AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,73

sur 297 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  

Gros coup de coeur pour cette uchronie bluffante qui a remporté tous les prix : Hugo, Locus, Nebula et Sidewise.

Le 3 mars 1952, sur fond d'un morceau des Dominoes (Sixty Minute Man)
https://www.youtube.com/watch?v=pJbDHw_qsFs , un astéroïde s'écrase à proximité de Washington D.C. La capitale est rayée de la carte ainsi que plusieurs autres villes proches.

Heureusement pour Elma York et son mari Nathaniel (personnages déjà croisés dans la nouvelle « La lady astronaute de Mars »), ils s'offraient un petit week-end en amoureux dans les montagnes. Ils parviennent à rejoindre une base militaire où les secours s'organisent.

Elma est physicienne (et calculatrice) et son mari est ingénieur à la NACA (ancien nom de la NASA fondé en 1958).

Rapidement, le verdict tombe : le changement climatique consécutif à l'impact va rendre la Terre inhabitable. Ils ont quelques années devant eux pour coloniser la Lune avant qu'il ne soit trop tard. La conquête de l'espace prend donc un peu d'avance. Si je me souviens bien, c'est la mise en orbite de Spoutnik 1 en 1957 qui a été le point de départ de l'exploration spatiale.

On retrouve un peu l'ambiance du film « Les figures de l'ombre » (que j'ai adoré) avec ces femmes qui calculent à la vitesse de l'éclair. Bien évidemment, dans les années 50, les femmes n'étaient pas reconnues à leur juste valeur et encore moins les femmes de couleur.

J'ai appris qu'il existait des femmes pilotes pendant la 2e Guerre Mondiale, les WASP (Women Air Service Pilots). Il y en avait aussi en Russie mais elles étaient appelées les « sorcières de la nuit » par les Allemands. Elles ont la classe :

https://i.pinimg.com/originals/8a/f9/dd/8af9dd52647accfddc7aa38c23fe74b7.jpg

Elma est une de ces pilotes et rêve d'aller dans l'espace mais la lutte sera longue pour y parvenir.

J'ai vraiment beaucoup apprécié le personnage d'Elma et le couple qu'elle forme avec Nathaniel. Les femmes de ce roman sont formidables :

« « … et là, je leur ai dit que s'ils tenaient tant à limiter la charge utile, il suffisait de demander aux astronettes de laisser leur sac à main chez elles. »
Les gars se sont esclaffés. Nicole a levé sa tasse de café vers eux.
« Mais si on fait ça, où allez-vous ranger vos couilles ? » »

Un roman non dénué d'humour.

Bref, à quand la suite ? Je suis impatiente de lire « The fated sky» et de suivre les aventures d'Elma vers la planète Mars.




Challenge SFFF 2021
Challenge pavés 2021
Challenge ATOUT PRIX 2021
Challenge livre historique 2021
Challenge mauvais genres 2021
Challenge plumes féminines 2021
Challenge multi-auteures SFFF 2021
Commenter  J’apprécie          5211
Tout d'abord, un grand merci à Netgalley et Audiolib pour cette belle découverte, je ne lis pas beaucoup de science fiction et sans ce format audio, je serais passée à côté de ce roman. J'aime tous les livres audio, comme je le dis souvent, ils me permettent de découvrir des ouvrages que je n'aurais pas forcément choisis en format papier et ça enrichit grandement mon univers littéraire. Ce roman a bénéficié d'un grand éclairage médiatique et de plusieurs prix prestigieux, mais je n'en avais pas entendu parler avant de le découvrir sur le catalogue Netgalley, et j'aurais manqué un très beau livre. Il est lu de manière très agréable par Clémentine Domptail, qui sait nous transmettre les émotions et les ressentis des deux héros principaux, Elma York et son mari Nathaniel. L'enregistrement dure plus de quinze heures, mais je ne me suis pas ennuyée une seconde lors de l'écoute de ce roman.

Il s'agit d'une dystopie très réussie : En mars 1952, Elma et son mari sont en week end dans le chalet familial, ils voient une lumière aveuglante et vu le contexte de la guerre froide, imaginent immédiatement que les Russes ont envoyé une bombe atomique sur les USA, mais il s'agit en réalité d'un gros météore qui s'est écrasé dans l'océan, près de Washington. Ils ont un petit avion et arrivent à échapper à la catastrophe, mais il y a des milliers de morts sur la côte Est, la capitale est rasée dans un rayon de quatre vingt kilomètres. Ils sont ingénieur spatial et mathématicienne, ils arrivent à se réfugier sur une base militaire du nord est où il feront la connaissance de Myrtel et Eugène, un couple de Noirs qui deviendront vite leurs amis. Tandis qu'Elma participe à l'accueil des réfugiés avec Myrtel, Nathaniel participe aux réunions des responsables de la base. Tout d'abord, les autorités sont certaines que les Russes sont à l'origine de l'accident et désirent se venger à grand coup de bombe atomique. Nathaniel a la plus grande peine à leur faire comprendre qu'il s'agit d'une catastrophe naturelle. Mais Elma est une scientifique surdouée, elle calcule que la chute du météore dans l'océan va entraîner un changement climatique, tout d'abord un long hiver de quelques années, puis un réchauffement sous l'effet de serre, si grave qu'il rendra la terre inhabitable. Il faut organiser la colonisation des autres planètes alors qu'on en a encore le temps et les moyens, mais les autorités ont bien de la peine à la croire. D'ailleurs, elle passe toujours par son mari pour s'exprimer, elle est calculatrice dans le programme spatial, mais on ne laisse qu'un rôle secondaire aux femmes, si l'on peut dire, car les ordinateurs et les calculatrices mécaniques de l'époque n'étaient pas performants du tout, c'était donc des femmes qui calculaient les orbites et toutes les équations nécessaires à la conquête de l'espace. Les hommes dominent tout et considèrent les femmes comme des être faibles et trop émotives pour devenir astronaute, même si nombre d'entre elles ont démontré leur talent de pilote durant la guerre. Elma rêve d'aller dans l'espace, tout comme ses amies, son mari la soutient et elle se bat pour obtenir ce droit.

