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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Quatrième aventure de Voltaire en tant qu'enquêteur. Cette fois-ci, il est plus victime que meneur, ne se rend pas toujours compte des tentatives de meurtre contre lui, et est beaucoup plus concentré sur ses futures affaires financières et sur le mariage qu'il arrange entre la jeune Elisabeth de Lorraine-Harcourt et le duc de Richelieu, par ailleurs son débiteur, pour justement assurer les remboursements de son prêt par la descendance qui naîtra forcément -le pense-t-il- de cette union. Heureusement pour lui, sa maîtresse Emilie du Châtelet veille sur lui.
Quel plaisir de retrouver l'illustre philosophe dans la série qui porte son nom. le moins "polar" des trois que j'ai lus et celui que je préfère, pas de temps mort, pas le "ventre un peu mou" -juste quelques longueurs en leurs mitans- que je pouvais reprocher aux autres. Pas de véritable enquête, mais Voltaire virevolte, papillonne, n'arrête pas de gesticuler toujours habillé à l'ancienne mode avec sa haute perruque datée, toujours à l'affût d'une bonne affaire. Lorsqu'il rencontre le cuisinier qu'il lui faut pour son estomac délicat -il faut dire qu'en 1734, les repas sont copieux, roboratifs, un peu de légèreté (relative) ne fait pas de mal- il le débauche et l'embauche bien qu'il ne sache rien de lui, ce sera dès lors, une suite de plats fins, inventifs dont certains font encore le délice de nos palais.

Le ton est toujours drôle, léger, Frédéric Lenormand n'ayant pas de scrupules à écorner le mythe voltairien à tel point qu'on se demande s'il n'en rajoute pas, mais, en fin de volume, il cite des extraits de livres, de journaux, certains de cette époque, qui abondent dans son sens : "Voltaire avait le front élevé, les yeux noirs, tout de feu, et dans une agitation continuelle. Son esprit était vif et ardent. [...] Il croyait être né pour l'ornement de son siècle, pour donner le ton aux poètes, aux historiens, aux orateurs, aux géomètres, aux physiciens, aux philosophes et même aux théologiens. Aussi était-il d'un orgueil insoutenable. [...] Il était sans amis, et ne méritait pas d'en avoir. Il avait un si grand penchant à l'avarice qu'il sacrifiait tout, lois, devoirs, honneurs, bonne foi, à de légers intérêts." (François Toussaint -1715/1772-, Anecdotes, cité p. 337)

La langue est belle, même dans les insultes lorsque des carrosses de courtisans et d'un ministre sont bloqués dans la rue par des gens mécontents qui s'écrient : "Attrapeminons* ! Rats de palais ! Vieux manches de gigot ! Moineaux de carême !"(p.150) Quand je pense qu'aujourd'hui on a droit à du "Casse toi pauv'con !"... Les moeurs changent, le niveau de vocabulaire aussi.
Entre deux cabrioles et deux situations ridicules, Voltaire ne peut s'empêcher de placer des répliques vaches, drôles, philosophiques qui sont un vrai plaisir à lire : "Tout le monde aime le sucre, il est à la cuisine ce qu'est à la religion la promesse d'une vie éternelle : un mensonge agréable qui dissimule l'amertume du reste." (p.177). Je flatte ici mon anticléricalisme. Je me suis régalé avec ce tome narrant les aventures de Voltaire autour de la table et de la bonne chère, cette série est décidément très digeste, un bon petit plat à partager qui ne reste pas sur l'estomac qu'à l'instar du célèbre écrivain, j'ai fragile. Et puis, ces aventures m'ont aussi donné l'envie de relire Voltaire, je crois bien avoir dans le fond de ma bibliothèque Zadig**, Candide et peut-être même Micromégas...

* Hypocrites
** J'ai failli écrire Zadig et Voltaire, les moeurs changent, le niveau de culture aussi...
Lien : http://lyvres.over-blog.com
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N°757 – Juin 2014.
CRIMES ET CONDIMENTS (Voltaire mène l'enquête)-
Frédéric Lenormand – JC Lattès.

C'était quand même une drôle d'idée que de confier à Voltaire une enquête sur la disparition des boucles d'oreilles en diamant de la princesse de Lixen, même si cela vient de René Hérault, lieutenant général de police. Pourtant, Voltaire a bien autre chose à faire, tout occupé qu'il est à être le banquier des aristocrates, à se faire munitionnaire ou à traficoter en fraude des produits venus des Amériques. C'est que lui qui a déjà tâté de la Bastille et craint les lettres de cachet a quelque intérêt à être au mieux avec les autorités qui l'ont toujours à l'oeil. D'autre part il brûle d'envie d'être élu à L Académie Française même si la parution de ses « Lettres philosophiques » imprimées à Rouen et en Angleterre, ne plaident pas vraiment en faveur de cette distinction. Jusque là, il a été un candidat malheureux mais il ne s'avoue pas vaincu et fait une cour assidue à tous ceux qui seraient susceptibles d'appuyer sa candidature. Il finira quand même par être « Immortel » en 1746, mais le restera plus sûrement par ses écrits (et par ceux des auteurs qui le font revivre) que par son titre !

