Deuxième jour d'attente... La lune vient de se coucher, derrière la montagne. Le soleil n'est pas encore levé. La petit ville frontière, cramponnée à la pente, domine la vallée, dans le silence de la nuit. Seul, le bruit du torrent. Bientôt viendront, dès que le soleil aura touché de rose les sommets, les chansons patriotiques diffusées par le poste frontière chinois. Puis tout s'éveillera, lorsque le soleil aura atteint le fond de la vallée, et illuminera l'arc triomphal laqué de vermillon criard, de bienvenue en Chine.
Le voyage au Tibet m'attirait depuis longtemps, puisqu'ici la doctrine s'est parée d'un art exceptionnel (comment s'intéresser aux idées sans images?): Lhassa était donc, pour moi comme pour tant d'autres, une sorte de but ultime, de mythe géographique, d'autant plus désirable, bien sûr, qu'il était inaccessible... Si l'Inde était le paradis retrouvé, le Tibet représentait encore plus: la possibilité de s'en passer, la liberté retrouvée. Alors, pourquoi aller plus loin?