« J'écris pour chérir mon frère mort. J'écris pour imprimer sur une page blanche son sourire lumineux et son dernier cri. Pour dire ce crime dont il est à la fois la victime et le coupable. À moins que nous ne soyons tous coupables, nous qui n'avons pas su l'empêcher, ou tous victimes, nous qui ne vivrons plus qu'à demi. »
Pas toujours facile de comprendre à quel point un être cher peut être ailleurs, « tombé dans de ces trous noirs de l'univers dont les chercheurs tentent de percer les mystères. » Et l'on comprend aisément aussi comme il doit être difficile de penser à lui comme à un malade. « Est-ce une pathologie de juger la vie dégueulasse ? Oui, certainement, quand on a une femme qu'on aime et qui vous aime des enfants merveilleux qu'on aime et qui vous aiment, un boulot chouette et une belle maison, m'a un jour assuré un ami bien attentionné. Malade ou lucide. Je ne peux pas m'empêcher de le trouver clairvoyant. La société dans laquelle on vit mérite-t-elle tellement qu'on s'y attache ? »
Olivia de Lamberterie écrit que déjà à quinze ans son frère donnait l'impression de marcher à côté de sa vie ... son frère dont la vie pesait une tonne, qui ne savait pas faire les compromis et les arrangements qui permettent de vivre...
« Quand [son] frère a-t-il chaviré ? Mué de petit prince en roi mélancolique ? Existe-t-il un point de rupture ou le découragement a-t-il envahi ses veines en douce ? »
Olivia de Lamberterie s'interroge, et par ces mots nous invite également à nous questionner sur le suicide.
Elle écrit sans tabou, avec sincérité et lucidité, raconte sa vie en l'absence du frère tant aimé, elle nous raconte son deuil, ses doutes, et convie les souvenirs comme une passerelle entre ciel et terre.
Elle nous parle aussi de son expérience de l'écriture.
« On n'a pas envie d'écrire, on écrit », disait
Françoise Sagan...que tout à coup, l'écriture dépasse [les écrivains], que les phrases jaillissent d'on ne sait plus où, les personnages se mettent à vivre tout seuls et font ce qu'ils veulent. Eh bien, tout est vrai, le livre s'écrit tout seul.
Apprendre à vivre avec les morts n'est pas chose aisée, naturelle; l'écriture aide, mettre des mots sur la douleur apaisent et libèrent des maux.
Jérôme Garcin écrit dans son livre "
Olivier" qu'il n'y a pas meilleure confidente que la page blanche.
Vous l'aurez compris le sujet n'est pas des plus funky. Il s'en dégage cependant tellement d'amour, de réalisme, de vérités que je ne peux que conseiller cette lecture, à un moment ou à un autre. Elle ne m'a pour ma part pas laissée indifférente et fait encore écho en moi.
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