S'il parvient, avec d'ailleurs un peu de chance, à retrouver l'objet du délit, il n'en prend pas moins conscience qu'on en veut à sa vie pour éviter, à tout le moins le pense-t-il, qu'il siège quai Conti, encore n'est-il pas lui-même capable de déterminer si on veut l'éliminer à cause de son commerce illicite ou de ses écrits subversifs ! Pour autant, il est consolidé dans son analyse des choses quand il apprend officieusement qu'on vient de faire sortir de la Bastille un spadassin pour qu'il fît son office, à son détriment ! C'est que, dans son entourage immédiat, se multiplient les attentats et les cadavres qui, dans cette période de débordements culinaires (et pas seulement) prennent la forme de tartes au cyanure et autres mets frelatés: il se sent effectivement menacé ! Il faut dire que Voltaire lui-même est entouré d'un mystérieux cuisinier fort inventif mais un peu mystificateur et d'un abbé goulafre, bien dans le style de l'époque. Ainsi la véritable enquête qu'il mène est-elle celle de démasquer son futur assassin… avant qu'il ne passe à l'acte.

La guerre fait rage aux frontières et l'un de ses débiteurs, le duc de Richelieu, ancien camarade de lycée mais également académicien et donc soutien potentiel , s'est mis en tête d'aller se battre et ainsi de risquer sa vie pour le roi. Dans cette éventualité, la créance de Voltaire ne pouvait être que compromise ! Elle ne serait, pense-t-il, consolidée et assurée que par le mariage du duc, une union avec un grand nom de l'aristocratie même si le petit-neveu de l'illustre cardinal est surtout connu pour ses frasques de séducteur impénitent ! Voilà donc notre philosophe transformé en un marieur qui ne perd cependant pas de vue son intérêt personnel. Il jette son dévolu sur la jeune Marie-Elisabeth D'Harcourt-Lorraine qui, même si elle est beaucoup plus jeune que son prétendant, aura au moins l'avantage de favoriser les vues voltairiennes. Mais comme toujours les choses ne se passeront pas aussi bien que prévu !


Sous le couvert d'un titre quasiment emprunté à Dostoïevski, l'auteur nous promène dans ce Paris du XVIII° siècle à la fois populaire et aristocratique, dans les bas-fonds comme dans les salons. Comme toujours, j'ai apprécié le personnage de Voltaire qui, sous la plume de Lenormand nous est restitué avec vérité. Nous le voyons à nouveau ici, tour à tour avare, moribond, flagorneur, industrieux, facétieux, valétudinaire, opportuniste suivant les circonstances. Lenormand ne manque jamais de lui prêter des propos qu'il n'aurait sûrement pas reniés lui-même sur l'écriture, ses contemporains et surtout ses collègues écrivains (« Il faut écrire des livres qu'on aurait soi-même envie de lire, déclara-t-il. Je suis sûr que la plupart de nos amis n'ouvriraient pas les leurs si leur nom ne figurait pas sur la couverture », «La vraie modestie d'un écrivain, c'est la lucidité. Elle n'est pas très répandue car, s'ils acceptaient d'être lucides, la plupart cesseraient d'écrire », « Tout le monde aime le sucre, il est à la cuisine ce qu'est à la religion la promesse d'une vie éternelle : un mensonge agréable qui dissimule l'amertume du reste »). Ce roman est aussi plein d'enseignements, sur la nature humaine, notamment qu'il faut se méfier de tout le monde, en particulier de sa parentèle, sur la marche du monde, sur la structure de la société de ce Siècle des Lumières, sur la conduite des guerres et l'organisation militaire de l'époque...

Flanqué de sa maîtresse, la marquise du Châtelet, ce trublion génial ne peut laisser le lecteur indifférent. J'ai aussi apprécié les détails historiques de ce roman et bien entendu le style de l'auteur, toujours aussi impertinent, délié et humoristique. En revanche, l'aspect culinaire, même s'il est important à mes yeux, m'a, pour cette fois, paru un peu indigeste, tout comme d'ailleurs l'enquête policière qui, au fil des pages, s'estompe quelque peu même si elle laisse place aux facéties voltairiennes.

J'ai cependant souvent souri et même parfois ri de bon coeur à la lecture de ce roman;l'écriture de Lenormand a ce pouvoir. J'y ai retrouvé avec plaisir ce Voltaire que j'aime et c'est quand même là l'essentiel !



©Hervé GAUTIER – Juin 2014 - http://hervegautier.e-monsite.com
Lien : http://hervegautier.e-monsit..
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Et voilà notre Voltaire qui, non content de vouloir révolutionner la gastronomie française dans des aventures qui tiennent à la fois de "Cauchemar en cuisine" et de "Top Chef", se transforme aussi en agent matrimonial pour un mariage entre le duc de Richelieu et les Guise . L'ennui c'est que d'éminents personnages ont décidé de relâcher un prisonnier dangereux pour s'en débarrasser ....alors entre la meringue qui vire au clafoutis empoisonné et les chutes de pigeonnier, tout se complique !!!
Toujours aussi divertissant, ce roman pour lequel on n'a pas besoin de se creuser les méninges pour trouver le coupable, il est servi al dente !!!!!
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