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Il est bon que les romanciers s'emparent de l'Histoire en marche.
Ali, un jeune ingénieur franco-marocain promis à une brillante carrière et Malika, une pétillante institutrice, vivent gaiement ensemble à Paris lorsque le jeune homme est écarté d'un important dossier par des clients américains en raison de sa bi-nationalité. Profondément meurtri par cette injuste décision, il démissionne et sombre dans une grave dépression. Poussé par son cousin Brahim, il se tourne progressivement vers la religion alors qu'il était athée avant de basculer dans l'extrémisme.
Beaucoup moins romanesque et romantique qu'Ahlam de Marc Trevidic sur le même thème, Ce vain combat que tu livres au monde est cependant une belle invitation à la réflexion, sans tomber dans les pièges idéologiques ou la démagogie, un roman particulièrement vivant, profondément pédagogique et humaniste.
Fouad Laroui interrompt régulièrement le récit pour s'adresser au lecteur et jalonne son roman de nombreux rappels historiques passionnants qui permettent une autre lecture des évènements tragiques liés aux attentats. Cela peut désarçonner le lecteur mais c'est passionnant. La meilleure amie de Malika, Claire est son double, résolument républicaine et agnostique.
J'avais beaucoup aimé, Les Noces fabuleuses du Polonais et Le jour où Malika ne s'est pas mariée, deux recueils de nouvelles truculentes, Fouad Laroui confirme son talent de narrateur avec ce roman richement dialogué et plein d'humour malgré la gravité des évènements.

Je remercie Babelio et les éditions Julliard pour cette découverte.
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Ali et Malika forme un jeune couple moderne, d'origine marocaine, elle née en France, lui au Maroc. Tous les deux bien intégrés dans la société française, ils partagent un appartement à Paris. Malika est institutrice, Ali ingénieur. Mais l'ombre du cousin Brahim, musulman intégriste, qui voit cette union d'un oeil sombre, puis le licenciement d'Ali par la compagnie américaine pour laquelle il travaille suite aux attentats du 11 septembre, vont faire basculer le jeune homme dans le ressentiment jusque dans l'absurdité d'un engagement dont il n'a pas mesuré les conséquences…

Dans ce roman très intéressant, Fouad Laroui nous livre une excellente analyse, à la fois de la dérive d'un homme qui a du mal à trouver sa place entre deux cultures, et bien qu'ayant choisi l'une, la société occidentale moderne, se trouve dans une période de doute et de dépression tenté par les formes les plus obscurantistes de l'autre, l'islamisme revanchard, qui le pousse à remettre en question sa relation avec Malika. Avec en arrière fond l'histoire du monde arabe, sa gloire passée, ses conflits, l'appel du fondamentalisme et la réécriture de l'histoire au service d'une propagande mortifère…
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Documenté, Drôle, Déconcertant, Décapant. Ali, ingénieur franco-marocain et Malika, institutrice, s'installent en couple. La cohabitation se passe bien jusqu'au jour où Ali est évincé du projet sur lequel il travaille depuis longtemps. La raison ? Ce sont des américains à la tête et ils ne veulent pas d'arabe. Ali démissionne. Sa vie va basculée sous l'influence de son cousin pratiquant. le malaise s'accroît au fil du roman, heureusement entrecoupé par des scènes cocasses sur un sujet sérieux, comme celle de l'effeuillage de sa meilleure amie. D'autres fortes comme celle du Bataclan. Quelques pages, de ci de là, de faits historiques instructifs et étonnants. Fouad Laroui a une écriture qui lui est propre dont j'adhère pour son engagement et cette espèce de retrait qu'il a sur la situation tragique du monde actuel. Un roman qui restera toujours quelque part au fond de moi.
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Je n'avais encore jamais lu Fouad Laroui. le découvrir avec ce roman est une très bonne expérience. J'ai apprécié sa construction qui alterne l'intrigue d'Ali et Malika avec des chapitres abordant l'Histoire avec un grand H (ou une grande hache) pour expliquer comment celle-ci explique aussi celle-là.

Pour le duo amoureux Ali-Malika, on assiste aux débuts sous de clairs et prometteurs auspices. Jusqu'à ce que Ali, ingénieur informaticien de talent, se fasse éjecter d'un projet qu'il a porté à cause d'un nom qui ne renvoie pas à la France profonde. Suit une lente déprime. le cousin salafiste est là pour lui remonter le moral, les pendules. Et c'est une sourde puis tonitruante dégradation du si beau couple du début.

