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11 novembre 2011 au parc Mon Repos à Genève. Tous ce qu'il y a d'institutions officielles sont présentes devant le monument aux morts pour célébrer le devoir du souvenir. Dans ces moments solennels, teintés d'émotions et après tant d'années passées, il est difficile de pouvoir s'imaginer la souffrance et le sacrifice de ces hommes qui ne sont plus. Des discours lyriques et solennels évoquent le devoir, la camaraderie, le dévouement ainsi que l'abnégation de ces soldats, mais passent sous silence toute l'horreur et l'absurdité des combats. Il est vrai que le lieu et le moment ne s'y prêtent guère.

Pour se faire une idée des atrocités de cette guerre que l'on disait la dernière, ce ne sont pas les ouvrages qui manquent. le dernier en date est une série de bd intitulée Notre Mère de la Guerre, scénarisée par Maël et dessinée par Kris. le premier album est sorti en 2009 et la troisième complainte est parue début novembre 2011, soit quelques jours avant la célébration de l'Armistice de 1918.

C'est par le biais du polar que les auteurs ont décidé d'aborder le sujet. En ce début d'année 1915, à quelques semaines d'intervalles, ce sont les corps de trois femmes qui sont découvertes dans les tranchés. Sur chacune d'entres elles, l'assassin a laissé une lettre d'adieu rédigée par ses soins. C'est au lieutenant de gendarmerie Roland Vialatte qu'il incombe de découvrir l'auteur de cette ignominie. Car si l'on peut tuer en masse au nom de la patrie, il n'est pas question que l'on se permette de telles exactions dans le dos des soldats. L'horreur et la barbarie, juste une question de point de vue et de victimes. C'est donc au coeur des tranchées, en première ligne que le lieutenant Vialatte devra se rendre pour mener à bien son enquête. L'idéalisme de la guerre qu'il s'était forgé par le biais des écrits de Victor Hugo et Charles Peguy sera mis à mal avec le réalisme de combats acharnés et sauvages. Interrogatoires de jeunes poilus terrorisés, résignations de sous-officiers écoeurés par ces massacres absurdes, c'est par ces témoignages que le lieutenant Vialatte découvrira le vrai visage de la guerre. Au milieu de cette folie guerrière, parviendra-t-il à identifier le meurtrier qui a de nouveau sévi en assassinant une quatrième jeune femme ?

La délicatesse et la finesse du trait de Maël alliée à la légèreté de ses gouaches transfigurent l'horreur des scènes qui sont dépeintes. Pour s'en convaincre il n'y a qu'à s'attarder sur la couverture du premier album qui reflète le malaise qui se dégage au travers de chaque album. Avec un scénario bien rythmé, Kris nous guide dans les méandres de cette guerre atroce et en décrit toutes les turpitudes et les flétrissures avec des textes aux empreintes lyriques savamment dosées. Une idée de génie d'avoir abordé ce pan tragique de l'histoire par le biais du polar, même si l'idée n'est pas nouvelle. Il fallait cependant oser mettre en scène un sérial killer sévissant dans les tranchées, au coeur même de la barbarie humaine qui souligne l'ambivalence pour un tueur solitaire d'opérer dans une logique de tueries de masse orchestrée par des nations belliqueuses. Qui sont vraiment les monstres ? Cette question sous-jacente, plusieurs personnages du récit se la pose sans pour autant obtenir de réponse. Avec Notre Dame la Guerre, vous découvrirez également un sujet rarement abordé avec ces jeunes délinquants (des meurtriers parfois) extraits des institutions pour mineurs pour « servir » au front, ceci au nom de la France alors qu'ils n'avaient pas 18 ans ...

Qui sont les monstres ? Maël et Kris vous en donnent la réponse avec un récit âpre et prenant, chargé d'émotion qui s'achèvera avec un quatrième album encore à paraître, intitulé Requiem qui clôturera ce long chant plaintif.
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Je me suis précipité pour acheter le Graal. L'intégrale de Notre Mère la Guerre.

Pourquoi le Graal ? Parce que les passionnés de 14-18 en parlent toujours en bien, et que quelqu'un qui connaît ma passion de Victor Hugo me l'a conseillé. Donc je ne savais pas vraiment de quoi ça parlait, mais j'ai pu me l'offrir grâce à la collectivité de ma région (merci !) et je ne l'ai pas regretté.


Ici, on fait face à un lieutenant de gendarmerie, Roland Vialatte. Il faut savoir que j'ai une passion certaine de tout ce qui a trait à la gendarmerie, en plus de me préparer à passer le concours de sous-officier dans deux ans. Un de mes ancêtres était gendarme pendant 14-18… bref, c'est une des rares BDs qui a un gendarme mobilisé comme personnage principal, et un peu de diversité fait du bien !

