AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,94

sur 17 notes
5
3 avis
4
4 avis
3
1 avis
2
1 avis
1
0 avis
" A travers La Joconde, quand l'Art nous sourit, la Beauté devient intemporelle". Serge Zeller.


-J'ai 20 000 admirateurs/trices par jour, et aujourd'hui personne, (à cause du confinement!). Se plaint Mona qui lisait la tristesse dans les yeux des gardiens du Louvre.


La Joconde avait vu bien des choses: Sandro Botticelli, et bien d'autres, en train d'admirer sa beauté, ce qui lui plaisait beaucoup! Quelle femme n'aime pas les hommages ?


-François 1er m'enleva à Maître Leonardo Da Vinci et ne cessait de contempler mon joli sourire énigmatique et ma façon de suivre des yeux, mes admirateurs... Je devins célèbre, grâce à un Roi!


Mais, je fus jalousée par nombre de femmes. Tenez, cette jolie rousse, Marie Gandin, la maîtresse de François 1er qui me fit décrocher du mur de la chambre du roi!


Tant mieux, je ne souriais plus en voyant leurs ébats passionnés!
Cachez, madame, ce sein que je ne saurais voir!


Ensuite, ce fut à cause des femmes, sans doute, que sous Louis XIV et le suivant, je fus reléguée dans un petit salon...


Que des rois ne veuillent pas de moi, me chagrinait. Et même une Impératrice, Joséphine de Beauharnais me traita de " concubine, et de libertine." Mes yeux se remplissent de larmes, à ce triste souvenir.


J'ai frissonné dans ce petit salon, car je me vis nue, dans un tableau, en face de moi...


Un tableau peint par Salaï un apprenti au visage d'ange, (le favori de Leonardo) qui m'avait peint dans la même posture, mais, sans mes vêtements...


Ah, le petit diable, comme le surnommait Leonardo! Je devais détourner le regard, quand le Maître commençait à le caresser. Je n'aimais pas ces amours entre deux hommes...


Je crus revoir Salaï, en 2020 mais c'était un sosie, qui se nomme Robert Alias (c'est drôle !) en train de me peintre.
Edgar, mon gardien au Louvre, surveille ce Robert, il craint qu'on ne me kidnappe encore une fois.


Je l'avais été le 21/08/1911, par un vitrier italien qui se nommait Enzo...


Mon coeur saigne, quand j'y repense, et mes yeux sont embués, par ces souvenirs...
Et mon sourire se fige, devant le regard enfiévré de ce Robert Alias...


Il y a un minuscule L et un S (pour Salaï) dans les yeux de La Joconde, selon Sylvano Vincenti. Et Salaï aurait servi de modèle, selon Sophie Herford...
Sur ce sujet, je préfère fermer... les yeux!
Commenter  J’apprécie          8614
Jusqu'à maintenant, quand je me rendais au musée du Louvre, je n'allais quasiment plus voir "La Joconde" ou alors juste en passant. Je me disais que je l'avais déjà vue à maintes reprises, qu'il était impossible de la regarder tranquillement et qu'il y avait bien d'autres oeuvres injustement ignorées des visiteurs et qui méritaient le détour.
Certes, il est impossible de rester au-delà de quelques secondes devant La Joconde, succès oblige, certes il y a d'autres oeuvres magnifiques dans ce musée, mais depuis que j'ai lu ce roman, mon regard sur "La Joconde" a changé. La prochaine fois que je me rendrai au musée du Louvre, j'irai lui faire un petit coucou comme à quelqu'un qu'on connaît bien, car grâce à ce roman ce tableau a littéralement pris vie pour moi ! "La Joconde" n'est plus seulement un tableau, ce n'est plus seulement l'être qui a posé pour Léonard de Vinci, c'est l'ensemble qui est vivant, la femme qui a posé et qui se trouve dans le tableau !
Il faut le reconnaître, "La Joconde" a beau attirer les touristes du monde entier, elle fait un peu partie des meubles, on la photographie, on fait un selfie et zou on part. En d'autres termes, on la voit, mais on ne la regarde pas, chacun de nous pensant bien la connaître. Pourtant, si on gratte un peu le vernis (au sens figuré !), elle a énormément de choses à nous raconter, ayant traversé par moins de cinq siècles d'histoire.