Fouad Laroui permet d'observer le processus de radicalisation d'un jeune Marocain jusque là plus attiré par les mojitos et la vie dans tous les plaisirs qu'elle a à offrir. Par son biais, on voit les discours mortifères des imams et autres préchi-préchas fondamentalistes.
Les chapitres alternatifs offrent un angle plus large à ce grave problème du djihadisme, rappelant les sordides découpages coloniaux, les humiliations, etc. Cette partie incite à réfléchir sur l'Histoire et sur la véracité historique. Fouad Laroui démontre que "notre" histoire et "leur" histoire ne se lisent pas de la même manière. Dans le récit même, la leçon donnée par l'ami professeur d'Ali éclaire sur le concept de relativité historique.

Je pense que cette réflexion est un point à mettre en avant contre les extrémismes islamistes et autres. Car comme le montre l'imam salafiste dans sa longue narration des croisades, à ne pas assumer son passé et à ne pas prendre en compte celui d'autrui, c'est l'incompréhension et l'irrespect qui dominent. Jusqu'à l'aigreur, la colère et, hélas, les passages à l'acte.

En quelques deux cent cinquante pages, Fouad Laroui offre une bonne histoire, une belle leçon d'humanité et matière à réfléchir sur de nombreux points. Je compte bien poursuivre ma découverte de son oeuvre avec d'autres titres.
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C'est l'histoire de quatre personnes: Malika ( institutrice née en France de parents maghrébins) est en couple avec Ali (informaticien franco- marocain), Claire, l'amie d'enfance de Malika et Brahim, le cousin d'Ali.
Malika et Ali sont amoureux depuis six mois quand Ali lui propose de vivre avec lui. Ce qu'ils font malgré la réprobation de Brahim qui essaie de dissuader Ali eu égard à leur religion. Ali refuse de l'écouter: ils sont en France et non au Maroc.
Tout se déroule bien jusqu'au jour où Ali apprend qu'on ne veut plus de lui sur un projet en raison de ses origines. Il ne comprend pas, lui qui n'a jamais mis les pieds dans une mosquée, lui qui mène une vie à la « française »,... Tout bascule. Il ne sait plus qui il est, il ne comprend pas.

L'auteur nous raconte la grande histoire au travers de la petite histoire. Il nous raconte aussi la radicalisation sans jugement mais bien dans une volonté de compréhension, pourquoi alors qu'on a jamais mis les pieds dans une mosquée de toute sa vie, on se retrouve en Syrie....
Un chapitre m'a particulièrement intéressée car tout à fait ignorante de ce que ce chapitre révèle ( merci internet qui a complété les informations du livre). L'auteur aborde les découvertes faites, au travers des siècles, par plusieurs personnalités arabes mais qui ne sont pas connues du grand public (dont je fais partie) et en plus, elles sont attribuées à des Occidentaux. L'auteur dit d'ailleurs: « Ça n'enlève rien aux mérites de Descartes - mais enfin, si on parlait un peu de tous ces pèlerins, avec leurs noms à coucher dehors, dans les lycées de la République, peut-être que ça aiderait un peu à créer un roman qui ne serait plus, pour le coup, seulement national, mais qui s'étendrait à toute l'humanité, toute l'espèce humaine, ou alors un roman qui serait national dans un sens beaucoup plus généreux, plus... inclusif. »
L'intervention de l'auteur dans certains chapitres peut dérouter mais pour moi, c'est le seul bémol.
C'est un livre avec lequel on apprend de manière plaisante et c'est aussi un livre qui donne à réfléchir.
J'ai déjà lu « L'insoumise de la Porte de Flandre» de cet auteur et je n'en resterai pas là: j'aime sa plume, j'aime le regard qu'il pose sur le monde et les questions qui en découlent pour nous, lecteurs, j'aime sa tolérance, son humanité,... Cet auteur me bouleverse.
Merci Monsieur Fouad Laroui, à la prochaine.
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Ce vain combat que tu livres au monde est un roman d'une grande intelligence, qui apporte beaucoup au lecteur qui a la curiosité de l'ouvrir et de s'intéresser à la question hautement préoccupante de la radicalisation aujourd'hui.
Je ne pensais pas être touchée à ce point par ce récit.
C'est l'histoire de Malika et Ali, amoureux, vivant à Paris, avec des projets pour leur couple et pour eux-mêmes. Et puis un jour tout bascule face à une difficulté de la vie, Ali ne trouve pas les réponses adéquates et ce laisse influencer. Tout s'amalgame.

