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EAN : 9782877301114
Editions Picquier (01/03/1992)
4/5   2 notes
Résumé :
Une petite ville de Thaïlande. Un immeuble anonyme derrière la "ville enchantée". Des voisins de palier dont les existences se croisent maladroitement autour d'une jeune femme belle, atteinte d'un cancer. Le narrateur, à la fois témoin et parti, cynique et compatissant, calculateur et généreux révèle au lecteur occidental, dans ce récit bouleversant, une face de la Thaïlande, certes traditionnelle, bouddhiste et superstitieuse, mais pourtant peu exotique: l'envers d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Avez-vous besoin d'un petit manuel de bonne conscience… et de bon voisinage ? Vite, lisez « Une histoire ordinaire », de Chart Korbjitti !

Comme dans l'un de ses romans précédents que j'ai chroniqué pour Babelio, « Sonne l'heure », la vie est un théâtre. Dans ce dernier, c'était dit de façon tout à fait explicite : au début, « LE RIDEAU SE LÈVE », à la fin, « le rideau lentement retombe ». Dans « Une histoire ordinaire », c'est le narrateur qui, à la première personne, développe ce point de vue : comment observer la vie quotidienne et ses personnages, en tant que simple spectateur, pendant que la pièce se déroule ? Ce n'est pas aussi facile qu'il y paraît.

Pendant tout son récit, il hésite entre ce statut d'observateur et celui d'acteur s'impliquant personnellement dans le destin de ses voisines, et il vous prend à témoin : seriez-vous capable d'en faire autant ? le jugez-vous, chaque fois qu'il esquisse un pas en arrière, avec toujours d'excellentes raisons, après un mouvement d'empathie ? Sa compassion s'adresse à une jeune femme qui fut belle mais qui se meurt d'un cancer, malgré les soins de sa mère et de divers charlatans prétendant exercer la médecine, la guérison miraculeuse ou la voyance. Les deux femmes vivent, comme lui, dans une vieille maison louée chambre par chambre, nichée parmi les arbres à quelques minutes d'un quartier de la grande ville – Bangkok – qui possède tous les attributs de la civilisation : des embouteillages, des bowlings, des salons de massage, une polyclinique, une boîte de nuit, des restaurants, un centre commercial, des ascenseurs et des escaliers roulants. Tous les jours, revenant du travail, notre narrateur passe de l'une à l'autre, de la férocité assumée des foules anonymes à l'ambiguïté des relations humaines entre habitants de la grande maison, qui se connaissent peu mais ne peuvent s'ignorer complètement.

Notre époque, conclut-il, est celle de la « société d'observation ». le récit du malheur des autres ne nous affecte pas et n'est qu'une « histoire ordinaire ».

Pourtant c'est lui qui, par une grâce involontaire, fera cadeau à la mère endeuillée d'une histoire et d'une illusion qui la consoleront…
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L'histoire est celle d'un jeune homme qui vit dans un immeuble chez une vieille femme et sa fille. Cette dernière est atteinte d'un cancer qui la ronge progressivement. La bienveillance de ceux qui l'entourent se transformant en exaspération puis en rejet.

Ce qui est très intéressant dans ce roman c'est d'abord son mode de narration. le personnage principal exprimant sa propre ambiguité, partagé entre compassion plus ou moins intéressée (se faire "bien voir", être le "bon voisin") et cynisme qui prend à témoin le lecteur pour ménager ses effets... L'action se situe également au point de rencontre d'un quartier traditionnel quasi rural et de la vie urbaine impersonnelle et anonyme des immeubles modernes de Bangkok qui est considérée de façon dérisoire comme "la ville enchantée".

Le roman est donc à la fois le portrait d'une agonie dans l'indifférence urbaine et une métaphore des métamorphoses de la Thaïlande contemporaine. Cette jeune femme mourant dans l'anonymat après avoir été visitée par toutes sortes de charlatans de toutes obédiences. L'ironie est donc autant dans l'observation de traditions archaïsantes d'un autre temps que dans la critique du monde moderne émergeant.

