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3,88

sur 837 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Évidemment, je lis ce roman avec les yeux d'un lecteur moderne, et je ne pense pas vous en dévoiler trop en disant que Carmilla est une histoire de vampires.
Ou plutôt, une histoire de vampirette. Carmilla ne s'intéresse qu'aux jeunes filles, ou aux jeunes femmes. Homosexualité féminine ? Franchement, vous avez déjà vu des vampires chastes ? Ah, si, pardon, dans Twilight ! Donc, les intentions de Carmilla sont chastes et pures, et c'est en toute innocence qu'elle se rapproche de jeunes filles très jeunes, très belles. Mouais. N'y a-t-il pas de beaux jeunes hommes en Styrie ? Apparemment non.
Par contre, il existe des hommes d'âge mûr, qui ne parviennent pas à protéger les jeunes filles qui sont sous leur garde, que ce soit leur fille ou celle qu'ils considèrent comme leur fille. Comme quoi, il n'y a pas que les jeunes hommes qui représentent des dangers pour la gente féminine.
Ainsi, Laura et son père sont bien naïfs. L'une est trop jeune, trop inexpérimentée, trop seule enfin dans ce château où elle s'ennuie un peu, il faut bien le dire, l'autre est trop rationnel, trop peu à l'écoute des signes, et pourtant, il croit en l'histoire de la mère de Carmilla. de même, Laura croit en tout ce que lui dit Carmilla, trop contente de se trouver une amie, presque une âme soeur, et tant pis si son comportement est étrange. Carmilla a toujours une explication pour tout, elle a eu le temps de peaufiner sa stratégie.
Heureusement, le bien triomphe, grâce à un concours de circonstance. Nous le savions à l'avance, puisque le récit est rétrospectif. Il aura tout de même fallu plusieurs victimes…
Carmilla est à lire si vous aimez les vampires.
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Une véritable petite perle du XIXe siècle où une jeune fille au milieu de la campagne autrichienne fait la rencontre fortuite d'une autre jeune femme à la beauté envoûtante, l'une et l'autre apprenant à se connaître au fur et à mesure que d'étranges évènements ont lieu dans les villages alentours.
Un très joli livre sur le désir et l'érotisme lesbien, bien qu'il soit écrit par un homme. Je suis contente d'être tombée dessus au détour d'une librairie.
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Après que leur carrosse ait versé dans une ornière, un gentilhomme accepte d'héberger Carmilla, la fille d'une voyageuse ; la fille semble éprouvée par l'accident et la mère évoque l'obligation de poursuivre son itinéraire sans délai. C'est ainsi que Carmilla est introduite de leur plein gré dans la maison de ses hôtes qui ne tardent pas à être avertis d'étranges morts dans les environs depuis quelques temps. Les victimes sont prises d'une morbide apathie, voire d'étouffements. Laura, la fille du gentilhomme, est d'abord épouvantée de faire la connaissance de Carmilla qui ressemble étrangement à la femme qui est apparue dans l'un de ses plus angoissants cauchemars, mais elle finit par apprécier sa compagnie et succombe à son charme, à son envoûtement : Carmilla est si belle, si étrange, si mystérieuse. Bien que taisant de nombreux secrets sur ses origines, Carmilla lui promet un amour éternel !
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Comme le livre précédent que j'ai lu de l'auteur (Le mystérieux locataire), Carmilla est un récit fantastique mais moins épouvantable cependant. L'histoire nous est contée par Laura elle-même, après la mésaventure d'avec Carmilla, ce qui donne au lecteur une invitation à la découverte de cette histoire formidable en compagnie de la victime.

Contrairement à la plupart des critiques lues sur ce livre, je n'ai pas trouvé Laura si naïve : elle est bien consciente du danger mais son esprit est victime d'hallucinations incontrôlables.

De même, je n'ai absolument pas déniché l'ombre d'allusion d'homosexualité ! Oui il y a des passages déclaratifs mais tout cela reste superficiel. Pour moi, Carmilla souhaite transformer Laura afin qu'elle soit elle aussi éternelle :
"...je vis de ta vie ardente, et tu mourras, oui, tu mourras avec délices, pour te fondre en la mienne. Je n'y puis rien : de même que je vais vers toi, de même, à ton tour, tu iras vers d'autres, et tu apprendras l'extase de cette cruauté qui est pourtant de l'amour. Donc, pour quelque temps encore, ne cherche pas à en savoir davantage sur moi et les miens, mais accorde-moi ta confiance de toute ton âme aimante. Après avoir prononcé cette rapsodie, elle resserrait son étreinte frémissante, et ses lèvres me brûlaient doucement les joues par de tendres baisers."