Ce livre est une grande réussite et mérite les prix reçus. C'est une dystopie très convaincante. En dehors du fait qu'aucun météore ne s'est écrasé sur la planète en 1952, tout ce qui est raconté est parfaitement plausible. L'auteure s'est admirablement renseignée sur le contexte de ces années d'après guerre, tout sonne juste et c'est un magnifique roman historique. La conquête spatiale est habituellement un sujet qui ne m'intéresse guère, ni la SF scientifique. Et pourtant j'ai été passionnée par ce récit, les aspects scientifiques sont très nombreux, mais bien vulgarisés, on ne s'y perd pas du tout, et même mieux, on a envie d'en savoir plus sur le travail d'Elma et de ses collègues, hommes ou femmes. On suit les progrès du programme spatial. Lorsque les York rencontrent leurs anciens voisins par hasard à Chicago, on voit que comme aujourd'hui, certains remettent en cause les rapports des experts sur le climat…. ce qui est d'autant plus excusable qu'on est en plein hiver longue durée, alors comment croire que la planète va se réchauffer au point de devenir incompatible avec la vie !

Elma est un personnage passionnant, elle est une femme de son époque, qui n'ose pas s'exprimer, est facilement angoissée, toujours attentive à bien se tenir, comme sa mère le lui a appris, et en même temps, elle se bat pour que les femmes aient les mêmes droits que les hommes, pour autant elle n'a rien d'une super woman. L'époque est très bien dépeinte, en particulier la discrimination que subit le communauté noire, être une femme noire c'est subir une double peine. Durant la guerre on a interdit aux femmes non blanches de piloter et on refuse encore plus de leur laisser une place équitable dans la société, malgré tous les bouleversements et le combat de Martin Luther King, dont on parle souvent.

Ce roman est vraiment bluffant, une réussite totale et je suis impatiente de lire la suite des aventures de cette Lady astronaute, comme la presse l'a surnommée. La relation entre Elma et son mari est pleine de tendresse et adoucit les combats de l'héroïne. Ils sont juifs et l'auteure souligne le fait que l'antisémitisme est encore bien présent dans les années 1950 /60 malgré la fin de la guerre et la victoire sur les nazis. de manière générale, elle montre bien les discriminations envers les minorités, qui semblent toujours actuelles dans la société américaine des décennies plus tard.

#Verslesétoiles #NetGalleyFrance !
Lien : https://patpolar48361071.wor..
Commenter  J’apprécie          290
Parmi les romans qui ont le plus défrayé la chronique au sein de la blogosphère l'an dernier, difficile de passer à côté de « Vers les étoiles », premier tome d'une série éditée par Denoël et signée Mary Robinette Kowal proposant une réécriture de la conquête spatiale. le palmarès des prix reçus par l'oeuvre permet également de se faire une idée de la réception qui a été la sienne aussi bien auprès du public que des critiques littéraires, puisque l'ouvrage a été récompensé par les plus prestigieuses distinctions, à commencer par le rare trio gagnant Locus/Nebula/Hugo. le roman mérite-t-il tout ce battage ? Oh que oui ! Tout commence avec une uchronie qui va faire dévier le cours de l'histoire telle que nous la connaissons : le 3 mars 1952, une énorme météorite s'écrase dans l'océan aux abords de la côte est des États-Unis. L'onde de choc ne tarde pas à se propager et engendre des désastres colossaux dont les effets sont ressentis partout dans le monde : la ville de Washington est entièrement rasée, de même que la majorité de la côte, et les tsunamis causés par l'impact provoquent eux aussi leur lot de destructions et de morts. le bilan humain et matériel est catastrophique, mais il apparaît très vite qu'il ne s'agit pas de la seule tragédie causée par la météorite. Elma York et son mari, respectivement mathématicienne et ingénieur spatial, ont réchappé de peu à la catastrophe et ne tardent en effet pas à se rendre compte que la chute de la météorite dans l'océan va considérablement et durablement modifier le climat de notre planète. A un hiver long et rigoureux de plusieurs années devrait ainsi suivre un éternel été, les températures ne cessant de grimper jusqu'à rendre la vie sur Terre incompatible avec la survie de l'humanité. Bien que pour la grande majorité septique, ce qui reste des autorités américaines accepte alors de mettre une grande partie des ressources du pays au service d'un programme d'exploration spatial ambitieux impliquant l'ensemble des pays ayant accepté de mutualiser leurs efforts dans l'optique de développer des colonies humaines dans l'espace. Un programme dans lequel les femmes jouent un rôle essentiel en tant que calculatrices, mais qui réserve le statut d'astronaute aux seuls représentants de la gente masculine. Or Elma York, elle, compte bien aller dans l'espace, et réalise vite qu'elle est loin d'être la seule à caresser ce rêve.