Ce roman a de multiples facettes et plusieurs niveaux de lecture. Son approche est moderne et très pédagogique. Fouad Laroui a le soucis d'expliquer, de mettre en perspective et utilise ses personnages pour présenter les points de vue sur la question du terrorisme. Il décrit les mécanismes de la radicalisation, sur quels éléments elle s'appuie (notamment les problèmes identitaires des français qui ne trouvent pas leur place dans la société), il en montre les absurdités.
Il intercale des chapitres au sujet de l'histoire de France, des croisades, du conflit au Moyen-Orient, de la colonisation, du Maghreb... Personnellement, j'étais parfois étourdie par toutes ces explications mais le procédé est habile.
J'ai particulièrement apprécié le passage sur le roman national et l'histoire de France telle qu'elle est contée dans nos manuels d'histoire à l'école. Quelle histoire de France les français veulent-ils écrire pour demain? Pour quelle société?
Le sujet n'est pas gai mais ce un roman est positif, il porte un message d'espoir pour le futur.
Une belle découverte que je recommande. Merci Monsieur Laroui !
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J'ai découvert cet auteur en écoutant une interview sur France Culture, et malgré le sujet d'actualité qu'il traite ( la radicalisation progressive d'un jeune marocain, les attentats terribles que nous avons vécus..), il n'en demeure pas moins un livre agréable à lire sans pesanteur inutile.
L'histoire banale de ce couple, Ali le marocain et Malika la beurette qui vivent loin de la religion et de son fanatisme, totalement en accord avec une vie parisienne actuelle. On comprends que ce sont les événements extérieurs qui vont déterminer leurs choix, leurs convictions jusqu'à ce que le dénouement soit pour l'un tragique, et pour l'autre une blessure non refermée. Là est le premier livre, arrive ensuite le second livre, qui s'entremet dans la fiction avec l'élément catalyseur: L Histoire avec un grand H, qui nous révèle les passages essentiels des évènements du passé qui ont aujourd'hui une grande influence sur les conflits, les violences actuelles. Pour ne citer que quelques exemples, qui se souvient des accords de Sykes-Picot? La survenue de Nasser, homme d'état égyptien, qui mena une politique socialiste et panarabe, considéré comme un personnage des plus influents du XX siècle. L'existence de savants, médecins, artistes arabes inconnus du monde occidental.
Ce qui est intéressant dans ce deuxième livre c'est la version de l'Histoire vue et ressentie par le monde arabe, un point de vue intéressant et qui fait réfléchir.
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A la vie !
Ce sont les derniers mots du dernier roman de Fouad Laroui : Ce vain combat que tu livres au monde.
En ces périodes troublées où le terrorisme nous accompagne quotidiennement il faut effectivement faire l'éloge de la vie de la culture.
Le grand mérite de ce livre est de mélanger une histoire romanesque avec la grande histoire du 20ème siècle, du Moyen Orient
L'histoire romanesque se déroule autour de quatre personnages:Ali,Malika,Claire et Brahim.
Cette histoire est convenue.
Nous allons assister à la radicalisation d''Ali.Cette radicalisation va suivre les chemins habituels du salafisme de la mosquée d'internet et de la Syrie.
Par contre les chapitres consacrés à la connaissance du Moyen Orient sont essentielles à la compréhension du djihadisme.
Les croisades, les accords Sykes- Picot , Nasser, la guerre des 6 jours,l'Iran,Khomeini,Bush autant de raisons au lent glissement d'un monde Arabe au monde Musulman.
L'écriture de Fouad Laroui peut au début du livre déranger : des digressions entre parenthèses qui se veulent humoristiques ou ironiques- une prise à partie du lecteur. Ces éléments vont disparaître au fil du récit

Enfin un point plus personnel
Je connais une amie qui vit au dessus de la terrasse du Petit Cambodge et qui a vécu les attentats du 13 novembre 2015.
J'ai retrouvé sous la plume de Fouad Laroui et dans le personnage De Claire, les explications et les ressentis de mon amie :
un état de sideration, un retranchement ,une mise hors du monde:
Ce vain combat que tu livres au monde.



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Ali est né et a grandi au Maroc. Il vit à Paris depuis plusieurs années. Il y a poursuivi des études d’ingénieur en informatique et il a maintenant un très bon poste dans une grosse entreprise. Il dirige une équipe qui travaille sur un projet très important.

Ali est amoureux de Malika, née en France de parents marocains. Malika, professeur des écoles, est une jeune femme libre et épanouie. Il lui propose de s’installer ensemble sans passer par la case mariage : ils sont suffisamment ouverts d’esprit tous les deux pour l’assumer. D’ailleurs, aucun des deux ne pratique les interdits prônés par l’islam.

