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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Après un passage à la librairie, côté BD, et suivant les conseils avisés de mon libraire préféré, me voilà partie pour une aventure nautique (ou presque) et une découverte fabuleuse, celle du phare Ar-men, construit dans le Finistère en face de l'île de Sein.

Une aventure que j'ai largement appréciée tant par les histoires multiples qui jalonnent cet album (la légende d'Ys, la construction du phare, Moïzez l'enfant sorti des flots ou la fortune de mer, les tempêtes et naufrages historiques, sans compter les récits de nos deux gardiens de phare ici présents Germain et Louis), que par la beauté des dessins, de vraies marines. Un ouvrage remarquable à tous points de vue. D'autant plus que j'ai été chahutée par les eaux, trempée par les tempêtes, étourdie par le rugissement des vagues, éblouie par le feu. Mais mon mal de coeur n'est pas venu de la mer, il est monté lentement quand les deux gardiens de phare ont commencé à libérer leurs paroles et à confier le pourquoi de leur présence sur ce lieu perdu en mer. Quitter un enfer pour un autre.
« Ar-men, le nom breton de la roche où il fut érigé. Il est le phare le plus exposé et le plus difficile d'accès de Bretagne. C'est-à-dire du monde. On le surnomme l'enfer des enfers. »

Les dessins sont riches, vivants. Les conditions climatiques resplendissent des mille difficultés à supporter. Les couleurs sombres, lumineuses ou sépia, déclinent l'intensité du ressac et des émotions.
Un album à ouvrir et à respirer : les embruns fouettent le lecteur dès les premières pages. Un album dans lequel les tempêtes extérieures comme intérieures sont magistralement dépeintes.
Et un auteur à découvrir
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Vraiment une belle lecture que cette bande-dessinée. C'est extrêmement bien documenté, on sent que le récit s'appuie sur une recherche précise et intelligemment menée. Et les superbes illustrations nous immergent totalement dans ce récit, au milieu des vagues et des légendes.
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Très beau roman graphique qui nous amène au bout du monde, au milieu de l'océan en furie, sur un promontoire rocheux comme un pied-de-nez de l'homme face à la puissance de la nature. Ar-men, le phare le plus exposé et le plus difficile d'accès de Bretagne: l'enfer des enfers.
Magnifique ouvrage qui nous permet de découvrir ce lieu magique sous différents aspects à travers près de 100 pages magnifiquement illustrées.
Tour à tour documentaire, historique, journalistique, poétique ou romanesque, le récit nous emmène avec Germain, Louis, Moïzez et tous les autres gardiens de ce monument dans une plongée au milieu des éléments déchainés, pour une introspection intense.
De sa construction à son automatisation, des légendes bretonnes à la seconde guerre mondiale, nous découvrirons avec émerveillement, l'histoire de ce lieu mythique et mystique.
Très belle découverte.
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Trois histoires au coeur de l'Enfer des Enfers, au coeur d'Ar-Men qui est le personnage central de cette BD. Germain est gardien de phare dans les années soixante. Et pas n'importe quel phare puisqu'il s'agit de Ar-Men.

Louis nous fait partager le quotidien des gardiens avec la relève par moitié tous les 10 jours. Il est rejoint par Louis qui est très taciturne. Nous découvrons leur lieu de vie, leurs sujets de conversation et la magie de la lumière du phare.

Trois histoires s'enchaînent : Celle de Louis et Germain dans leur rôle de gardiens, celle de la cité légendaire d'Ys que la fille de Germain aimait entendre, celle de Moïzez qui a participé à al construction de Ar-Men.

Grâce à Louis, on replonge au temps de la seconde guerre mondiale et j'ai appris que les marins de Sein avaient été les premiers à répondre à l'appel du Général de Gaulle constituant le plus fort du contingent des troupes françaises hors de France.

Germain nous fait revisiter la légende d'Ys avec toute l'imagerie populaire de Bretagne.