Parmi les nombreux aspects frappants du roman, la reconstitution par l'autrice de ces États-Unis des années 1950, à la fois très éloignés de ce qu'on connaît car profondément marqués par la tragédie mais indéniablement familiers du point de vue des mentalités, représente un tour de force remarquable. Car si la chute de cette météorite rebat les cartes d'un point de vue politique, économique et écologique (de même que l'élection de Dewey en lieu et place de Truman en 1948), l'autrice s'est de toute évidence minutieusement documentée sur cette période de l'histoire américaine afin de la rendre la plus vivante possible. le spectre de la Seconde Guerre mondiale et de l'holocauste se manifeste par exemple à plusieurs reprises, et ce de manière d'autant plus poignante que le couple au coeur de l'intrigue sont tous deux juifs et ont participé à l'effort de guerre (qui est loin d'avoir mis fin à l'antisémitisme, y compris dans le camp des vainqueurs, comme le constatera amèrement Elma). L'autrice choisit également de faire de son héroïne une pilote ayant servi dans le WASP (Women Airforce Service Pilots), une organisation para-militaire réunissant pour la première fois des femmes pilotes civiles, ce qui lui permet là aussi d'aborder un aspect trop méconnu de l'époque. Mais là où Mary Robinette Kowal s'est surpassée, c'est incontestablement du point de vue de la documentation scientifique. Difficile à croire en lisant sa postface que l'autrice n'y connaissait pas grand-chose avant d'entamer son roman tant celui-ci fourmille de références pointues (et revérifiées par de vrais astronautes). Des références qui, loin de perdre le lecteur peu initié à ce sujet (dont je suis) permettent au contraire de renforcer son immersion dans ce petit microcosme dont il faut apprendre les codes, le vocabulaire, les spécificités. Alors certes, certains passages sont parfois un peu ardus (j'ai réussi à ne pas tomber dans les pommes en entendant parler de « vecteur vitesse de fusée », de « fréquence Doppler », d'« équation différentielle » ou d'« approche V-bar ou R-bar »), mais l'ensemble reste malgré tout très agréable et remarquablement vulgarisé. La plupart des concepts compliqués qui pourraient laisser sur la touche une partie des lecteurs sont ainsi exposé de manière ludique et variée, l'autrice alternant entre passages chez une star du petit écran adepte de vulgarisation scientifique, conversations entre spécialistes ou même scène d'action.

Mais l'aspect qui m'a le plus enthousiasmée et qui a sans aucun doute le plus contribué au succès du roman tient à la place prépondérante accordée par l'autrice aux femmes en générale, et aux minorités en particulier. « Vers les étoiles » est ainsi moins le récit d'une nouvelle conquête de l'espace que de la lutte menée par des femmes pour accéder, au même titre que les hommes, au droit de se rendre dans l'espace. A travers son roman, l'autrice se livre à une critique acerbe du patriarcat, de ses contradictions et de son hypocrisie, le tout avec force et subtilité. Ici pas de grands discours : il ne s'agit pas de théoriser sur le sexisme mais de le mettre bien en vue sous le nez du lecteur. Difficile de contenir sa colère face à l'avalanche de petites phrases anodines qui remettent en permanence en compte les compétences de l'héroïne et de ses homologues. Ou aux commentaires déplacés sur sa tenue vestimentaire. Ou à l'attitude sans cesse condescendante et paternaliste des hommes qui l'entourent (son mari excepté, et leur relation d'amour et d'amitié constitue d'ailleurs une grande réussite du roman). Quoi qu'elle fasse, Elma est sans cesse renvoyée à son genre, et aux limites ou aux comportements que cette appartenance est censée conditionner. Une femme ne supporte pas la pression. Elle est trop émotive. Un homme fera toujours mieux le même travail… C'est épuisant à vivre pour les personnages et cela le serait également à lire pour le lecteur si l'autrice n'avait pas, en parallèle, mis en avant les liens de sororité qui unissent toutes ces femmes déterminées à aller dans l'espace. Avec tour à tour colère, humour ou ironie, les héroïnes du roman dénoncent et se moquent des contradictions inhérentes au patriarcat, affirment leur volonté, et se serrent les coudes. Loin d'être décourageant, le roman est ainsi au contraire extrêmement mobilisateur et aborde des questions évidemment toujours d'actualité. Son attention toute particulière posée à la double discrimination subie par les femmes de couleur s'inscrit dans la même lignée et est à saluer.

Mary Robinette Kowal signe avec « Vers les étoiles » un premier tome remarquable tant par la qualité de sa documentation (historique et scientifique) que de ses personnages. La question du sexisme est au coeur du roman et est traité avec beaucoup d'habilité par l'autrice dont l'oeuvre serait tout à fait à même de susciter des vocations. Je vais dès à présent m'empresser de découvrir les nouvelles écrites par l'autrice dans le même univers parues dans le recueil « Lady astronaute » (Folio SF).
Lien : https://lebibliocosme.fr/202..
Commenter  J’apprécie          291
Il y a des livres qui brillent. Vers les étoiles en est un.

Tout d'abord, grâce à une idée brillante, une uchronie intelligente. Imaginez ce que seraient devenus le monde et la conquête spatiale si une météorite était tombée à côté de Washington au début des année 50, détruisant une bonne partie de cette côte des USA. Et engendrant des changements climatiques catastrophiques et définitifs. de quoi accélérer la volonté d'aller voir au-delà des étoiles (qui ont d'ailleurs disparu de la vue des hommes suite à la catastrophe).

Ensuite, par la manière lumineuse dont le roman est construit. Vu par l'oeil d'une femme, loin de de la testostérone habituelle qui accompagne les récits du genre. Une sorte d'Étoffe des héros version féministe et qui se focalise avant tout sur les personnages.

Enfin par la façon éclatante dont l'histoire est racontée, toujours au plus près des émotions, tout en étant travaillée avec rigueur en matière d'environnement scientifique.

