairement tournées autour des différentes ethnies des protagonistes, qui laisseront forcément sur le carreau la plupart des lecteurs, comme une private joke, un peu comme si l'on balançait sans contexte à un Chinois une vanne sur les Bretons, les Normands et le Mont Saint-Michel.

En résumé, L'affaire des coupeurs de têtes est donc un petit polar sympathique, plutôt bien fichu, et agréable à lire, mais dont le principal défaut, à savoir l'absence de détails, ne parvient malheureusement jamais à se faire oublier.
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Et me voilà arrivée au terme de la série qui met en scène Habib, et son inspecteur Sosso. J'ai pris énormément de plaisir à parcourir le Mali avec eux, à découvrir leurs traditions et leurs coutumes et à découvrir les différentes ethnies.
Cette fois-ci, nous sommes à Kita, pays des ethnie Khassonkés et Malinkés, et avec comme toujours la présence des Peuls.
Des cadavres décapités, la révolte des jeunes, des apparitions sur la colline dépassent la police locale et Habib et Sosso sont envoyés sur place par la sécurité intérieure pour épauler le commissaire Dembélé et le lieutenant Sy.
Comme il s'agit de la ville de naissance de Habib et qu'il est très connu sur place, c'est Sosso qui va se charger de mener l'enquête et Habib va devoir se borner à chercher le pourquoi.
Il est tentant de désigner le fou Ngaba, qui se promène avecun coupe-coupe suspendu au cou comme le coupable des décapitations. Mais Habib et Sosso ne sont pas de cet avis.
Ils vont devoir affronter le Prefet, la police locale- et ses problèmes internes - et les habitants persuadés qu'il ne faut pas contrarier les esprits des anciens qui sont fâchés par le mondialisation en marche…
Une fois encore la sagacité de nos deux enquêteurs va permettre de trouver les coupables et une fois encore j'ai beaucoup aimé.
Une série qui je recommande vivement
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Un des meilleurs livres de Konaté sur l'amalgame entre pouvoir, sorcellerie, hommages aux ancêtres et respect de l'autorité.
Beaucoup de plaisir avec les railleries à plaisanterie si savoureuses entre Malinké, peuls & Bambara
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