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EAN : 9782714301826
José Corti (01/01/1974)
4.65/5   23 notes
Résumé :
Avec "Lettrines", si Julien Gracq inaugure un style d’écriture qui échappe à une définition classique, il ne paraît pas exagéré de penser qu’il renouvelle une forme d’expression originale — appréciée de certains romantiques allemands — que d’autres écrivains vont emprunter après lui. Littérature en fragment, aphoristique, c’ est "un ensemble très libre, une mosaïque de notes de lecture, de réflexions, de souvenirs", dira-t-il dans une interview. Très éloignée de ce ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Gracq a le génie de la métaphore filée qui vient révéler de façon à la fois inattendue et évidente un aspect de l'oeuvre dont il est en train de parler. On a plaisir à voir l'image se former, de deviner la figure en train de se construire avant qu'elle ne soit tout à fait explicitée. Les deux volumes de Lettrines sont une réussite à la fois critique et littéraire.
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le basculement de la planéte , du genre humain , de l ' ecrivain lui meme en un espace - temps futur ingrat mesuré par hier et aujourd'hui , chemins et distances, age de la Plombilisation Plutonienne , par une industrialisation outranciere progressant en ravages environnementaux parallèle au cheminement de l ' avancée en âge.

L ' echappée ex - centrique s' en soutient par l ' exploration conquérante des dimensions nouvelles et cachées offertes par la situation expérimentée de cette confrontation au basculement exposant aux limites extrémes de la vie geo - continentale planétaire et physio - biologique de la vieillesse , prises comme une peripetie ou voyage nouveau d' une aventure toute Autre , et similaire , et ce pour chacun , de la découverte et de l ' exploration du continent Inconnu , Americain, matérialisation de l ' Au - delà terrestre.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Villes qui ont poussé autour d'une résidence royale ou princière : Versailles, Chantilly : hautainerie (pour parler comme Montherlant) qui porte le gilet rayé, morgue de domesticité de grande maison. Point d'âme dans ces casernes et écuries, annexes de garde-robe ou de vénerie, hôtels de gentilshommes de la chambre, cités inconsistantes, éventrées de part en part par le pavé du roi. Ce sont les communs d'une valetaille qui, titrée ou non, frétille avec égalité dans l'attente du coup de sonnette. Y vivre me semblerait difficile : comment se loger, même au large, dans une conciergerie de château?
J'ai erré cet après-midi trois heures dans le château et le parc de Versailles, poussé jusqu'au Hameau de la Reine et au Petit Trianon. Ce n'est pas au souvenir du Grand Roi que le château et le parc s'animent encore pour moi, c'est à celui des dernières années, celles de Pauvre Jacques et des bergerades sur fond de Carmagnole. Et la légende des apparitions de Trianon garde sa part de vérité symbolique la seule ombre qui hante vraiment Versailles reste celle de la Reine.
Rien de ces lourds, odorants, secrets et somptueux ombrages n'a existé du temps de Louis XIV, et sa fin de règne a dû à peine suffire à essuyer les plâtres du palais. Les plantations du parc, naines encore, en rangs serrés, gardaient, j'imagine, quelque chose de sec, de gourmé et de militaire, comme ces vues cavalières de batailles qui peuplent partout les salons. Un Versailles chauve, ou tout au moins tondu encore à l'ordonnance, plus près de Villandry que de Chambord. Mais en 1789 la patine était venue, les statues étaient tavelées, les arbres centenaires, la maturité achevée et parfaite le point doré de périr se posait sur les frondaisons d'Octobre. La verdure féroce de l'Ile-de-France est partout ici inséparable de sa couleur complémentaire, et le pépiement des bosquets du déclic de la guillotine : palais non pas flétri, mais sacré par la cohue, et comme sombrement enchanté encore après deux siècles par l'heure que marquent ses horloges arrêtées.
