Pour les mains mortes des morts…
Le serpent, la peau d’un arbre,
le poisson tout écaillé,
le cheval noir qui se cabre
en des yeux mal éveillés,
le temps, la nuit, la forêt,
l’aube par un matin vert,
l’églantine sur les haies
qui ruissellent d’or et d’air.
J’ai mal, j’ai mal, j’ai mal, j’ai
mal. Je crie, et c’est pour toi,
puisque le monde se tait,
se terre à l’abri des toits.
Pour tout ce qu’on ne dit pas,
pour la haine et les remords,
pour les fusillés en tas,
pour les mains mortes des morts.
// ANNE Édith Thomas (23/01/1909– 7/12/1970)