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3,79

sur 1633 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Dès les premières pages, les premières lignes, on est pris. le début de ce roman biographique relate en effet l'événement de la note 10 aux JO de Montréal qui ne voulait pas s'inscrire car personne ne l'avait prévue, personne n'avait envisagé que ce soit possible !

Pour l'occasion j'ai visionné les performances de Nadia Comaneci lors des journées de ces JO de Montréal : Lola Lafon n'exagère pas : Nadia est incroyable, elle vole ! Je défie quiconque d'arriver à ôter ses yeux de la vidéo lors d'une de ses performances. le problème (non, c'est plutôt un délice !) pour moi avec les biographies, c'est que je passe autant de temps à lire qu'à farfouiller des infos en plus sur Internet ;-)

De temps en temps, on trouvait les commentaires de Nadia C., car les chapitres du livre lui étaient envoyés au fur et à mesure. C'était intéressant et cela ajoutait du poids au véridique même s'il y avait aussi des parties imaginées, ce qu'avoue l'auteure en préambule.

Côté sportif et entraînement, peut-être que c'était cela à l'époque, cette animosité entre concurrentes, mais je trouve qu'elle est dure avec les autres, elle y va fort ! de même, je pensais bien découvrir des conditions d'entraînement cruels, au point de se casser littéralement le cou pour certaines. Mais la violence venait largement aussi des journalistes, notamment l'épisode où Nadia a grossi car elle est réglée, Nadia a une telle honte d'ailleurs de cette "Maladie". C'est réellement révoltant ; selon ces journalistes abjects, il aurait fallu qu'elle s'excuse de devenir femme ! Enfin, bien sûr, il était question de la violence du régime Ceausescu, découverte pour moi de l'horreur pour la population de manière générale. D'ailleurs, à la fin de cette lecture, il n'est plus directement question de Nadia C. mais de la fin de Ceausescu et des événements de fin 1989. Historiquement instructif également.

Le moins que l'on puisse dire, c'est que la vie de Nadia Comaneci méritait très largement un roman !!! Je ne saurais que trop vous recommander cette lecture !

~ Challenge multidéfis 19 : traite de la compétition sportive
~ Plumes fém. 2019 : titre comporte au moins 7 mots
~ Challenge ABC 2019-2020 : L
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Le titre ne m'inspirait pas ...

La couverture encore moins ...

Mais il y a la blogo et son monde impitoyable (bon ok j'exagère), en tous cas la blogo et les groupes qui ont relayé des avis tellement positifs qu'il fallait que j'y fourre mon nez. Et heureusement! J'ai failli passer à coté d'une véritable pépite...

J'ai donc lu un roman qui parle de sport (ça vous épate mademoiselle Marguerite n'est-ce pas?).

Bien que ne sachant pas grand chose de Nadia Comaneci (entendez par là un téléfilm dans mon jeune temps et "c est une gymnaste roumaine"), je redoutais de me retrouver face à une "vraie" biographie (ce qui ne m'intéressait pas des masses). Et bien non (et c'est tant mieux!). Ce bouquin nous parle en effet de la carrière de celle qui fut la première à atteindre la perfection dans l'exercice de son art défiant par là la technologie et l'homme qui ne s'attendait pas à trouver un jour la dite perfection. Pas besoin de romancer, d'en rajouter, de jouer la périlleuse carte de tirage de coeur et d'estomac, tout est dans les faits. Succession d'événements entremêlés de pseudos impressions de la grande championne (car rappelons-le, Mme Lafon n'a pas réellement eu d'échanges avec Nadia Comaneci), ce roman au chapitrage intelligement découpé est une totale réussite qui emporte le lecteur qu'il le veuille ou non.

Cependant, le livre ne s'arrête pas à cela. En effet, il nous livre également l'envers du décor nous poussant à nous poser sur des sujets forts, voire délicats tels que :
- le communisme et la Roumanie de Ceausescu

- la recherche de la perfection et le prix à payer

- la presque folie dans laquelle il est facile de tomber lorsque l'on recherche l'excellence

- le rapport au corps féminin (et à son évolution)

- le sacrifice d'une enfance (ou pas)

- la liberté

Un livre audacieux et très intelligent porté par une plume maîtrisée que je ne connaissais pas. A l'image de son héroïne, Lola Lafon atteint elle aussi la perfection dans ce bouquin après lequel il est dur d'entrer dans une autre histoire. Une totale réussite comme il est bon d'en lire et comme il y en a de moins en moins.

