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Voici encore un texte donné par l'auteur polonais qui fut effrontément subversif mais qui grâce à sa patience , à sa dissimulation équivoque et à sa ruse toute intérieure, échappa aux foudres du centralisme démocratique pendant toute sa vie personnelle et dans celle d'auteur de fiction aussi .Les partisans du totalitarisme ici polonais (ceux qui peignaient les murs en rouge) s'imaginèrent qu'il était un étendard de l'est publiant ses romans à l'Est comme à l'Ouest. Il est connu pour Solaris mais il y a aussi : Mémoires trouvées dans une baignoire , qui est un texte redoutable et dont le moindre ressortissant britannique à l'humour le plus exigent n'hésiterait pas à faire son quatre heure.
L'Histoire se place dans notre futur et lors de l'exploration des ruines d'un pentagone qui date de l'époque glorieuse de notre guerre froide, on a trouvé ce texte que vous lirez peut-être . Ce roman fut Publié en 1961. Pour info sur le contexte de publication sachez que en 1962 le monde est réellement passé à un cheveux de l'hiver nucléaire. C'était pourtant une époque formidable où le bikini fut inventé avec la mini-jupe et où on ne portait pas encore la nappe intégrale.
Dans cet univers extirpé d'une baignoire ,le monde est uni et la langue de bois imprègne l'univers et toutes réalités . le monde est un interminable rébus emboité dans milles sens cachés, dérobés et équivoques.
Le tour de force du récit est de n'avoir pas seulement enraciné le récit dans un univers approprié mais d'avoir aussi structuré l'univers en une incarnation de la thématique centrale.
Un jeune homme obéissant et motivé (un espion ?) s'engage dans un monstrueux labyrinthe administratif et il y entraine le lecteur qui se perd avec lui , très vite ,dans un dédale de couloirs, de sous-sols et de salles dérobées ou l'on fait des découvertes improbables qui suscitent la méfiance car les espions ,les incompétents, les personnalités pathologiques et autres se cachent partout et ils encombrent l'espace située entre ces murs opaques sertis de portes intrigantes qui parsèment des locaux ubuesques et immenses où l'on se perd au point que la raison vacille et que l'on oublie pourquoi on est là.
Finalement arpenter ce centre du monde a pour but de poser une errance qui suscite une paranoïa pathologique mais qui est peut-être salutaire finalement.
Selon des modalités différentes mais comme dans Solaris, l'auteur pose de nouveau un univers où la vie et la survie reposent sur un train de mesures et de conduites , qui incarnent la nécessaire dissimulation ,salutaire certes mais dangereuse pour l'intégrité mentale des habitants de cet univers métaphorique et du corps social en entier qui apparait comme éclaté et extrêmement retranché dans une nécessaire solitude désolée mais salvatrice.
Cet univers qui consiste largement en un bâtiment immense et une interminable déambulation est une métaphore incarnée du totalitarisme et c'est aussi sur le plan romanesque une sorte d'aquarium où les victimes de cette structure politique rendent palpables le mode de vie exigent et impérativement autocensuré rendu nécessaire par le totalitarisme le plus exigent. Ce qui est le plus monstrueux c'est que tout le monde fait semblant de faire semblant.
Un humour incontestable habite cet assez long récit qui est délicieux mais qui est une véritable expérience qui exige une véritable endurance car c'est un univers qui se pratique autant qu'il se lit.
C'est un monde en poupées russes où on se perd au sens existentiel et littéral . L'expérience s'appuie solidement sur la longueur du texte et il faut le savoir car cela peut lasser.
Nous avons un exquis prologue anticapitaliste qui était destiné à tromper la censure socialiste et qui de ce fait dut plaire à Jean-Paul Sartre ,car elle ne faisait pas désespérer Billancourt.
Cette époque à disparue et le centralisme démocratique à presque sombré dans l'oublis lui aussi alors que Billancourt a été confié aux promoteurs immobiliers. Mais, Mémoires trouvées dans une baignoire reste d'actualité malheureusement car ce n'est pas les totalitarismes qui manquent actuellement et malheureusement.
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Excellent, jubilatoire.
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Dans ce roman a mi-chemin entre Kafka et Borges, Stanislas Lem nous plonge dans un univers glaçant ou tout n'est que tromperie, au premier, deuxième ou troisième degré.