Moïzez a participé à la construction du phare mythique, celle-ci s'étant déroulée sur une quinzaine d'année. Moïzez explique les difficultés rencontrées pour travailler sur ce bout de rocher si inhospitalier. Les conditions sont dantesques et certaines années, il n'est possible de travailler seulement une poignées d'heures et l'année suivante, il faut tout reprendre. Cette construction usa plusieurs ingénieurs mais Moïzez y participa jusqu'à la fin de l'ouvrage.

Germain a trouvé un sens à sa présence sur le phare quand il a découvert les écrits de Moïzez. Pour lui, la vie de gardiens de phares est une forme de résilience même si à certains moments, il semble défier les éléments, comme dans une ordalie pour savoir s'il mérite de vivre. Il doit être gardien pour protéger les autres, c'est sa mission, sa rédemption.

Les paysages marins sont magnifiques ainsi que les vues de Ar-Men. Les tempêtes sont magnifiées, la mer est omniprésente et Ar-Men impose sa résistance, sa puissance. J'ai adoré le jeu entre ombres et lumières, la légèreté de l'écume. L'épilogue en noir et blanc renvoie aux fantômes ou aux trépassés de ceux qui y ont vécu. Il montre aussi un territoire que l'homme a abandonné mais qui continue à vivre. Ar-Men a été créé pour protéger, quelques soient les conséquences et il continue.

J'ai aimé la poésie de cette BD, sorte de symphonie pour Ar-Men mais aussi pour les hommes qui l'ont construit malgré la difficulté du projet, pour ceux qui y ont été gardiens, pour toutes et tous ceux que les phares font rêver. Très belle réalisation graphique.
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Mon coeur appartenant sans conteste aux côtes bretonnes, c'est avec un plaisir tout personnel que je me suis plongée dans cette bd qui retrace la vie - et la naissance - d'un phare, de son dernier gardien. Les récits qui l'entourent (ses souvenirs, les vies qui l'ont habité, hanté, façonné) s'entremêlent dans des flots vigoureux et époustouflants, j'ai adoré !
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« Homme libre, toujours tu chériras la mer !
La mer est ton miroir ; tu contemples ton âme
Dans le déroulement infini de sa lame,
Et ton esprit n'est pas un gouffre moins amer.»
L'Homme et la Mer de Charles Baudelaire.

L'histoire du phare d'Ar-Men débute dans la nuit du 23 au 24 septembre 1859, avec le naufrage de la corvette à aubes, le Sané sur les rochers de la redoutable chaussée de l'île de Sein. Bien connue des marins, cette zone de récifs qui s'étend à l'ouest de l'île est extrêmement dangereuse en l'absence de repères. Suite à cette catastrophe, une décision est prise d'édifier un phare sur les trois petits rochers qui dépassent à peine de l'eau. La construction commence en 1867 et se termine 14 ans plus tard. Compte tenu de cette base étroite, les coups de houle pendant les tempêtes font trembler tout l'édifice et tomber ce qui est accroché aux murs, rendant ces périodes particulièrement difficiles pour les gardiens. Il est donc décidé en 1907 de renforcer la base par une chape de béton supplémentaire. Dès lors et depuis 120 ans, Ar-Men surnommé l'enfer des enfers restera toujours debout.

C'est notre dessinateur-scénariste Emmanuel Lepage qui nous fait revivre cette épopée. Il nous embarque avec maestria dans cette aventure graphique grâce à une bonne connaissance de la Bretagne (il est né à St Brieuc dans les Côtes-d'Armor). A travers le témoignage de Moïzez, premier gardien du phare et ceux de Germain et louis en 1962 ; on vit, on respire, on ressent, on partage l'existence de ces gardiens de la mer. On saisit mieux l'importance de ces silhouettes fantastiques qui dominent notre horizon comme elles dominent aussi notre imaginaire collectif. Ces éclats de lumière ne sont pas que de simples guides, Ils rassurent aussi les marins dans l'obscurité. Sentinelles solitaires, exposées aux intempéries, elles possèdent chacune leur propre signature lumineuse voire même leur propre personnalité.