Bravo! Bravo et merci à l'auteure pour cette petite pépite fruit de beaucoup de travail d'écriture, de relecture, et de documentation, je me suis régalée. Et soyons fous, c'est un coup de coeur ni plus ni moins!
Lien : http://desmotssurdespages.ov..
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Il était une fois, un conte où l'héroïne ne se confronte à des épreuves que pour la gloire des autres : son pays, son entraîneur, le tyran (Nicolas Ceausescu), l'équipe.
Ce récit relate le parcours d'une gymnaste roumaine qui est devenue championne du monde à 14 ans, en 1976 et aussi, la politique de l'Europe de l'Est à cette époque. Dans ce récit, comme dans d'autres oeuvres de Lola Lafon, nous pouvons constater combien le corps féminin dans son entièreté est soumis au désir des hommes, jugé, noté, consommé, qu'il s'agisse de danse, de gymnastique, d'études intellectuelles. Mais Nadia soutient qu'elle s'est montré volontaire pour ne pas avoir la vie des autres enfants  « ordinaires, sans but, sans avenir ». Car si Nadia a plu, a séduit le monde entier, c'est bien sûr grâce à ses performances sportives mais aussi parce que son corps était encore celui d'une enfant, petite, sans forme, ressemblant à un ange, à une « Sylphide ». Mais il aura suffit d'une année pour que les journalistes lui reprochent d'avoir grandi, changé, grossi : « la fée » a trahi ses admirateurs en devenant comme « tout le monde », en devenant une femme. Pour Nadia, la transformation du corps féminin est considérée comme une « maladie », « un monstre » à combattre : «  J'évoque dans un mail à Nadia, la ponctuation des articles mentionnant son retour un an après Montréal, ces points d'exclamation qui font concurrence aux points de suspension : « 50 kg !!!!! » Nadia, aujourd'hui est une vraie femme….. », elle confirme : « On ne devrait pas appeler ça de la gym féminine, c'est sûr, les spectateurs ne viennent pas pour voir des femmes… Vous savez, si les lycras de compétitions ont toujours des manches longues, c'est pour cacher les bras des filles. Nos biceps, les veines. Parce qu'il ne faut surtout pas avoir l'air masculines non plus ! ».

Ce roman est rédigé sous forme de dialogues entre l'auteur et Nadia, l'auteur et des proches de Nadia qui témoignent de leur vie à la fin des années 70, de l'univers du sport et de la compétition. Entre récit et véritable reformulation d'emails, de conversations téléphoniques, de courriers, l'auteur apporte une reconstitution sociale et politique autour du monde sportif dans l'Europe de l'Est mais montre surtout combien il est difficile de porter un jugement sur des situations personnelles, sociales et tout simplement, sur l'histoire des gens. Qu'il s'agisse des mauvais traitements subis par les sportives, d'un régime politique totalitaire plus ou moins accepté par des populations habituées à l'obéissance ou qui s'en arrange et qui, comme le dit Nadia, lui a permis de devenir championne. Ce qui est mis en exergue dans ce livre, ce sont les multiples questions et incompréhensions des journalistes, du public face à ce qui ressemble à un manque de réactions devant des violences personnelles, physiques et psychologiques car il est toujours demandé aux « victimes » de se justifier.
Nadia remet souvent à sa place l'auteur qu'elle qualifie de « bien pensante occidentale » qui se fait une opinion à travers une presse corrompue ou des documents trafiqués du régime communiste roumain. Aussi, dans l'épisode de la fuite de Nadia en Amérique, on comprend combien la jeune femme est manipulée car habituée à une discipline de fer, elle fait confiance à ceux qui veulent la guider et accepte en confiance de suivre un homme qui lui promet qu'elle redeviendra championne. Malheureusement, il se trouve que tous ceux qui entourent la jeune femme vont se servir d'elle sans vergogne pour faire de l'argent grâce à sa notoriété : « P. l'a retenue prisonnière sur le territoire américain et lui a volé cinquante mille dollars gagnés en interviews. […] « J'ai raconté que le connaissais bien parce qu'il m'assurait que ça faisait mieux pour obtenir un visa, il m'avait conseillé de dire que ne voulais ni refaire de la gym ni revoir Béla. Il ne me laissait jamais seule. Je n'avais personne vers qui aller. P. et sa femme se parlaient chaque soir au téléphone. le scandale leur a rapporté beaucoup. Il me menaçait de me mettre dans une valise et de me renvoyer en Roumanie pour donner à la Securitate ».