Le livre est bardé des prix les plus prestigieux de la littérature de SF (Hugo / Nebula / Locus / Sidewise), à en donner le vertige. Ces distinctions sont d'autant plus importantes qu'elles consacrent un livre accessible à tous les publics, qui a toutes les qualités pour passionner tous les lecteurs, amateurs de SF ou non. le sacre d'un roman qui fait passer l'humain avant tout, et développe des thématiques fortes et qui parlent à tous.

Vous aimez les aventures autour des prémisses de la conquête spatiale ? Vous allez adorer. Ce n'est pas un sujet qui vous passionne particulièrement ? Vous risquez fort d'adorer tout de même.

Parce que cette course vers les étoiles, brutalement accélérée par un événement majeur, est passionnante à suivre, à une époque où l'ordinateur n'était pas là pour faire le boulot à la place des hommes et des femmes. A une période charnière où l'intelligence et l'ingéniosité étaient des valeurs à chérir.

Encore fallait-il laisser ces connaissances et cette habileté se déployer. En pleine guerre froide, où la peur du nucléaire se retrouve subitement remplacée par des préoccupations climatiques qui n'étaient pas du tout dans l'esprit des gens.

Ce qui était encore moins dans l'air du temps, c'était de donner une autre place aux femmes que celle de s'occuper du foyer. Autant dire que même quand on est une mathématicienne de génie et qu'on rêve d'aller dans l'espace, c'est une envie qui restait proche de l'utopie.

Et quand on est une femme noire, n'en parlons même pas (c'est le cas de plusieurs personnages secondaires)… C'est une époque où on séparait encore les gens par couleurs, sans qu'on imagine parler de ségrégation.

Racisme, féminisme, climat, des thématiques qui résonnent beaucoup aujourd'hui, et cette vision d'un passé proche nous fait comprendre pourquoi on en est là et tout le chemin qu'il reste à parcourir.

Mais ce livre est tout sauf moralisateur. C'est une photographie d'un monde chamboulé et qui se retrouve dans l'obligation de s'entraider, de coopérer, de se coaliser. Par la force des choses. Et c'est là que le génie inné de l'être humain prend tout sa valeur.

Vers les étoiles est une formidable aventure, une épopée racontée au plus près des personnages, de leurs vies, leurs doutes, leurs espoirs, leurs luttes. Au quotidien.

Mary Robinette Kowal a un immense talent pour parler de génies qui sont avant tout des femmes et des hommes. Elle a cette étincelle d'inspiration qui rend son roman impossible à lâcher et si attachant.

Voilà ce que doit être, à mon sens, la SF d'aujourd'hui : parler du monde qui se délite, parler des humains qui se battent pour avancer. Une lueur d'espoir à travers cette histoire aussi distrayante que parlante. Épatant !
Lien : https://gruznamur.com/2020/1..
Commenter  J’apprécie          272
Après avoir subjugué la presse américaine, The Calculating Stars, premier volume de la trilogie Lady Astronaute, arrive enfin en France !
Publié quasi-simultanément que Lady Astronaute chez Folio-SF, court recueil de nouvelles dans le même univers, le roman de l'américaine Mary Robinette Kowal joue la carte de l'uchronie militante pour emporter les lecteurs au plus près de l'Histoire et des étoiles.
Et tout commence par un météore…

Changement de trajectoire
Nous sommes le 3 Mars 1952 et l'histoire bascule.
Un immense météore percute la Terre et vaporise instantanément Washington et une bonne partie de la côte est des États-Unis.
Si tout le monde croit alors que l'U.R.S.S s'est enfin décidé à ouvrir les hostilités, Nathaniel York, spécialiste en fusée et ingénieur de renom, pense le contraire. Rapidement, avec l'aide de sa femme, Elma York, mathématicienne au NACA, il prouve à ce qu'il reste du gouvernement américain que c'est un météore et non une bombe atomique qui a engendré la catastrophe.
Mais c'est Elma qui découvre alors le danger que tous ont loupé : les conséquences à long terme de cette collision et un réchauffement climatique inéluctable qui mènera à une hausse dramatique des températures terrestres.
Que faire pour éviter l'extinction de l'espèce humaine ?
Ne pas mettre tous ses oeufs dans le même panier !
Devant cette menace, les États-Unis et l'ONU s'engagent dans une course pour la conquête spatiale afin de sauver l'humanité.
Vers les étoiles commence donc comme le récit d'une apocalypse mais change très rapidement son fusil d'épaule pour livrer une uchronie où l'U.R.S.S se disloque et où les ressources de la planète se consacrent entièrement à la conquête spatiale ! de quoi donner un sérieux coup d'accélérateur historique !
Avec une précision et un rythme diaboliques, Mary Robinette Kowal déroule un récit haletant où la rigueur scientifique et les péripéties s'enchaînent de façon fluide et passionnante. Tout ici est crédible, des vols de Mustangs aux épreuves de sélection des astronautes en passant par les divers lancements de fusées. On est happé dès les premières pages par la capacité narrative bluffante de l'autrice non seulement capable de marier l'Histoire avec un grand H et l'histoire fictionnelle de ses personnages mais également de s'engager sur des pistes militantes sans jamais oublier la trame globale qui sous-tend son roman.