UN TABLEAU VIVANT !
Pour nous faire découvrir l'histoire fabuleuse de ce tableau, l'auteur a pris le parti ingénieux et original de donner la parole à la femme peinte dans ce tableau, à l'être humain vivant dans le tableau ! Ce mode de narration, attribué à un objet, est vraiment inattendu et l'effet est spectaculaire : en nous permettant d'approcher l'oeuvre d'une manière très sensible, il nous donne l'impression d'une très grande proximité avec le tableau qui s'humanise dès la première ligne, il devient vivant, et le demeure jusqu'à la fin... et je dirais même bien au-delà dans mon cas !


UN CARACTÈRE BIEN TREMPÉ
En prenant la parole, La Joconde nous précise de suite que ce récit, constitué de courts chapitres bien rythmés, est destiné à Edgar, son fidèle gardien qui selon elle "m'aime, et me comprend, et lit dans mes pensées", afin qu'il sache tout de son histoire, depuis sa création en 1503 dans l'atelier florentin de Léonard de Vinci jusqu'à ce mois de janvier 2019.
Entre ces deux dates, elle a vécu toutes sortes d'aventures au gré des événements de l'histoire de France et rencontré de nombreux personnages historiques : Léonard de Vinci, Salaï, Francesco Melzi, Sandro Botticelli, François Ier et ses différentes maîtresses (Marie Gaudin, Françoise de Châteaubriant, Anne de Pisseleu), Louis XIV et ses différentes maîtresses (La Vallière, Louis XIV, Madame de Montespan, Madame de Maintenon), Colbert, Louis XV, le Bernin, Cambacérès, Talleyrand, Talma, Théophile Gautier, Delacroix, Manet, Baudelaire, George Sand, etc. C'est l'occasion pour elle de nous livrer quelques anecdotes et avis bien tranchés sur tel ou tel personnage, on peut dire qu'elle ne mâche pas ses mots et c'est vraiment drôle, car on découvre certains personnages sous un angle inédit ; on imagine ainsi sans peine La Joconde en train d'observer Louis XIV :

"Je fus, je dois l'avouer, aussi surprise que déçue par son aspect. Louis, qui était alors âgé d'environ vingt-cinq ans, était aussi petit que François avait été d'une taille et d'une stature imposantes. Il se haussait sur ses escarpins pour se grandir, et tout dans son maintien exprimait une sorte de morgue hautaine. Autant dire qu'il ne m'inspira aucune sympathie."

Quant à Salaï, il a beau être le protégé de Léonard de Vinci, qui lui pardonne tout, La Joconde n'est pas dupe : "Menteur, paresseux, hypocrite, voleur, Salaï avait tous les défauts." Mais elle n'est pas en reste non plus avec les femmes, comme George Sand qui la compare à la Méduse : "Pour qui se prenait-elle, elle, avec ses yeux globuleux, ses joues épaisses et son menton fuyant ? Il est vrai qu'elle avait autrefois séduit Musset et Chopin, pour ne citer que ces deux-là parmi ses innombrables amants… Mais qu'avaient-ils pu lui trouver ?"

Ah, elle en a du caractère ! Et il en fallait pour supporter tout ce qu'elle a subi durant ces cinq siècles d'histoire. Car contrairement à ce qu'on pourrait croire, elle n'a pas toujours fait l'objet d'admiration, se retrouvant parfois reléguée dans des pièces ou des lieux peu fréquentés, tels "le triste et sombre" appartement des Bains de Fontainebleau ou le salon de l'hôtel de la Surintendance des Bâtiments royaux de Versailles, et c'est l'une des choses que j'ai apprise en lisant ce roman. Adulée par François Ier, elle a été peu à peu délaissée par les souverains suivants, notamment Louis XIV et Louis XV qu'elle n'apprécie pas du tout ! Napoléon lui trouvait du charme mais Joséphine de Beauharnais ne l'appréciait guère, lui trouvant le "sourire ironique". Ce n'est qu'au moment de son vol, en 1911, qu'elle a véritablement regagné son aura et bien au-delà. Elle est véritablement devenue une star internationale, voyageant à plusieurs reprises jusqu'en 1974, aux États-Unis où elle rencontre Jackie et John Kennedy, au Japon, en Russie où les foules se pressent pour l'admirer.


