Une pièce montée

En ce beau jour de juin, où le soleil brille et où la campagne s'est parée de ses plus belles couleurs, l'on s'apprête à célébrer en grandes pompes le mariage de Bérangère et Vincent. Un mariage chapeauté et paré de belles étoffes. Mais derrière les froufrous et les sourires de façade se cachent sournoisement rancoeurs, jalousies, ricanements, mesquineries voire méchancetés. Entre le prêtre qui débite cantiques et autres "bondieuseries" à toute vitesse, la soeur qui veut un tableau trop parfait des enfants d'honneur, celle considérée comme le vilain petit canard et qui fait encore des siennes, l'ex qui s'affiche plus rayonnante que jamais, la grand-mère que l'on materne bien trop mais aussi les oncles et tantes qui, pour certains, vont se faire remarquer, la journée risque bien de ne pas être si parfaite et idyllique...

Ah, le mariage... Que l'on prépare pendant des mois pour que tout soit si parfait et qui, le jour J, ne revêt pas vraiment ses plus beaux atours... C'est ce qui va arriver à Bérangère et Vincent en ce jour fatidique lorsque quelques membres de leurs familles y mettront leur grain de sable. Dans ce roman choral, Blandine le Callet donne la voix à différents protagonistes (mariée, grand-mère, tante, soeur, oncle...) qui, à tour de rôle, vont raconter des moments de la journée, moments inoubliables et forts pour certain d'ailleurs. Des personnages tour à tour touchants, vulnérables, courageux, pathétiques, cruels, profiteurs... qui révèlent peu à peu cette photo de famille de la bourgeoisie qui se veut si parfaite. Cette pièce montée douce-amère se déguste savoureusement et goulûment...

Premier roman (!) de B. le Callet dans lequel elle observe avec humour et une justesse de style "le bonheur collectif obligatoire et organisé" d'un mariage bourgeois à la campagne. L'occasion de démasquer les hypocrisies de chacun... et le lecteur se marre !

Un livre choral particulièrement réussi qui met en scène des mariés, leurs familles et les invités avec tellement de justesse, d'ironie que ça m'a presque mise mal à l'aise.

Chaque chapitre est consacré à un personnage et à son point de vue. Ainsi une même scène peut être vue plusieurs fois mais de manière totalement différente.

C'est un mariage haut de gamme dans une famille bourgeoise (la robe de la mariée tape déjà dans les 3000 euros, la vaisselle est choisie parmi les grands noms alors que je collectionne les points pour les verres Intermarché hihi). Bref autant vous dire qu'on ne mélange pas les torchons et les serviettes, que les petits plats se mettent dans les grands et que chacun doit se plier aux règles.

J'ai beaucoup aimé l'ouverture du roman avec le point de vue de Pauline une petite fille qui découvre que les adultes ont parfois un comportement très moche sous des airs gentils. Le comportement de la soeur de la mariée à l'égard d'une petite cousine trisomique est juste à vomir.

J'ai bien aimé le personnage de Marie qui m'a fait penser à une cousine de ma mère qui s'est casée tard et a essuyé pas mal de remarques blessantes sans parler de la fête des catherinettes comme elle n'était pas mariée à 25 ans.

Il n'y a pas mieux qu'une famille pour infliger des blessures profondes.

Ce qui est parfaitement retranscrit dans le livre. On retrouve le personnage de la ronde, de la célibataire sur le tard, de celui qui a réussi et le fait savoir à la terre entière, la belle mère méchante...

Voilà un bon petit roman assez jubilatoire, très caustique, souvent émouvant et parfois énervant.
Jubilatoire bien sûr, car chaque anecdote racontée fait sourire tellement elle sent le vécu et donne au lecteur une impression de déjà-vu (allez, avouons-le, qui n'a pas assisté à un mariage un peu "prout-prout").
Caustique car nos petits bourgeois en prennent pour leur grade, un peu comme si l'auteure réglait ses comptes. Tout le monde est sur son 31, prêt à faire des efforts pour que tout se déroule bien (même Marie a acheté un chapeau superbe) et puis petit à petit, le vernis se fendille, la vraie nature de chacun refait surface et les coups de griffes fusent de partout.
Évidemment, l'émotion est au rendez-vous principalement lors du récit de Pauline qui va se rendre compte, au cours de cette cérémonie que les adultes sont loin d'être parfaits. Même la détresse de ce pauvre curé en dépression, écarté de la fête pour une erreur de prénom et une messe un peu bâclée, est compréhensible.
Au milieu de ce beau monde, emprisonné par le carcan des convenances, nous vient aussi l'envie de distribuer des claques, à la mère du marié, à Damien le collègue, à Laurence la soeur (tous jugés irrécupérables), j'en passe mais pas des meilleurs. Bérénice mériterait bien aussi quelques gifles, pourtant là, je me retiens car il me semble que, sous l'influence de Vincent, et après les aveux de Maddy, tout n'est peut-être pas perdu...

