Voici la première bande dessinée de deux jeunes auteurs :
Philippe Lacoeuille et
Paul Drouin. Elle a reçu le Grand Prix du concours Arte / Glénat qui récompense une première oeuvre. le cahier des charges mentionnait pour 2007 : ...les dossiers des candidats devaient avoir pour thème l'aventure d'un personnage dans un des lieux mythiques européens, hier, aujourd'hui ou demain.
Deux moustiques ibériques, Diaz et Panxto, se rendent à Berlin chez leur cousin Sigmund. Ce qui devait être une promenade touristique va se révéler être une aventure hors du commun, où le sort de la « moustiquanité » toute entière va se retrouver entre les pattes de nos trois protagonistes. Les humains sont malades, leur sang est devenu impropre à la consommation et se révèle même dangereux. Les trois compères vont tenter de comprendre pourquoi. Ils se lancent dans une enquête pleine de rebondissements.
De belles idées émaillent le scénario : des statues communistes qui se déplacent dans Berlin, un mur qui refait son apparition, une crise économique lancinante et jetant les exclus dans la rue, des patrons et des actionnaires qui ne pensent qu'à leurs sous… bref des thèmes bien actuels et très intéressant, surfant sur les vagues politiques et sociétales.
Mais la BD ne décolle pas, l'histoire piétine, s'engage dans des voies sans issues, des personnages obscurs apparaissent, disparaissent, qui auraient mérités plus de profondeurs, quelques développements auraient pu être plus poussés. Et c'est bien dommage car l'idée de base est intelligente, les trouvailles sont intéressantes, voire géniales, et humour et suspens sont bien présent mais inégalement exploités.
Mon fils de 9 ans l'a lu. L'histoire lui est apparue trop compliquée, les références historiques et scientifiques ne sont effectivement pas à la portée de ce lectorat. Mais pour toucher un lectorat plus adulte il aurait fallu lui proposer une intrigue plus étoffée et mieux construite.
Restent les dessins qui sont magnifiques, tant dans leurs contours que dans leurs couleurs et tonalités. Rythmés, incisifs, modernes, ils sont la preuve d'un travail appliqué, les codes de la bande dessinée sont maitrisés. Ces dessins ont conquis père et fils, malgré donc un scénario plutôt imparfait.