Dans l'impeccable collection « ma nuit au musée » imaginée par les éditions Stock,
Lola Lafon, au coeur de la pandémie de la Covid 19, arrive à Amsterdam pour passer une nuit entière, non pas dans un musée de beaux-arts, mais dans l'Annexe, où vécurent cachés
Anne Frank, sa famille et plusieurs autres juifs avant d'être arrêtés, déportés pour finir exterminés. On connait l'histoire : seul le père, Otto, a survécu. de retour au Pays-Bas, son assistante lui remet le journal de sa fille Anne, miraculeusement récupéré. Au fil des années, le journal devient un des livres les plus lus au monde, presque un passage obligé pour les jeunes filles. le visage d'Anne se transforme en icone, l'Annexe en lieu de mémoire.
Ce choix de destination apparait comme une évidence pour
Lola Lafon tant la figure de la jeune fille et de l'enfermement transversent son oeuvre, mais c'est la première fois sa propre judéité y entre en résonnance avec pudeur et délicatesse.
Alors que le silence de la nuit fait place au brouhaha du jour,
Lola Lafon s'enfonce peu à peu dans sa propre histoire pour en extraire les mémoires enfouies. Pourtant, la figure mythique de la jeune fille disparue prend progressivement toute sa place. L'absente si présente devient le révélateur de l'antisémitisme et du négationniste nauséabond. Quelle que soit la période, on préfère les images aseptisées hollywoodiennes à une réalité plus crue.
Avec beaucoup de finesse mais aussi de force, dans son dialogue indirect avec
Anne Frank, l'autrice nous dit à la fois les espérances et la révolte adolescente mais aussi la permanence de la répression, de la haine d'autrui et de la misogynie.