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Dans ce récit une fois de plus poignant et sensible, Lola Lafon décrit au moyen d'une plume singulière des sentiments et interrogations qui confinent à la fois à l'universel et à nos quotidiens particuliers. C'est un véritable manifeste qui appelle à la révolte politique, la lutte contre le patriarcat et la résistance poétique sur fond de lucidité, d'amour et de sororité. Un roman de rage, riche et instructif !
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Je n'avais jamais lu Lola LAfon, avais été tentée par la petite communiste puis non, l'occasion ne s'étant pas présentée. C'est ce livre qui m'est venu, de par sa couverture que je trouve touchante et son titre, le tout m'a interpellé. Que pouvait bien cacher ce roman ? Je me doutais bien qu'il était un peu en marge.
Ce fut une lecture étrange, comme un feu d'artifice aux mille couleurs, aux éclats surprenants, des chorégraphies sublimes, redoutant malgré tout le bouquet final.
Trois personnages marqués, blessés, qui portent leur souffrance, leur fardeau, partagent, tentent, aident, s'allègent, se réfugient, mais tous ces verbes ne s'enfilent pas comme des perles. Ça donne un ensemble orignal et à la fois étrange, tout ce mélange de sujets qui s'effleurent sans vraiment se confondre, c'est bien mené, troublant mais captivant, émouvant aussi.
Une très belle découverte
On ne peut pas en dire trop, sans compromettre la délicatesse du sujet, et laisser pénétrer le futur lecteur sans balises, qu'il prenne plaisir à mettre ses propres marques. L'inconnu est plus propice à ce genre de roman.
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Je vais faire court, attendu qu'il s'agit d'un rendez-vous manqué.
C'est exactement le genre de livre qui m'aurait donné des ailes, si je l'avais lu à 20 ans. Ce mélange de poésie, de délicatesse, de révolte et de politique m'aurait em-bal-lée ; j'en aurais fait mon livre de chevet, et aurais annoté chaque page.
Mais voilà, je n'ai plus 20 ans, et cette histoire de filles ("fifilles", comme s'appellent deux d'entre elles) révoltées contre la société, m'a plutôt lassée.
Toutefois, j'ai apprécié le côté "prémonitoire" de ce roman, publié en 2011, qui annonce déjà #Metoo et les Indignés, même si les multiples attaques anti-Sarko (qui n'est jamais nommé, et pour lequel je n'ai toujours aucune sympathie) m'ont agacée (ce que c'est, que de vieillir...).
J'avais adoré "la petite communiste qui ne souriait jamais", et je suis donc déçue par ce roman. Mais il ne m'empêchera pas de poursuivre ma découverte de l'oeuvre de Lola Lafon, dont le style et la profondeur méritent vraiment le détour.
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« Ceci est le journal de ta mort subite. » (p. 11) Emile, la meilleure amie, la presque soeur, de la narratrice s'effondre dans un café. Reliée à des machines, le corps à 33°, Emile est morte. Son coeur s'est arrêté. Une autre machine la ramène, le coeur d'Emile repart. « Quand j'ai commencé à prendre des notes, il me semblait que tant que je t'écrivais tu ne mourrais pas. » (p. 125) Pendant les quelques jours où Emile n'est pas, la narratrice écrit leur histoire, leur amitié fondée sur le viol, leur passion commune pour la danse ique. Et lentement, la narratrice dévoile ses peurs, raconte la danseuse qu'elle n'est plus, la victime qu'on refuse de défendre. Après tout, elle n'est qu'une « petite Roumaine pâle aux vêtements soigneusement choisis le matin pour « faire sérieuse », assise droite sur la chaine d'une institution du pays des droits de l'homme. » (p. 306)

Un soir, la narratrice rencontre la Petite Fille au Bout du Chemin. Qui est-elle, celle-là qui lit et relit une notice de médicaments, qui écrit et recopie des pages entières ? N'est-elle que la copie d'un vieux film ? Non, elle est un des oiseaux de la tempête qui s'annonce. La Petite Fille au Bout du Chemin donne un nom à la danseuse brisée qui devient Voltairine. Ensemble, elles s'engagent sur la voie du Non : non à l'injustice, non au silence complaisant. La Petite Fille lance des questions au monde comme autant de passerelles entre les êtres. Ses banderoles et ses tags sont des devoirs de mémoire et des appels à la contestation.