Ce roman que j'ai lu deux fois est riche et soulève bien des questions et beaucoup d'émotions. Dans les romans de Lola Lafon, il y a toujours des mentors, hommes et femmes qui rencontrent des proies, souvent des jeunes filles de familles pauvres ou modestes, ayant des parents honorés par l'attention portés à leurs enfants. Ceux-ci, désireux d'accéder à leurs rêves et en grand besoin de reconnaissances, soucieux de bien faire, de satisfaire la belle dame, les gentils messieurs, sont prêts, parfois à se soumettre, de tout leur corps. C'est la trajectoire qu'a suivi Nadia qui a donné son enfance et son adolescence avec abnégation pour être glorifiée durant quelques courtes années. Son parcours s'arrêtera en 1982, à l'âge de 22 ans.
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Elle a 14 ans quand elle remporte trois 10.00 auns épreuves de gymnastique aux J.O. de Montréal. C'est unique à ce niveau de compétition. Mais qui est Nadia Comaneci?

La narratrice, fascinée par cette époque et cette gamine, enquête. Les rapports avec la Nadia adulte sont compliqués. L'enquêtrice voudrait respecter une certaine chronologie, mais Nadia a des choses à livrer, des choses à taire, des stéréotypes qu'elle ne veut plus entendre venant de l'Occident qui réécrit l'histoire avec ses yeux.

Finalement, l'histoire de Nadia se déroule, tumultueuse, brisée, merveilleuse, courageuse, fascinante, navrante.

La Nadia que nous livre Lola Lafon dans cette biographie fiction c'est tout ça à la fois.

C'est aussi l'occasion de découvrir ou redécouvrir la Roumanie d'avant 1989. L'horreur absolue de la politique des grossesses 😱

La performance littéraire est de haut vol!
N'ayant pas été convaincue par la construction de “Chavirer”, je suis heureuse d'être retournée à la rencontre de cette autrice. C'est du grand, du très grand.

Vous êtes sûrement très nombreux et nombreuses à l'avoir lu, mais si ce n'est pas le cas, c'est vraiment un livre à mettre sur votre PàL.

NB: Je confirme, j'ai en horreur le sport de compétition. Si j'étais présidente du monde, je l'interdirais pour les enfants.
Lien : https://carpentersracontent...
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Que l'on s'intéresse ou non au sport, nous avons tous entendu parler de Nadia Comaneci.
En 1976, aux Jeux Olympiques de Montréal, cette (très) jeune gymnaste roumaine a obtenu la note 10/10, le score parfait. Le compteur n'avait pas été programmé pour cette performance et a affiché 1,00.
« Si vous cherchez un mot pour dire que vous avez vu quelque chose qui était si beau que ça ne disait pas combien c'était beau, dites donc que c'était nadiesque », écrit un éditorialiste québécois.

Dès l'âge de 7 ans, cette enfant a été prise en main pour devenir un produit de propagande roumaine : la guerre contre les sportives russes est déclarée. Rappelons que Ceausescu était anti-soviétique.
Son attitude pugnace, volontaire, disciplinée, déterminée à être toujours la meilleure, la fait décrire comme « une mini-fonctionnaire de l'acrobatie ».
Lola Lafon décortique les entraînements, les prises de médicaments, le manque de nourriture, le manque de sommeil, l'isolement, la privation de la jeunesse.
L'auteur raconte avec un désespoir et une révolte dans le style, comment, la puberté arrivant, Nadia a été critiquée, presque mise au rebut tant elle a déçue, n'obtenant alors que 9,85 !

