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sur 989 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Comme tous les lecteurs j'imagine, j'ai été bouleversé par ce récit dramatique. Je ne vois pas comment il pourrait en être autrement. Lorsque les trois soeurs frappent à la porte de leurs parents et qu'elles ne prononcent qu'un nom, Alex, seul mot qui franchit leurs lèvres tremblantes, il n'est besoin de rien d'autre pour dire le combat perdu. J'avoue à ce moment avoir eu des picotements autour de mes yeux d'étranger au drame.

Mais au-delà du récit de cette descente aux enfers d'un amour vivant, je m'interroge sur mon rôle, moi lecteur de ces lignes. Je me suis forgé la conviction que son auteure ne les avait pas écrites pour satisfaire mon voyeurisme. Alors en quoi en refermant cet ouvrage ai-je participé à une oeuvre salvatrice ? Je l'ai peut-être trouvé à la page 225 de l'édition Livre de poche : "Et puis, de toute façon, parler avec qui ?"

Pas aux proches, ceux qui ont vécu le drame. Ce serait les entrainer dans le vortex de la perdition. Alors à qui ? A Moi ? Olivia de Lamberterie aurait donc choisi d'en parler avec moi. le plus parfait inconnu. Le réceptacle le plus innocent de toute l'histoire de cette famille unie. Moment d'intimité avec un quidam croisé au hasard des rayons d'une librairie. Lecteur anonyme, capable d'entendre ce cri vierge de tout écho. Cri à l'univers infini. Ultime révolte contre l'opiniâtreté d'un destin qui avait déclaré son intention. Emporter Alex. Où ? Olivia s'est longtemps posé la question. Avant de trouver la réponse, en fermant les yeux. Et le dénicher, lui son frère adoré, tapis au fond d'elle-même.

Plus que la disparition d'Alex, c'est son impuissance à contrecarrer le projet contre laquelle Olivia s'insurge. La préméditation. Alex, où le refus d'être ici et maintenant. Et demain. Refus d'être né. Quand bien même tout autour de lui n'est qu'amour. Femme, enfants, soeurs, père et mère, il n'est pourtant pas de cocon plus précieux, plus propice à faire prospérer la vie qu'une famille aimante. Harmonie, cohésion, solidarité, le destin a franchi les remparts les plus robustes.

Amour des autres mais détestation de la vie. Quelques décennies d'une vie en trompe l'oeil et Alex a choisi de baisser le rideau en saluant les spectateurs médusés, impuissants, leur déclarant toutefois sa tendresse. A ceux qui ont accepté de poursuivre le chemin. A eux d'essayer de comprendre l'incompréhensible.

Refus d'être né qu'Alex répand à la face du monde, avec cet ouvrage réclamé, qui s'est finalement imposé à sa soeur. L'écriture est oeuvre de solitude. Elle force à entrer en soi-même. A affronter les mots sans le secours de l'oreille compatissante ni le risque d'intervention de la volonté d'autrui. Seule façon de se gorger de sa souffrance sans indulgence. Sans remise de peine. Sans risquer de voir de petites joies quotidiennes sournoisement apaiser le chagrin. Accepter son chagrin, se l'imposer, c'est respecter. C'est aimer.

Il est des personnes chez qui l'instinct de mort est plus fort que l'instinct de vie. Comment le soupçonner dans ce petit bonhomme assis à côté de sa soeur sur la photo. Mais si elle fait passer ce message, son message, Olivia fait aussi comprendre sa colère à elle, sa révolte, sa détestation légitime de pareille évidence.

Lecteur tardif. Sympathies tardives. Mais n'est-ce pas ce tardif qui fait durer. Qui entretient le chagrin qu'on revendique, une façon de le préserver de la dilution dans l'insouciance des jours. J'aurais donc participé modestement à entretenir cette preuve d'amour.