Féminisme avant l'heure
Vers les étoiles ne laisse guère entrevoir le véritable plaidoyer féministe qui se cache derrière son titre (contrairement à son titre original The Calculating Stars). Pourtant, c'est le coeur du roman de Mary Robinette Kowal.
Notre narratrice, Elma York, est une des fameuses calculatrices du programme spatial américain, véritable génie des mathématiques capable de calculer trajectoire de vol et vecteurs d'entrée dans l'atmosphère.
Mais Elma reste, avant tout, une femme.
Pour qu'on respecte ses théories et ses compétences, elle doit lutter contre les préjugés de son époque. Une femme, normalement, c'est pour entretenir le domicile familial et élever des enfants. Il faut être belle et aider son mari.
Et sans l'ouvrir si possible. Voire avec l'aide d'un peu d'anxiolytiques.
Mais Elma n'a pas l'intention de se taire, cela malgré sa pathologie. Atteinte d'un trouble panique, elle multiplie les crises d'angoisses et développe ses propres moyens contraphobiques à base de décimales du chiffre Pi et de liste de nombres premiers qu'elle se récite mentalement pour se calmer.
Victime d'une misogynie ordinaire, elle n'abandonne pourtant pas. Épaulée par son mari, allié bienveillant et amoureux touchant (pour une magnifique histoire d'amour de la première à la dernière page), et par d'autres calculatrices dont Myrtle, une femme noire qui lui donne un toit dès après la catastrophe.
Vers les Étoiles illustre le combat d'une femme… non, des femmes !… pour devenir l'égal des hommes dans la conquête spatiale et plus encore. L'entêtement d'Elma York esquissé par la plume militante mais subtile de Mary Robinette Kowal fait des merveilles. En rappelant le harcèlement sexuel et les préjugés misogynes, l'autrice n'oublie pas surtout une chose fondamentale pour sortir de cette ornière : l'importance du modèle.
Elma York deviendra vite la Lady Astronaute, icône pour petites filles et jeunes femmes en manque d'héroïne. Mary Robinette Kowal montre ici sans équivoque que sans modèle, sans montrer que c'est possible, les choses ne changent pas pour les générations futures. En cela, l'américaine pense en trois dimensions temporelles : le passé, le présent et le futur !

Question raciale et climatosceptiques
Non content de ce aspect féministe intelligent et nuancé, Vers les Étoiles intègre d'autres combats essentiels. Comme le signale à plusieurs reprises notre héroïne, si elle n'avait pas rencontré Eugène et Myrtle, le couple noir qui l'héberge après la chute du météore, aurait-elle remarqué que le programme spatial n'incluait aucune femme de couleur ?
Plus discret que l'aspect purement féministe, la question raciale infuse le parcours d'Elma en permettant aussi de rendre honneur aux femmes noires qui ont oeuvré pour la conquête spatiale (à l'image du film Hidden Figures). C'est par la solidarité d'ailleurs que ces combattantes d'un nouveau genre parviennent à être traitées en égaux ou presque, car pour la lutte noire, il reste encore beaucoup à faire dans le monde d'Elma York.
Autre aspect remarquable, le message sur le réchauffement climatique résonne tout particulièrement à l'heure actuelle : comment convaincre les gens du commun de la réalité d'une chose qui n'arrivera que bien des années plus tard ? Que les adversaires d'Elma et de Nathaniel soient des politiques bornés ou de simples citoyens ignorants, le résultat reste le même.
Au fond, pourtant, le roman de Mary Robinette Kowal lance un message d'espoir : sur l'égalité homme/femme, sur l'évolution des mentalités et sur le futur, tout simplement. La capacité, malgré les obstacles, à faire front et à toucher les étoiles, pour accomplir un rêve à la fois personnel et civilisationnel.
Profondément humaine, l'histoire d'Elma York brille par ses personnages nuancés et dont l'histoire s'explique toujours (même si elle n'excuse rien).
Pour un univers où les étoiles ont disparu, sachez que vous verrez briller les astres d'une intensité étrangement familière et rarement vu ailleurs.

Vers les Étoiles emporte tout sur son passage. le lecteur plonge non seulement dans une excellente uchronie mais également dans un grand roman féministe où la tolérance s'applique à tous, quelque soit sa couleur de peau ou son genre. Intelligent, émouvant, passionnant, grandiose.
Mary Robinette Kowal tutoie les étoiles.