UNE VIE MOUVEMENTÉE
C'est donc avec beaucoup de curiosité et d'intérêt que j'ai découvert l'histoire de ce tableau, au-delà des deux grandes dates connues de tous, sa création (1503) et son vol (1911), et l'une des autres choses apprises en lisant ce roman c'est que La Joconde n'est pas allée directement d'Amboise au musée du Louvre, elle est passée par différents lieux : le château de Fontainebleau, le château de Versailles, le palais du Louvre, le palais des Tuileries, le musée du Louvre, l'Arsenal de Brest, l'église des Jacobins de Toulouse, Montauban, le château de Chambord, le musée Ingres à Montauban, divers châteaux du Lot et du Quercy dont le château de Montal, etc.
Son périple durant les deux conflits mondiaux a tout particulièrement attiré mon attention. Plus précisément, son parcours durant la Seconde Guerre mondiale m'a passionnée – je ne le connaissais que dans les grandes lignes –, car à travers le regard de la Joconde, on assiste à son "évacuation" en différents lieux et elle va finir par se retrouver au château de Montal sous la surveillance de René Huyghe, conservateur au Musée du Louvre et résistant. On assiste même à une rencontre entre ce dernier et René Jaujard, directeur du Louvre et résistant, au cours de laquelle ils évoquent le vol des oeuvres d'art par les Allemands, la mise en sécurité des oeuvres d'art du Musée du Louvre en province et l'action de Rose Valland, attachée de conservation au musée du Jeu de paume, pour lutter contre ce trafic d'oeuvres d'art.


UNE FEMME ÉMOUVANTE
Mais ne croyez pas que La Joconde ne soit qu'une cancanière, si tant est qu'elle le soit car son jugement me semble plutôt juste, elle fait preuve de beaucoup de sensibilité, aussi bien à l'égard de son créateur, Léonard de Vinci, que de François Ier. À travers son regard, on apprend beaucoup sur ces deux personnages, leurs caractères, leurs vies... Quand elle évoque la mort de Léonard de Vinci, on sent que la tristesse, difficilement retenue, l'étreint ; il en va de même pour François Ier :

"François s'éloigna pour monter à l'étage. Lorsqu'il passa devant moi, il me lança un rapide coup d'oeil et j'aperçus, l'espace d'un instant, son visage ravagé par le chagrin. Un chagrin que je partageais. S'il considérait Leonardo comme un père, ainsi qu'il l'avait dit, nous étions l'un et l'autre frappés par le deuil. À cette différence près que, pour moi, c'était vrai. Leonardo était réellement mon père."

"La disparition de François a été le plus grand chagrin de ma vie après le décès du Maître. Car si Leonardo avait été mon père, François m'avait adoptée comme une… disons une amie de coeur. J'eus la douloureuse impression, après sa mort, d'être seule au monde. Et ce n'était pas seulement une impression : pendant les temps qui suivirent, je ne vis pour ainsi dire personne. On ne s'intéressait plus à moi, on m'avait oubliée."


DEUX HISTOIRES MÊLÉES
L'autre point original de ce roman est l'insertion d'une histoire contemporaine, permettant de donner encore plus d'ampleur à ce roman, ne le laissant pas cantonné à l'histoire de ce tableau. J'ai été un peu dubitative en découvrant le premier chapitre consacré à cette histoire qui se déroule au XXIe siècle, me demandant où elle allait mener, mais l'alternance des chapitres courts, consacrés tantôt au passé, tantôt au présent, fonctionne parfaitement bien puisque la narration est en permanence conduite par La Joconde, le lien se fait donc tout naturellement entre les différents chapitres.

Cette histoire est basée sur trois personnages, un jeune homme étudiant à l'École des Beaux-Arts de Paris, Robert Alias, qui vient chaque jour travailler devant l'oeuvre, une jeune femme un peu paumée, Alexandra Baader, dont on ne comprend pas bien le but (jusqu'au dénouement final) et le gardien de la salle, Edgar, qui aime passionnément La Joconde. Là encore, cette dernière nous fait l'honneur de ses confidences et de ses opinions sur ses visiteurs et donc sur la société actuelle, un point de vue fort intéressant et parfois incisif !

"… dans la foule de ces touristes qui, eux, me fatiguent de plus en plus avec leurs manies, dont la dernière est de se photographier eux-mêmes avec mon image en arrière-plan. Cette mode étrange est apparue il y a quelques années. Les premières fois, c'est avec stupeur que j'ai vu les gens me tourner le dos, tendre leur appareil à bout de bras et cadrer leur propre visage dans l'objectif de façon que l'on m'aperçoive de loin derrière eux… Maintenant, je sais pourquoi ils font cela. Ils veulent pouvoir prouver, une fois rentés chez eux, qu'ils m'ont bien vue, qu'ils sont réellement allés dans cette salle du Louvre qui m'est consacrée. Je ne les condamne pas, c'est la rançon de ma célébrité. Mais quand même ! M'utiliser comme arrière-plan de leur autoportrait, moi, la Joconde... Quelle imprudence !"