Je ne t'ai pas connu. Mais je t'ai compris au travers des mots que ta soeur m'a adressés. Je te salue Alex.
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Olivia a perdu son frère, suicidé, en 2015 et elle a éprouvé l'envie de mettre par écrit ses sentiments suite à cette perte. Comme il est dur de perdre quelqu'un qu'on aime mais Alexandre était malade, dépressif. Il n'est jamais parvenu à surmonter ces moments. Elle raconte leur milieu, bourgeois parisiens, les retenues avec leurs parents mais aussi les souvenirs plus joyeux. Sous forme d'un journal, on découvre sa vie, au milieu des livres, son frère, loin, dont elle se languit. La narration m'a paru un peu décousu mais il ressort beaucoup d'émotions de cette lecture, j'ai fait partie de la famille d'Olivia, j'ai eu de la peine comme si je perdais un membre de ma famille. On sent toute la difficulté qu'elle a de garder les moments, de continuer sa vie sans lui. Un très bel hommage à son frère et à ceux qui pensent à lui.
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Son frère n'est pas un homme à appeler au secours, mais un homme à se tuer. La vie n'est pas son truc. Quand son frère a-t-il chaviré, existe-t-il un point de rupture ou le découragement a-t-il envahi ses veines en douce. Il s'est mis à boire beaucoup, le cercle vicieux s'est enclenché, le mal-être au bureau, le mal-être avec l'alcool, le mal-être dans son couple, embarqué dans un épisode sans happy end. On ne peut empêcher les gars de son espèce de se suicider, est-ce d'ailleurs un service à leur rendre. C'est son caractère, il est noir, il est sombre, il n'aime plus rien. Alex s'est jeté d'un pont, il était la personne la plus intègre, il était beau fantaisiste et bienveillant, il était dénué de méchanceté et très intelligent.

« Mon frère était la seule personne à qui je me confiais. Nous étions deux muets qui l'un en face de l'autre retrouvaient l'usage de la parole. »

Un livre émouvant, gai, triste, mélancolique. Olivia de Lamberterie, critique littéraire prend la plume pour savoir où est son frère, juste retrouver sa trace, être sûr que tout va bien pour lui. Ce livre n'aurait jamais dû exister puisqu'il n'aurait jamais dû mourir. Elle écrit donc pour prolonger son existence et s'empêcher de sombrer.

« Oui, la vie continue, mais comment continuer la vie sans lui ? Je tente par tous mes moyens maladroits de transformer son absence en une présence lumineuse. »

Olivia nous parle de leur enfance, de leurs parents grands bourgeois du seizième arrondissement :
« ma mère nous élevait, chez nous les hommes étaient faits pour travailler et l'argent pour être dépensé par les femmes au foyer. »

Olivia s'interroge sur la propension à la mélancolie dans leur famille, existe-t-il un gène du suicide. Elle essaye de mettre un nom sur ce plomb qui lestait la vie de son frère depuis tant d'années. Elle nous fait partager le côté inhumain des urgences psychiatriques. Elle nous parle de l'impuissance des proches face à cette terrible maladie. Un roman plein de délicatesse, plein d'amour, plein de pudeur.


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Avec toutes mes sympathies d'Olivia de Lamberterie est un ouvrage de la rentrée littéraire qui m'a beaucoup touché. J'ai eu la chance de le lire grâce aux éditions Stock et à net galley.
Olivia de Lamberterie est une journaliste et critique littéraire française. Dans Toutes nos sympathies, nous découvrons son histoire et celle de son frère, décédé le 14 octobre 2015 à Montréal. Il se prénommait Alex, il avait 46 ans et il s'est suicidé.
Peu après sa mort, Olivia a éprouvé le besoin d'écrire et de le raconter. Lui mais aussi un peu d'eux... Un peu, non beaucoup, évidemment... Nous découvrons leur famille, quelques unes de leurs joies et leurs peines...
Avec toutes mes sympathies est la formule des canadiens pour présenter leurs condoléances. Formule que je ne connaissais pas mais qui sonne mieux (je trouve) que toutes mes condoléances.
Un joli titre pour un ouvrage très beau. C'est évidemment un livre très personnel toutefois à ma grande surprise je ne me suis pas sentie voyeuse.
Il est emprunt de tristesse, certains passages sont un peu plus durs à lire que d'autres mais je ne regrette pas du tout ma lecture ; et je lui donne quatre étoiles.
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"Chacun improvise une manière de tenir le choc."

Le bonheur. Nous n'avons pas tous les mêmes facilités pour être heureux. Simplement, heureux.
Nous n'avons pas tous accès naturellement au bonheur. Définitivement. Injustement.
Le bonheur s'apprend-il ?
Le droit au bonheur ou la possibilité d'être heureux ? Et que signifie personnellement "être heureux" ?
À chacun sa conception... n'est-elle point ?

