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Nous sommes en Cantabrie (le royaume de Castille), en septembre 1472, dans un petit port prospère nommé Santona. Un soir, la rumeur gronde, un massacre de juifs sera perpétré le lendemain. Les parents de deux frères juifs aux noms de Yehohanan (Yehia) et Yehoyakim Cocia vont pousser leurs enfants à fuir afin de sauver leur vie, et échapper ainsi aux persécutions, qui secouent cette région d'Espagne. Leur père leur demande d'oublier qu'ils sont juifs : dorénavant ils s'appelleront Joaquin et Juan. Mais leur mère, avant qu'ils ne partent, dissimule à chacun des deux frères, dans la doublure de leurs capes, un triangle en cuivre doré, la moitié d'un sceau de Salomon, la figure en étoile qui formait le symbole des juifs. L'un et l'autre des frères devra partir dans une direction différente et suivre leur propre destinée, à commencer par l'oubli de leur judaïté. L'un deviendra marin et cartographe du célèbre Amerigo Vespucci, (le navigateur qui donna son nom au Nouveau Monde). L'autre sera médecin de Luther, (le réformateur et initiateur du protestantisme) en Allemagne. C'est leurs vies chargées de la fureur de cette période qui nous sera contée mais aussi celle d'Amerigo Vespucci qui ramènera de l'archipel des Canaries, une fillette indienne guanche. Nous allons voir l'évolution et les chemins qu'emprunteront la destinée pour celle qu'on appelait jadis « la guanche. » Elle deviendra l'épouse de Vespucci, autrefois son maître. On y croise également un marchand siennois Guido Liuciardi qui développera son activité commerciale de Blois à Séville en passant par Londres. Guido rencontrera une demoiselle d'honneur, un personnage attachant, en la personne de Doucine de Saubonne, une femme au coeur libre. En toile de fond de la vie de nos personnages, nous suivrons les grands événements de cette période, de l'exécution de Savonarole en mai 1498 à Florence, (une scène marquante du livre) jusqu'au Camp du Drap d'Or, rencontre entre le roi d'Angleterre Henry VIII et François Ier en 1520 mais aussi en 1525, la défaite à Pavie, en Italie, de François Ier qui y est fait prisonnier. L'auteure nous dépeint les coulisses des grands événements historiques de ce premier quart du XVIème siècle : les mariages, les trahisons, les ambitions des différentes familles régnantes. En creux, cette question lancinante : les deux frères pourront-ils se retrouver un jour ?

De mémoire de lecteur, je peux vous affirmer, sans crainte de me tromper ou d'exagérer, que j'ai rarement lu un livre aussi érudit, brillamment écrit et passionnant à lire, que « L'étoile brisée » de Nadeije Laneyrie-Dagen paru aux éditions Gallimard. Érudit parce que l'auteure est professeure d'histoire de l'art à l'ENS et spécialiste de la Renaissance. Elle détaille avec un talent d'écriture rare, elle cisèle ses phrases comme on taille la pierre, au cordeau. Un style recherché, pointu, sublime. On songe pour parler de celui-ci à des auteures aussi talentueuses que Françoise Chandernagor ou bien encore Olga Tokarczuk. Je me suis délecté des 750 pages qui composent ce roman historique, sans jamais perdre de l'intérêt pour son intrigue. A aucun moment, le lecteur n'est perdu en route tant le récit, pourtant si riche en personnages, lieux où se déroulent l'action, est limpide. Une fresque historique grandiose, embrassant un monde très vaste, et abordant énormément de thématiques différentes, éclairant une période historique aussi importante en bouleversements majeurs que fût la Renaissance.