"Rien à voir avec le regard vide des touristes qui ne fait que glisser sur moi comme il a glissé, ce regard, sur les divers monuments qu'il est d'usage de visiter quand on vient à Paris. Ces gens pourront dire en rentrant dans leur pays qu'ils m'ont vue, oui, comme ils ont vu Notre-Dame et la tour Eiffel. Ils m'ont vue, mais ils ne m'ont pas regardée."

Jonglant avec habileté entre le passé et le présent, ce roman se termine d'ailleurs par une jolie pirouette surréaliste, assez étonnante, associant justement passé et présent ! Rempli d'anecdotes et de détails historiques qui nous permettent d'apprendre plein de petites choses sans s'en apercevoir, ce roman n'est pas seulement original, il est à la fois pétillant, fin, drôle, joyeux, léger. Mon seul regret ? L'avoir terminé !
Lien : http://romans-historiques.bl..
Commenter  J’apprécie          251
Un récit sympa pour amateurs d'art ou d'Histoire de France. C'est la Joconde elle-même (le tableau, pas le modèle) qui est la narratrice.

A travers ses yeux on prend une leçon d'histoire. Tout d'abord sur Leonardo Da Vinci et François 1er, puis au grès des déplacements du tableau, on surprend les maitresses des rois s'envoyer des piques et Napoléeon discuter avec sa femme. le travail préparatoire est intéressant : l'auteur a recherché quelles étaient les scènes mémorables auxquelles la Joconde aurait pu assister. Ensuite il nous livre la suite d'anecdotes. L'écueil principal auquel il s'est confronté est celui de l'unité du texte.

Il parvient à garder un fil directeur grâce à deux options. Tout d'abord une thématique commune : celle de l'histoire de l'art et de la conservation des oeuvres. On s'amuse de voir la Joconde tour à tour modeste (quand on l'encense) puis déçue (quand on l'ignore). Qu'est-ce que le beau ? Est-ce que cela dépend de l'époque ? La Joconde pourrait sembler être justement le tableau qui fait consensus. Mais l'auteur nous dévoile que c'est suite à son vol et aux protections dont elle est entourée qu'elle est devenu le pinacle du Louvre...

Deuxième technique pour accrocher le lecteur : le fil rouge des chapitres qui se passent au "présent" (présent de l'édition s'entend, soit 2019).

Un livre pour se cultiver et se détendre, que je conseille aux amateurs de miscellanées.
Commenter  J’apprécie          150
Bonsoir,
Un livre très original et passionnant ce soir avec « Dans les yeux de Mona Lisa » d' Alain le Ninèze aux Ateliers Henry Dougier. J'ai adoré cette histoire où la fiction et la réalité se mêlent. En effet nous suivons toute la vie de la Joconde depuis sa création jusqu'à nos jours et toutes les réflexions que ses pérégrinations lui inspirent. Une plongée à la fois dans le monde de l'art et dans quelques siècles d'histoire. Un excellent moment.
Quatrième de couverture : Mona lisa raconte ce qu'elle voit depuis plus de 500 ans !

Cinq siècles après la mort de Léonard de Vinci, Mona Lisa parle. Cinq siècles à écouter, observer, espionner... Elle raconte ici son histoire, depuis le temps où elle vit le jour à Florence jusqu'à notre époque où, devenue le plus célèbre tableau du monde, elle trône en idole au musée du Louvre. Célébrité, disgrâce, kidnapping et agressions diverses, détournement d'image, vie clandestine pendant les guerres, voyages diplomatiques à travers le monde, la Joconde a traversé bien des épreuves. Elle a fréquenté aussi les grands de l'Histoire, de François 1er à John F. Kennedy en passant par Louis XIV et Napoléon. Et elle a vu, parfois, ce que ses yeux n'auraient pas dû voir...
Commenter  J’apprécie          30
Si les oeuvres, les pierres, les objets pouvaient parler, que nous diraient-ils ? Question que l'on se pose souvent quand on visite un musée, un monument ou encore quand on tient un livre ancien dans ses mains. Alain le Ninèze, essayiste, romancier, publié chez Autrement, au Seuil, chez Acte Sud et maintenant aux ateliers Henry Dougier, essaie, à sa façon, de faire parler le tableau le plus illustre qu'il soit, l'intrigante Joconde, Mona Lisa.

