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Philip Larkin inscrit ses pas dans ceux de Katherine, une jeune fille durant une journée d'hiver pendant la seconde guerre mondiale.
Largement inspiré de Virginia Woolf, l'auteur n'a cependant rien à envier à son prédécesseur pour retricoter ici vingt ans après le récit introspectif de sa nouvelle Mrs Dalloway. le rythme est lent, les mots simples claquent pour nous décrire les actes manqués de son héroïne. Un texte de toute beauté.
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Chaque époque a ses affections psychologiques. Cela peut paraitre déconcertant, mais si l'on considère qu'elles sont liées au mode de vie, et combien ces derniers peuvent changer rapidement, c'est en définitive logique. En 1930 ainsi, on ignorait la dépression ou le burn-out. En revanche, la neurasthénie faisait des ravages. On la croise encore dans Dostoïevski, et dans bien d'autres. Et ici.

Une façon plus qu'originale d'aborder la vie en Angleterre pendant la guerre, qui s'écarte résolument des sentiers battus. le Blitz, l'évacuation des enfants, les V1… Vous n'y lirez rien de tout cela. Katherine a fui son pays natal, l'Allemagne ou l'Autriche sans doute, pour échapper au nazisme. Réfugiée dans une ville industrielle du nord de l'Angleterre, elle y gagne sa vie comme bibliothécaire. Alors qu'un hiver polaire s'étend sur la ville, elle mène une vie morne entre ses collègues détestables et le vieux galetas où elle a posé ses valises. Une nouvelle inattendue vient lui rappeler son premier voyage en Angleterre. Un voyage scolaire pendant les grandes vacances, quand elle était encore lycéenne, dans la famille de son correspondant anglais, Robin.

La chaleur de cet été tiré de ses souvenirs contraste avec le froid du présent ; l'insouciance de cette époque avec le rationnement et la guerre en toile de fond. Et Katherine elle-même, vivant dans la solitude et brisée par l'exil, ne ressent plus ni désirs ni sentiments et traine sa vie morose comme la soeur de Robin, qu'elle avait rencontré cet été là.

L'écriture, fine et simple à la fois, développe largement la psychologie et les sentiments des personnages, leurs donnant des personnalités très travaillées dont tous les points tranchants – et souvent peu naturels – dont un auteur aime à doter ses créations ont été soigneusement gommés. Ils n'ont ni destin ni vocation. Ils errent à l'aveuglette, et seul celui qui croit savoir où il va se perdra.
Merci à toi pour cette découverte, Nathalie. Elle valait le détour.
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« De temps à autre, il émettait un reniflement puissant et chargé. C'était un homme maigre et desséché d'environ quarante ans, avec un visage ridé, étroit, et de fines lunettes. Son costume était crasseux, elle détestait sa cravate, et il portait un pull-over dont les manches lui tombaient sur les poignets. Avec ses cheveux bien gominés et ses traits parfois agités de tics, il ressemblait à un employé de gare traumatisé par un bombardement. »

Katherine Lind est bibliothécaire dans une ville du nord de l'Angleterre. C'est une réfugiée d'environ 22 ans. Son pays d'origine, jamais nommé, se trouve sur le continent, où la seconde guerre mondiale fait rage. Son reste d'accent ne lui permet pas de passer inaperçue.

En ce samedi matin d'hiver, extrêmement glacial, rien ne va. Elle se fait rabrouer par son chef, le terrifiant M. Anstey dont le portrait physique ci-dessus rejoint son caractère moral, pour une erreur de transmission d'un volume. de plus celui-ci lui intime de raccompagner chez elle une jeune employée qui souffre d'une rage de dent. Aventure qui se révélera être une sorte d'Odyssée pendant toute la première partie du roman.

Le seconde partie est différente. On quitte le froid, le gel et le brouillard pour la lumière et la chaleur de l'été. Six ans plus tôt Katherine est venue en Angleterre, dans le cadre d'un séjour linguistique et a été hébergée près d'Oxford dans la famille de son « pen-pal » Robin Fennel. Elle a gardé de très bons souvenirs de cette période et les recontacte.

Philip Larkin a publié deux romans à la fin de la seconde guerre mondiale, dont ce « Une fille en hiver ». Il s'est ensuite consacré exclusivement à la poésie, pour laquelle il est devenu célèbre.