Je ne suis pas spécialement attirée par les histoires de mariage mais j'avoue que j'ai beaucoup aimé ce livre et particulièrement sa construction. Chaque chapitre correspond au point de vue de l'un des participants à ce mariage et à la façon dont il va vivre cet événement. Cela va des semaines qui ont précédé la cérémonie avec la préparation du mariage pour les mariés ou leurs familles, à la cérémonie en elle-même pour le prêtre qui officie, en passant par le repas ou la soirée pour les invités.

Au fil du livre on découvre tous ces moments privilégiés à travers les yeux des différents protagonistes. Une galerie de portraits avec des personnages attachants, avec les doutes, les rancoeurs, les désillusions, les bilans personnels et les souvenirs qui s'invitent tour à tour chez chacun d'eux tout au long de la journée. Tous cherchent à sauver les apparences et à se conformer à ce que l'on attend d'eux mais chacun finit par dévoiler ses blessures, sa personnalité ou s'interroger sur sa vie. Certains vont montrer leurs travers et leur mesquinerie, d'autres accepter les petites compromissions de la vie pour tenter de sauver les restes d'un bonheur passé qui s'enfuit. Chaque chapitre est différent selon la personnalité du sujet. Pauline la petite fille est touchante, Vincent le marié gentil mais un peu benêt, Bérengère la mariée est une pimbêche particulièrement agaçante, la grand-mère une femme de caractère qui supporte mal de devoir dépendre de ses enfants... Bref une famille comme on en connaît tous "bien sous tous rapports" jusqu'à ce que le vernis finisse par craquer pour faire ressortir les secrets bien cachés, les mensonges et les trahisons, la méchanceté, la complaisance, l'arrogance... J'ai particulièrement aimé le regard de Pauline qui deviendra l'alliée de Lucie cette petite fille différente et Jean-Philippe prêt à tous les pardons par amour pour sa femme. En réalité, ce ne sont pas seulement les personnages principaux qui m'ont plu mais aussi tous ces "rôles secondaires" qui viennent peu à peu compléter les histoires de chacun.

Dans un style incisif, enlevé avec un soupçon d'insolence et d'humour, voire une certaine jubilation, l'auteur nous entraîne au centre de toutes ces vies, de tous ces moments, à la rencontre des personnages de cette photo de famille. C'est caustique, piquant, drôle et touchant, énervant aussi parfois... mais tout le charme de ce livre tient dans ce melting-pot d'émotions et d'histoires personnelles. J'ai vraiment passé un bon moment à ce mariage et j'ai apprécié ma petite part de pièce montée.

Je pensais ouvrir un roman léger et ne pas forcément le chroniquer, mais il est bien plus que cela même si sa lecture glisse toute seule. J'ai une nouvelle fois admiré la dextérité de l'auteure qui a su, cette fois, traiter le thème de la cérémonie de mariage avec finesse. La diversité des points de vue que nous offre Blandine le Callet en fait un livre riche. Elle en profite pour aborder d'autres thèmes à cette occasion, même si certains dérangent, et c'est ce qui rend cette oeuvre si réaliste et finalement bien moins caricaturale que ce que je croyais au départ.


On y entrevoit tous les sentiments que peut provoquer un mariage, et comment cette fête, censée représenter l'union de deux personnes ou deux familles dans la joie et la bonne humeur, ressemble parfois plus à la journée de l'exclusion, où les célibataires sont parqués à une table, où les rangs sociaux sont mis en exergue par les tenues, où tous ceux qui sortent du rang sont rejetés car on a peur qu'ils ternissent l'image bien lisse d'un bonheur artificiellement parfait.