N.B :
Pour ceux qui veulent poursuivre l'aventure de Vers les Étoiles, il faut ABSOLUMENT regarder For All Mankind, l'immense série de Ronald D. Moore (que l'on pourrait presque qualifier d'adaptation non officielle) !
Lien : https://justaword.fr/vers-le..
Commenter  J’apprécie          230
En 1952, une météorite s'écrase vers Washington, détruisant la côté Est des Etats-Unis. Si des milliers d'habitants ont été tués, le plus dur est encore à venir : le climat de la Terre va se modifier jusqu'à ce que la planète bleue ne soit plus habitable. Elma et Nathanaël York, mathématicienne et ingénieur, échappent de justesse à la catastrophe et vont jouer un rôle crucial dans la mission permettant de sauver l'humanité.
J'avais déjà lu une courte nouvelle de Lady Astronaut of Mars en anglais qui se situe dans un futur lointain (ma critique a disparu de Babelio...!) et j'étais impatiente de retrouver Elma York. On retourne donc dans les années 50, aux Etats-Unis, où il n'est pas facile d'être une femme, ni juive, noire, asiatique etc (et aujourd'hui ?). Au sortir de la seconde guerre mondiale, la judéité du couple est un élément important, les discriminitions sont difficiles à combattre. Elma travaille en tant que calculatrice à la NACA (avant la NASA) et en tant qu'ancienne pilote des WASP pendant la Seconde Guerre Mondiale, elle se retrouve vite sur le devant de la scène pour prôner l'intégration de femmes dans le programme spatial. Je ne m'attendais pas à cette époque mais finalement, elle est très captivante à suivre avec la chute de la météorite qui va faire accélérer la recherche spatiale. La narration par Elma York est pertinente en tant que femme faisant partie de la NACA, avec un mari, ingénieur spatial. le ton est cependant léger par moments avec les plaisanteries entre femmes ou les moments coquins entre les époux.
J'avais lu Combien de pas jusqu'à la lune de Carole Trébor, une biographie de Katherine Johnson, une femme américaine noire calculatrice. J'aime découvrir ces vies de femmes qui se sont battues pour avoir des droits. Je note d'ailleurs les références que l'auteur donne en fin de roman sur ce même sujet. Cette dystopie sur la conquête spatiale est par ailleurs bien documentée, qu'il s'agisse des calculs de trajectoire de fusée ou des conditions particulières de recrutement.
L'ayant écouter en version audio, j'ai beaucoup apprécié la voix de Clémentine Domptail qui interprète la voix d'Elma York. Je trouve qu'elle avait ce qu'il faut de fermeté ou d'hésitation quand il fallait. Les autres voix faites par la lectrice sont bien imitées également.
Je ne manquerai pas de lire la suite des aventures de "Lady Astronaut", je suis curieuse de savoir ce qu'elle va devenir.
#Verslesétoiles #NetgalleyFrance
Commenter  J’apprécie          200
Deuxième grosse satisfaction de l'année et c'est encore une auteure.
Au début des années 50 une météorite s'écrase aux états-unis. Les changements climatiques que cela induit force le monde à se lancer dans la course aux étoiles. Nous suivons dans cette aventure un couple, Elma calculatrice (en gros une tronche en math) e son époux Nathaniel ingénieur spatial.
Ne cherchez pas dans ce récit de la grosse sf classique. Hors le point de départ et donc un uchronie, le reste suis peu ou prou ce qui s'est passé dans les années 60 mais avec une dizaine d'années d'avance et une volonté d'aller très vite car à une assez brève échéance l'humanité risque de disparaitre.
Ce décalage de 10 ans permet à l'auteure de mettre en encore plus en avant la lutte des femmes, non pas pour l'égalité (l'auteur de dit elle même, les femmes sont par exemple plus résistantes aux G) mais pour l'équité. Elles réclament le droit pour les pilotes femmes, dont Elma fait partie ayant été une Wasp pendant la seconde guerre mondiale, à devenir astronaute. Autre point important du récit la place des noirs dans cette société. Et oui, certaines pilotes sont femmes et noires, la double peine en quelque sorte. Bon pas d'inquiétude, ce n'est pas du militantisme à tout crins, mais des petites touches (pleins de petites touches c'est vrai ) qui donnent du grain à moudre.
Le gros point fort du récit c'est vraiment les deux personnages centraux. Elma, sa peur de la foule et du qu'en dira-t-on, est le centre de tout et est vraiment très bien travaillée, à la fois forte et pleine de faiblesses. Et Nathaniel, plongé dans son boulot mais tellement amoureux de sa femme, est un soutien sans faille. J'ai adoré leur osmose, leurs interactions de bout en bout.
Bon j'ai quand même baissé la note d'un demi point parce que ce couple est tout de même un tout petit peu trop parfait.
Il parait qu'il y a une suite je jetterai sans doute un oeil dessus, mais ce livre se suffit à lui même sans soucis.
Une lecture que je recommande donc aux amoureux de la conquête spatiale et à ceux qui par exemple ont aimé le film "Les figures de l'ombre".
Commenter  J’apprécie          203
J'ai lu il y a quelques années un recueil de 5 nouvelles qui se nommé « Lady Astronaute » et qui se déroulent dans passé alternatif. L'une d'entre elles met en scène Elma York, une célèbre astronaute qui a joué un rôle déterminant lors des colonisations lunaires et martiennes. Son mari étant atteint d'un mal incurable et il ne lui reste que six mois à vivre. Pourtant Elma rêve de repartir dans l'espace.
Ici je retrouve Elma York et Nathanaël mais au commencement de l'histoire lorsque par une froide nuit de printemps 1952, une énorme météorite est tombée sur terre et a anéanti une grande partie de la côte est des États-Unis, y compris Washington D.C. le cataclysme climatique qui s'ensuivra rendra bientôt la Terre inhospitalière pour l'humanité, comme la dernière météorite de ce type l'a fait pour les dinosaures.
Cette menace imminente appelle un effort radicalement accéléré de colonisation de l'espace. Il est nécessaire qu'une part beaucoup plus grande de l'humanité prenne part au processus. Aussi hommes et femmes des plus grandes puissante s'allient.
L'expérience d'Elma York en tant que pilote et mathématicienne lui vaut une place dans les tentatives de la Coalition aérospatiale internationale visant à envoyer l'homme sur la lune. Elle sera une des calculatrices activent de ce programme .Mais avec autant de femmes pilotes et scientifiques compétentes et expérimentées impliquées dans le programme, Elma ne tarde pas à se demander pourquoi elles ne peuvent pas elles aussi aller dans l'espace.
Ce bouquin n'est pas sans nous rappelez toutes ses femmes, ces femmes scientifiques sans qui l'Homme ne serait peut-être jamais allé sur la Lune. Toutes ses scientifiques engagés ,figures féminines pionnières de la conquête spatiale, que le récit officiel a laissé dans l'ombre de leurs homologues masculins.
Ces « Rocket girls », mathématiciennes afro-américaines de la Nasa qui ont donnée lieu a un film que j'avais beaucoup aimé en 2016 je crois, « Les Figures de l'ombre ». Sans elle le programme Mercury n'aurait pas abouti.
En plus d'être une réalité alternative des Etats-Unis, ce texte est aussi une ode à la différence. Il se concentre sur le point de vue des femmes en général et, dans une moindre mesure, des femmes noires, qui poussent l'establishment dominé par les hommes des années 1950 à permettre aux femmes d'être légitimement considérées comme des astronautes potentielles.
Ce que j'ai aimé aussi c'est la belle détermination de notre héroïne. Elma, une jeune femme juive et certaines de ses amies pilotes, dont plusieurs femmes noires, commencent à s'organiser. Elles rendre en résistance contre les opinions et les préjugés sociaux et raciaux de l'époque. Elles vont tout tenter pour trouver un moyen de convaincre les pouvoirs en place de leur laisser une chance de devenir astronautes
Et ici la volonté d'Elma de devenir la première dame « Lady » astronaute est si forte que même les conventions les plus chères de la société n'ont peut-être aucune chance contre elle.
J'ai aussi aimé l'écriture fluide et plaisante de notre autrice qui participe à l'ambiance prenante et tout en tension de ce récit post-apocalyptique inclusif
Et comme le disait Antoine de Saint Exupéry dans lettre à un otage, » Si je diffère de toi loin de te léser je t'augmente ». Car La richesse est bien dans la différence. Et ça Mary Robinette Kowal l'a bien compris.
Lien : https://collectifpolar.wordp..
Commenter  J’apprécie          140
le roman est extrêmement bien documenté tout en gardant un style d'écriture fluide, contribuant à la grande cohérence d'ensemble. Il embarque d'office les lecteurs dans cette aventure. Mary R. Kowal met en jeu les décisions des organisations soumises aux jeux politiques, soigne les descriptions aussi bien dans la salle des opérations lors de missions dans l'espace, qu'à bord des avions. le passé et le caractère des différents protagonistes sont vraisemblables. En effet, Kowal s'est inspirée de personnalités bien réelles comme Jackie Cochran, pilote lors de la seconde guerre mondiale, fondatrice des WASP, Jerrie Cobb et Bessie Coleman qui a du aller en France pour passer son brevet de pilote en raison de la ségrégation!

