La pierre et le vent

Dans un monde où il est bon ton de critiquer, d'ironiser, de railler et de tout mettre à distance, je crois, bien au contraire, à la nécessité de proclamer sa fidélité et de rendre grâce. Nos contemporains sont esseulés et désamarrés, ils ne croient plus en rien, ils ne veulent plus élever le regard au-dessus des strictes contingences et des réalités immanentes qui les occupent, ils ont assez à lutter dans le champ noueux du plat réel, l'aspiration à la transcendance s'est éteinte en eux, ils croient à la vitesse, à l'urgence, à l'immédiateté, à l'efficacité. Ce sont des nomades délestés, souvent incapables d'admirer, de regarder, d'écouter, faute de temps, pris aussi dans un tourbillon d'activités parfois vaines et illusoires.