Te souviens-tu de nos promesses ?

Elle est mon passé, mon présent, et mon futur à la fois. Elle est tout cela. Elle est le commencement et la fin. L'alpha et l'oméga. Au milieu de la tempête, j’ai trouvé la lumière qu’il manquait à ma vie. J’ai trouvé ce phare, celui que j’ai cherché si longtemps, et qui pourtant s’endormait à mes côtés toutes les nuits.

Nous ne sommes plus des êtres humains, nous sommes des bêtes enragées par leurs instincts primaires de destruction. Si je tendais un peu plus l’oreille, je pourrais presque entendre nos cœurs battre au diapason.

Tout détruire, reconstruire. Si c'est ici, c'est que nous n'en avons pas besoin, après tout.
Penser n'a plus sa place. Réfléchir n'est plus d'actualité. Tout ce qui compte, désormais, c'est de se détacher de ce qui est toxique. C'est matraquer tout ce qui se trouve sur notre route avec une violence inouïe.
Nous sommes des bêtes armées de masses qui détruisent tout sur leur passage. Rien ne résiste. Étagères, argenterie, vaisselle, tout y passe sans une once de regret.
La libération. Seulement la libération dans ce dernier acte d'exorcisme de nos pulsions destructrices.

Nous avons envie de nous en construire de nouveau. Et, pour cela, rien de tel que de se défaire du reste. Aucun souvenir, aucun rêve ne sera jamais suffisant, quoi qu'il arrive.

Ce serait mentir que de dire qu’il s’agit là d’un retour de l’amour fou et de l’éternelle bienveillance que deux êtres qui s’aiment ont l’un envers l’autre. Il s’agit simplement d’une re connexion. Un contact de nouveau établi. Un rapprochement après une éternité d’éloignement mortifère.

Nous ne pouvons pas revenir en arrière. Jamais. Le pardon est la seule machine à remonter dans le temps que nous ayons inventée pour le moment.

On se rend un peu mieux compte de la façon dont nous étions obnubilés par nos vies et nos rituels. On prend un peu de recul, on ne se trouve plus dans l’œil du cyclone et quand on arrive à s’en détacher, ne serait-ce que le temps de quelques instants de lucidité, on s’aperçoit que la vie unique que l’on croyait mener ressemble en tout point à celle des autres gens, ceux qu’on appelle « normaux  » avec suffisance.

Il n'y a qu'un mince fil qui nous sépare de nos rêves. La seule problématique réside en nous. Notre esprit pédale dans un moule auquel il s'est habitué et nous empêche d'avancer pour le meilleur. Il a parfois des velléités d'ailleurs. De voyage. Mais jamais il ne se risque à les réaliser. Ce serait bien trop dangereux. Nous avons besoin de nous affranchir de ces faux besoins de sécurité. Parfois, une chute libre nous permet de nous réveiller et de remettre les idées en place comme rien d'autre. Dans quelques semaines, j'aurai quarante ans et je traverse la première crise identitaire de mon existence. J'ai besoin de m'évader. Et, surtout, de croire que c'est possible.

C'est drôle, comme la vie est constituée. C'est un grand jeu, et maintenant, avec Philippe, nous n'avons plus les mêmes règles que les autres, et pourtant, nous continuons de jouer au même grand jeu. La suite de notre périple s'annonce prometteuse : le tour complet de la péninsule ibérique.

C’était clair comme de l’eau de roche. Les choses étaient ainsi, et pas autrement. Il n’y avait aucune embuche capable de se mettre sur notre route. Maintenant, j’ai l’impression que le moindre tout petit obstacle est plus difficile à surmonter qu’une montagne.