"Contre l'obscurité, il y avait la lumière des torches, contre le feu, il y avait l'eau, mais contre les flots qui envahissaient tout, de quelles armes disposait-on ?"
Je trouve que cet extrait du chapitre 22 résume à lui seul toute la problématique de ce roman, dont j'espérais la sortie, après la lecture de
Noir de Koz et de
Rouge de Koz en avril 2021. Oui, que faire quand l'eau monte et que l'on ne peut pas l'endiguer ? Que faire quand l'eau peut être vectrice d'une pandémie ? Ne venez pas me dire que ce n'est pas possible. S'il y a eu, y compris en France, des catastrophes liées à des inondations, il y a eu, dans le passé mais aussi dans le présent, des maladies qui ont été transmises par des eaux souillées. Alors que dire quand des personnes mettent volontairement un virus dans l'eau ?
Il faut être insensé, diront certains. Pourtant, les cas de suicide se multiplient, au-dessus du taux normal (oui, l'on découvre qu'il existe un taux normal de suicide, un taux "autorisé" si j'ose dire, sans que cela ne fasse frémir qui que ce soit. Ah si, tout de même, il faut quelques signalements, des cas suspects, dont celui de Franck, leur ancien collègue, pour que la cellule "Nouvelle menace" se mobilise, avec Hugo Kezer et Anne Gilardini, les deux commandants qui sont à sa tête. Hugo ne va pas très bien, mal remis des épreuves des enquêtes précédentes. Anne, elle, est enceinte jusqu'aux yeux, mais pas disposée du tout à se mettre en retrait bien qu'elle devrait être en congé maternité - j'ai eu l'impression que c'est davantage sa compagne qu'elle qui souhaitait un enfant, mais les impératifs biologiques ont fait que seule Anne pouvait porter un enfant. ce sera pour eux une enquête les pieds dans l'eau, pas comme on l'entend traditionnellement, non, une enquête dans laquelle l'eau submergera tout, engageant ainsi une course contre la montre et une course contre l'absence de personnelle : le danger est là, il est nécessaire d'évacuer avant d'être soi-même submergé.
La lecture de ce roman nous montre, paradoxalement, à quel point le système de surveillance des eaux est fragile, à quel point il suffit d'un ou deux actes de malveillances pour tout dérégler, mettre tout le monde en danger. Inquiétant et surtout, totalement possible, crédible, et c'est vraiment la force de cette série, que j'apprécie énormément. L'on n'oublie pas les enquêteurs, auxquels je m'étais attachée dans les deux premiers tomes. J'ai aussi trouvé intéressant la manière dont la structure des "sectes" est décrite, distinguant structure pyramidale (celle que nous connaissons tous, en fait) et structure matrimoniale, avec toutes les conséquences que cela peut engendrer.
Je terminerai en parlant de loyauté, parce que c'est une notion important dans ce tome. Que doit-on dire à l'autre ? Que doit-on taire pour le préserver ? Et quand deux intérêts différents sont en jeu, à qui doit aller la loyauté ? Certains (je pense à Franck) feront vraiment tout ce qui est possible pour ne pas blesser, d'autres feront les pires choix - pour tous.
J'espère désormais un quatrième tome.
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