Lors des missions spatiales, lectrices et lecteurs en compagnie l'Elma vivent à ses côtés, et même mieux, vivent à travers ses yeux de mathématicienne, comprennent l'importance de son rôle, apprécient l'aspect suranné des cartes perforées pour l'IBM, et appréhendent les difficultés techniques liées à un tel projet. Mary Kowal nous fait vivre toutes ses réussites, tous ces errement de l'intérieur.

Elma est un guide extraordinaire. Non seulement, nous découvrons un monde feutré et spectaculaire, de manière assez intime, mais nous faisons face avec elle à l'adversité d'une société héritière de ses préjugés, d'une conception de la femme limitée aux rôles d'épouses et de mères, accessoirement, elles sont des instruments commodes, et même à l'inimité personnelle à travers ses confrontations avec Parker.

Échappant de peu au néant, cette jeune femme parvient à s'imposer peu à peu comme une évidence, avec un tempérament admirable. Loin d'être la superwoman à l'épreuve de toutes les crasses, de tous les coups durs, Elma York démontre une résilience insoupçonnée, même par elle. le personnage est attachant avec ses doutes, ses coups de mou, son amour pour son époux, et son aspiration pour les étoiles.

Le chemin pour réaliser son rêve s'apparente à un parcours du combattant. Il faut d'abord faire naître une petite étincelle, l'idée que l'espace n'est pas la chasse gardée de la gente masculine, puis maintenir le cap et convaincre qu'il n'y a pas d'ineptie à ce que les femmes goûte au plaisir du vide spatial, et puis comme bien souvent dans un milieu masculin être parmi les meilleurs. J'ai apprécié qu'Elma ne soit pas LA meilleure, que la concurrence existait entre ces dames, et qu'elles n'entretenaient pas forcément de superbes et éternelles amitiés indestructibles

critique plus complète sur mon blog
Lien : https://albdoblog.com/2020/1..
Commenter  J’apprécie          140
Il y a quelques temps, Apophis et le Lutin m'avaient convaincue de lire en anglais la nouvelle The Lady Astronaute of Mars et disponible gratuitement sur la plateforme Tor.com. J'avais beaucoup aimé car l'autrice en très peu de pages (une vingtaine) avait réussi à instaurer un véritable univers et un personnage très fort, celui d'Elma York. Aussi, quand Babélio et les éditions Denoël que je remercie au passage, ont proposé le roman Vers les étoiles dans le cadre de la Masse Critique, je n'ai pas hésité à le sélectionné. Et je suis plutôt contente de l'avoir remporté car cela a été une excellente lecture!

En 1952, Elma York et son mari Nathaniel roucoulent dans leur chalet perdu dans les Monts Poconos, en Pennsylvanie. C'est alors qu'une intense lumière les surprend et le jeune couple de scientifiques pense tout d'abord à une explosion nucléaire provoquée par les Russes. Mais, le tremblement de terre qui s'ensuit puis le souffle de l'explosion ne leur laisse aucun doute sur l'origine de la catastrophe : une météorite. Cette dernière s'est en effet abattue dans la mer, près de la côte Est des Etats-Unis. La catastrophe est sans précédent : Washington est complètement détruite ainsi que toutes les terres sur un rayon de plusieurs centaines de kilomètres. le couple parvient à s'enfuir et rejoint une base militaire dans le centre du Pays. Leurs compétences (lui est ingénieur spatial et elle mathématicienne et pilote pendant la Seconde Guerre Mondiale) vont s'avérer précieuses car la météorite est en train de provoquer sur le long terme une véritable catastrophe : le réchauffement climatique généralisé provoquera la fin de l'Humanité. Seule solution : s'enfuir dans l'espace.

Une uchronie…

A vrai dire, le point de divergence ne débute pas exactement en 1952 mais un peu avant, en 1948. En effet, ce sera Thomas Dewey qui sera élu Président des Etats-Unis et non Harry S. Truman. Mais, cet évènement aura finalement peu d'impact dans le récit car Dewey va mourir lors de la chute de la météorite alors qu'il résidait à Washington. Il sera remplacé par Brannan.