Le bonheur, la bonne chance, à la bonne heure...
Le bonheur est avant tout valorisé par un état de satisfaction et de béatitude, agréable et harmonieux, privé de souffrances, de stress, d'inquiétudes et de maux...
Aïe, ça se gâte. Eh oui !
Le bonheur ne peut donc se reduire à un fragment conceptuel et reste à lui tout seul un grand débat.

Alexandre est une belle âme, il est intelligent, drôle, surprenant. Je l'ai apprécié dès les premières lignes.

"Tu es beau, grave, ton regard est déjà intranquille, on dirait une maison vide."

Et pourtant ...
Alexandre est malheureux, inapte au bonheur. Il semble tout avoir pour être heureux. C'est parfois presque pire. Alexandre se culpabilise de son état, c'est la double peine. La désespérance.

"Il ressemblait à l'image que je me fais de van Gogh, génial et désespéré, se débattant dans la solitude de son esprit."

Alexandre voit régulièrement le verre à moitié vide. Comme la maison qui lui sert de réceptacle. Vide de sens. Un endroit où il n'y a rien faire.
Il aimerait être heureux et déploie une énergie folle pour vivre. Alors il se fatigue. Il se rétrécit. le matin au réveil il récupère ses membres pour se reconstituer et marcher vers une nouvelle journée. Encore une.
Chercher, se questionner beaucoup trop et ne jamais trouver de réponses. Un serpent qui se mord la queue.

"On vit toujours sous la barre. Insatisfaits de nos réussites, malheureux de nos échecs. Faits comme des rats."

Les maladies dépressives vous empêchent d'avancer. Elles soufflent sur tous les stimulants qui vous sourient vainement pour vous montrer la voie.
La maladie est un nuage grisâtre et humide au-dessus de votre tête qu'aucun parapluie ne saurait consoler,
Un vent violent qui souffle à contre sens,
Un horrible personnage qui s'appuie lourdement sur vos épaules,
Des tentacules qui vous étranglent de plus en plus fort. Chaque inspiration happée jusqu'à l'extinction... La maladie vous étouffe.
Quand votre meilleur ami imaginaire est le suicide comme délivrance, vivre est devenu un boulet. Car chaque jour est un marathon. La course au bonheur... Ce bonheur qui prend toujours plus d'avance et finit par vous échapper.
Vous voici malade et fait comme un rat.

"J'ai écouté le bruit des clés séparant le monde qui tourne au carré et le monde de ceux qui ne tournent plus rond."

Les personnes souffrant de maladies psychiques sont trop souvent mises dans la même corbeille. Celle des détraqués, des dérangés, des inconsolables. Et si on les rassemblait tous ensemble dans une maison bien triste ?

"Ici, même les infirmiers avaient l'air consumé."
"Même les chaises en plastique blanc abîmé avait l'air malheureuses."

Cela arrange les bien-pensants de noyer la maladie. Ceux qui savent vivre depuis la naissance pensent détenir toutes les solutions. Clac, comme ça. Pif paf pouf. Fastoche.
Pour eux rien de plus simple que d'être heureux. Ils se disent que les personnes dépressives n'ont qu'à bien se tenir. Un peu de volonté. La Vo-Lon-té.
Heureusement qu'ils sont là pour réfléchir pour tout le monde et donner de brillantes analyses !
Quand tu es au bout du tunnel et que tu aperçois la volonté, hop hop hop tu te dis : mais c'est bien-sûr ! Oh mais quel empoté j'ai été là.

Si l'avenue du bonheur était si simple à trouver, Alexandre et bien d'autres amis d'infortune n'auraient jamais imaginé que la mort puisse les libérer.

"L'amour immense qui l'entourait ne lui a pas servi de parachute."

"Les médecins parlaient flou."

Le corps médical a diagnostiqué la maladie d'Alexandre : la dysthymie.
Les patients atteints de cette maladie pensent souvent que la dépression fait partie de leur caractère.

En dépit de la lourdeur de vivre avec ce poids, Alexandre a connu de beaux moments délectables. de légères éclaboussures. La curiosité l'a nourrit. Aimé et amoureux. Très bien entouré par ses amis, sa famille, et surtout sa femme, ses enfants et sa soeur.

"Notre amour est aussi concret qu'un caillou."

Un plaisir éphémère, à l'opposition du bonheur dont le bien-être se diffuse comme un brumisateur.
Le plaisir appelle d'autres plaisirs, telle une addiction à la recherche du bonheur. Alors Alexandre s'est perdu et la maladie a été son fardeau.
Sa famille a été une soupape de fraîcheur et de liberté. Ils ont tous été là, à toutes les étapes, avant, pendant, après. Ils sont encore là. Une famille éternelle.