Cette bande dessinée pleine de poésie marine est aussi soutenue par un dessin de toute beauté. Les planches sont d'un réalisme saisissant. Les paquets de mer vous explosent en pleine figure, les mouettes vous hurlent dans les oreilles et notre Ar-men, véritable géant de pierre, se montre dans toute sa puissance et sa force minérale. La mise en couleur est à l'image de toutes les nuances de la mer d'Iroise. Les vert, bleu et gris sont admirablement repartis et contribuent à accentuer le côté dangereux et mystérieux de ces eaux. La magie du trait chez Emmanuel Lepage est aussi exceptionnelle. le vol des oiseaux marins, le roulis des vagues, la puissance des tempêtes sont tout simplement uniques et d'un réalisme troublant. On est littéralement transporté au coeur de l'océan au milieu de ses embruns et de ses coups de boutoir.

Comme les légendes bretonnes, les gardiens de phare sont en passe de disparaître avec l'automatisation mis en place depuis 1990. C'est autour de la société nationale pour le patrimoine des phares et balises de s'inquiéter pour l'avenir de ces constructions dont l'état se dégrade depuis quelques années. L'absence des gardiens doit y être certainement pour quelque chose…

Merci à HundredDreams, Berni_29, dannso pour cette belle découverte collective qui ne peut laisser indiffèrent tous les amoureux de la mer que nous sommes …

« le marin rêve face à la mer, le gardien de phare face à la terre. »
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Je suis bretonne de coeur, par alliance également.
Mon âme est bretonne et j'ai pris plaisir à découvrir l'âme du phare Ar-Men.
De ces gardiens qui jusqu'à 2015 on fait que la lumière, le feu est clair, tout va bien comme ils disent.
Je trouve également triste de savoir que maintenant tout est automatisé.
J'ai eu envie de me dire qu'avant ma mort j'aimerais passer 2 nuits dans un phare
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Le marin rêve face à la mer, le gardien de phare face à la terre.
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Ce tome contient une histoire complète indépendante de toute autre. Publié pour la première fois en 2017, il est réalisé par Emmanuel Lepage, scénario, dessins et couleurs. Dans cette édition de 2022, se trouvent un dossier de dix pages, une rédigée par Claude Gendrot sur l'origine du projet, et les autres contenant de somptueuses illustrations préparatoires.

À l'école ou au café, Germain a toujours aimé la table du fond, dos au mur, seul dans son coin. Invisible, il écoutait bruisser les autres. Rien ne pouvait l'atteindre, il se sentait en sécurité. Il a choisi de vivre au fond du monde. Par temps clair, il croit apercevoir la silhouette sombre de la pointe du Raz qui s'avance comme une griffe. Au creux d'abers imprécis, les taches blanches des maisons de pécheurs se confondent avec l'écume qui ruisselle le long de falaises labourées d'entailles. Parfois il distingue la tour de la Vieille, qui semble s'arracher à ces tenailles pour gagner le large. À moins que ce soit la masse du phare de Tévennec, le phare maudit où aucun gardien ne veut vivre. Seule maison-phare en pleine mer, Tévennec est vide depuis des décennies, mais les légendes demeurent. Puis à l'ouest, l'île de Sein résiste aux assauts incessants d'une mer jamais tendre. Maigre échine d'une terre que l'on prétend aujourd'hui engloutie. Et puis un chapelet de roches qui court jusqu'à lui : la chaussée. On dit qu'un navigateur qui la traversait sans l'aide d'un bon pilote de l'île ne devrait son salut qu'à un heureux hasard. Pendant des siècles, les navires se sont fracassés sur ses récifs meurtriers, un cimetière. le territoire sacré du Bag Noz, le vaisseau fantôme des légendes bretonnes. À la barre oeuvre l'Ankou, le valet de la mort. Au bout de cette basse froide, un fût de vingt-neuf mètres émerge des flots, Ar-Men. Il est le phare le plus exposé et le plus difficile d'accès de Bretagne, c'est-à-dire du monde. On le surnomme l'enfer des enfers.