En revanche, la météorite va avoir beaucoup plus d'impacts sur le cours de notre Histoire :

- La côte Est des Etats-Unis est entièrement détruite sur plusieurs centaines de kilomètres et avec elle l'ensemble des villes côtières comme Washington ou New York. La nouvelle capitale sera donc établie à Kansas City plus au centre du pays.
- L'impact de la météorite dans l'océan a eu plusieurs conséquences : des poussières et de la vapeur d'eau ont été rejetés en grande quantité dans l'atmosphère. Outre le fait que les étoiles ne sont plus visibles depuis la Terre, cela a provoqué à court terme une petite ère glaciaire puis le réchauffement de la planète qui rendra inhabitable la planète d'ici la fin du XXème siècle. Seule solution : l'espace. le premier projet de l'Humanité sera d'établir une première colonie sur la Lune avant de viser Mars.
- La Guerre Froide qui a opposé les Etats-Unis à l'URSS entre 1949 et 1991 sera finalement écourtée et la Guerre des Étoiles n'aura pas lieu. le programme spatial ne sera plus le seul fait des Américains et des Russes mais sera le fruit d'une coopération internationale grâce à la création de l'IAC (Coalition Aérospatiale Internationale). Cette dernière ne s'établira pas en Floride puisqu'elle a été détruite mais dans l'Etat du Kansas et cela aura pour conséquence de faire accélérer le programme spatial. le premier Homme dans l'espace ne sera donc pas Youri Gagarine en 1961 mais Parker en 1956. Et le premier voyage vers la lune n'aura pas lieu en 1969 mais en 1958.

… inclusive…

Dans ce nouveau contexte, les mentalités vont également évoluer plus rapidement :

- le paternalisme et le sexisme : Elma York va subir beaucoup de discriminations liées à son sexe. La trentenaire juive titulaire de deux Doctorats en Physique et en Mathématiques et pilote pendant la Seconde Guerre Mondiale se verra attribuer un simple poste de calculatrice tandis que son mari Nathaniel a été promu Ingénieur en Chef de l'IAC. Sa parole sera également discréditée lorsqu'il sera question de sa théorie sur le réchauffement climatique et sans le soutien de son mari, elle n'aurait pas été entendue. Enfin, elle se verra refuser pendant de nombreuses années son entrée dans le corps des Astronautes : le motif invoqué est que les femmes sont beaucoup plus émotives que les hommes et ne seraient pas capables de se maîtriser lors d'un vol spatial…
- le racisme : la société américaine des années 50 décrite dans le roman reste raciste. Je citerai deux exemples : après la chute de la météorite, la population noire survivante n'est pas évacuée de la zone touchée, seule la population blanche l'a été en priorité. Et les femmes noires ont toutes été écartées du programme spatial ce qui est dénoncé par le Pasteur Martin Luther King, en 1958. Toutefois, la Ségrégation ne va pas prendre autant d'ampleur que dans notre Histoire puisque par exemple la troisième vague du mouvement du Ku Klux Klan ne verra pas le jour. Et l'IAC intègre à son programme différentes nationalités, notamment des femmes d'origine turque, mexicaine ou brésilienne.

… Et de qualité.

Si j'ai un seul reproche à faire à ce roman serait la présence de quelques longueurs. En effet, il possède plus de 500 pages et je pense que certains passages auraient pu être écourtés. J'avoue avoir eu un petit passage à vide au milieu du roman.
Toutefois, il faut reconnaître que l'écriture est de qualité et surtout, le récit est extrêmement bien documenté.

- En effet, dans les remerciements, l'autrice dit avoir consulté de nombreux spécialistes pour rendre les parties plus techniques crédibles que ce soit en mathématiques, en histoire de l'aviation, au niveau du jargon des pilotes ou de la NASA, en médecine, en Histoire et en langue.
- Elle s'est également inspirée de véritables personnages historiques ou de situations s'étant réellement produites. Dans sa postface « Note historique », elle indique ainsi qu'elle a fait référence à Jackie Cohran qui a crée les WASP (Women Airforce Service Pilots) pendant la Seconde Guerre Mondiale et fondé l'aéroclub 99s présents dans le roman ou aux fameuses calculatrices sans qui le programme spatial n'aurait pas vu le jour. Et à ce titre, je vous recommande l'excellent film Les figures de l'ombre, adaptation éponyme du roman de Margot Lee Shetterly.

En conclusion, Vers les étoiles a remporté de nombreux prix littéraires (Prix Locus, Prix Sidewise, Prix Nebula et Prix Hugo) et pour ma part, je trouve cela entièrement mérité. Cette uchronie, premier tome d'une série intitulée Lady Astronaut, brille par son univers très développé, par son parti pris (il dénonce le sexisme et le racisme de la société américaine) et sa qualité d'écriture qui se veut fluide et bien documentée. Sans nul doute, je lirai le recueil de nouvelles, Lady Astronaut dans laquelle se trouve The Lady Astronaut of Mars traduite en français et je poursuivrai ma découverte de la série avec le second tome, The Fated Sky qui j'espère sera bientôt publié.
Lien : https://labibliothequedaelin..
Commenter  J’apprécie          122




Lecteurs (882) Voir plus



Quiz Voir plus

Les plus grands classiques de la science-fiction

Qui a écrit 1984

George Orwell
Aldous Huxley
H.G. Wells
Pierre Boulle

10 questions
4891 lecteurs ont répondu
Thèmes : science-fictionCréer un quiz sur ce livre

{* *}