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4,3

sur 2011 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Pour les besoins de la collection « Ma nuit au musée », Lola Lafon a passé une nuit à Amsterdam, au Musée Anne Frank, dans l'Annexe. L'Annexe c'est ces quelques pièces exiguës où Anne a passé vingt-cinq mois, cachée en compagnie de sept autres personnes dont son père Otto et sa soeur Margot.
Nous prendrons connaissance avec elle de ce qui reste et de ce qui a pu être sauvé de cette présence. L'essentiel est bien sûr le journal d'Anne dont les conditions de rédaction nous sont relatées avec précision ainsi que, plus tard, le processus d'édition du document.
On imagine avec elle les conditions terribles de cette réclusion et de sa fin.
Ce sera aussi une épreuve pour l'auteure, d'autant plus qu'elle même est juive et que ses grands-parents maternels ont souffert de l'antisémitisme pendant la guerre.
Voilà un livre, une enquête et une quête, écrit avec sensibilité, justesse et pudeur, une tentative réussie pour combler un vide : celui d'une adolescente privée de sa vie, sans autre raison que ses origines. Innommable, une fois de plus. Que dire d'autre, nous n'avons pas les mots ?
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« Quant tu écouteras cette chanson, tu penseras à moi.
P.S : Ne m'oublie pas trop vite quand même ».
Il y a plusieurs personnes à ne pas oublier à cette lecture, plusieurs personnes qui sont mortes et que l'autrice voulait fixer sur le papier pour ne pas les perdre, pour se souvenir, pour transmettre. Il y a tous les morts de sa famille, tous ces trous, ces branches sciées dans son arbre généalogique, morts dans les ghettos, dans les camps d'extermination, victimes sans tombe de la Seconde Guerre Mondiale. C'est aussi sa grand-mère, juive polonaise exilée en France, rescapée mais traumatisée, qui « n'a eu le temps et le loisir » d'apprendre le français qu'à 60 ans passées, mais qui est une amoureuse des mots et de la littérature, et qui transmet à sa petite-fille le goût de la lecture et de l'écriture. Il y a aussi le « jeune homme au pull marin », si important pour l'autrice qu'elle n'avait encore jamais réussi à parler et encore moins à écrire sur lui, si important qu'elle ne réussit finalement à l'évoquer que dans la chambre même d'Anne Franck. Par-delà les années, par-delà la mort, elle les réunit. Les contextes historique et géographique sont différents, mais ce sont deux jeunes gens victimes de la barbarie d'un Etat totalitaire qui haït ceux qui s'écartent de son idéal, ceux qui réfléchissent, ceux qui écrivent et ceux qui lisent.
Ce texte dit donc plus sur Lola Lafon - dont je ne connaissais pas l'oeuvre, que j'ai envie de découvrir à présent, que sur Anne Franck. Mais ce qui rapproche les deux femmes, ou ce qui rapproche Lola Lafon adolescente d'Anne Franck, c'est justement leur goût pour l'écriture, revendiquée comme un moyen pour s'accrocher à la vie, voire pour survivre.
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Je ne connaissais pas le principe de "une nuit au musée", je l'avoue et j'ai donc été surprise par ce concept original.
J'ai trouvé ce livre par hasard à ma petite médiathèque et je l'ai emprunté justement parce qu'il ne s'agissait pas d'un récit de plus de la vie d'Anne Frank.
J'ai rapidement été emportée par le récit en "conversation" de l'auteur. J'ai apprécié son audace à dire que la jeune Anne Frank a souvent été "utilisée" à l'excès, que trop de gens se l'approprient.
J'ai aimé que Lola Lafon évoque la soeur aînée d'Anne Frank dont le journal a été perdu (ou est conservé en secret). Qu'aurait raconté cette jeune fille ?