À travers ce livre atypique, qui joue entre histoire et fiction, sans pouvoir entrer dans les catégories livre d'histoire ou roman historique pour autant, cinq siècles de la vie d'un tableau nous sont contés.

Des débuts dans l'atelier du maître, Léonard de Vinci, à Florence jusqu'à sa dernière demeure, au Louvre, ou des millions de visiteurs se pressent de par le monde pour la voir, dorénavant, la plupart du temps, à travers un écran de téléphone.

Formidable épopée qui ne commence réellement qu'en 1516 avec le départ du génie pour Amboise, à la demande de François Ier.

La suite à lire sur : www.actualitte.com
Lien : https://www.actualitte.com/a..
Commenter  J’apprécie          30
La Joconde a l'art de raconter nos histoires

Pourquoi “nos histoires”, et comment une oeuvre d'art serait-elle un témoin privilégié et une narratrice habile ? C'est parce que sous la plume d'Alain le Ninèze, la Joconde n'est pas un tableau figé : durant ses cinq siècles d'existence, depuis sa naissance en 1503 à Florence, son regard perçant et délicat a suivi des intrigues politiques et amoureuses, mais aussi l'engouement pour des oeuvres picturales et littéraires devenues éternelles. “Nos histoires” donc, celles qui ont scandé les rapports diplomatiques et la création artistique de la France, ici racontées à travers le prisme d'une Mona Lisa tout en modestie, et finement observatrice.

L'ouvrage d'Alain le Ninèze célèbre la Joconde non pas comme l'une des toiles les plus admirées au monde, mais bel et bien comme une peinture qui a voyagé, et qui a vécu. Le dialogue intérieur retranscrit par l'auteur s'attarde moins sur les états d'âme de Mona Lisa dépassée par sa notoriété - bien que ces passages fassent sourire le lecteur -, que sur les personnalités et les événements qu'elle a connus, et qui ont influencé le cours de l'Histoire.

Au-delà d'un focus sur le chef-d'oeuvre de Leonardo Da Vinci, ce livre déploie toute sa portée pédagogique. Pas d'hypotypose à la Diderot donc, ce n'est pas l'objectif ici. Entre ces pages, un style simple et oralisé qui dévoile - par le biais de conversations privées fictives tenues sous le regard de la Joconde -, les enjeux émotionnels et patrimoniaux autour des oeuvres d'art. C'est ainsi que le lecteur indiscret devient les yeux et les oreilles de Mona Lisa, et se plait à surprendre les échanges entre François Iᵉʳ et Leonardo Da Vinci, ou entre Napoléon Bonaparte et Joséphine…

Mais il y a aussi, au cours de sa longue vie de pérégrinations, des choses qui ont détourné le regard de Mona Lisa : cachez-moi ces Joconde qu'elle ne saurait voir ! L'auteur fait parler une oeuvre académique qui s'interroge sur son unicité, se sentant parfois offensée par toutes ces copies, et plus particulièrement celle de Marcel Duchamp, avec une moustache et la signature L.H.O.O.Q. (1917). Pourtant, Mona Lisa le reconnaît : la caricature, la lithographie et la sérigraphie font partie de l'Histoire de l'art. Et malgré tout, la “bellezza potente” (puissante beauté) de la peinture de Leonardo Da Vinci (la seule, l'unique), est toujours intacte. Peut-être parce que son charme réside dans tous les secrets qu'elle ne nous dévoile pas encore…
Commenter  J’apprécie          30
Un immense merci à l'opération "Masse critique" ainsi qu'aux éditions Ateliers Henry Dougier pour ce livre qui est mon préféré des 4 déjà reçus dans le cadre de cette opération. le concept? Une personnification de la célèbre Mona Lisa qui nous raconte sa vie et tout ce dont elle a été témoin. Ses souvenirs (dans l'ordre plus ou moins chronologique) sont entrecoupés de scènes se déroulant au présent (voire au futur: de janvier à mai 2019...)

