Tout d'abord, mes plus plates excuses à tous les lecteurs qui n'en peuvent plus d'entendre parler de football partout, et qui pensaient trouver un havre de tranquillité dans une bibliothèque virtuelle. Je compatis sincèrement à votre douleur, et je promets que je ne serai pas long.
J'ai longtemps été un spectateur de football modéré, me contentant d'allumer la télévision quand la frénésie médiatique atteignait un certain niveau, sans plus. Récemment, j'ai fait l'expérience d'aller voir un match dans un stade, et j'ai été surpris par cette vision plus large : des lignes parfaites, du mouvement partout, des joueurs qui s'organisent à gauche alors que le ballon est à droite, … Bref, une organisation complexe et insaisissable à la télévision, qui se contente généralement de plans rapprochés sur le ballon. Ce livre est donc une tentative pour moi d'aborder la tactique dans le monde du football, afin de mieux comprendre tout ce qui se passe.
À ce titre, on peut dire que c'est une demi-réussite. le livre a beaucoup de qualités, et permet notamment d'acquérir beaucoup de vocabulaire technique : je comprends maintenant ce qu'est un « box-to-box », un « faux pied » et un « double pivot », et je vois les avantages comparés d'un 4-4-2 losange ou d'un 3-5-2. J'ai déjà pu faire l'expérience de repérer ces différences en match, en me concentrant sur un seul joueur et sans trop me préoccuper du ballon, et c'est assez satisfaisant.
Cependant, à peine ces bases posées, le livre développe les joueurs ou les entraîneurs qui dépassent complètement ces rôles, et ça va un peu trop vite pour moi : j'aurais préféré qu'on passe encore quelques pages à expliquer le rôle d'un joueur bien basique qui ne fait rien d'autre que ce qu'on lui demande. J'en sortais parfois avec l'impression que rien n'était figé, que tout était possible, et qu'essayer de comprendre quoi que ce soit est peine perdue dès le départ.
Petite déception également : les schémas tactiques. J'imagine qu'ils étaient à la base en couleur, mais dans un livre en noir et blanc, on doit essayer de faire la différence entre du gris clair et du gris foncé, et ils perdent une grande partie de leur intérêt.
Sans doute pas un livre parfaitement adapté pour un débutant, mais qui offre quand même des clés de lecture intéressantes et applicables immédiatement.
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Si vous êtes un minimum connaisseur de football ou alors un suiveur assidu, ce livre ne vous apportera rien. Les auteurs passent leur temps à bous expliquer des concept vu et revu (40 pages sur le pressing) ce que rend la lecture d'un ennui total.
Fan de foot depuis mon enfance, ce livre reste le premier que je n'ai pas réussi à finir.
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Les pédants qui rabaissent le foot au rang de sport grotesque où l'on pousse une baballe avec son pied ne voient même pas qu'ils prennent de haut ce qui, justement, est le génie de ce sport, qu'aucun autre n'a l'audace d'envisager. Notre outil naturel pour manipuler les choses, c'est en effet (comme le mot "manipuler" l'indique) la main, bien pratique pour attraper, tenir, lancer, toucher, tripoter (une balle directement, ou un objet pour taper dedans indirectement) avec son pouce en opposition des autres doigts. Mais le pied ? Contrôler quelque chose avec son pied, c'est contre nature, c'est un acquis merveilleux et rare de la culture. Parce que le football est le sport le plus populaire, on croit que c'est banal. On devrait plutôt remarquer que le foot est le seul à l'exiger à ce degré de perfection. Parce que c'est commun autour de soi et à la télé, on a vite fait d'oublier la discipline merveilleuse exigée pour ne plus taper dans un ballon simplement du bout du pied, n'importe comment, mais en utilisant toutes ses parties, en sachant que chacune a sa spécificité, et en choisissant la plus adéquate à une situation donnée, en pivotant son bassin avec grâce, pour négocier jusqu'à la courbe de la trajectoire que l'on donnera à la balle, pour qu'elle aille où l'on veut qu'elle aille. Et il est aussi difficile, et particulièrement méritant, de vouloir qu'elle reste collée au pied lorsqu'on court, de vouloir qu'elle atterrisse pile là-bas, à 60 mètres, dans la course du partenaire, que d'espérer qu'elle nettoie cette lucarne, l'endroit de la cage le plus éloigné du gardien et le plus précieux, parce qu'à un centimètre ou à un poteau carré près, il n'y aura pas but.
Lorsque l'on regarde des matchs d'il y a trente ou quarante ans, on est ébahi devant la latitude laissée à la plupart des joueurs, qui peuvent trottiner tranquillement ballon au pied sur 10 mètres sans être attaqués. Comme d'autres sports, le football a vu son rythme augmenter de manière drastique. On frappe plus fort au tennis, on a les épaules plus musclées au basket-ball, on court plus vite et surtout plus souvent et intensément, donc, en football. Les moments calmes se font rares. La professionnalisation a amélioré les corps, développé l'endurance, rendant ainsi les transitions capitales parce qu'elles offrent de rares secondes où temps et espace s'étirent et permettent d'attaquer un peu plus librement.
Parmi toutes les qualités géniales qui en font indiscutablement, en toute honnêteté et objectivité, le sport-roi, de loin supérieur à tous les autres, le football a la particularité suivante : une équipe nettement plus faible sur le papier a de réelles chances d'obtenir un match nul, voire de l'emporter face aux équipes en tête du classement (beaucoup plus de chances qu'au tennis ou à la pétanque, par exemple).
Le gros point commun de tous les grands 10, c'est qu'ils auraient pu jouer à n'importe quelle époque.