Il a préparé son départ sereinement et de son envolée vers les anges il n'a pas connu de souffrances.

"La mort embarrasse les vivants."

Les vivants ne savent pas quoi faire de la mort. Elle est aussi impalpable que l'infiniment grand et l'infiniment petit.
Abstraite. Mais où sont-ils passés ?

Olivia de Lamberterie écrit son frère magnifiquement. Elle peint brillamment son amour et symbolise ses peines.

"J'aimerais t'imaginer taguant l'horizon, transformant les nuages en tête de mort."
"Un frère, c'est tout ce qu'on sait et qu'on ne peut pas dire aux autres."
"Nous étions deux muets qui l'un en face de l'autre retrouvaient l'usage de la parole."
"Si, pour toi, c'est mieux, j'accepte de vivre décapitée."
"Je ne veux pas voir mourir sa mort."

Olivia accepte l'inconcevable par amour. Elle fait vivre son frère à travers leurs souvenirs, en pensant à lui. Elle signe son bouquet de fleurs comme une prière.
C'est la plus belle preuve d'amour que celle de prolonger la vie d'un être très cher par la connexion des âmes. Alexandre habite le papier de sa soeur.
Avec tout son amour.

Bravo.

Lu en février 2020.
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« J'écris pour chérir mon frère mort. J'écris pour imprimer sur une page blanche son sourire lumineux et son dernier cri. Pour dire ce crime dont il est à la fois la victime et le coupable. À moins que nous ne soyons tous coupables, nous qui n'avons pas su l'empêcher, ou tous victimes, nous qui ne vivrons plus qu'à demi. »

Pas toujours facile de comprendre à quel point un être cher peut être ailleurs, « tombé dans de ces trous noirs de l'univers dont les chercheurs tentent de percer les mystères. » Et l'on comprend aisément aussi comme il doit être difficile de penser à lui comme à un malade. « Est-ce une pathologie de juger la vie dégueulasse ? Oui, certainement, quand on a une femme qu'on aime et qui vous aime des enfants merveilleux qu'on aime et qui vous aiment, un boulot chouette et une belle maison, m'a un jour assuré un ami bien attentionné. Malade ou lucide. Je ne peux pas m'empêcher de le trouver clairvoyant. La société dans laquelle on vit mérite-t-elle tellement qu'on s'y attache ? »

Olivia de Lamberterie écrit que déjà à quinze ans son frère donnait l'impression de marcher à côté de sa vie ... son frère dont la vie pesait une tonne, qui ne savait pas faire les compromis et les arrangements qui permettent de vivre...

« Quand [son] frère a-t-il chaviré ? Mué de petit prince en roi mélancolique ? Existe-t-il un point de rupture ou le découragement a-t-il envahi ses veines en douce ? »
Olivia de Lamberterie s'interroge, et par ces mots nous invite également à nous questionner sur le suicide.
Elle écrit sans tabou, avec sincérité et lucidité, raconte sa vie en l'absence du frère tant aimé, elle nous raconte son deuil, ses doutes, et convie les souvenirs comme une passerelle entre ciel et terre.

Elle nous parle aussi de son expérience de l'écriture.
« On n'a pas envie d'écrire, on écrit », disait Françoise Sagan...que tout à coup, l'écriture dépasse [les écrivains], que les phrases jaillissent d'on ne sait plus où, les personnages se mettent à vivre tout seuls et font ce qu'ils veulent. Eh bien, tout est vrai, le livre s'écrit tout seul.

Apprendre à vivre avec les morts n'est pas chose aisée, naturelle; l'écriture aide, mettre des mots sur la douleur apaisent et libèrent des maux. Jérôme Garcin écrit dans son livre "Olivier" qu'il n'y a pas meilleure confidente que la page blanche.