Clair, précis, ne souffrant d'aucune baisse de l'intérêt du lecteur, c'est peu dire que cette histoire va vous tenir en haleine. N'ayez crainte, les 750 pages défilent en un rien de temps car très vite vous allez vous attacher à ces différents personnages qui ont tous leur part d'ombre et de lumière. Cela s'appelle « L'étoile brisée », c'est paru chez Gallimard et c'est signée Nadeije Laneyrie-Dagen. Un roman historique brillant, ambitieux, pleins de bruits et de fureur ! C'est un coup de 💙
Je remercie très chaleureusement les Éditions Gallimard ainsi que Babelio pour cette lecture et leur confiance !
Lien : https://thedude524.com/2021/..
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Un roman historique captivant, passionnant, enrichissant et profondément humain.
Une remontée à la fin du XVème siècle et du début du XVIème siècle, aux temps des grandes découvertes (du Nouveau Monde notamment), de la première mondialisation, des luttes religieuses, de la colonisation, de l'esclavage. On y apprend sur l'Art, la Médecine, l'Astronomie...de l'époque.
On y croise les grands noms qui ont marqué ce temps comme Martin Luther, Amerigo Vespucci, Juan de la Cosa, mais également une multitude de personnages dont les destins vont s'entrecroiser. On entend parler de Cristobal Colón, Leonardo da Vinci, Copernicus.
L'histoire commence en Espagne dans la Cantabrie en 1472 où Isabel de Castille organise l'inquisition espagnole, à l'origine notamment de la chasse aux juifs. C'est d'ailleurs le destin de deux frères juifs, contraints de fuir, que nous suivons en filigrane. L'un va devenir médecin de Martin Luther et l'autre, Juan de la Cosa, cartographe de Amerigo Vespucci.

Pour ceux qui aiment les romans chargés d'Histoire mais avec une trame romanesque dense et bien présente, n'hésitez surtout pas. Ne vous laissez pas impressionner par les quelques 750 pages, on ne les sent pas passer; l'écriture est fluide, l'auteure ne nous perd jamais vraiment malgré les nombreux personnages et dissémine quelques rappels aux moments idoines.
Quand l'Histoire nous est contée d'une si belle manière, si proche de l'humain, de ses pensées, de ses tourments, de son coeur, alors elle prend une autre dimension et en devient réellement passionnante. Drapées dans la trame romanesque, les vérités historiques se montrent plus accessibles, plus attrayantes pour nous, lecteurs.
L'épilogue est originale et clôture d'une bien belle façon ce livre !
Une épopée historique magistrale ! Un régal que je dois à Babelio (masse critique privilégiée), aux éditions Gallimard et à Nadeije Laneyrie-Dagen. Alors merci à vous !
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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L'étoile brisée ou le sceau de Salomon partagé entre deux frères juifs, contraints à la séparation dès l'enfance.

Ce livre attendait mon bon vouloir depuis sa sortie d'édition et j'en savourais par avance la lecture qui a tenu toutes ces promesses. Nadeije Laneyrie-Dagen nous offre avec talent de plume et d'érudition une chronique historique des premières années de la Renaissance, mêlant fiction et réalité géopolitique.

Pendant un bon demi-siècle, les personnages nombreux, réels ou romanesques, participent au rayonnement des principaux pays européens du temps, soumis aux enjeux de territoires par commerce ou guerre, ainsi qu'aux grandes découvertes du globe. Une population contrainte également à l'omniprésence du pouvoir spirituel. Ce sont les temps des juifs chassés d'Espagne, de la Réforme luthérienne et de l'hérésie attachée aux compréhensions scientifiques.

En dépit de l'épaisseur du roman, la lecture est addictive, cloisonnée en temporalité de lieux, de dates et de faits historiques.
La meilleure façon d'aborder et comprendre un 15-16e siècle passionnant.
Je recommande absolument !

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L'étoile brisée est un pavé mais il se lit vraiment très bien.

L'histoire se déroule de 1472 à 1525.
Les Temps Modernes s'annoncent et on en trouve dans ce roman, de façon plus ou moins développée, les prémisses : découverte de l'Amérique, nouvelle cartographie du monde, religion naissante avec le protestantisme, Léonard de Vinci et ses recherches anatomiques, les peintres Italiens s'inspirant de l'Antiquité, les châteaux de la Loire ...
Si la Renaissance est synonyme de renouveau et s'inscrit dans L Histoire comme une période bien plus faste que le Moyen-Âge, elle contient cependant elle une part d'ombre. C'est ce que l'on trouve également dans ce roman : l'esclavagisme, la colonisation des nouvelles terres, le combat des Chrétiens contre les Juifs qui perdure, et qui reprend même de plus belle avec Luther.