J'ai bien aimé ce court roman fantastique que l'auteur sort l'année avant sa mort. Ce personnage charmant et vénéneux qu'est la femme vampire inspira de nombreux auteurs (Bram Stoker et son Dracula par exemple), mais je reste avant tout admirative de l'invention et de la prose de l'auteur qui, je me répète, est l'un des plus impressionnants à mes yeux car il mêle l'étrange au comique. Voici la manière dont il présente le saltimbanque qui passe au château de Laura :
"Il avait aussi un violon, une boîte d'accessoire de prestidigitateur, deux fleurets et deux masques accrochés à sa ceinture, et plusieurs autres boîtes mystérieuses pendillant tout autour de lui. Il tenait à la main une canne noire à bout de cuivre. Un chien maigre au poil rude le suivait comme une ombre : mais, ce jour-là, il s'arrêta devant le pont-levis dans une attitude soupçonneuse, et, presque aussitôt, se mit à pousser des hurlements lugubres."

Ce personnage pourtant loufoque et atypique apporte l'humour nécessaire :
"Votre noble amie, à votre droite, est pourvue de dents extrêmement tranchantes : longues, fines, pointues – comme une alêne, comme une aiguille ! Ha, ha, ha ! grâce à mes yeux perçants, j'ai vu cela de façon très nette. Si la noble demoiselle en souffre (et je crois qu'elle doit en souffrir), me voici avec ma lime, mon poinçon et mes pinces. S'il plaît à Sa Seigneurie, je vais les arrondir, je vais les émousser : elle n'aura plus des dents de poisson, elle aura les dents qui conviennent à une si belle demoiselle. Hein ? La demoiselle est-elle mécontente ? Me serais-je montré trop hardi, et l'aurais-je offensée sans le vouloir ? En vérité, la demoiselle avait l'air fort courroucé, tandis qu'elle s'écartait de la fenêtre."

Je cherche d'autres romans de l'auteur qui m'inspire beaucoup et dont je me sens assez proche, comme j'aurais aimé écrire ceci, simple, efficace et tellement vrai !

"Mais les rêves traversent les pierres des murs, éclairent des chambres enténébrées ou enténèbrent des chambres éclairées ; et leurs personnages, narguant tous les serruriers du monde, font leurs entrées ou leurs sorties comme il leur plaît."

Pour finir, Le Fanu a fort judicieusement donné une fin raisonnable à son récit et je l'en remercie car je déteste les fins ouvertes ou qui s'achèvent dans la précipitation comme si l'auteur voulait se débarrasser d'un fardeau trop lourd.






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Dans ce petit récit, vous trouverez tous les ingrédients inhérents à la nouvelle fantastique : une narratrice qui témoigne de son aventure dans un récit à la première personne, un secret à conserver, des vampires et fantômes, des cauchemars, un vieux tableau noirci, des ruines, un pays lointain et une vieille demeure isolée ainsi qu'un certain rapport à la psychanalyse naissante. le croisement entre la rationalité et l'irréel est constant, le monde du cauchemar, expérience onirique universelle, très présent dans ce récit reflétant indubitablement l'univers pictural d'Heinrich Füssli (1741-1825) qui s'inspirait des démons et sorcières sortant tout droit de la mythologie, d'oeuvres de Shakespeare ou de son propre inconscient : « L'horrible bête précipita son allure tandis que les ténèbres croissaient dans la chambre. Finalement, il fit si noir que je ne distinguai plus que les yeux de l'animal. Je le sentis bondir légèrement sur mon lit. Les deux yeux énormes vinrent tout près de mon visage, et soudain, j'éprouvais une très vive douleur [...] ».
Cette nouvelle met en scène deux personnages féminins, une jeune fille, Laura, qui vit seule avec son père et ses préceptrices et une jeune femme vampire qui choisit et séduit ses proies avant de s'en délecter chaque nuit. Ayant déjà tué plusieurs jeunes filles, Carmilla s'arrange pour être recueillie dans la demeure de Laura et de son père. Laura est immédiatement conquise par cette jeune femme étrange qui lui tient un langage troublant : « Elle murmurait d'une voix entrecoupée : « tu es mienne, tu seras mienne, et toi et moi nous ferons qu'une à jamais ! ».
Ce récit peut être considéré comme une métaphore de l'amour interdit et confronte le lecteur à ses peurs les plus intimes et à ses désirs équivoques qui peuvent conduire à la jouissance comme à la mort.
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Un château isolé, une narratrice jeune et naïve, des phénomènes surnaturels, une ambiance sombre et ensorcelante, une vampire mystérieuse et séduisante : un grand coup de coeur pour un grand classique de la littérature gothique, précurseur du Dracula de Bram Stoker et de tant d'autres vampires...
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Écrit 25 ans avant le célèbre Dracula, Carmilla est à mes yeux (malgré une fin que je trouve un peu trop brutale) un chef-d'oeuvre indispensable de la littérature vampirique. Même s'il n'est pas le tout premier à mettre en scène un vampire, il est le premier incluant une relation amoureuse entre deux femmes.