C'est à Ar-Men que Germain s'est posé, adossé à l'océan. Loin de tout conflit, de tout engagement, il est libre. Ici, tout est à sa place… et il est à la sienne. Ce matin, c'est la relève, le pain frais. Pierrick qui est là depuis vingt jours cède sa place à Louis. Dix jours l'un, dix jours avec l'autre. Encore une dizaine pour Germain et il redescendra à Sein, si le temps le permet. Il aimerait parfois qu'on l'oublie là. Il se blottirait dans un coin et ne ferait plus de bruit. Quand Louis monte, ils se saluent à peine. Un bref kenavo à la Velléda, Louis rentre les épaules et dans le phare comme dans une mine. Gardien depuis dix-sept ans, et pourtant il semble surpris chaque fois de l'humidité glacée qui suinte des murs, été comme hiver, accablé de draps rêches, de l'odeur de pétrole qui imprègne tout, et du fracas des vagues. Louis râle. Germain est monté sur la galerie qui fait le tour du fanal au sommet du phare et il se plante sous les rayons du maigre soleil de novembre, à l'abri des lames du vent. Il attend que ça passe. Une fois installé, Louis prépare un repas, steak-frites, et ils écoutent la radio en mangeant : la dissolution de l‘assemblée voulue par le général De Gaulle a eu lieu.

Une marine magnifique en couverture, un titre explicite : le lecteur sait qu'il va séjourner dans ce phare construit à l'extrémité de la chaussée de Sein, entre 1867 et 1881, en mer d'Iroise. S'il a rapidement feuilleté la bande dessinée, il a pu découvrir de magnifiques planches rendant hommage à ce phare classé au titre des monuments historiques en 2017. En effet, le récit s'ouvre par une séquence de cinq pages évoquant un survol en hélicoptère, avec des grandes cases mettant en valeur la mer et son bleu unique, l'extrémité dénudée de l'île de Sein, la maison-phare de Tévennec, l'île de Sein dans une belle perspective donnant à la voir dans toute sa longueur, la chaussée à son extrémité, le vol gracieux d'un oiseau de mer, et un dessin en double page avec la mer et ses vaguelettes, ainsi que le phare au loin dans la partie de droite. Dans la postface de Claude Gendrot, le lecteur apprend qu'Emmanuel Lepage a joué son propre rôle dans le documentaire Les gardiens de nos côtes, réalisé par Herlé Jouon en 2017, et qu'il a été déposé sur Ar-Men, en étant hélitreuillé, vraisemblablement l'origine de ladite séquence d'ouverture. Par la suite, le lecteur trouve tous les plans qu'il attend sur le phare et bien d'autres. Page dix, une vue de la mer en plongée depuis la galerie du sommet du phare. Page treize, Germain se tient sur la galerie de nuit, se découpant en ombre chinoise devant la lumière du fanal. Page quatorze, la silhouette du phare est à demi mangée par la brume de nuit. Page vingt-trois, le phare est lui-même réduit à une ombre chinoise dans la nuit, alors que son faisceau la transperce. Page vingt-cinq, c'est une nuée d'oiseaux de mer qui passe de chaque côté de la lanterne. Page vingt-six un nuage chargé de pluie s'abat sur le phare dans une image saisissante, et en vis-à-vis, ce sont des vagues aussi hautes que le phare qui viennent s'écraser dessus. La mer est présente dans presque toutes les pages, l'artiste y transcrivant les changements de texture, de fluidité, de luminosité en fonction des courants, des tempêtes, de l'heure de la journée. C'est un délice visuel du début à la fin grâce à un artiste à l'évidence amoureux de cette mer, dans cette région.

Séduit par la promesse de séjourner dans ce phare, surnommé l'enfer des enfers, le lecteur ne s'interroge pas trop sur la nature du récit avant d'entamer la bande dessinée, certainement un séjour de plusieurs jours, voire de plusieurs années, en accompagnant un gardien. Cette portion de son horizon d'attente est bien comblée par l'auteur : séjourner dans le phare au quotidien avec Germain, sa relation avec Louis, à la fois quotidienne, à la fois distante, chacun ayant sa chambre à un étage différent, chacun respectant la volonté de solitude de l'autre. Les cases montrent deux hommes normaux, en bonne santé, sans musculature exagérée, sans dramatisation de leurs gestes ou de leurs humeurs. S'il n'y prête pas attention de prime abord, le lecteur finit par prendre conscience qu'en toute discrétion le dessinateur effectue également une, ou plutôt deux reconstitutions historiques : celle de l'époque du récit, c'est-à-dire 1962, et celle des années de construction du phare. Cela peut se voir dans les tenues vestimentaires, dans les outils et les équipements utilisés, ainsi que dans l'état du phare lui-même et les différents navires.