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Le Rouge et le Noir. J'avais quatorze ans lorsque je lus dans un manuel scolaire de littérature quelques lignes (…) sur Stendhal, dont je ne savais rien, et dont je n'avais jamais entendu le nom. Elles faisaient allusion au jugement de Taine; il y était question, je m'en souviens, de la précision de la psychologie stendhalienne : ces lignes m'intriguèrent; le nom du livre, celui de l'auteur aussi, me dépaysait et me plaisait. Il n'y avait guère de moyen pour un pensionnaire du lycée, à cette époque, de se procurer un exemplaire de Stendhal; une odeur de soufre flottait encore autour de cet écrivain cynique, qui n'avait pas accès aux « bibliothèques de quartier ». (…) Les titres des cha- pitres, et les épigraphes, m'étonnèrent (j'ai toujours eu un faible pour les livres divisés en chapitres, pour les chapitres titrés, et plus encore pour les épigraphes) À peine le livre ouvert, je ne sais quelle bouffée d’insolence allègre est enragée me sauta à la tête et m’enivra ; en quelques pages, je cédais à une complète fascination. Quand j’eus fini le livre, je l’ai recommencé aussitôt. (…) Le Rouge et le Noir a été, beaucoup plus que le sur- réalisme, ma grande percée à travers le convenu, un convenu qui m'avait trouvé jusque-là parfaitement docile. Chaque soir, en rouvrant la couverture verte, je m'éta- blissais dans une paisible, une tranquille insurrection intellectuelle et affective contre tout ce qui s'était donné à moi pour recommandé, et que je n'avais fait nulle difficulté d'accepter comme tel. Je le lisais contre tout ce qui m'entourait, contre tout ce qu'on m'inculquait, tout comme Julien Sorel avait lu le Mémorial contre la société et contre le credo de Verrières. Mais cette fin de non-recevoir généralisée restait sans violence et sans révolte : elle était congé pris, séparation, froid recul.
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Francis jammes, dont je lis un volume de morceaux choisis. Ma génération aura peut-être été son dernier public, déjà distrait. J'ai vécu encore en familiarité avec les choses dont il parle : l'eau du puits bleue, la caverne fraîche et ténébreuse des maisons bourgeoises de l'été, les fleurs de jardin de curé, réséda, oeillets de poète, gueules de loup, giroflées, héliotropes, roses trémières --- les tonnelles bourdonnantes de guêpes et de mouches, la cueillette des poires, le chaudron de cuivre des confitures, où on râclait du bout des doigts l'écume des groseilles, les cartouches moulées dans le sertisseur la veille de l'ouverture, les petits métiers et pittoresques qui verdissaient encore sur la paresse gagne-petit de la campagne : laveuses, rémouleurs, repasseuses à domicile, lingères, plumeuses de poules, ramasseurs de peaux de lapin.
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" Tout livre digne de ce nom, s'il fonctionne réellement, fonctionne en enceinte fermée, et sa vertu éminente est de récupérer et de se réincorporer - modifiées - toutes les énergies qu'il libère, de recevoir en retour, réfléchies, toutes les ondes qu'il émet. C'est là sa différence avec la vie, incomparablement plus riche et plus variée, mais où la règle est le rayonnement et la dispersion stérile dans l'illimité. Espace clos du livre : restreint, c'est la clé de sa faiblesse. Mais aussi étanche : c'est le secret de son efficacité. "

[Julien GRACQ, "Lettrines II", Librairie José Corti, 1974]
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Ma grand tante J : .... je lui apportais des livres : elle lisait tout, indifféremment, comme on tricote : Paul Féval, Gide, Jules Verne, Hemingway, Dostoïevski, "Sans Famille" ou Les Quatre Filles du Docteur Marsh. Elle mourut, je crois, à 89 ans. Quelquefois, vers la fin, quand en ouvrant la porte de sa chambre on la trouvait assise et silencieuse, je ne sais quelle absence d'une seconde dans le visage qui souriait faiblement ou dans les mains qui lâchait le livre ou l'aiguille semblait dire : "C'est bien long."
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Vidéo de Julien Gracq
À travers les différents ouvrages que l'auteur a écrit pendant et après ses voyages à travers le monde, la poésie a pris une place importante. Mais pas que ! Sylvain Tesson est venu sur le plateau de la grande librairie avec les livres ont fait de lui l'écrivain qu'il est aujourd'hui, au-delàs de ses voyages. "Ce sont les livres que je consulte tout le temps. Je les lis, je les relis et je les annote" raconte-il à François Busnel. Parmi eux, "Entretiens" de Julien Gracq, un professeur de géographie, "Sur les falaises de marbres" d'Ernst Jünger ou encore, "La Ferme africaine" de Karen Blixen. 
Retrouvez l'intégralité de l'interview ci-dessous : https://www.france.tv/france-5/la-grande-librairie/
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