Quelques mois plus tard, l’entreprise qui emploie Ali, et grâce à son travail, a décroché un gros contrat avec une entreprise travaillant pour le ministère de la Défense. Mais tous les employés qui travailleront sur l’exécution du projet doivent être approuvés par une commission et ladite commission a barré le nom d’Ali : en ces temps de terrorisme, mieux vaut ne pas prendre de risque…

Ali, sonné, écoeuré, donnera sur le champ sa démission. Lui qui avait toujours cru avoir été accueilli, être un membre à part entière du pays des droits de l’homme, ne peut croire qu’il a ainsi été rejeté. Et là, c’est le drame…

Le jeune homme, d’abord désorienté et déprimé, va tomber peu à peu dans les théories intégristes de son cousin Brahim. Il va tout d’abord changer de comportement avec Malika, devenant dur, lui reprochant d’être libre et sous l’influence de sa meilleure amie Claire qu’il accuse de la débaucher :

« – Non, ça ne me suffit pas. C’est rien le corps, c’est méprisable.

Ah, nous y voilà ! Vous êtes bien tous les mêmes dans toutes les religions. Judaïsme, christianisme, islam : le corps est sale, suspect, méprisable, . Le corps, il vieillit, il se flétrit, mais l’âme, l’hâââme est immortelle. Moyennant quoi, bande de tartufes, vous matez en douce le corps des femmes, dès que vous en avez l’occasion. Dans le métro, ils me déshabillent du regard dix fois par jour tes coreligionnaires…et après, je suppose qu’ils vont à la mosquée me vouer à l’enfer après s’être bien rincé l’oeil ? Et en même temps, ils bavent, l’oeil exorbité, comme le loup de Tex Avery, en pensant aux nénettes qu’ils vont se taper au paradis…Bonjour la cohérence … »

Malika, après cet épisode, quittera Ali qui, lui, va tomber dans les filets de recruteurs infiltrés dans la mosquée qu’il fréquente avec son cousin Brahim. Devenu une sorte de zombie, il partira en Syrie où il va découvrir l’horreur : « On l’invitait à venir assister à une défenestration. Il crut avoir mal entendu. Eh bien,non : on défenestrait, en cet étrange califat, on précipitait du haut des remparts…non : du haut des immeubles des jeunes hommes pas assez virils, pas musculeux, pour tout dire efféminés, une question d’hormones paraît-il, une imprécision de la nature, une erreur dont personne n’est responsable. »

Fouad Laroui signe là un très bon roman, d’un style très vivant (comme à son habitude) et la gravité du sujet n’empêche pas une bonne dose d’humour. Il a eu la riche idée d’introduire entre les chapitres des pages de discussion entre deux personnages qui expliquent l’Histoire entre les pays arabes et l’occident ; la façon dont les événements sont perçus et vécus par chacun des deux côtés et qui nous permet de nous faire une idée précise des raisons de la situation actuelle.

Je terminerai ma chronique avec ce passage sur le kamikaze : « Qu’est ce qui conduit un être humain à se faire exploser, c’est à dire se suicider ? Et si le kamikaze était tout simplement un mélancolique, traversant parfois des épisodes maniaques ? Et s’il était le symptôme du monde arabe actuel ? Le mal pernicieux dont souffre cette grande famille humaine ne réside pas dans la théologie mais dans une mélancolie latente, masquée. Pris dans l’étau d’un rêve orgueilleux de grandeur, plongeant ses racines dans un brillant Moyen Age défunt, rêve désormais inaccessible, confronté à un présent sociopolitique médiocre, fait de mauvaise gouvernance, de disproportion abyssale des richesses, de corruption, d’impuissance politique, ce monde-là ne peut que sombrer dans la désespérance et la mélancolie. »

Ce vain combat que tu livres au monde par Laroui
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J'ai découvert ce roman dans au détour d'une déambulation dans une librairie, la couverture m'a attiré, j'ai lu la 4ème, et je suis reparti avec.
Deux jours de lecture, le roman s'avale tout seul, le style est fluide, agréable, inventif. Les personnages sont attachants et crédibles.
C'est un questionnement sur la place que la culture / société française donne à la culture arabe / orientale et partant, l'image que la société française renvoie à l'une des "communautés" principales la composant.
Je referme ce livre avec 3 ou 4 idées fortes, 3 ou 4 pistes de réflexion que je vais creuser (et il est urgent de creuser après les polémiques estivales) ... C'est ce que je demande à un bon roman !
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