Jacques Rogy redresse la barre

Nouvelle enquête de Jacques Rogy sous le signe du mystère et de l'aventure.
Un ami de notre journaliste est gravement agressé alors qu'il se trouvait sur un navire dans le cadre de son travail. En effet, Marc Brenot est détective d'une compagnie d'assurance et il doit être présent lorsque le navire sur lequel il se trouve va trouver le cargo naufragé qu'il est en train de chercher. le cargo qui a péri transportait une cargaison de valeur et les enjeux ne sont évidemment pas négligeables.
Il n'est donc pas étonnant que Jacques Rogy, une fois qu'il se lance dans cette enquête pour découvrir l'agresseur de son ami soit très vite menacé.
J'ai beaucoup aimé cette histoire car le rythme est trépidant et les fausses pistes sont nombreuses. Jacques ainsi que son fidèle chauffeur René vont être mis à rude épreuve car tout le monde semble déterminé à les faire échouer dans leur enquête. de plus, la partie consacrée au voyage sur le navire est très bien décrite et on s'y croirait…Cela n'a pas été sans me rappeler l'enquête où Jacques et René se sont retrouvés sur le paquebot France.

Ce petit livre complètement oublié, sans doute un des meilleurs de la série Jacques Rogy, est pour moi un chef-d'oeuvre de la littérature enfantine en même temps qu'un excellent roman policier. le journaliste y enquête sur une épave qu'on ne retrouve pas, évoluant dans le curieux milieu des assurances maritimes. Surtout, et sans aucune vulgarité par égard à son jeune public, l'auteur a inséré une intrigue amoureuse remarquable de sophistication. Malgré le style parfois un rien pataud de Lamblin, c'est de la bonne littérature (comme les 5 à 10 meilleurs Jacques Rogy) et on peut, à l'âge adulte, le relire avec plaisir.
Pour l'anecdote, et pour souligner une forme d'exigence intellectuelle qui pouvait caractériser une partie de la littérature jeunesse de ce temps, c'est dans ce tome que j'ai entendu parler pour la première fois de Baudelaire. Contemplant les mouettes par dessus le bastingage, Jacques Rogy cite en effet ces vers (tronqués, mais peu importe) de l'Albatros : "Le poète est semblable au prince des nuées / Ses ailes de géant l'empêchent de marcher". Quelle époque !