Cette période, très riche et foisonnante, est propice à l'écriture de romans. Il convient juste de ne pas s'y égarer car on ne peut pas tout raconter ! C'est peut-être ce qui fait de L'étoile brisée un roman très dense et par moments chaotique. On peut effectivement reprocher à cet ouvrage de vouloir trop en dire sans jamais vraiment approfondir les sujets.
Cela dit, je ne peux que saluer la qualité de ce roman très riche en événements historiques et fort bien documenté.


Cette épopée raconte l'histoire d'une quinzaine de protagonistes qui gravitent autour de deux personnages principaux : les frères Cocia, juifs espagnols, envoyés par leur père sur les routes afin qu'ils échappent au massacre antijuif commandé par Isabel de Castille.
A chacun des frères, la mère remet un triangle en cuivre doré issu d'une étoile, symbole des juifs.
Chacun des deux suivra une route différente. L'aîné s'installe en Saxe à Wittenberg , il se fera appeler désormais Joachim Kossa, deviendra médecin et ami de Martin Luther.
Le second, plus hardi, devenu Juan de la Cosa, s'aventure sur les Mers. Il deviendra pilote et cartographe mais aussi un fidèle ami d'Amerigo Vespucci.

On s'imagine, au début de l'histoire, que les deux frères séparés auront à coeur de se retrouver et pourront ainsi sceller à nouveau l'étoile brisée. A vrai dire, ce ne sera pas du tout le leitmotiv de Joachim et de Juan qui finiront par oublier cette part d'eux-même. Jusqu'au jour où ...
Mais là je n'en dis pas plus !

Ce roman se lit vraiment bien. le lecteur pourrait se perdre dans l'abondance des personnages et des lieux mais il n'en est rien. J'ai juste eu un peu de mal parfois à retrouver quelles relations chacun entretenait avec les autres.
Certains personnages sont devenus mes chouchous :
- Joachim Kossa et sa femme Ursula, qui par leur simplicité et leur gentillesse, m'ont vraiment émue.
- Doucine de Saubonne demoiselle d'honneur à la cour de France, dont les moeurs libertines ne manquent pas de pimenter la lecture.
- Silvana Vespucci, fille d'Amerigo Vespucci (qui donna son nom à l'Amérique), étrange, douée et si particulière. Elle serait sans doute qualifiée d'autiste de nos jours.

Ce pavé mérite toute l'attention des lecteurs, notamment ceux qui aiment les romans historiques et plus particulièrement la Renaissance. On peut le qualifier de roman érudit dans le sens où il relate des événements historiques et fait réfléchir sur les nouvelles connaissances acquises à la Renaissance mais il s'adresse plus aux néophytes qu'aux experts.
C'est un roman long mais très abordable, qui donne une vision globale du début du XVI ème siècle et qui insère l'histoire de personnages fictifs dans la grande Histoire de façon très cohérente et fluide.

Un grand merci à Babelio pour sa confiance lors de cette masse critique privilégiée sans oublier bien sûr , les éditions Gallimard pour ce très bon moment de lecture.
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Coup de coeur pour cette fresque historique brillante , érudite , captivante , époustouflante alliant passions humaines , épopée romanesque réussie et vérité historique !
Quelle chance d'avoir choisi cet ouvrage impressionnant à la médiathèque !
Un pavé de 745 pages , lues avec facilité , qui court à Santonā , petit port prospère, en Cantabrie , royaume de Castille, de septembre 1472 au 23 août 1525 ….
Isabelle de Castille détestait les juifs qu'elle qualifiait avec rage : «  Les assassins du Christ » .
Elle fit savoir que ces meurtriers n'étaient pas les bienvenus dans la procession en l'honneur de Notre - Dame.
Ainsi les frères Coccia , deux juifs espagnols , en grand danger seront obligés de s'exiler , fuir à tout prix l'Espagne , avant de succomber à un éventuel massacre anti juif — ils perdirent tout ce qu'ils avaient construit ——-

Leurs parents désirant à tout prix les préserver : l'un deviendra médecin , notamment du calviniste Martin-Luther initiateur du protestantisme , l'autre cartographe et marin , conseillera au mieux le florentin et navigateur Amerigo-Vespucci.

Cet ample roman se situe à la croisée des chemins , une période charnière : fin du Moyen - Âge et début de la Renaissance , époque incroyablement riche en mouvements et découvertes , ouverture au monde, annonciatrice d'une vraie modernité , l'Italie d'abord étendra sa culture riche au delà de ses frontières , la prise de Grenade par le royaume de Castille , et surtout lla découverte de l'Amérique , la réforme de Luther qui marquera le début du protestantisme .