La construction du roman est habile. Il s'articule autour de courts chapitres mettant en exergue la violence de l'entraînement, la froideur de l'enfant, la dureté des conditions de vie en Roumanie.
Mais ce qui fait la force de ce récit, c'est la retranscription des échanges entre l'auteur et Nadia C. le lecteur est prévenu dès le début : ils sont le pur produit de son imagination. Pourtant, on y croit, d'autant plus qu'elle se sert de ces passages pour offrir un contrepoint aux dérives du communisme. Nadia fait des parallèles entre les mauvais traitements faits aux sportifs au nom du communisme et les tyrannies des sponsors occidentaux au nom de l'argent.
Et le fait est : à la BBC, « Elle racontera (…) comment elle a passé neuf jours sans manger, simplement boire de l'eau tout en s'entraînant pour perdre ces dix kilos de trop. On la félicitera chaleureusement de sa volonté. »
Les Occidentaux saluent la maltraitance des corps et demanderont à l'entraîneur de Nadia C., alors passé à l'Ouest, de produire de nouvelles Nadia.
« …le laboratoire des petites filles, ce système tellement décrié de dressage de gymnastes communistes, l'Ouest l'avait formidablement reproduit dès qu'il avait pu mettre la main sur ses secrets de fabrication. »

Donc, bien que l'auteur prenne partie contre l'esclavage auquel sont soumises les gymnastes au nom du communisme, bien qu'elle décrive le totalitarisme du régime avec force de révolte et dégoût sur ses conséquences sur la vie de ses fillettes, elle a l'intelligence de donner voix à son personnage pour lui permettre d'exprimer les nuances d'un esprit qui a finalement évolué dans un univers en cohérence avec sa volonté de réussir.

Ce roman est une vraie réussite. Je l'ai lu en 2 jours. Je le recommande absolument.
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A-t-on des grilles de lecture différentes d'un même roman selon nos sensibilités, nos intérêts, notre milieu social, notre histoire ? C'est la question que je me suis posée en avançant dans la lecture de la Petite Communiste qui ne souriait jamais de Lola Lafon.

Je n'ai pas l'âme compétitrice, le spectacle à la télé d'enfants prodiges me met mal à l'aise, je ne suis pas ambitieuse et la façon dont le corps des femmes est vue comme un objet par la société est un angle qui m'intéresse particulièrement.

Tout cela a forcément déteint sur ma lecture. Même si Nadia Comaneci s'en défend, je me suis demandée qui sont ces entraîneurs (mais aussi ces maîtres de ballets, professeurs de musique probablement dans d'autres milieux où il faut être le meilleur) qui sacrifient toute la légèreté, l'oisiveté, l'ennui, l'imagination de l'enfance au prix de la performance.

Je n'ai pu que noter la violence du regard des journalistes, des commentateurs sportifs et des juges sur les jeunes gymnastes dont les formes sont vues comme un frein à des résultats excellents. Quand Nadia Comeneci commence à s'arrondir, Bela son entraîneur dit d'elle, qu'elle est "un monstre" ou bien plus loin "quand elle aura repris forme humaine".

Entre les micros planqués chez les gens, le fait que tout le monde espionne tout le monde, la police des menstruations qui sous Ceaucescu oscultait les femmes tous les mois sur leur lieu de travail si elles ne faisaient pas d'enfant, j'ai eu l'impression parfois d'être dans une dystopie.

A travers les échanges qu'elle entretient avec Nadia Comaneci, Lola Lafon met en regard vie à l'Est et vie à l'Ouest "Chez nous, on n'avait rien à désirer. Et chez vous, on est constamment sommés de désirer". Cela m'a ramené au podcast Bookmaker (celui qui lui est consacré et qui m'a donné envie de lire un de ses livres) dans lequel elle expliquait son enfance en Roumanie et son choc, en arrivant en France, de voir l'abondance dans les magasins et des SDF au pied de ceux-ci.