Il est très honnête aussi de rappeler que la jeune Anne avait remanié son journal dans l'espoir de le proposer un jour à un éditeur, mais aussi que les versions diffusées dans le monde entier sont expurgées de certains passages qui d'ailleurs diffèrent selon les pays et les cultures. Pour ma part, je l'ignorais.
Enfin, les souvenirs personnels de l'auteur apportent un plus, de la vie, de l'authenticité au-delà du temps.
Je recommande cette lecture!
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Treizième opus de la collection ouverte par les éditions Stock, « Quand tu écouteras cette chanson » nous emmène avec Lola Lafon dans un lieu qui n'est pas un musée comme les autres. le marché de l'art n'y a que peu à faire, pas de tableaux, de sculpture ou d'objet précieux. Il s'agit d'une simple maison, comme partout en Europe il y en eu des milliers, dans lesquelles des hommes sont entrés de force pour y arrêter leurs occupants parce qu'ils étaient juifs, et les mener vers une exécution systématique, industrielle, massive, pensée, préparée par d'autres hommes. Cette maison- là pourtant a quelque chose de particulier, qui tient à la fois à l'écriture et à l'enfance, parce que la voix d'Anne en prenant forme dans l'écrit se mue en cri universel, et parle à tous, au-delà du temps, au-delà des frontières.
Lola Lafon a choisi d'entrer dans la série « Ma nuit au musée » parce que ce lieu précisément fait sens pour elle, parce qu'il convoque sa mémoire, directement, sans détour possible, en l'obligeant à regarder sa propre histoire, pour en relier le fil à celui de la tragédie humaine qui s'est jouée en Europe avec la Shoah.
Celle nuit dans la maison d'Anne Franck est pour elle un voyage dans son passé, elle rappelle ce que fut son éveil lent vers la conscience, elle nous y associe pas à pas : « L'histoire des juifs d'Europe centrale, je m'en suis écartée à l'adolescence ». Parallèlement, elle s'immerge dans l'oeuvre littéraire d'Anne Franck, lui redonne ses lettres de noblesse, son originalité absolue dans le fond et dans la forme de l'écriture.
Il y a toutefois un terrain qui est resté absent : un lieu de mémoire comme celui -là peut-il être un musée comme un autre ? - la Mémoire trouve- t-elle sa juste place dans la muséographie, quelles sont les limites de la mise en scène ?
J'ai visité en 1994 la maison d'Anne Franck, sur les bords du Prinzengracht, une maison qui ressemble à toutes celles du quartier, pas grand-chose ne l'en distingue. J'y suis retournée cet été. La maison est toujours là mais éclipsée par un bâtiment tout neuf, qui abrite le musée, et par lequel on finit par accéder à la maison, en sortant comme dans tous les bons musées qui se respectent par la librairie et ses produits marketing autour d'Anne Franck.
J'aurais aimé une réflexion sur les dérives de la muséographie de la Mémoire, c'est une question que Lola Lafon n'aborde pas du tout, certainement parce que l'écho dans sa propre vie de la vie d'Anne Franck a occulté le reste.
Un récit est convaincant, clair et précis, son épilogue renvoie le lecteur à d'autres génocides, l'universalité du texte d'Anne Franck y puise la confirmation de sa force absolue.
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Dans le cadre de leur collection « Ma nuit au musée », les éditions Stock proposent aux auteurs de passer une nuit dans le musée de leur choix pour faire naître une histoire. Lola Lafon a fait le choix audacieux de se rendre dans la Maison d'Anne Frank à Amsterdam. Outre le musée ouvert au public, elle a également eu accès à l'Annexe, la maison dans laquelle la jeune fille a vécu clandestinement durant plusieurs mois avec sa famille, lors de la Seconde Guerre Mondiale. Vous l'aurez compris, ce roman n'est donc pas une fiction mais le récit de l'expérience de l'autrice, couplée à ses recherches et ses rencontres.

