En guise de conclusion d'une de ses courtes chroniques étonnantes, celle de Jean Cavalier, G. Lenotre s'étonne, ici, "que tant de gens s'occupent à composer ou à lire des romans d'aventures imaginaires en un pays comme le nôtre, dont les annales fourmillent de si extraordinaires et véridiques histoires".
Il nous l'assure, parmi les quatre millions de volumes que contenait, en 1938, le département des imprimés de la Bibliothèque Nationale, on serait amusés de connaître combien n'ont pas quitté leur place depuis qu'elle leur a été assignée.
"En France jadis" est le dixième volume de "La Petite Histoire".
Il occupe une place particulère dans la série.
D'abord, parce que Théodore Gosselin y évoque son arrière grand-oncle à qui il a emprunté le patronyme pour en faire son nom d'auteur.
"Le bonhomme Lenotre" était un brave homme de jardinier, celui de Louis XIV. Son génie a miraculeusement donné la grâce, la souplesse, la diversité et la vie" ...
Et, c'est avec le même talent que la plume de son arrière petit-neveu s'est emparée de l'Histoire de France.
Mais si ce dixième volume est particulier, c'est aussi, et surtout, parce qu'il résonne aujourd'hui de manière bien contemporaine.
G. Lenotre y parle de la politesse d'autrefois, des premières indemnités parlementaires, de l'épargne des français qui toujours se cache quand on l'appelle, de la préoccupation d'un ministre qui, hier comme aujourd'hui, n'était pas toujours d'Etat ...
Il y parle de comédiens, de gens de maisons, de cuisine, de tourisme, de l'éducation des filles, de pouacrerie*, de bourgeois parisiens, de romantiques en voyage, de cochers de fiacre et de la fin d'un monde.
Il nous y apprend que la calvitie ne résiste pas à l'application de trois cent limaces bouillies et bien dégraissées, dans une décoction de laurier, de miel, d'huile d'olive et de savon.
Mais ne donne aucune garantie sur la recette !
L'Histoire, ici, n'est pas celle d'un manuel guindé.
Elle n'est pas faite ni de dates, ni de grands noms.
Elle se fond dans un décor savamment reconstitué.
Elle est la vie qui a précédé celle de nos grands-pères.
Elle est faite de la lettre et de l'archive.
G. Lenotre l'avoue malicieusement bien volontiers.
Il a du mal à pardonner à celui qui n'a pas écrit ses mémoires.
Car il aime à y retrouver un passé tumultueux, une anecdote, des avatars successifs qu'il tisse soigneusement pour en faire la tapisserie vivante, documentée et rigoureuse de notre Histoire ...
*saleté
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Quant à La Popelinère, l'historien-géographe cause première de cette héroïque et piteuse escapade, il mourut à Paris en 1608, "d'un mal, dit judicieusement l'Estoile, assez ordinaire aux hommes de lettres vertueux, à savoir de misère et de nécessité" ...
Ce sont les danois qui ont enseigné à nos fabricants bretons et normands l'art de confectionner cette base de toute cuisine qui se respecte ...
(le beurre, bien sûr)
Vous pensez bien que l'Histoire, si indiscrète soit-elle, n'a pas retenu grand'chose de toutes ces merveilles ...
La politesse est l'amitié qu'on montre aux gens qu'on n'aime pas ...
De tous temps, il en a été de l'or comme du chien de Jean Nivelle, qui s'en va quand on l'appelle ...