Bref j'ai trouvé ce livre incroyablement riche et je l'ai dévore ! Et vous, vous l'avez lu ?
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Ce roman parle du destin d'une gymnaste roumaine qui à l'âge de 14 ans a obtenu le 10 parfait aux JO de Montréal en 1976 : Nadia Comaneci.
A ce moment précis, elle entre dans l'histoire de la gymnastique et devient une star et l'emblème de la Roumanie.
L'auteure retrace le parcours de cet enfant (de 1969 à 1990) avec son entraîneur Béla à travers une Roumanie communiste et son dictateur Ceausescu.

Mais si le roman de Lola LAFON n'était qu'une rétrospective des faits, il ne serait qu'instructif. Il est plus que ça, il est émouvant car l'auteure ose prendre le risque de s'imaginer des conversations avec l'athlète.
Ils lui permettent de mettre en opposition le monde communiste et capitaliste.
De dénoncer la presse et le monde adulte qui se désintéressent de ces petites filles dont le corps se tranforme à l'adolescence.
De nuancer les propos tels que les entraînements excessifs, l'aventure de Nadia Comaneci avec Nicu Ceaucescu.
Et de revenir sur la fuite de Nadia Comaneci aux Etats Unis quelques jours avant le jugement et la condamnation des époux Ceausescu.

Un conseil : vous avez fini le livre, retournez voir les vidéos des exploits de Nadia Comaneci, vous la regarderez avec un oeil nouveau et avec une émotion forte !
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En 1976, aux Jeux Olympiques de Montréal, le monde entier découvre ébahi, incrédule les exploits de Nadia Comaneci. La « petite fée communiste » va affoler les juges, les ordinateurs, le public par ses prouesses impossibles.
Dans » La petite communiste qui ne souriait jamais » Lola Lafon nous rappelle son histoire. Nous sommes loin d'une biographie où l'auteur nous assénerait ses vérités d'une manière péremptoire. Tout au long de ces chapitres courts, Lola Lafon tente plutôt de s'approcher de son personnage, d'ailleurs, elle entretient une correspondance fictive avec Nadia qui n'hésite pas à la contredire, voire à brouiller les pistes.
Et on découvre l'histoire d'une enfant, d'autres enfants qui ne vivent que pour la gymnastique. Chaperonnées par un manager qui leur impose un discipline de fer, leur corps de petite fille devient bientôt une fabrique à médailles. Ce livre est aussi la peinture d'une époque, d'un pays : la Roumanie. Ceausescu apparait d'abord comme un chef d'état reconnu à l'Ouest car n'hésitant pas à s'opposer au géant soviétique. Seulement, le miroir se fissure. le camarade devient un dictateur qui mène son pays d'une main de fer entretenant un culte de la personnalité dont Nadia, poupée soumise n'est qu'une marionnette.
Au fil des pages, l'enfant grandit et souffre de la « maladie « de devenir femme. On voit alors la décadence d'une icône car le sport ne peut accepter les changements . Corps d'une adolescente qu'on a adulé, corps d'une femme que l'on va honnir car incapable de reproduire l'état de grâce antérieur.
L'écriture de Lola Lafon est précise parfois sèche quand elle cherche à scander ces corps, quand elle regroupe témoignages, regards sur cette époque. Un des derniers chapitres est consacré à son voyage à Bucarest. Un pays qui malgré sa révolution, souffre des nouveaux maux capitalistes, un pays qui peut-être doit construire son histoire.
Pour terminer, ce livre n'est pas sans poser d'autres questions plus contemporaines que je vous invite à découvrir. Si Nadia Comaneci est inconnue pour certains jeunes, elle reste sans doute l'une des athlètes les plus connues du siècle précédent.
J'ai regardé les extraits de ses prestations en cherchant un sourire, un imperceptible sourire.
Difficile de savoir que cachait ce visage encore enfantin.
Parce qu' elle s'en est si bien approchée, Lola Lafon doit savoir. Peut-être….
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Discipline, politique et récit. Trois mots pour désigner ma dernière lecture.
L'autrice raconte la jeunesse de Nadia Comăneci. Une fille issue d'une famille modeste qui deviendra une athlète. Inespéré. On suit cette gymnaste roumaine à travers son enfance, ses entraînements, ses compétitions. On explore ce monde fait de rigueur, de discipline et de sacrifices. Les exercices répétés mille fois, la prise du moindre gramme calculée, la lutte contre le corps de femme.
La jeune fille gagne. D'abord un peu, et puis toujours. La mécanique parfaite. Elle multiplie les exploits et reste aujourd'hui l'une des gymnases les plus (re)connues au monde. Érigée en symbole de la réussite du pays, elle parade, médailles autour du cou. Sans un sourire. Derrière ses saltos et ses figures, c'est le communisme et le capitalisme qui s'affrontent.
L'autrice raconte. Nadia aussi.