⭐️ 𝗠𝗼𝗻 𝗮𝘃𝗶𝘀 : J'ai découvert l'histoire d'Anne Frank sous un autre angle. On s'aperçoit à notre lecture que son Journal a tellement été révisé qu'on sait finalement peu de choses sur elle. Nombreux sont les producteurs qui ont voulu occulter l'horreur au profit d'une adaptation romancée de son oeuvre. On en apprend aussi plus sur Otto Frank, son père, qui a tout fait pour retrouver ses filles et a été dévasté par leur perte. J'ai également été touchée par sa soeur Margot, d'habitude si transparente, qui est ici mise en avant. Enfin, ce récit met l'accent sur le courage et l'optimisme qui caractérisaient Anne Frank. La plume de l'autrice est douce, elle sonne juste dans ce lieu où l'absence domine. Étant elle-même juive, Lola Lafon fait le lien avec sa propre histoire familiale, celle de ses grands-parents notamment, et ce roman prend tout son sens.
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Livre reçu dans le cadre du Prix des lecteurs catégorie Littérature.

Ce livre, très émouvant témoignage, est aussi un beau récit qui mêle histoires personnelles et L Histoire par le truchement d'Anne Frank. Ce qu'elle représente, comment elle se définit et ce chapitre particulier de l'histoire récente.
On y lit beaucoup de pudeur, de sensibilité, de questionnement. Comment vit-on quand on a été victimes de moments éprouvants? D'atrocités ? Quelle direction prend notre place auprès du reste de l'humanité ? Qu'en est-il des descendants ? Ce qu'on transmet et ce qu'on veut leur épargner mais qui transpire quand même.
Je n'ai cessé de penser à la série basée sur la biographie de Miep Gies "une lueur dans la nuit" lors des passages sur Otto Frank et sa famille. Comment ils ont pu être aidés, comment son activité a pu se poursuivre, la survie de la famille dans cet espace si restreint.
J'ai énormément aimé le parallèle du personnage qui offre la clé pour achever son "pèlerinage "
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Dans ce roman poignant, l'auteure nous ouvre les portes de l'Annexe, cet espace emblématique où Anne Frank et sa famille ont vécu dans l'ombre de l'horreur nazie. En partageant son expérience personnelle et intime de cette nuit passée dans ce lieu de mémoire devenu aujourd'hui musée, elle rend un vibrant hommage à Anne, sa soeur Margot et ses parents, et à tous ceux qui les ont accompagnés dans leur clandestinité.

Au fil des pages, ce récit intime se mue en une réflexion profonde sur l'histoire de sa propre famille, tissant avec délicatesse les liens entre son propre vécu et celui des Frank. Avec une sensibilité touchante, l'auteure confronte les fantômes de son passé, offrant ainsi au lecteur une exploration émouvante et captivante.

La construction narrative est habile et originale, naviguant entre l'évocation du journal d'Anne Frank et d'autres tragédies humaines, telles que les déportations de la Shoah, les souffrances sous la dictature de Ceausescu en Roumanie ou encore les atrocités perpétrées par les Khmers rouges au Cambodge. Cette mise en perspective élargit le propos et donne à réfléchir sur les multiples facettes de l'oppression et de la résilience humaine.

La plume de l'auteure est à la fois sensible et percutante. Son écriture est sincère et juste.
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S'enfermer volontairement dans l'annexe ou vécue Anne Frank et ses colocataires est en soi une idée un peu étrange, mais aller au bout de cette idée-là est une épreuve retranscrite dans un superbe livre de peu de mots, dont chacun est choisi avec soin pour que le ressenti prenne le dessus sur la pensée.
L'autrice laisse remonter son histoire personnelle, croise sa judaïcité à celle d'une ado de 14 ans qui survie dans le silence et crie dans un cahier.
Elle donne un autre visage à ce journal lu et finalement oublié et mal analysé quand on a 14 ans soi-même.
C'est un exercice physique et émotionnel qui s'inscrit dans la chair du lecteur.
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J'ai découvert cette lecture grâce au bouche à oreilles. Et je ne regrette pas d'avoir suivi le conseil.

Ce titre a reçu le prix 2022 Les Inrockuptibles. Il a été publié chez Stock en août 2022 et fait partie de la collection Ma nuit au musée.
Lola Lafon s'est prêtée à l'exercice en choisissant de passer une nuit dans l'Annexe, la cachette occupée par Anne Frank et sa famille pendant la seconde guerre mondiale.

Tout d'abord, j'aime beaucoup le concept et je compte bien lire d'autres récits de cette collection.

En ce qui concerne l'ouvrage de Lola Lafon en lui-même, j'ai vraiment apprécié cette lecture qui est courte et simple à lire. C'était un moment agréable et récréatif.


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En 2021, l'auteur a demandé à passer une nuit dans la maison où Anne Franck s'était caché durant la guerre. Derrière cette demande, c'est toute une histoire familiale qui revit. L'auteur, de famille juive, a entendu nombre d'histoires à ce sujet autour d'elle. Elle-même, née en Roumanie, a du quitter son pays dans son enfance pour venir en France. Alors, l'antisémitisme forcené ou larvé, elle connait. Les préjuges contre les étrangers, elle connaît aussi. le vécu similaire de personnes qui l'entourent également. Elle raconte d'ailleurs, à la fin, l'histoire d'une rencontre, dans son enfance, d'un jeune Cambodgien, fils de diplomates, qui a du rentrer avec ses parents au Cambodge à l'époque des Khmers rouges. On se doute de leur destinée. En complément, elle nous parle de la famille d'Ane Franck, du retour, après la guerre, de son père et de l'itinéraire du livre d'Anne Franck. Savez-vous qu'en 1947/48, les Allemands voulaient bien le publier mais enlevant toute référence au nazisme et à l'antisémite pour ne heurter les gens ? Savez-vous q'il y a eu et qu'il y a des théories sur l'invention d'Anne Franck ?
Un livre écrit d'une plume légère, qui se lit bien, et pourtant qui est profond et vous fait sentir les émotions de cette nuit dans ce lieu tragique.
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