Beaucoup de sensations, d'interrogations forment la trame de ce roman maîtrisé. On n'est pas si loin du « Mrs Dalloway » de Virginia Woolf. J'ai aussi pensé à « Expiation » de Ian McEwan. Plus qu'une curiosité, un texte qui, je le pense, a gardé toute sa force malgré les années.
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Ce roman fait partie de ceux qui me regardent (si si j'ai parfois l'impression que c'est le cas) du haut de mon étagère des services presse, me donnant mauvaise conscience de ne pas les avoir lus avant. Voici donc 2 ans qu'il me fait les yeux noirs, jusqu'à ce que finalement je cède en cette fin d'année 2014 …

Et pourtant je l'avais demandé à l'époque parce que l'histoire me semblait intéressante, mettant en scène une bibliothécaire (!). de plus, Philip Larkin est un des grands poètes anglais du XXe siècle (connu et reconnu après sa mort seulement, grâce à son éditeur) et j'étais curieuse de découvrir sa prose, puisque ce texte est son deuxième et dernier roman. Et pour ces deux aspects, je n'ai pas été déçue.

Jeune femme un peu mystérieuse, Katherine Lind est une Allemande réfugiée en Angleterre, en pleine Seconde guerre mondiale. Elle y survit, solitaire, avec pour seul horizon quotidien son travail dans une bibliothèque sombre et poussiéreuse de province. Alors certes les bibliothèques et les bibliothécaires ne sont pas à l'honneur dans ce roman, mais Philip Larkin a été bibliothécaire longtemps donc je suppose qu'il retrace fidèlement l'univers des bibliothèques qu'il a connues …

Car tout au long d'un hiver impitoyable, Katherine s'y ennuie, s'y gèle, soumise à un chef stupide et tyrannique, à des collègues délatrices, avec lesquelles aucune amitié ne peut se nouer. Seule, elle repense alors à son correspondant anglais, avec qui elle avait entretenu une longue correspondance lorsqu'elle était au collège, et à qui elle avait rendu visite durant un long été. Se remémorant cet été, elle tente de dissocier les souvenirs et de discipliner sa mémoire qui lui tend un miroir déformé des événements. Pourtant, elle garde une bonne image de la famille qui l'a accueillie, en particulier de Robin, son correspondant, qui lui demande, dix ans plus tard, de se revoir, à quelques jours du Débarquement …

Au coeur du monde terne, froid, qu'est celui de Katherine, la poésie de Philip Larkin explose, sous la forme d'une petite musique envoûtante, pour rendre ce récit introspectif très touchant. A travers des instants choisis, des émotions et des pensées qui ont touché la jeune Katherine, personnage timide, l'auteur déroule son texte, lentement, se rapprochant ainsi de certains romans anglais, où l'action est nulle mais laisse le lecteur savourer tranquillement les mots, choisis et raffinés. Une lenteur – presque une langueur – nécessaire pour l'analyse des personnages, des caractères, des mobiles de chaque acte.

Un beau roman donc, abouti, plein d'une poésie languissante qui est le support parfait de la vie de Katherine, rêvant du paradis perdu …
Lien : http://missbouquinaix.com/20..
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Une Fille en hiver raconte l'histoire de Katherine Lind, réfugiée en Angleterre pendant la seconde guerre mondiale. Katherine travaille dans une bibliothèque où les personnel n'est pas très plaisant, où le moindre de ses gestes est épié et jugé et où son directeur temporaire est un odieux personnage, jugeant, critiquant tout et particulièrement injuste. le récit est construit en trois partie.

La première est consacrée à la vie de Katherine dans une petite ville de province. Sa vie est morne, elle n'a aucun contact amical, malgré ses efforts pour être aimable et serviable. On ressent particulièrement sa vie froide partagée entre sa petite chambre glacée, la bibliothèque où l'atmosphère est inamicale et ses déambulations dans les rues toutes aussi frigorifiques. Les personnages qu'elle rencontre sont également distants et rudes. Par contraste, on aborde la deuxième partie du récit par le souvenir d'un été en Angleterre, à la campagne, dans une maison cossue au sein de la famille Fennel. Katherine est, à cette époque, plus joyeuse et insouciante, plus "réveillée" et observe les moeurs d'une famille anglaise. Il y a Robin, un jeune homme de 16 ans qui se veut très sérieux, poli et a des objectifs assez clairs pour sa vie, Jane, la soeur, plus agée qui est très blasée et ne veut rien faire et les parents, totalement absents en tant qu'hôtes. Mais là encore, un ressenti assez froid s'installe, distillé par les attentes relativement fantasmagorique de la jeune Katherine envers Robin, le fils de la famille qui seront quasiment vaines. de cet épisode estival, une impression de torpeur froide et distante en ressort.

