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EAN : 9782847430103
314 pages
Editions Pétra (01/01/2007)
4/5   1 notes
Résumé :

Le néo-eurasisme est l'idéologie la plus travaillée des différents courants de pensée conservateurs qui émergent dans les années 1990 en Russie. Il prône la réunification de l'espace post-soviétique et le retour de la Russie à une politique de " grande puissance ". Ses grands doctrinaires (Lev Gumilev, Alexandre Panarin, Alexandre Dugin) ont une influence conséquente sur la vie intellectuelle rus... >Voir plus
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Marlène Laruelle compte, avec son compagnon Sébastien Peyrouse, parmi les rares chercheurs français à s'intéresser à l'Asie centrale. Si Sébastien Peyrouse est un internationaliste, la spécialité de Marlène Laruelle est la philosophie politique et c'est sous la direction de Catherine Poujol qu'elle a réalisé son doctorat consacré au mythe aryen en Russie au XIXème siècle. L'ouvrage qu'elle publie aujourd'hui sur l'idéologie néo-eurasiste constitue le prolongement de ce travail.
L'eurasisme était né dans la diaspora russe dans les années 20. Il s'agissait d'une réaction au bolchevisme, auquel étaient reprochées ses origines occidentales, et d'une tentative de réhabilitation des racines « asiatiques » de l'éternelle Russie.
Marlène Laruelle montre que, contrairement à ce qui est souvent soutenu, le néo-eurasisme des années 90 n'entretient qu'une fausse filiation avec celui des années 30. Cette doctrine conservatrice n'en exerce pas moins une grande influence intellectuelle en Russie aujourd'hui. Ses caractéristiques communes sont un rejet plus ou moins agressif du monde occidental et un essentialisme culturaliste qui tend à enfermer les individus dans leur religion et dans leur civilisation.

Trois chapitres successifs nous font découvrir les trois principaux penseurs néo-eurasistes qui incarnent chacun une approche très différente de cette idéologie. Lev Gumilev décédé en 1992, est le plus révéré : son oeuvre est enseignée à l'université, sa statue a été érigée dans les rues de Kazan, la capitale d'un Tatarstan récemment converti au néo-eurasisme. Il cherche dans les sciences naturelles, la biologie au premier chef, mais aussi la physique voire la cosmologie, l'explication du développement des ethnies et des super-ethnies. Alexandre Panarin est un philosophe qui ne cherche pas dans les sciences naturelles un fondement à son néo-eurasime. Il défend plutôt une conception culturaliste, inspirée des thèses civilisationnelles de Samuel Huntington, au nom de laquelle il critique l'universalisme niveleur de l'Occident. Enfin, Alexandre Dugin est aujourd'hui le néo-eurasiste le plus célèbre – même si l'influence qu'on lui prête au Kremlin est probablement exagérée. Ses très classiques positions géopolitiques – l'opposition mackinderienne du Heartland et de la World Island – flirte avec un anti-américanisme qui aimerait résonner avec la mode altermondialiste.

Les deux autres chapitres de cet ouvrage sont consacrés aux « néo-eurasismes allogènes » c'est-à-dire à la façon dont les Musulmans de Russie, du Kazakhstan et de la Turquie se sont réappropriés les théories eurasistes. Marlène Laruelle nous présente les positions plus ou moins autonomistes qu'autorise le néo-eurasisme. Ainsi, pour Dugin comme pour Tadjuddin, le président de la Direction spirituelle centrale des musulmans de Russie (CDUM), l'islam doit tolérer la suprématie russo-orthodoxe. Au contraire, le parti eurasiste de Russie de Niazov comme le Conseil des muftis de Russie (SMR) revendiquent l'égalité des droits entre Orthodoxes et Musulmans. Il en va de même au Tatarstan ou au Kazakhstan où le néo-eurasisme prôné par les autorités officielles permet de concilier la spécificité nationale et un fort sentiment de loyauté envers l'Etat russe.
Ce « détour par l'extérieur » permet de jeter un regard nouveau sur le néo-eurasisme russe. S'il en existe une version « sincère » qui prône la synthèse de l'Asie et de l'Europe dans une réelle mixité, il constitue le plus souvent un discours de domination nationaliste russien, probablement hétérophile, mais certainement mixophobe – pour reprendre la terminologie de P.-A. Taguieff.
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