La BD s'ouvre sur la célèbre chanson de Voltaire des Misérables, et pour cause, Vialatte adore la littérature. D'ailleurs, il est plein de bonne volonté et de patriotisme, mais voilà ; les tranchées, ce n'est pas aussi glorieux que dans les poèmes d'Hugo sur la guerre de 1870 ou la bataille d'Austerlitz.

Des femmes sont mortes dans les tranchées ; pourquoi sont-elles là ? Qui a donné le coup de couteau ? Qui a écrit les lettres laissées sur les corps ? Les soldats sont terrifiés, et bien trop pour avoir les idées suffisamment rationnelles pour aider le lieutenant Vialatte.

Un style de dessin reconnaissable entre mille, un récit très noir qui ne fait qu'écho à la réalité des combats, une haine de l' »hirondelle » réelle, une désillusion constante : la guerre est romancée, la propagande la glorifie, et les Poilus meurent bien trop tôt par la force de l'obus pour révéler la PEUR, celle que relate Chevallier.

C'est un gros coup de coeur pour moi face à ce qui peut être considéré une des références de la bande dessinée de 14-18. On oublie bien vite le prix toujours élevé d'un album de BD lorsqu'on tombe sur des perles comme celle-ci.
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J'ai lu cette BD dans son récit intégrale, car il faut savoir que « Notre mère la guerre » est sortie sous deux formats différents : par tomes et en récit complet.

J'ai été sensible aux dessins empreint d'un réalisme poignant, touchant qui créer une vraie promiscuité avec le lecteur. On a l'impression d'être avec eux au front, on comprend tous ce qu'ils peuvent ressentir, leur peur, leur colère et leur désarroi, mais aussi leur courage !

J'ai aussi aimé la véracité des faits. C'est une bande dessinée Historique, qui a eût recours à des recherches sérieuses. Et quoi de mieux que d'apprendre en lisant ?