On peut se demander si c'est une métaphore du monde capitaliste (le roman pourrait se dérouler dans un Pentagone avant la grande crise du papier qui a détruit toutes les connaissances, ou du monde communiste (S. Lem est polonais) ? tout ceci reste bien énigmatique.
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Un roman paru en 1961 et qui retranscrit les dernières mémoires retrouvées de l'humanité. L'auteur fictif de ce témoignage, daté des années 2000, fait état de l'époque qui a précédé la grande catastrophe. Une épidémie de "papyrolyse" qui fait se désagréger le papier instantanément, réduisant à néant en quelques semaine l'intégralité des écrits. Un plan de sauvegarde est mis en place, excluant de fait une bonne partie de la littérature et autres textes jugés "non essentiels". Dans cet ultime manuscrit un homme fait le récit de ses déboires avec un système administratif et militaire qui confine à l'absurde. Baladé de bureaux en bureaux en fonction d'obscures consignes, cet hommes, qui répondait initialement à une simple convocation, se voit attribuer un emploi d'espion. Mais dans cet état bureaucratique burlesque et kafkaïen la moindre démarche devient évidemment rocambolesque. Entre les incohérences manifestées par les différents officiers qu'il rencontre, l'absence de consignes claires sur sa mission ou son rôle, l'abondance des messages cryptés au 12ème degré, les évènements ubuesques auxquels il assiste, notre homme ne tarde pas à développer une paranoïa aiguë... Parviendra-t-il à simplement sortir de cet enfer administratif, c'est ce qui maintient le lecteur en alerte, et ce malgré l'incongruité de certains passage qui ne cessent de le déconcerter.
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Lem, un écrivain à découvrir de toute urgence
ce roman, comme "le rhume" ou "l'invincible", me laisse un souvenir impérissable, ce qui est rare pour de la SF
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Dans son essai Un nouveau Fantastique, paru en 1977 aux Editions L'Age d'Homme, Jean-Baptiste Baronian citait Lem, en compagnie de Buzzati, de Vladimir Colin, du japonais Abe Kobo ou de Bruno Schulz, parmi les « textes extrêmement divers, venus d'horizons et de tempéraments multiples » qui composent la nébuleuse kafkaïenne. Et à l'appui de cette « filiation », de mentionner les Mémoires trouvés dans une baignoire. Il est certain que cette quête d'un agent secret dans les sous-sols du Pentagone, cherchant désespérément quelle mission lui est confiée et passant de bureaux en bureaux, d'interrogateurs réglementairement logiques en procès-verbaux vides de sens, fait surgir quelques réminiscences de certain Procès.
Mais la tradition littéraire du Polonais tire autant sinon davantage vers le conte philosophique, et il n'est pas gratuit de voir ces Mémoires s'ouvrir par le commentaire qu'en font des historiens futurs, tentant de tirer de cette aventure absurde des leçons du monde passé. On retrouve ici le Lem révélé par d'autres textes : obsession de la communication et de la compréhension entre les êtres qui a nourri Solaris et Eden. La satire corrosive de cet ouvrage-ci le tirerait plutôt vers les pamphlets parfois cauchemardeux du cycle d'Ijon Tichy (relire le congrès de futurologie), mais qu'il soit enfer ou labyrinthe (le quatrième de couverture cite un peu abusivement Borges !) ce Pentagone futur demeure avant tout un lieu où des êtres vivants apparemment intelligents s'entêtent à tout faire pour ne pas se comprendre ! Exemple de joli dialogue de sourds :
« — Prenez donc un siège...
— Vous savez qui je suis ? articulais-je lentement.
Il inclina la tête comme pour me saluer,
— Bien entendu... mais faites donc, je vous en prie !
II m'avança une chaise.
— J'ignore de quoi nous pourrions parler.
— Oh ! mais naturellement, je vous comprends très bien. Quoi qu'il en soit, je m'efforcerai de garde le maximum de discrétion là-dessus.
— de discrétion ? Que voulez-vous dire par là ? « (p. 51)
Quête désespérée, monde étouffant, individus jouant on ne sait quel jeu suivant on ne sait quelles règles, tout ceci fait de ces Mémoires comme une vaste métaphore de l'univers, irréductible selon Lem à nos petits schémas étriqués. Il s'agit d'un roman souvent drôle, à l'exemple d'une drôlerie aux fondements tragiques, qui nous dit qu'en définitive, à l'instar des responsables du Pentagone, l'humanité s'agite de manière dérisoire au sein d'un monde d'illusions.


Dominique WARFA
dans Fiction 380
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