C'est une somme ambitieuse à la trame romanesque fluide , mais fournie , fouillée , précise jusque dans les détails , brassant le destin tumultueux de personnages attachants , singuliers et émouvants , des ecclésiastiques bien peu recommandables , une foule d'individus , à vrai dire mais l'auteure , talentueuse, a pris la précaution d'indiquer ou de rappeler au début de chaque vaste partie , il y en a quatre , plus des lettres intéressantes , à la fin de l'ouvrage, les noms des principaux personnages et la constitution de leurs familles respectives .
.
L'ouvrage , passionnant de bout en bout , jamais lassant , très travaillé , riche d'une humanité sans pareille entraîne le lecteur avec aisance à travers L'Italie , l'Espagne ,la France et la cour , le nouveau monde non pas l'Inde comme le croyait Christophe -Colomb, ,.mais l'Amérique , aussi L'Angleterre et l'Allemagne
.
Une lecture fascinante , ordonnée, harmonieusement construite , qui nous emporte avec fougue dans L' HISTOIRE avec un grand H , l'art , la cartographie, les moeurs de l'époque épicées de quelques scènes érotiques , le statut des femmes , la religion , l'Europe Politique , commerçante , économique, les familles régnantes .
Je ne dirai rien à propos de l'étoile brisée, à chacun de le découvrir …

Bravo à cette historienne de l'art , normalienne, pour son travail impressionnant , les précisions de l'histoire ……
Superbe , grandiose, instructif, fort et jamais fastidieux , je l'ai dévoré ! .

