Il s'appelle
Jean Balthazar, héros d'un autre temps, playboys de charme avec son joujou extra qui peut faire Crac Boum Hu quand il se redresse la nuit étoilée.
Elle s'appelle
Marie Noël, comtesse d'une nuit, seule sur son lit à baldaquin.
Elle guette, un pli du rideau, une ombre qui traverse, le regard obnubilé sur la nuit, noire.
Une broche, une perle, noire. A se demander si aux premiers rayons du jour, elle retrouvera autant ses esprits que ses bijoux. Elle tient aux bijoux de famille, peut-être même plus qu'à ceux du comte.
Il aime les filles, de chez Castel, de chez Régine, qu'on voit dans Elle, celles qui roulent en Renault comme en Citroën. Il en rêve chaque nuit, comme des sourires à sa vie, dans sa cellule froide et humide, le regard sur le mur orné de graffitis. Un cachot, se serait-il fait arrêté ? On dit de lui que c'est le plus grand, le plus charmant, le plus élégant, avec ses gants ou bien sans gants, l'Arsène, sacré personnage. Lupin de son vrai nom, à moins que là-aussi ça soit un pseudo.
Un verre de vin, pas de tableaux au mur qu'on puisse chaparder, juste des photos d'un célèbre moine bouddhiste, une montre posée là, pas une Rolex juste une Garmin, je ne crains pas l'Arsène à la tombée de la nuit si bien que je lui sert un verre, il sait vivre, je l'ai déjà dit il est charmant. J'allume la télé, c'est combien le canal Netflix ? Zut, je n'ai pas payé l'abonnement. Au temps pour moi. Lupin, dans l'ombre d'Arsène, le nouvel héros, chevalier des temps modernes. Alors, j'éteins la télé, j'ouvre un bouquin, c'est tout aussi bien.
Maurice Leblanc. J'essaie de me souvenir, mais les souvenirs restent anciens. Ai-je déjà lu Maurice ? Je ne crois pas. Il était temps, l'écriture a vieilli mais par moment elle prête à sourire, c'est gentil, c'est une autre époque, au temps des gentlemen.
Les villes s'éveillent, de Dieppe à Paris, cinq heures du mat, les travestis se rasent, les strip-teaseuses se rhabillent, j'ai des frissons. Il vient chez vous la nuit, sans déranger votre sommeil ; il décroche sans bruit le tableau acheté la veille. Puis avant de partir après ses coupables travaux, il laisse un mot sur le piano. Gentleman cambrioleur et tombeur de ses dâmes. Je rallume la télé, il doit bien y avoir une chaîne au fin fond de la TNT qui diffuse Arsène Lupin, ma version d'antan, celle avec Georges Descrières et un générique que je fredonne souvent, l'ami Jacques... C'est le plus grand des voleurs Oui, mais c'est un gentleman Il s'empare de vos valeurs Sans vous menacer d'une arme Quand il détrousse
une femme Il lui fait porter des fleurs Gentleman cambrioleur Est un vrai seigneur...
Une autre époque vous ai-je déjà dit...