Cette relation constitue tout l'attrait du récit. L'auteur conte son histoire à travers le personnage de Laura, solitaire et attachante. La venue de Carmilla va bouleverser son existence sous bien des aspects. La relation entre les deux femmes est à la fois charnelle et subtile, aussi passionnée qu'ambigüe, où la finesse et l'intelligence des propos côtoient une attirance perceptible, et c'est ce qui lui donne une telle attractivité. Teintée d'érotisme, il s'en dégage pourtant un puritanisme évident. de cette relation est née une modernité incontestable du romantisme dans la littérature vampirique. Il faut pouvoir penser à cette oeuvre et à celles qui ont suivi pour se rendre compte du génie de le Fanu.

Carmilla est aussi fascinante que troublante. Tour à tour énigmatique et langoureuse, elle ne cesse d'interpeller, pour mieux surprendre ensuite. Il s'agit pour moi de la femme la plus culte et la plus réussie dans la littérature vampirique, car elle est l'incarnation de la noblesse, de l'élégance et de la séduction dans sa facette la plus sombre et hypnotique. de même, c'est à travers elle que l'ambiance est si réussie. À l'image de la relation, elle oscille entre fantastique et érotisme. C'est ce qui la rend si brumeuse et envoûtante, une tension permanente s'en dégage (l'aspect gothique est parfaitement mis en scène). En la matière, je n'avais jamais rien lu de tel.

La façon dont Le Fanu a construit sa novella la rend extrêmement prenante. Ce qui est paradoxal, c'est que l'écriture est à la fois entrainante et gauche, mais c'est aussi ce qui fait son charme, d'autant plus qu'il faut remettre les choses dans leur contexte. C'est une histoire profondément humaine, sensible, qui fait se rendre compte, à travers la figure du vampire, que l'influence, dans sa fine manipulation, est la pire chose qui soit.

Pour l'anecdote, la préface de François Rivière est aussi belle qu'instructive, mettant en lumière le contexte historique et les conditions dans lesquelles Le Fanu a rédigé Carmilla.

Si Dracula est considéré (à juste titre) comme le seigneur des vampires, Carmilla en est sans nul doute la reine.
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Un classique gothique qui met en avant la figure du vampire, avant même le célèbre Dracula de Bram Stoker. Mais pas n'importe quel vampire, une femme qui ne s'attaque qu'à d'autres jeunes femmes, avec une sensualité sapphique qui a étonamment échappé à la censure.
En 150 pages à peine, Sheridan le Fanu esquisse un paysage sylvestre isolé entre ruines, château et brume, dans lequel vit une jeune femme solitaire. Jusqu'à l'arrivée de Carmilla, belle, intelligente mais souffrant d'une extrême langueur, une compagne qui fascine et repousse l'héroïne.
Une lecture parfaite pour l'automne, avec une magnifique plume (les descriptions !), vraiment un incontournable du style, loin des longueurs digressives d'un Melmoth.
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Excellent livre. Franchement, bien mieux que le "pompeux" Dracula. Je m'étonne qu'aucune adaptation cinématographique n'existe car ce roman en vaut largement la peine.

Ca se lit facilement et les personnages sont attachants. le style est simple mais efficace. Je pense que c'est une bonne approche pour s'initier au roman gothique.
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Ayant lu l'année dernière à la même période le "Dracula" de Bram Stoker, j'avais envie de sortir à l'occasion du pumpkin autumn challenge un autre classique vampirique : "Carmilla", de Joseph Sheridan le Fanu.

Sorti vingt-sept ans avant son illustre successeur, "Carmilla" se distingue beaucoup de celui-ci. On y suit une famille composée d'un père, sa fille et deux servantes, qui habitent un château en Styrie situé dans la forêt profonde (bonjour l'ambiance), et qui se retrouvent à accueillir une jeune inconnue qu'un accident a jeté sur leur route.

J'ai beaucoup aimé ce court roman (ou longue nouvelle) pour son efficacité, son ambiance et ses thématiques.
On est dans le plus pur roman gothique et fantastique, avec ses landes ténébreuses, ses ambiances mystérieuses et ses mauvaises interprétations des faits qui banalisent le surnaturel. Ce sont des éléments que j'ai beaucoup apprécié dans ma lecture, et qui l'a rendu extrêmement immersive.
Ajoutez à ça UNE vampire, attiré par les femmes, qui ajoute de l'originalité au récit (pour l'époque, cela devait être révolutionnaire), et on a là une histoire certes plutôt classique dans sa forme, mais avec un fond très intéressant et bien mené.

"Carmilla" aura été une superbe découverte qui m'a donné envie de découvrir les autres textes de Sheridan le Fanu. En clair : une lecture parfaite pour ces prochains mois d'automne.
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Chef d'oeuvre gothique, Carmilla est LE roman de vampires à lire si l'on baigne dans le fantastique et que l'on veut revenir à ses origines. C'est un gros coup de coeur pour moi qui ne connaissait même pas l'auteur. Il n'y a rien à redire et les mots me manquent pour décrire ce superbe ouvrage.
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Publié en 1872, cette histoire est-elle antérieure ou postérieure au "Dracula" de Bram Stocker ?

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