Coup de coeur .
Il y a longtemps que je n'avais pris tant de plaisir à lire une telle somme alliant connaissances , tourments et tournants de l'HISTOIRE , tours et détours des passions humaines , arrangements , amours , rencontres , voyages , découvertes, séparations , vicissitudes , épreuves , au coeur des familles ….
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Que d'événements, que de personnages, illustres ou non, et que de lieux différents dans ce roman foisonnant.
Une plongée sidérante dans les années 1472 à 1525, en pleine Renaissance.
Yehoyakim et Yehohanan Cocia sont frères. Hélas pour eux, ils sont juifs, dans une période troublée en Cantabrie, donc en danger de mort.
Sur ordre de leur père, pour sauver leurs vies, ils doivent quitter leur famille, se séparer rapidement et , surtout, pour que personne ne les soupçonne d'être juifs, changer de nom.
C'est ainsi que Yehoyakim devient Joachim Kossa. Il accompagnera Martin Luther en tant que médecin.
Quant à Yehohanan, il devient Juan de la Cosa. Il accompagnera Amerigo Vespucci en tant que cosmographe.
Bien des péripéties émailleront les vies de tous les protagonistes pour le plus grand plaisir de la lectrice que je suis.
Un roman captivant tout au long de ses 742 pages.
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Grace à son talent et à sa connaissance du Moyen Age , Nadeije Laneyrie-Dagen va nous emporter sur + de 780 pages dans une période qui va de 1472 à 1525, en mêlant des personnages historiquement reconnus à ceux qu'elle a imaginé et, qui vont circuler en Espagne, en Italie, à Londres, Blois, Alger mais surtout partir à la découverte de nouveaux continents !
Son récit commence par 4 prologues prometteurs :
Le récit qui correspond au titre du roman : en effet, en Cantabrie s'annonce un massacre des juifs : Shimon et Alika Cocia vont pousser leurs 2 fils : Yehohanan et Yehoakim à fuir en leur donnant une moitié de l'étoile de David en leur recommandant de changer de nom et d'aller le + loin possible !
L'aîné va faire des études de médecine à Montpellier , puis va s'installer en Saxe sous le nom de Doctor Joachim Kossa et, il va épouser Ursula Brengebier.
Le cadet va devenir pilote, cartographe et suivre les traces de Colomb et devenir ami d'Amerigo Vespucci sous le nom de Juan de la Casa puis celui de Yehia.
A Florence : dans la famille Vespucci : il y a 2 frères : Antonio et le cadet Amerigo.
Amerigo est un grand navigateur mais il a déshonoré une jeune fille et, il va faire adopter sa bâtarde Lisandra par son frère et sa belle soeur Lisa !
Aux Canaries, après le massacre de la population des Guanches : il ramènera une esclave qui deviendra sa maitresse puis son épouse sous le nom de Maria Conception.
Toujours à Florence : le prêtre, prédicateur Girolamo Savonarole qui s'est élevé contre la corruption du clergé va être excommunié, torturé et exécuté !
Amerigo et Filippo Liuciardi vont s'entendre pour faire du commerce ensemble à travers l'Europe et les nouveaux territoires. Filippo a un fils Guido et un commis Damiano Paroni qui iront jusqu'à Blois proposer leurs marchandises et, ensuite par un arrangement familial Guido épousera Lisandra adoptée par les Vespucci.
Après les 4 prologues : Nadeije Laneyrie-Dagen nous propose 4 grands chapitres et un épilogue.
Les personnages fictionnels et les historiques vont évoluer et nous entrainer dans leurs aventures faites de secrets, de tromperies, de découvertes d'objets, de perles, de diamant, de complots et quelques coucheries pour pimenter le récit !
Mais, " les 2 têtes d'affiche " du roman sont : Amerigo qui fut un grand navigateur avec son nom donné à l'Amérique, et le moine augustin Martin Luther en Saxe qui s'opposera aux indulgences , grâces papales octroyées pour faire rentrer un argent qui servira à bâtir des monuments de Rome, il aura une grande influence sur la réforme protestante car pour lui" le salut de l'âme est un libre don de Dieu".
Je regrette qu'au sujet de ce dernier, l'auteure n'ait pas consacré plus d'explications et de texte !
Un roman dense parfois touffu, parfois un peu long sur des sujets mineurs mais, qui est remarquablement bien documenté et bien écrit !
Merci à l'équipe de babelio et aux éditions Gallimard pour cette MCP de juillet.
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Voici un roman de quelques 740 pages se déroulant entre 1472 et 1525. Nadeije Laneyrie-Dagen professeur d'histoire de l'art nous entraîne à sa suite de l'Espagne à Londres, de Séville à Florence, de Blois à Londres ou encore de Wittenberg au Nouveau Monde.
Nous croiserons Christophe Colomb, Amerigo Vespucci,Savoranole, François 1er, Martin Luther , les Medicis, la future Marie Stuart.
Pour nous faire entrer dans cette époque Nadeije Laneyrie-Dagen nous fait connaître deux frères qui vivent en Espagne au bord de la Mer Cantabrique. Ils vivent au sein d'une famille juive.
Dans l'Espagne de la fin du 15ème siècle, les massacres de Juifs s'intensifient.
Les deux frères sont envoyés par leurs parents sur les routes afin d'éviter ces massacres.
L' un des frères rencontrera sur sa route Amerigo Vespucci et deviendra marin et cartographe.
L'autre deviendra médecin et plus particulièrement celui de Martin Luther, initiateur du protestantisme.

A travers un prologue, quatre époques et un épilogue Nadeije Laneyrie-Dagen nous fait traverser l'Europe du Nord au Sud. Elle prend le soin de nous présenter pour chaque époque les personnages principaux afin de ne pas nous perdre. Car la fresque se veut grandiose couvrant ce début du 16 ème siècle secoué par les guerres de religion, l'arrivée des musulmans en Espagne, la découverte du Nouveau Monde et l'esclavage.
A cela vous ajoutez les histoires d'alcôves, les mariages forcés entre les différentes cours d'Europe.
Nous voici devant un roman fleuve, impressionnant par les sujets abordés et la connaissance de l'époque . Malheureusement cette abondance fait que l'on reste en superficialité sur certains thèmes et personnages. J'attendais un approfondissement plus important sur le début du protestantisme ou encore sur Florence.
J'ai trouvé le roman trop didactique, et donc parfois lent, se perdant dans les histoires d'alcôves, ou de cours.
Je trouve qu'il manque un souffle romanesque à ce roman. Pourtant ces deux frères compagnons de route de Martin Luther et Amerigo Vespucci auraient mérité plus d'épique.
Reste un roman bien posé sur la ligne de temps entre 1472 et 1525.






