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EAN : 9781781259375
280 pages
Profile Books Ltd (04/02/2021)
4/5   1 notes
Résumé :

Titre en Francais : Le traître heureux.
Sous-titre "Spies, Lies and Exile in Russia"
L'histoire extraordinaire de George Blake, né le 11 novembre 1922 à Rotterdam et mort à Moscou le 26 décembre 2020.

" A deeply human read, wonderfully written, on the foibles of a fascinating, flawed, treacherous and sort of likeable character. "

Philippe Sands
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
+++++++ LE TRAÎTRE HEUREUX +++++++

Le journaliste et auteur, François Roche, dans un article récent, paru en février dans L'Express, nous rappelle que l'année dernière, 2020, a été marquée par la disparition de 2 maîtres de la Guerre froide et du monde des ténèbres : le genial auteur d'espionnage, John le Carré, le 12 décembre et le traître/espion, George Blake, le 26 décembre.

Les 2 hommes ne se sont jamais rencontrés, mais certains romans d'espionnage de John le Carré ont été inspirés par la vie de George Blake ("Un pur espion" de 1986 par exemple) et Blake à Moscou aimait les romans de John le Carré. "Le Carré's books are very good" a-t-il avoué à Simon Kuper en 2012.

Il ne faut pas s'appeler John le Carré cependant pour être fasciné par le parcours tout à fait particulier du Colonel Blake du KGB, mort à Moscou à l'âge de 98 ans.

L'homme est né George Behar le 11 novembre 1922 à Rotterdam comme le fils d'Albert Behar, un homme d'affaires juif sépharade originaire de Constantinople, et de son épouse néerlandaise Catharina Beijderwellen.
Le petit George a eu une éducation classique de calviniste hollandais et, à la mort de son père, en 1936, est envoyé auprès de la famille de celui-ci en Égypte. L'adolescent poursuit ses études à l'école anglaise du Caire et est impressionné par son cousin, Henri Curiel, 8 ans plus âgé que lui et qui deviendra un communiste influent, avant d'être assassiné en mai 1978 à Paris. Gilles Perrault en a publié, en 1984, une biographie passionnante "Un homme à part".

Rentré aux Pays-Bas occupés, il joint la résistance, est arrêté par la Gestapo et jeté en prison, mais relativement vite relâché n'ayant que 17 ans. Après Henri Curiel, la destruction du centre de sa ville natale par un bombardement nazi horrible constituera un second élément déterminant dans son parcours.

À travers la Belgique, la France et les Pyrénées, George rejoint Gibraltar et Londres en 1943, où il adopte le nom de Blake et se porte volontaire pour le combat contre les nazis. À même pas 22 ans il est recruté par le SIS (Secret Intelligence Service), principalement pour ses connaissances linguistiques, dont le Français et des notions d'Arabe. C'est au SIS d'ailleurs qu'il a commencé à apprendre une nouvelle langue : le Russe. Pendant la guerre il est affecté au département des Pays-Bas.

En 1946, le SIS l'envoie d'abord à Hambourg et ensuite à Cambridge pour parfaire son Russe. En 1948, il est nommé à Séoul, où pendant la guerre de Corée, il a été arrêté par les troupes de la Corée du Nord et passera 3 ans (1951-1953) pénibles dans un camp de concentration. Témoin des bombardements massifs américains et de la misère des simples Coréens, c'est à ce moment qu'il devient communiste et a, à sa demande, un entretien avec un haut gradé du KGB.

Par après, il a été en mission à Berlin (1955-1959) et collaboré avec les agents du KGB en leur refilant des noms d'agents alliés opérant derrière le rideau de fer.  Au cours de son séjour à Beyrouth pour approfondir sa connaissance de l'Arabe, en 1960, le SIS a commencé une enquête qui s'est soldée par un procès à Londres en mai 1961 à l'issu duquel George Blake a été condamné à 42 ans de prison pour haute trahison. 

En taule, Blake s'est montré un prisonnier modèle et très populaire parmi les détenus, dont plusieurs l'ont aidé à s'échapper en octobre 1966 et un autre l'a conduit, caché dans une caravane aménagée en Allemagne de l'Est.

Cette évasion de prison a été tellement spectaculaire qu'Alfred Hitchcock a même envisagé d'en faire un film. Ce projet ("The Short Night") avec Sean Connery et Liv Ulmann n'a hélas pas été réalisé à cause de la maladie et mort du grand-maitre du suspense en 1980.

Arrivé à Moscou, George Blake y a été reçu en héros et promu au grade de colonel du KGB et offert une maison à Moscou et une datcha à la campagne.
Mais le KGB, toujours suspicieux, n'a pas fait appel à ses services tout en utilisant son nom pour de la propagande soviétique.

En 1990, Blake a publié ses mémoires "Une vie d'espion", que j'ai lu en Anglais ("No Other Choice"), début 1991, mais qui m'a laissé avec plus de questions que de réponses sur ce personnage.

Ces réponses je les ai maintenant en lisant l'ouvrage de Simon Kuper, un journaliste anglais et auteur de livres sur le sport, qui a vécu également comme enfant aux Pays-Bas et qui a eu de longues conversations avec Blake en Néerlandais dans sa datcha en Russie. Conformément à leur accord, Kuper n'a sorti son ouvrage qu'en février 2021, après la mort du "traître heureux".

Heureux, parce qu'il ne regrette pas ses choix et qu'il reste convaincu de la valeur du marxisme authentique pour l'humanité. Il demeure, d'ailleurs, persuadé que cette doctrine réapparaîtra un jour.

L'ouvrage de Simon Kuper, bien que fort documenté, avec 44 pages de notes des 280 de l'ensemble, se lit comme un thriller captivant.
C'est aussi l'avis de Philippe Sands pour qui il s'agit d'un document profondément humain autour d'un personnage fascinant.

Finalement, il convient de noter l'évolution de l'auteur envers ce personnage : de sceptique au début de son enquête à sympathique vers la fin, ou pour le dire avec ses mots : "Colonel Blake had charmed me" (page 217).
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