Je ne peux que conseiller, à 300%, de lire cet ouvrage !
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Il faut décidément saluer la B.D. franco-belge qui offre, à l'image de Notre mère la guerre, des oeuvres de très grandes qualités esthétiques et intellectuelles. La bande-dessinée a de multiples qualités.
Une fois n'est pas coutume, je commencerais par évoquer les qualités littéraires. La bande dessinée est très bien écrite et offre, à plusieurs reprises, de très belles lignes qui interroge notre humanité face à la guerre. Ces mots, ces beaux mots, sont aussi accompagnés par des citations de poètes, français et allemands (Péguy, notamment), qui ajoutent à la profondeur du récit. Celui-ci est très bien construit : alors que la guerre de tranchées s'installe, des femmes sont retrouvées mortes, assassinées, au plus près du front. Tandis qu'on cautionne et qu'on magnifie la mort de masse, devenue mort patriotique, on s'inquiète de la mort individuelle qui n'a pas de raison idéologique ou politique, mais seulement pour cause la folie d'un ou de plusieurs hommes. Mêlant ainsi le genre historique et le genre policier, Kris et Maël donnent, comme le dit si bien Nicolas Offenstadt dans la préface de l'édition intégrale, de la densité à une époque qu'on a tendance à résumer aux statistiques effrayantes et aux photographies de dévastation. La BD donne à vivre cette guerre, terriblement humaine et non inhumaine car elle plonge au plus près du vice humain, de cette passion de l'horreur et de cet amour des tueries qui animent nos semblables depuis, semble-t-il, la nuit des temps. Il ne s'agit donc pas que d'une simple enquête mais bien plutôt d'une recréation artistique d'un processus historiquement fondamental, la Grande Guerre, qui a fait basculer notre monde du 19ème au 20ème siècle.
Kris soigne ses personnages. A chacun, et encore plus au lieutenant Vialatte, il donne une profondeur psychologique en leur donnant une histoire propre, des convictions, un passé et des amours, plus ou moins déçues, plus ou moins lointaines. Vialatte, particulièrement, est un officier de la gendarmerie, un "cogne" comme on dit alors, catholique et républicain comme Péguy. Peyrac, caporal de cette escouade de jeunes délinquants à qui on a proposé de se racheter en échange de mois passés dans la boue et les excréments à côtoyer la mort, est l'archétype du socialiste qui a renoncé à son pacifisme quand Jaurès est mort, et qui se bat désormais et tue ses anciens frères allemands.
Je soulignerai enfin l'effort, absolument non négligeable et jamais forcé, de Kris de retranscrire le langage de l'époque. L'argot surgit à chaque case, de façon naturelle, nous rapprochant un peu plus de ces hommes du passé. L'Allemand, en face, parle bien allemand et n'est pas francophone. Les propos ne sont pas traduits, et ainsi le lecteur est confronté à sa propre situation face à la langue de l'ennemi : comprend qui peut, s'offusque qui veut.
Assez parlé de Kris. Maël, avec son dessin et son formidable travail sur les couleurs, est largement à la hauteur de l'effort de son coauteur. Il rend avec fidélité l'esprit de la guerre : c'est le village imaginaire de Méricourt, au coeur de la Champagne ; c'est l'arrière, gai bien que soucieux, qui vit comme autrefois (ainsi à Paris) ; ce sont les ruines du Nord, près d'Arras, où stationnent les Anglais et les Canadiens, bientôt rejoints par les Indiens, où l'on enterre à la chaîne les victimes, volontaires ou non (le débat est encore discuté entre les historiens), de cette danse macabre. Dans la préface, on apprend que Maël s'est inspiré de photographies de l'époque. Clairement, la dimension esthétique est une force majeure de la BD et permet pleinement l'investissement du lecteur dans la situation proposée. le trait de crayon parle de lui-même : il faut jeter un oeil pour se rendre compte de cet univers si fidèlement rendu.
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Une enquête menée dans les tranchées de la guerre 14-18 pour retrouver le meurtrier de cinq femmes assassinées. Ce récit en bande dessinée nous met en présence du gendarme Roland Vialatte qui s'engage pour mieux comprendre les faits et les hommes dans le cadre de son enquête; ainsi que du lieutenant Gaston Peyrac qui se sent responsable de la petite troupe de jeunes recrues délinquants auxquels l'institution a proposé de s'engager pour se racheter. Des couleurs ocres et grises dominent dans le dessin au trait fin et nerveux de Maël qui, avec beaucoup de maitrise, nous confronte à l'ambiance pesante du front, et crée une proximité avec les protagonistes de cette histoire.
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Série en 4 tomes, Notre Mère la Guerre utilise le conflit en trame de fond pour évoquer une enquête des moins banales. A travers les recherches du gendarme Vialatte, on découvre le front, les conditions de vie des soldats et le dénuement de ces hommes.
En se servant d'éléments véridiques, comme ces jeunes délinquants à qui on proposait d'aller s'engager contre une remise de peine, Kris crée une histoire fictive et totalement prenante.
Durant les 4 années que va durer l'enquête, les destins vont se croiser, les erreurs se multiplier et la guerre va continuer son triste massacre. Comme dans un roman policier, on pourra vivre de nombreux rebondissements jusqu'au dénouement final, inattendu et qui nous aura su nous tenir en haleine.
Magnifiquement servi par les dessins à l'aquarelle de Maël, le récit parvient également à nous plonger dans l'horreur du conflit, au fond des tranchées dans lesquelles les hommes perdent leur humanité et leur raison.
Lien : http://lalydo.com/2014/09/pr..
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Comme "la tranchée", une enquête se déroule dans le cadre de la 1ere guerre mondiale, dans la boue des tranchées et l'horreur des combats. Contrairement à "la tranchée", l'histoire se tientn portée par un dessin dur et evanescent à la fois. Une très belle réussite.
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Quelle oeuvre d'art, les illustrations de Maël ! Il sait si bien véhiculer l'horreur et l'espoir, il y a une beauté trouble dans son travail, c'est émouvant et très fort.
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Des morts dans les tranchés pendant la Grande Guerre.

Banal... Sauf que ce sont des cadavres de femmes, et la Grande Faucheuse a beau faire son boulot en mode accéléré, il est inacceptable de laisser impunies des dérives criminelles de cette sorte.
Le lieutenant de gendarmerie Vialatte va passer des mois à résoudre cette sombre affaire, traversant les années noires en y perdant lui même toute illusion humaniste et spirituelle.

Les quatre complaintes de cette remarquable histoire dessinée par Maël et racontée par Kris sont donc réunies pour une enquête policière qui prend tout son sens en devenant un récit précis et documenté du quotidien des poilus, de la vie de l'arrière, des turpitudes et dérives de l'armée et de la société civile.

Des dessins travaillés, fourmillant de détails, des couleurs sépia, une réflexion émouvante et mélancolique, tous les ingrédients d'un excellent roman graphique en forme d'hommage.

Un vrai coup de coeur, en court d'adaptation sur grand écran.
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