La troisième partie est de nouveau consacrée à la vie actuelle de Katherine, qui attend avec impatience et crainte des nouvelles de Robin, qui au final, a bien changé et dont les perspectives de vie ont bien évoluées. Katherine pourraient peut-être se réveiller un peu de sa torpeur hivernale.

Une fille en hiver est donc vraiment un récit introspectif qui nous invite dans les pensées de Katherine. J'ai parfois eut envie de secouer Katherine, de la voir plus éveillée. J'ai même eu un peu de mal à la comprendre ou même ) m'attacher à elle. Cependant, la langue de Philip Larkin est belle (même si ce n 'est pas la version anglaise). Ce livre m'a plu, comme une parenthèse en suspens. le récit, lent, et l'ambiance, froide, m'ont un peu conduite dans une torpeur certaine, comme une invitation à hiberner.

Lien : http://lisouworld.blogspot.f..
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La fille de ce roman c'est Katherine Lind. Agée d'une vingtaine d'années, elle a quitté son pays et sa famille pour trouver refuge en Angleterre pendant la seconde guerre mondiale. Bien que l'auteur ne mentionne jamais sa nationalité, on peut penser qu'elle est allemande et peut-être juive. Après avoir passé une année en foyer à Londres, la voilà installée en province avec un emploi et un logement. Son logement est un grenier et son travail ne la passionne pas. Ses collègues sont hostiles, son chef est un homme odieux et elle n'a pas d'amis. La jeune fille vit dans une solitude insondable et s'est décidée, après deux ans passés en Angleterre, de reprendre contact avec la famille qui l'a reçu lors d'un séjour linguistique alors qu'elle était adolescente. En attendant une réponse, elle se souvient de de ces trois semaines de vacances à la campagne et surtout de Robin, le fils de la famille dont elle était vaguement amoureuse.
La construction de récit est originale: l'action se déroule sur une seule journée, un glacial samedi d'hiver, et l'épisode estival est inséré en son centre.
Le roman commence bien, l'atmosphère froide et glauque de la ville est bien rendue, et s'accorde parfaitement à la vie pitoyable de Katherine qui parait plutôt sympathique. Tout se gâte quand l'auteur aborde le chapitre de l'été. La jeune fille se montre alors singulièrement compliquée, échafaudant en permanence des théories fumeuses pour essayer de comprendre le comportement des autres à son égard. Jamais satisfaite, elle ne semble pas capable de profiter de l'instant présent et à force de chercher midi à quatorze heures, elle finit par devenir franchement pénible.
Philip Larkin a vingt-cinq ans en 1947, au moment de la publication d'Une fille en hiver. Les tourments intérieurs, proches de la masturbation intellectuelle, qu'il prête à son héroïne semblent plus correspondre à ceux d'un jeune homme de son âge qu'à fille de seize ans.
Je n'ai absolument pas apprécié ce roman que j'ai trouvé sinistre et déprimant sans y trouver la moindre trace de poésie. C''est dommage car j'attendais beaucoup de cette lecture...
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Philip Larkin nous plonge dans la vie d'une jeune réfugiée devenue bibliothécaire dans une province anglaise inhospitalière et nous livre un beau roman sur l'impossibilité de communiquer. Katherine, la Mrs Dalloway de cette « odyssée à l'intérieur d'un rêve », pèche à comprendre les autres, à entrer en contact avec l'Autre, à créer une intimité, à saisir sa propre volonté. Bercé par un ton doux-amer, le lecteur se perd dans cette symphonie couleur de neige fondue, où une jeune femme, oscillant entre un été éblouissant et un hiver étriqué, cherche à se découvrir, à s'épanouir. Une plume poétique, délicate, infiniment juste et sensible.
Lien : http://www.delitteris.com/no..
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A l'image de sa couverture élégante et sobre, Une fille en hiver est le récit introspectif de Miss Katherine Lind. Réfugiée en Angleterre, pendant la Seconde Guerre Mondiale, elle y subsiste grâce à un travail de bibliothécaire. Solitaire, elle se remémore les instants passés aux côtés de Robin et de Jade Fennel lors d'un séjour linguistique et amical passé chez eux, il y a de cela six ans. Dans une famille conservatrice anglaise, Robin est un garçon au caractère tempéré et calme, tandis que Jade la soeur ne se retient pas de ses humeurs fluctuantes. Les parents Fennel, amicaux, bienveillants, hospitaliers sont plutôt discrets laissant à la jeune étrangère tout le loisir de découvrir l'Angleterre en compagnie de jeunes gens. Mais très vite, Katherine se retrouve coincée entre Robin et Jade, qui se disputent la vedette et ne manquent pas une occasion de décontenancer la jeune femme.