Le récit s'inscrit dans un paysage où flotte le spectre d'une Élection passée. Est-ce un monde légèrement futuriste ou la mise en scène de ce qui aurait pu être après un certain scrutin ? La répression, le racisme, les violences policières, tout cela nous est connu, mais on ressent un léger décalage, une terreur insidieuse se glisse en toute chose. L'Élection fait référence à une pratique démocratique, mais tout pointe un état policier, un glissement vers la dictature. « Depuis l'Élection, tu peux bien chercher, l'évasion cérébrale, même momentanée, est impossible ! Enfin, c'est plutôt qu'elle nous est vendue comme impensable et dépassée, oui, comme un truc d'un autre siècle de se bagarrer. » (p. 172) Maintenant, il faut rester dans le rang, agir normalement. « Normalement », ce sont les normes du régime bien entendu. La Petite Fille, incarnation lumineuse de la Justice, ne prône pas l'anarchie mais appelle à l'insurrection, seule façon de rester vivant. Toutefois, bien que fortes de leurs idéaux et d'un idéal de liberté, les Petites Filles au Bout du Chemin ne peuvent échapper à l'institution policière qui semble s'installer partout. le moule aveugle du bien-pensant n'en finit pas de vouloir se refermer sur elles. « N'être coupable de rien quand on est griffée de tout rend l'innocence bien pesante. » (p. 245)

La danseuse Sylvie Guillem (Mademoiselle Non) et l'anarchiste Voltairine de Cleyre traversent à l'envi les pages de ce merveilleux roman. Qu'incarnent-elles si ce n'est le mouvement ? Alors que la plus sublime féminité exsude des pages, on entend la voix de toutes les femmes qui ont dit Non, qui l'ont répété et qui, devant l'évidente mauvaise foi du monde, ont décidé qu'elles ne se tairaient plus, au risque d'y perdre toutes leurs plumes.

Au journal initial se mêle les écrits de la Petite Fille au Bout du Chemin. Puis le journal devient mémoire pour répondre à la question : quelle est mon erreur ? Refusant toutes les notices du monde moderne qui emprisonnent le mouvement et la liberté, le roman suit des enchaînements oniriques et invisibles, mais où tout fait sens. Comme dans un merveilleux ballet, chaque geste parfait repose sur une infinité de détentes et d'élans que l'on n'a pas vus. Lola Lafon mesure le rythme de ses phrases, voire de ses mots. Tout est respiration. Il ne s'agit pas de mesurer son souffle, non il faut l'expulser, s'en faire crever les côtes, tout donner dans la course folle et haleter dans l'émotion.

Il y a des textes qui happent dès la première page. Nous sommes les oiseaux de la tempête qui s'annonce est de ceux-là. La quatrième de couverture parle d'un « conte insurrectionnel ». Oui, mais pas seulement. C'est un hymne à la fille présente en chaque femme, c'est une ode à la révolte dans les sociétés grises. Et surtout, c'est un roman comme j'aimerais en lire davantage : impeccablement construit, tendu vers l'au-delà des mots, nourri de musique et de danse, porté par une écriture ciselée, pudique et incroyablement puissante.
Lien : http://lililectrice.canalblo..
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C'est La petite communiste qui ne souriait jamais qui m'a donné envie de découvrir un peu plus Lola Lafon. J'avais tant aimé ce livre que c'est avec une pointe d'appréhension que j'ai ouvert celui-là. « Et si je n'accrochais pas ? Et si Nadia refusait de laisser un peu de place pour quelqu'un d'autre ? »

Mais Nadia a accepté de me partager avec la narratrice, surnommée Voltairine, avec Emile et avec la Petite Fille au Bout du Chemin. Les deux premières, liées par la danse, mais aussi par un événement terrible qui les a tuées pour les faire renaître. La troisième qui les entraîne dans une rébellion qu'elles n'auraient jamais envisagée.
« La Folle. La Morte. La Taularde. Les trois dégueulasses. Les filles de rien du tout. L'Elfe ratée. La Tarée. La Revenante. Les Petites Filles au Bout du Chemin. »
J'ai côtoyé Emile sur un lit d'hôpital alors qu'elle venait de mourir subitement pour renaître ensuite, j'ai découvert l'histoire de Voltairine au fil de ses confidences écrites, j'ai rencontré la Petite Fille au Bout du Chemin à la sortie d'une séance à la Cinémathèque. Trois filles flamboyantes, perdues et fortes, ne recherchant qu'une chose : la liberté. Liberté pour les étrangers, liberté pour les femmes, liberté pour ceux qui ne collent pas à la norme.

Les héroïnes de Lola Lafon sont poignantes car elles semblent chercher quelque chose qui finalement n'arrive jamais. Elles ont férocement envie de vivre, de vivre leur vie et non celle qu'on tente de leur imposer. Cette férocité, elle est dans l'écriture de Lola Lafon. Sauvagement poétique. Au rythme des mots, sur la partition des pages, Mademoiselle Non alias Sylvie Guillem, les Enervés de Jumièges et l'anarchiste Voltairine de Cleyre viennent danser autour de nos trois Petites Filles.
Nous sommes les oiseaux de la tempête qui s'annonce est un manifeste pour la liberté. Déchirez les liens qui vous enserrent ! Ne laissez pas la société vous dicter votre conduite ! Donnez un sens à votre vie ! Levez la tête et cessez de regarder vos pieds ! « Mais qui a coupé vos nerfs ? »

On s'interroge sur nos vies, sur notre quotidien, sur les choses qui importent. Un soupçon de politique et on réfléchit sur les décisions prises chaque jour en haut lieu, sur les discours éternellement répétés. Efficace. Pas de déception, juste un amour renouvelé pour la littérature.

