Le traumatisme que Eriksson a rapporté de la guerre du Viet-Nam, c'est d'avoir participé à une mission d'observation avec quatre autres soldats, dont le chef a sciemment décidé d'enlever une jeune vietnamienne, de se donner du bon temps avec ses copains et de la tuer. Eriksson a refusé de participer à cette folie prédatrice, pris le risque de dénoncer les faits à sa hiérarchie, de s'obstiner malgré les réticences, et des sanctions ont, à force de persévérance, été prises - puis trop prévisiblement aménagées.
Eriksson un taiseux du Minnesota, raconte ça à l'auteur, entre de grands plages de silence, réfléchissant à ce que la guerre fait des hommes, mais pas tous.
C'est d'une grande pudeur dans un récit auquel la précision très clinique donne une grand intensité.
Daniel Lang expose des faits qui impliquent ce que sont les hommes au sens de masculin et ce que la guerre biaise (ou révèle?) en eux. C'est un intéressant retour, digne et retenu, quoique impitoyable, sur notre condition d'humains.