J'ai aimé la grande délicatesse et la sensibilité de la plume poétique de Philip Larkin, saisissant des instants, des souvenirs, des fragrances, des émotions et des pensées. Une fille en hiver ne manquera pas de nous rappeler les romans intimistes anglais où l'action est nulle mais laisse place au velouté des moments partagés. J'ai aimé la narration, lente, précieuse qui met en contraste les froides journées d'exil, aux côtés d'un patron odieux comme pour rappeler la tristesse et la solitude et le séjour merveilleux de son enfance. La première partie met en scène les longues errances de Katherine dans les rues glacées de Londres. Nous sommes naturellement en hiver. La seconde partie contraste complètement puisque le récit des journées et des visites ensoleillées lors de son séjour dans la famille Fennel se passe en été. Par contraste, tout y est plus insouciant, excitant, plein de joie contenue... Pourtant ce séjour marqué par la formidable retenue du jeune Robin semble contrariée Katherine qui aurait souhaité plus. La dernière partie du livre est un retour en hiver, où les doutes assaillent l'esprit déjà tourmenté de Katherine. Les illusions s'envolent. Même lorsque Robin, à la veille de partir pour le débarquement, la surprend chez elle et lui demande un moment d'intimité...

Roman d'impressions, roman d'introspection, roman de sentiments, Une fille en hiver est plaisant à lire pour ces moments de lecture, entre langueur et sensibilité, tissé de mots raffinés, porté par une héroïne attachante. Les dialogues retenus, les actes manqués, les regards discrets, l'ambiance langoureuse, tout semble se passer comme dans un poème de Keats où la profondeur de l'âme est essentielle. de la belle littérature.

Lien : http://souslefeuillage.blogs..
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Par Benjamin BERTON

Oh bon sang, un bon vieux roman de 1947 pour le Noël 2011. Ils sont devenus fous ? Personne ne lit Philip Larkin chez nous et c'est vraiment dommage.
Dans Une fille en hiver, on suit dans une sorte de remake administratif et contemporain (l'action se passe pendant la Seconde Guerre Mondiale) du Bonheur des Dames et d'un roman de Flaubert, les aventures en noir et blanc de Katherine, une jeune fille qui peine à fleurir. Larkin réussit un roman remarquable pour son ambiance et son formidable portrait de femme, sa simplicité et la précision de son réalisme social, avec deux fois rien.

Une fille en hiver est beau comme son titre, et sonne juste comme une chanson des Beatles. le ton est délicieux, langoureux et l'ambiance propice à l'élévation des sentiments.
Dickens n'aurait pas fait mieux que Larkin mais sûrement plus long et moins romantique. Pour 20 euros, Une fille en hiver est un miracle qui vous évitera d'acheter des romans à l'eau de rose et des best-sellers aseptisés. "

Lien : http://fluctuat.premiere.fr/..
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Une histoire d'une jeune femme et d'un jeune homme, de l'hiver et de l'été, du temps de guerre et du temps de paix, de l'exil et des vacances ... une histoire construite autour de contrastes fortes, mais un récit tout en retenue, plein de nuances.

La prose du poète Philippe Larkin est magnifique et je me dois de saluer le travail des traducteurs, Dominique Goy-Blanquet et Guy le Gaufey!
Malgré que le fait qu'il s'agit d'un livre très introspectif, où l'héroine Katherine est omniprésente, nous ne savons que très peu sur elle, sur ses origines. Et nous ne savons pas grande chose non plus sur les intentions des autres personnages - et surtout Robin - qui est-il vraiment? Est-il sincère?
Ceci dit, c'est une histoire d'isolation et de solitude et il est donc, peut-être, normal que nous n'arrivons pas à aller plus loin dans notre "connaissance" de ces protagonistes. Après tout, Katherine elle-même, dans son exil, n'arrive pas à faire contact avec d'autres personnes, au delà les relations de travail ou de voisinage.
Il est sous-entendu que cette solitude s'étend au-delà des périodes de guerre et d'exil, qu'il s'agit d'un élément intrinsèque à la condition humaine.
En bref, un livre superbement écrit , très intimiste, qui provoque la réflexion, mais qui nous un peu sur notre faim quant à savoir ce qui précède cette histoire (d'où vient Katherine, pourquoi elle se retrouve si seule? même si on peut imaginer des éléments de son passé, étant donné le contexte de guerre) et ce qui s'en suit ...
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