Vous l'aurez compris le sujet n'est pas des plus funky. Il s'en dégage cependant tellement d'amour, de réalisme, de vérités que je ne peux que conseiller cette lecture, à un moment ou à un autre. Elle ne m'a pour ma part pas laissée indifférente et fait encore écho en moi.
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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Montréal octobre 2015. Alex, le frère de l'autrice met fin à ses jours. Sa soeur, Olivia, journaliste et critique littéraire, prend la plume pour décrire ses sentiments lorsque ce drame est arrivé dans sa vie: sa douleur, son incompréhension et aussi une forme de rage de ne pas avoir su l'aider. A travers ses souvenirs, ou plutôt leurs souvenirs , elle raconte son bonheur d'avoir eu cet être solaire dans sa vie et nous relate sa peine puis une forme d'acceptation de l'inacceptable puisque c'était son choix à lui...
Un récit très émouvant et qui m'a bouleversée.
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Difficile de parler de ce livre. Je ne lis pas trop ce genre de récit en général, mais là il s'agit d'Olivia de Lamberterie, critique littéraire et de son premier texte.
Ce livre est consacré à son frère, Alex, de 3 ans plus jeune qu'elle et qui s'est tué en 2015, après plusieurs tentatives de suicide et avoir souffert de dysthymie. Elle raconte son enfance, sa relation avec son frère, les bons moments, comme les mauvais. Elle se dévoile énormément mais avec beaucoup de dignité, sans pathos et avec une certaine classe. On ne se sent jamais voyeur et le chagrin qu'elle ressent est universel.
On sent que l'écriture l'a aidée à admettre que son frère a choisi de mourir et à accepter qu'il ne soit plus là, mais encore si présent en elle.
Ce n'est jamais totalement noir, elle apporte des touches d'humour.
J'ai aimé aussi les passages où elle évoque son métier de critique et les livres qu'elle découvre.
J'espère qu'elle écrira encore. Après avoir lu ce témoignage, je ne la verrai plus de la même façon, j'ai l'impression de la connaître un peu mieux désormais.
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Dans ce récit largement autobiographique, Olivia de Lamberterie exorcise le chagrin lié à la perte tragique de son frère, mort à Montréal en 2015.
Alex porte en lui une fatalité familiale troublante. Il est aussi fragile que génial, père et mari apparemment comblé, chef d'entreprise à succès.
Sa soeur adorée - leur complicité et tendresse est réciproque - nous le raconte à travers sa vie d'ado, puis de chef de famille et de cadre brillant mais victime d'un mal-être longtemps ignoré puis mal diagnostiqué et mal soigné.
Le témoignage de l'auteure, parsemé d'un humour salvateur
met à distance le pathétique, en insistant sur les moments de bonheur partagés.
Elle précise "je désirais inventer une manière joyeuse d'être triste"
Ce suicide longuement envisagé était l'ultime choix d'Alex et ses proches ne peuvent malheureusement que s'incliner devant sa volonté.
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Je ne m'attendais pas du tout à être autant remuée par ce livre. D'ailleurs, je ne pensais pas le lire, en tout cas pas en priorité et puis... l'occasion s'est présentée... et je ne regrette pas car c'est un livre que je vais conserver pas trop loin, un de ces livres qui peuvent s'avérer consolateurs, loin de toute mièvrerie.
Olivia de Lamberterie a dû sacrément travailler pour parvenir à livrer autant sans que jamais le lecteur n'aie l'impression de tomber dans le voyeurisme. Elle parvient à mettre des mots très justes pour exprimer des sentiments Ô combien complexes face au drame de la perte d'un être cher. En l'occurrence son frère (le seul frère parmi 4 enfants) qui a choisi de se donner la mort et dont on avait fini par diagnostiquer la maladie qui lui empoisonnait l'humeur depuis plusieurs décennies.
C'est une belle déclaration d'amour qu'elle fait à ce frère que de sortir ces mots du plus profond d'elle-même. Et c'est un beau cadeau au lecteur car elle parvient à partir de ce drame intime à livrer quelque chose qui tend à l'universel. Où il est question de notre rapport à la mort, indissociable de notre rapport à la vie. Pour cela elle a dû livrer pas mal d'elle-même et les amoureux des livres qui suivent ses avis, que ce soit à la télévision, sur France Inter ou dans le magazine Elle ne pourront qu'être sensibles à ce qu'elle raconte de son métier et surtout de la façon dont les livres l'accompagnent en permanence et lui ont peut-être permis eux aussi de mieux faire face à ce drame. Au point de la décider à écrire le sien, comme son frère l'y avait exhortée sans savoir qu'il en serait le déclencheur et le sujet.
Une très belle surprise, je ne cache pas que j'ai beaucoup pleuré face à l'émotion qui se dégage ce récit dont la vérité reste empreinte d'une pudeur touchante.
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