Tourbillonnant et puissant, ce livre est une claque. Un souffle révolté à la fois nerveux et lucide qui secoue et dévaste tout en fortifiant. Une tempête annoncée dès la première page : « Ceci est le journal de ta mort subite. »
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Un beau livre dont le sujet principal me semble être l'amitié entre femmes, ou plutôt sur la portée politique des amitiés, sur la façon de créer des liens qui deviennent des actes de résistance.
Trois femmes se battent et survivent ensemble face aux pouvoirs de l'état, de la maladie, de la psychiatrie, du patriarcat. Dans leur façon de se battre, la poésie et l'affichage sauvage se mêlent à quelques actions plus violentes. Mais c'est surtout leur façon de vivre ensemble, de prendre soin les unes des autres qui devient le vrai acte de résistance. C'est donc avant tout un roman sur l'amitié.
Le sujet est beau, la révolte poétique présente à chaque page suffit à maintenir la lecture malgré un manque de construction et une langue parfois faible.
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(Billet écrit en mai 2011)

Ce roman, c'est le portrait mouvant de trois jeunes femmes qui entrent en résistance.
Il y a tout d'abord Emile que l'on croit morte d'un coeur trop fragile et son amie, sa presque-soeur la narratrice qui a cessé de danser ; toutes deux ont déjà été malmenées par la vie, et subissent la torpeur ambiante, anesthésiées dans une société française toujours plus répressive depuis l'Election.
Puis il y a la petite fille au bout du chemin qui brandissant ses références historiques, littéraires, cinématographiques, interroge tout, n'admet rien au point de sembler perdre pied au regard des biens pensants.
C'est leur rencontre et leur amitié qui créent l'étincelle.
A elles trois, la sensibilité à fleur de peau, elles vont mettre des mots sur leur colère, concevoir leur révolte et se mettre en mouvement.
Nous sommes les oiseaux de la tempête est un livre qui bouscule, qui réveille, mais c'est aussi livre magnifiquement écrit et empli de poésie.
Des livres comme celui-ci on en aimerait plus souvent. Merci Lola.
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Lorsque sa meilleure amie s'écroule dans un café, victime d'une mort subite, la narratrice commence le récit de leur vie, de leur rencontre et de ce qui se passera par la suite. Et le lecteur de cette histoire ira de surprise en surprise, apprenant petit à petit ce qui réunit ces deux femmes et ce qui les rapprochera d'une autre, entre autres : le besoin de vivre, de s'émanciper mais surtout de liberté. Un conte poétique et un souffle de révolte qu'il vous faut découvrir par vous-mêmes.
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Lola Lafon a la parole franche et le regard désabusé des observateurs circonspects de la marche du monde. Ses textes sont puissants et politiques, avec une pointe d'humour amer qui aiguise la révolte en l'habillant de recul. Les textes de Lola Lafon sont magnifiques, sans chercher l'esbroufe ou la posture. Directs et Volatiles.

L'histoire commence avec une tempête qui ne s'arrête qu'à la dernière page.

Dès le départ, le ton est donné. Des phrases courtes, rythmées, ciselées. Trois parties constituent la lecture avec des chapitres ayant des titres ou non. Des chapitres souvent très court, d'une, deux ou trois pages. Ceci donnant, accentuant le rythme de la lecture. Lecture pas toujours facile au demeurant ! Accessible mais pas facile. Je n'ai pas réussi à partir dans une lecture rapide malgré le rythme donné ... Je me suis retrouvé à prendre mon pas dans cette lecture, mon pas de danse qui s'est posé au fur et à mesure.

Lien : http://alamagie-des-yeux-dol..
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Un roman foisonnant dans lequel il est question d'arrêt du coeur, de cinémathèque, de danse classique, de banderoles et de révolte jusqu'au bout du chemin.
Un roman féministe visionnaire - écrit il y a 10 ans et c'en est troublant.
Un tourbillon de mots et de pensées, qui rend le texte tantôt bouleversant, tantôt fatiguant. Certains passages m'ont retourné : d'une force à me faire flancher. Même si j'en ai lu d'autres en pointillé tant j'ai eu du mal à suivre.
Ça n'est pas le roman le plus accessible de l'auteure. Souvent trop délié.
Mais je suis à nouveau soufflée par sa plume unique, virevoltante et carré à la fois. Par son art du portrait, son sens du détail dans un tout souvent mouvant, décalé. Par sa colère digne, son élégance, son énergie.
Un roman qui ne sera pas mon préféré de l'auteure, mais sa lecture a fait d'elle une écrivaine à jamais dans mon coeur.
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