Ouvrage conseillé et prêté par une collègue de travail et qui me permet de faire la connaissance avec ce philosophe et sociologue,
Frédéric Lenoir.
Dénuée de tout à priori, je commence ma lecture et me retrouve dans une chambre d'hôpital réunissant le jeune Hugo qui se remet tout doucement de sa tentative de suicide suite à son échec à l'examen de médecine et Blanche, octogénaire en fin de vie qui s'éteint doucement. C'est un schéma narratif qui restera le même du début à la fin du roman si ce n'est que le cadre de la chambre d'hôpital laissera la place au salon de l'appartement de la vieille dame.
Ne cherchez point ici une intrigue romanesque. A la manière de la dialectique platonicienne,
Frédéric Lenoir met ici en scène une relation de maître à élève qui au cours d'un dialogue s'étendant sur une petite semaine permet à Blanche « d'enseigner la vie » à une jeune homme muré dans ses traumas et incapable de s'ouvrir à la vie. Ce sera son dernier acte vertueux avant de partir : donner à un jeune les clés pour
vivre harmonieusement et grandir en confiance. Leur conversation abordera tous les grands thèmes fondamentaux qui interrogent le sens de nos existences : la souffrance, la mort, la religion, l'amour, le bien et le mal. Nourri de références littéraires à la poésie de
Victor Hugo et de
Charles Baudelaire ainsi qu'à des grands courants philosophiques – Freund ou
Jung notamment,
Frédéric Lenoir veut à travers l'exemple que représente la vie de Blanche et son expérience de mort imminente nous convaincre – autant qu'Hugo – de tout ce que peut nous apporter la vie en apprenant à cultiver nos valeurs et « passer – ainsi - de l'inconscience à la conscience, de la peur à l'amour. »
Plus jeune, j'ai dévoré tous les romans initiatiques de Paolo Coehlo et y ai trouvé ce que je pense que mon amie a trouvé dans ce roman de
Frédéric Lenoir : apaisement, foi en la vie, optimisme et élan nouveau vers la vie. J'avoue humblement que pour ma part, avec ce roman-là, je suis restée sur le quai et ai regardé le train partir sans moi. Ce dialogue artificiel entre les deux personnages m'a agacée notamment dans l'usage de tournures et situations répétitives ou bien encore dans l'écriture elle-même où par exemple, les négations incomplètes sont systématiques dans la bouche d'Hugo (peut-être pour faire jeune ?). Regarder mourir Blanche en état de grâce et dans la béatitude a été à la limite du supportable - tant de par mon expérience d'accompagnement de la fin de vie de mes parents, j'ai pu faire la terrible constatation de la difficulté qu'il pouvait y avoir à mourir, quand la médecine ne peut plus soulager la souffrance, quand le protocole médico-légal interdit d'anticiper la fin, quand le corps ne cesse pas de lutter alors que l'esprit s'en est déjà allé. La fin de ce roman a pour moi était une souffrance absolue de lecture et a eu raison de ma patience. Apprendre, c'est écouter les conseils mais c'est aussi tirer leçon de ses propres expériences ou décisions. Personne ne peut
vivre à notre place et nous ne pouvons appréhender pleinement le savoir né de la somme d'expériences d'une vie. J'ai dans ce roman eu trop l'impression qu'on me matraquer l'esprit de conseils avisés, qu'un discours dogmatique forçait ma conscience. Je ne me suis pas sentie touchée ni par les problèmes d'Hugo ni par le témoignage de Blanche, tout m'est apparu trop artificiel et au service d'une volonté de convaincre et du bienfondé de la philosophie de
Frédéric Lenoir dont - il faut tout de même le dire – il fait son fonds de commerce. Je reconnais toutefois n'être pas facile à convaincre et tenir plus que tout à « ma liberté de penser » !