Mon avis? J'ai quasi tout adoré! Premièrement, le style fluide mais beau de l'auteur. Deuxièmement, le mélange histoire, art et humour même si les passages en 2019 (qui rendent l'oeuvre plus dynamique et plus facile à lire) m'ont moins convaincu: je trouvais les "surprises" assez prévisibles et cet aspect un peu policier et un peu fantastique m'a semblé inutile.
J'ai adoré certaines anecdotes et la façon de les raconter comme cet apprenti (Salai) qui a peint la Joconde nue au grand dam de Léonard ou cet artiste dada (Marcel Duchamp) qui s'est amusé à la désacraliser en la grimant et en ajoutant L.H.O.O.Q. sur sa toile! Ou ce dialogue se déroulant chez Napoléon qui est à la fois assez vulgaire (limite pornographique) et exprimé avec subtilité et élégance (ce qui provoque un contraste génial entre le fond et la forme, je l'ai donc copié en citation!) :) Tous ces détails rendent la lecture aussi divertissante qu'instructive! Un livre que je recommande vivement à tous ceux qui s'intéressent un minimum à l'art.
Commenter  J’apprécie          30
Étant toujours très attirée par les livres qui évoquent le monde de l'art et plus particulièrement celui de la Renaissance italienne, je ne pouvais qu'être tentée par ce roman qui donne la parole à la Joconde, tableau mythique s'il en est. C'est en effet Lisa Gherardini, épouse de Francesco del Giocondo, qui nous offre ici le récit de sa propre « existence ». de sa naissance dans l'atelier florentin de Léonard de Vinci, en passant par Rome, par Amboise et jusqu'à son arrivée à Paris, elle évoque les lieux dans lesquels elle a « vécu », les personnages historiques, célèbres et puissants, qu'elle a côtoyés et les grands évènements historiques qu'elle a traversés.
En choisissant cette forme de narration ludique et originale, Alain le Ninèze nous offre une véritable petite gourmandise littéraire pour qui aime l'art et son histoire.
Commenter  J’apprécie          20
Quelle superbe idée d'avoir imaginé une oeuvre d'art ayant le désir d'exprimer à nous lecteurs, ses pensées, de vouloir nous raconter son existence, l'ensemble des ses péripéties - et il y en a eu - qui n'ont fait qu'accroître sa renommée. La prochaine fois que je me rendrai à Paris, au Musé du Louvre, je regarderai le visage de cette femme avec davantage d'attention et je lui dirai tout bas : « Je vous ai écouté Mona Lisa, sincèrement... quelle sacrée vie de portrait avez-vous eue ! »

Ce roman nous fait voyager à travers différentes époques et lieux dans lesquels "La Joconde" - qui ne fût pas nommée tout de suite ainsi - s'est vue transportée. de sa création par Léonard de Vinci en 1503 - en passant par la possession de différents monarques et figures emblématiques qui ont fait l'histoire de France, mais aussi outre-Atlantique - et jusqu'à aujourd'hui en 2019, où l'oeuvre trône dans la salle des États.

Toutefois, durant ma lecture, j'avais l'impression que le tableau en question, s'échappait de sa galerie pour venir s'accrocher aux murs des différentes pièces, dans lesquelles je dévorais ce bouquin et que « Madame Lisa » - comme le dit une fois Joséphine de Beauharnais à Napoléon - s'animait pour m'avouer de nombreux secrets. Si j'ai eu cette sensation d'être complètement plongée au coeur de l'intrigue. c'est la preuve que j'ai été totalement captivée !

Une fois le livre entre les mains, les pages défilaient au rythme des confidences passionnantes faites par la mystérieuse Lisa Gherardini. On ne se lasse pas d'écouter, de lire les faits historiques qu'elle nous relate et les anecdotes indiscrètes dont elle nous fait part avec une petite pointe d'humour très agréable !

En donnant vie à une icône artistique qui se trouve être « encadrée » et protégée d'une vitre blindée, l'auteur arrive réellement à nous faire ressentir différentes émotions, mêlant la joie d'une peinture réalisée, admirée voire adulée; et en même temps, la tristesse, la mélancolie d'une toile quittant son pays d'origine, ayant subie psychologiquement les différentes évènements liés aux affres des diverses guerres.

L'empathie est bel et bien présente pour cette dame qui se demande encore, si sa gloire est véritablement légitime et qui s'insurge ou se réjouis de tout ces yeux qui la scrute.

Si parfois elle est blessée par nos remarques, une chose est sûre, et à présent je le sais, silencieusement, elle écoute ces mots d'amour qu'on lui déclare...

Un grand merci aux éditions Atelier Henry Dougier de m'avoir proposé de lire ce livre.
Lien : https://www.instagram.com/so..
Commenter  J’apprécie          20


Lecteurs (59) Voir plus



Quiz Voir plus

Arts et littérature ...

Quelle romancière publie "Les Hauts de Hurle-vent" en 1847 ?

Charlotte Brontë
Anne Brontë
Emily Brontë

16 questions
1084 lecteurs ont répondu
Thèmes : culture générale , littérature , art , musique , peinture , cinemaCréer un quiz sur ce livre

{* *}