Un livre original qui vaut la lecture.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Mamie sort de ma chambre à l'instant avec son adorable petite chatte blanche. Rien d'extraordinaire, vous savez. Elle est juste venue me servir sa rengaine habituelle. A vrai dire, à l'origine, c'est moi qui la lui ai racontée, cette histoire, en pensant qu'elle lui procurerait un peu de bonheur, un peu d'espoir, et elle s'est mise à la répéter à tout bout de champ, tant et si bien qu'elle a finit par la faire sienne. Tout le monde dans la maison y a eut droit - et chacun, plusieurs fois. C'est bien le même thème, sauf quelle a un peu modifié le décor et les accessoires, au point d'en faire une histoire nouvelle qu'elle répète à satiété.
Pour ma part, je ne lui ai jamais reproché de s'être approprié mon récit. D'abord, vous ferais-je remarquer, elle ne s'en est pas servi pour en faire un livre ou pour le vendre comme scénario de film, pour en tirer parti d'une façon ou d'une autre. Je n'ai donc songé à revendiquer un peu d'argent. Et puis, cette histoire - revue et corrigée - qu'elle colporte n'a plus grand chose à voir avec celle que je lui ai racontée, car elle y a ajouté sa réflexion, sa propre interprétation, un peu comme on épice un plat pour en relever le goût: c'est toujours le même plat mais ce n'est plus le même goût - et il est normal que les goût diffèrent. Vous comprendrez donc que, si elle s'est inspirée de moi, pour le reste, c'est bien sa création. Enfin, je ne l'accuse pas car je vois bien que c'est une vieille femme, un vieille femme esseulée - sympathique d'ailleurs. Dans le mesure où cette histoire lui apporte un peu de réconfort et d'espoir, je la lui laisse volontiers, par compassion, par simple charité humaine (sans pour autant subir de préjudice personnel).
Mais comme vous le voyez, avant de la lui abandonner, cette histoire, j'ai dû énumérer trois raisons, pas moins, et la compassion humaine vient en dernier.
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N'allez pas nous accuser - nous, les locataires - d'avoir le coeur dur, d'être des barbares, des sauvages, des misanthropes... Soyez compréhensif. Chacun de nous est accaparé par son travail, par ses propres responsabilités. Comment trouver le temps de s'occuper de ses voisins? En outre, Mamie n'était pas vraiment une parente, notre vraie grand-mère. D'ailleurs, si vous vous trouviez dans la même situation, je ne suis pas sûr que vous préféreriez être "acteur" plutôt que "spectateur".
Ah! n'allez croire que je vous manque de respect, que je n'ai que dédain pour votre sens de l'humain. Si je parle de la sorte, c'est que, souvent, je vois quelqu'un allongé sur le trottoir ou sur une passerelle. Les gens vont et viennent mais personne ne fait attention à lui, personne ne prend le temps de vérifier si ce corps est vivant (ou s'il lui reste un filet de respiration). Les gens passent comme devant un tas d'ordure - certains ne le voient même pas. C'est là, à mon avis, une histoire ordinaire (dans notre société). Que quelqu'un s'arrête pour vérifier ou porter secours, voilà qui est extraordinaire. je ne suis pas sûr que vous soyez par les passant qui s'arrêtent - je n'en suis pas sûr.
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Les gémissements de ma voisine devenaient de plus en plus forts, mais ma (fausse) bonne conscience dormait en paix. Elle s’éveillait parfois en pleine nuit mais je l’endormais par des considérations sur mes revenus, je la trompais en pensant au jour où j’aurais une augmentation ou une promotion, et elle me croyait, elle se rendormait.
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Vidéo de Chart Korbjitti
Invitation au voyage, Arte, réalisé par Julie Tissot
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