Je ne peux que vous le conseiller !
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Nadia Comaneci, jeune gymnaste roumaine qui éclaboussa de son talent les Jeux Olympiques de Montréal, en 1976, si vous ne connaissez pas, les vidéos mises en ligne permettent de découvrir ses exploits ou de se rafraîchir la mémoire. Avant elle, le 10 n'existait pas en gymnastique. Quand les juges ont voulu lui attribuer la note parfaite pour ce qu'elle venait de réaliser, la banque de données de Longines a sauté, le tableau lumineux ne pouvant afficher que : 1,00 !!!
Nadia n'a que 14 ans mais Béla Károlyí et son épouse, Martá, la font travailler très dur depuis près de huit ans, avec d'autres filles d'Onesti, petite ville située à près de 500 km au nord de Bucarest. Nadia « ne sculpte pas l'espace, elle est l'espace… La grâce, la précision, l'amplitude des gestes, le risque et la puissance sans qu'on n'en voie rien ! »
Lola Lafon connaît bien ce pays pour y avoir grandi. Elle raconte ce que fut Nadia jusqu'à sa fuite du pays quinze jours avant la chute de Ceausescu, plongeant dans la vie quotidienne des Roumains, leurs souffrances, leurs difficultés, sans oublier de mentionner les avantages d'un régime se voulant égalitaire avant de dériver, hélas, vers un totalitarisme ridicule.
La lecture de ce roman est passionnante de bout en bout grâce au talent de l'auteure qui a su mener à bien un dialogue imaginaire avec Nadia C. qui vit maintenant aux États-Unis. Cela lui permet de confronter les différentes versions de la vie de la championne et du monde qui l'entoure. Dans une vie, tout n'est pas blanc ou noir comme on tente trop souvent de nous le faire croire mais c'est justement la confrontation entre des récits différents des mêmes faits qui permet de se forger une opinion.
L'auteure nous fait partager le quotidien de ces petites championnes, sportives de haut niveau obligées de calculer tout ce qu'elles mangent, de subir des entraînements de plus en plus poussés avec les conséquences qui s'appellent claquages, entorses et les médicaments qui suivent : anti-inflammatoires, antidouleurs, corticoïdes… Parfois, les figures les plus étonnantes sont créées à partir d'une erreur très dangereuse mais Nadia, parvenait à écarter le danger.
Pour Nadia, le temps passe et elle devient femme. Elle a toujours envie de manger, rêve qu'elle mange alors que son corps subit les ampoules, les minuscules coupures, les bleus aux cuisses, les fibres musculaires qui lâchent, les tendons claqués et la codéine, la cortisone… Elle se sent laide, informe alors qu'elle subit cette « Maladie », ces règles qu'elle ne supporte pas. Ayant quitté Béla pour Bucarest, elle sort, danse, flirte avec un garçon, mange, ne s'entraîne plus. Elle est devenue « un monstre ».
Lola Lafon parle alors du sort des Roumaines obligées d'avoir des enfants, subissant « la police des menstruations » jusque sur leur lieu de travail. Puis c'est la chute des Ceausescu, fin 1989, Nadia est aux USA « réfugiée politique » dont l'image est ternie. Elle a 28 ans… Une autre vie commence mais ce qu'elle a réalisé en tant que sportive ne s'effacera pas.


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