Chacun sait que la perfection n'existe pas, mais jusqu'où peut-on aller pour faire « comme si » , durant ce jour-là ? Est-ce que cela implique par exemple d'exclure des photos une trisomique qui y ferait tache, ou un enfant dont l'habit n'est pas assez bien et qui romprait l'harmonie feinte et trafiquée de la photo ? Deux lesbiennes peuvent-elles faire voler les faux-semblants en éclat, en plein mariage bourgeois ? Est-ce la bonne journée pour révéler des secrets de famille ?


A raison d'un chapitre par personne, Blandine le Callet nous fait sonder la tête et le coeur des protagonistes du plus beau jour de la vie de Bérangère et de Vincent. Des sentiments des enfants durant la noce, en passant par le ressenti des invités, ou encore la vision du marié qui découvre sa future femme pendant les préparatifs, sans oublier les sentiments du Prêtre au bout du rouleau que personne ne voit, tout cela nous offre une belle vision d'ensemble de ce que peut être ce jour d'anthologie.


J'ai beaucoup aimé le fait qu'on se rende compte que chacun repartira avec ses propres souvenirs de cette réunion, sa vision, ses discussions et observations personnelles ; ses moments forts et ses faiblesses. Alors comment chacun se souviendra de l'union de Vincent et Bérangère ? Ce livre est comme un vrai mariage, bourré d'une multitude de sentiments différents selon les personnes, et galvanisés par l'effervescence de l'événement.


« Et ce couple de mariés perchés au sommet, qu'est-ce qu'il symbolise au juste ? Les épreuves surmontées à deux ? L'ascension périlleuse jusqu'au septième ciel ? La prétention de ceux qui s'imaginent que leur amour va durer toujours ? Il paraît que si le gâteau est monté trop tôt, les choux se détrempent et s'affaissent, le caramel se dissout, tout dégringole. C'est peut-être ça le message au fond. » (p.189)


De son écriture si juste, Blandine le Callet nous offre une épatante satire sociale. Elle n'est ni naïve ni complètement sombre, elle raconte ce que chacun peut observer, penser ou ressentir lors de l'une de ces cérémonies. Un livre qui se lit de l'intérieur, donc.


Prêts pour assister au mariage de Bérangère et Vincent ?

Lien : http://onee-chan-a-lu.public..

Blandine le Callet a écrit un roman choral autour du mariage de Berengère et Vincent. Chaque protagoniste (une enfant, le prêtre, la grand-mère, le marié, la mariée,…) va successivement livrer ses sentiments (parfois cruels), ses doutes, ses émotions. Cette cérémonie sera aussi l'occasion pour la grand-mère de la mariée de révéler d'ultimes secrets… Beaucoup de thèmes sont abordés dans ce roman : la vie de couple, la vieillesse, la maladie, par exemple. Et au centre, le mariage, mis en scène par la mariée tel un spectacle (Bérengère à Vincent : « Nous sommes les personnages principaux, et les invités sont à la fois les figurants et les spectateurs »). D'où le titre du roman, subtilement ambigu. Et Vincent qui au final estime « que cette journée n'a pas été la sienne ; il s'est contenté d'accomplir avec docilité ce qu'on attendait de lui ».

Une bonne satyre sociale, très bien écrite. Un mariage "prout prout" vu par différents personnages, quoi de plus jubilatoire ? Néanmoins, la fin laisse une bonne leçon de vie et donc une certaine morale à cette histoire. J'ai passé un excellent moment avec ce livre, je le conseille vivement.

Un petit roman bien sympathique sur le mariage et les émotions diverses que cet évènement peut susciter chez les différents protagonistes. Bien agréable à lire , rien à voir avec la ballade de Lila K du même auteur!

Difficile de réaliser un bon roman choral, car il faut que l'auteur se force à changer de style à chaque personnage.

Il n'y a pas vraiment de changement de style, mais les points de vue des différents personnages sont très bien réalisés. Nous arrivons tout à fait à comprendre les sentiments de chaque protagoniste.

Tous sont des participants à un mariage. Chacun retiendra des choses différentes de ce mariage. Et le livre sonne juste. Nous avons tous été à des mariages et nous n'en dirons pas la même chose que notre voisin.

L'auteur parvient bien à nous montrer que les occasions familiales, telles que les mariages, sont des moments ambigus, avec de la joie, mais aussi des regrets, de l'amertume, des loupés, et une certaine forme de bilan perso.

C'est bien mené, les personnages font vrai, avec leurs côtés sympathiques et leurs défauts.
Ce livre est parfois cynique, parfois attendrissant, mais surtout il raconte la vie, le temps d'une journée.