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De 1472 à 1522, l'espace d'une vie , et dans ce beau roman, l'espace de deux vies celles des frères Cocia, natifs de Santona en Espagne , sommés par leur père, un rabbin , alors que les juifs sont pourchassés en ce début de règne d'Isabelle la Catholique , de quitter le pays , de se séparer et d'oublier leurs origines juives .

Cette période de l'Histoire est riche en découvertes avec tout d'abord, en ce qui concerne les premières parties du roman , les voyages de Christophe Colomb puis d'Amerigo Vespucci avec lequel , un des frères Cocia , Juan va naviguer puis tenter d'installer une colonie en Amérique .
Riche également en avancées scientifiques, les ombres de Léonard de Vinci et de Copernic planent sans être au premier plan et on sent la curiosité et le besoin de comprendre des hommes qui ne veulent plus suivre aveuglément ceux qui détiennent un semblant de pouvoir grâce à leur rang politique ou religieux .

Mais cette époque est également marquée par des guerres, des querelles religieuses avec l'influence croissante en Allemagne de Martin Luther dont le second frère prénommé Joaquim est le médecin et ami .
La chasse aux juifs qui a poussé les deux frères hors de leur Espagne natale les poursuit bien qu'ils aient changé d'identité , la suspicion est tenace et au fond d'eux ils n'oublient pas leur origine et leurs liens . L'étoile brisée se reconstituera t'elle ?

De nombreux autres personnages plus ou moins liés aux Cocia font leur apparition dans cette fiction , leurs péripéties souvent prédominent à travers les différents chapitres donnant une ambiance plus romanesque à l'ouvrage , histoires de famille, d'amour, d'amitié , de voyages également entre pays d'Europe principalement, autour des événements politiques véridiques, souvent compliqués concernant les mariages royaux ou princiers, les alliances, les intrigues .

L'auteur a réussi intelligemment à ne pas surcharger son récit de faits historiques laissant à chaque lecteur la possibilité d'approfondir ses connaissances ou pas , cela rend ce roman fluide , jamais ennuyeux malgré son nombre conséquent de pages passé la mise en place de toutes ces histoires foisonnantes et un peu déroutantes il est vrai au départ . La liste des personnages au début de chaque partie aide grandement à s'y retrouver !

Un grand merci à Masse Critique et aux Éditions Gallimard pour cette belle lecture
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N° 1561 - Juillet 2021

L'étoile briséeNadeije Laneyrie-Dagen – Gallimard.

Je remercie les éditions Gallimard et Babelio de m'avoir permis de découvrir ce roman exceptionnel.

C'est une grande fresque historique, sociologique et ethnographique (j'ai lu avec plaisir notamment ce qui concerne les Tupinambas) où la richesse de la documentation le dispute à l'imagination la plus passionnée. Ici, au début, le lecteur est transporté dans un petit port espagnol, à la toute fin du Moyen-Age, où, après une période de cohabitation, les catholiques se sont mis à haïr les juifs et à les persécuter au motif qu'ils étaient un peuple déicide. Ainsi, pour sauver ses deux fils, Yehohanan et Yehoyakim, la famille Cocia les envoie sur les route de l'Europe. Ce roman relate leurs errances et c'est donc l'occasion de vivre l'ambiance de cette aube de la Renaissance qui commence à contester la toute puissance de l'Église catholique qui a baigné le Moyen-Age avec ses rituels incontournables et omniprésents, ses abus, l'intolérante Inquisition et son cortège d'ordalies, de « questions », de bûchers, et de tortures, les massacres de juifs, leur fuite, parfois leur conversion forcée ou l'abandon de leur identité pour survivre et continuer à exister et à commercer malgré la haine des chrétiens. Grâce à de nombreuses sagas que nous conte l'auteure, le lecteur voyage dans tout le monde connu, de l'Espagne à la Toscane, de la France à l'Allemagne, de l'Angleterre à Venise et aussi dans les contrées inconnues de l'Amérique, croise la mort et connaît des voyageurs émouvants au destin parfois étonnants que ce genre d'époque est capable d'engendrer. C'est le cas de Tyterogat, esclave indienne devenue Maria Canar, maîtresse d'Americo Vespucci puis son épouse. Yehohanan devenu Juan depuis de sa conversion au christianisme, fils de cordonnier et petit-fils de rabbin, deviendra marin, pilote et cosmographe, compagnon de Vespucci et de Colomb, puis reviendra Yahia, réfugié séfarade en Afrique, dessinateur de cartes destinées à l'empire ottoman. Son frère sera le médecin de Luther ...Ils sont croiser d'autres personnages, ce qui donne à ce roman une sorte d'unité, une dimension un peu vertigineuse à cause du temps qui passe apaise parfois les tensions, et confère assurément un intérêt supplémentaire au récit.
Des destins, grands ou petits se font et se défont, des vies se déroulent, des amitiés se nouent et se dénouent, des amours se tissent, des unions se créent, autant d'aventures personnelles faites de frasques ou de vertu, avec secret ou tapage, dans la vie ou dans la mort, autant d'histoires individuelles qui s'inscrivent dans celle plus grande de l'humanité. le texte invite le lecteur à Florence pour le supplice de Savonarole, suit l'étonnant destin de la famille Vespucci, celui d'Amerigo et de son aventure américaine, évoque les guerres menées en Méditerranée contre les musulmans et la pratique de l'esclavage. Il assiste au partage des terres nouvelles entre le Portugal et l'Espagne, aux querelles sur les cartes, aux interprétations divergentes qu'on peut donner aux terres nouvellement conquises, et notamment l'Inde, à cause des richesses potentielles qu'on en espère, de leur peuplement afin de mieux les exploiter et de la nécessité de les évangéliser. Il est l'invité des joutes en temps de paix grâce auxquelles on se prépare à la guerre, est informé des mariages arrangés entre les nobles ou les importants négociants pour des questions d'intérêt, des dotes qu'on discute âprement, connaît le sort des enfants non désirés qu'on abandonne en les déposant le matin à la porte d'un hospice, celui des filiations parfois douteuses, celui des épouses innocentes livrées lors de la nuit de noces à la violence d'un époux souvent plus vieux, seulement désireux de vérifier que sa promise est vierge, qu'elle a encore ce pucelage indispensable à une alliance légitime et qu'elle ne sera destinée qu'à porter sa future descendance masculine. Il est le témoin des grands changements de mentalités, de la moralité discutable de certains ecclésiastiques, du trafic de l'Église autour des reliques et des indulgences pour financer la future basilique de Rome et qui précipitera le schisme protestant de Luther et ses changements radicaux, l'affirmation, contre l'avis de Ptolémée, de la rotondité de la terre, de sa rotation sur elle-même et de sa révolution autour du soleil, de la représentation artistique des corps nus, de la dissection des cadavres humains, du doute qui s'insinue chez certains penseurs sur l'existence même de Dieu. Il voit les luttes ordinaires menées depuis toujours par les hommes pour obtenir le pouvoir ou la fortune et qui pour cela engendrent les pires ignominies et la tentative des femmes pour s'affirmer face à eux parce que, sans elles, point de plaisirs des sens, point de descendance et donc de dynastie ou de successeur dans le commerce. 

Le livre refermé, j'ai eu, comme à chaque fois que je lis une saga, l'image de la condition humaine avec cette extraordinaire volonté de faire prévaloir la vie qui est unique et malheureusement parfois inique, avec sa difficile quête du bonheur et de la survie dans les périodes troublées. Dans ce genre de récit au long cours on est toujours confronté au sens de la famille, au mensonge, à l'hypocrisie, à la liberté, au destin, à la volonté des autres, aux nombreux paradoxes de la vie qui pour les uns est belle et pour d'autres un fardeau mais dont chacun n'est ici-bas qu'usufruitier, avec la mort au bout du chemin après les espoirs, les illusions, les échecs qui la jalonnent. Il y a le parcours individuel avec ses parts d'ombres, la trace qu'il laisse dans le souvenir des autres, le temps qui passe et le vertige qu'il imprime en nous, la mémoire des choses avec ses regrets et ses remords, la certitude que nous ne sommes ici que de passage, sans autre horizon que la contingence.

Ce remarquable roman fait 740 pages mais je l'ai lu avec grand plaisir grâce notamment à la fluidité du style de l'auteure, sans que l'ennui ou la lassitude ne s'invitent dans ma lecture. Cet ouvrage très pédagogique transforme le lecteur en un grand observateur de cette période de l'humanité qui mérite bien son nom de Renaissance après les années d'obscurantisme religieux et social du Moyen-Age.
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