Le lecteur se tient donc aux côtés de Germain et perçoit le phare, ce qu'il représente par ses yeux. Il comprend rapidement que ce personnage a souhaité obtenir cette affection pour jouir du calme qui vient avec l'isolement du phare, la coupure d'avec le monde. En filigrane, il apparaît que d'un côté cet homme a besoin du calme qui vient avec cette vie très réglée dans un espace restreint, celui du phare et le rocher autour, et d'un autre côté il se sent rasséréné par son rôle, assurer le bon fonctionnement de cet équipement pour éviter tout naufrage, et par le besoin d'entretien, de petites tâches de maintenance et de réparation qui ne connaît jamais de fin, qui assure une occupation continue. Il n'y a pas à proprement parler de mystère concernant la jeune fille à qui il raconte la légende de la cité d'Ys le soir, le lecteur ayant tôt fait de comprendre qui elle est et quelle est sa nature. Lorsque Germain lui raconte ladite légende, cela constitue un fil narratif secondaire, venant répondre comme un reflet déformé à la nature du phare. Cela donne lieu à des pages à l'apparence un peu différente, avec une palette de couleurs spécifique pour faire apparaître qu'il s'agit d'un conte, une histoire dans l'histoire. L'engloutissement de la ville agit comme un écho des lames qui viennent recouvrir le phare. La légende a également pour effet d'inscrire le phare dans le folklore breton, la ville d'Ys, mais aussi les marins décédés en mer et l'Ankou.

À partir de la page trente-neuf apparaît un troisième fil narratif qui va prendre plus de place, et passer au premier plan à l'occasion de différentes séquences. Germain a découvert le journal de Moïzez, sous une forme originale, jeune homme ayant participé à la construction du phare, et étant devenu un de ses premiers gardiens. À l'opposé d'un artifice narratif pour remplir un quota de pages imposé, ce journal crée à la fois une profondeur de champ, la longue lignée d'hommes ayant officié comme gardiens de phare, et à la fois son origine même, ou plutôt l'histoire de sa construction, une entreprise humaine sortant de l'ordinaire. Moïzez est un orphelin découvert en tant que nourrisson en 1850, roux qui plus est. Il se porte volontaire pour construire le phare, lorsque que l'ingénieur Paul Joly et son chef viennent s'adresser aux îliens pour les informer du projet et requérir leur aide. L'auteur apporte plusieurs éléments historiques relatifs à ladite construction de 1867 à 1881 : la difficulté de travailler sur un rocher recouvert par la mer la plupart du temps, les risques de tempêtes, le travail en milieu humide, etc. Cette composante du récit est vécue au travers des yeux de Moïzez.

Le lecteur s'attend à séjourner dans le phare et à ressentir le choc d'énormes vagues venant s'écraser dessus, sur toute sa hauteur, comme il a déjà pu le voir sur des photographies spectaculaires. Il découvre un vrai récit, deux hommes devenus gardien pour jouir de la retraite du monde agité, chacun pour leur raison. Il constate dès la première séquence l'amour de l'artiste pour ce coin du monde, pour le phare et pour la mer perpétuellement en mouvement, dans des planches auxquelles il ne manque que l'odeur de sel. Il découvre une bande dessiné généreuse, évoquant avec émotion la construction du phare d'Ar-Men, et l'inscrivant dans les contes et légendes celtes et bretons. Une oeuvre touchante imprégnée par les embruns.
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Une très belle bande dessinée découverte par hasard.
Il s'agit de faits historiques, une bédé très bien documentée.
L'histoire nous emporte au bord de la mer, elle nous explique les difficultés extrêmes de la construction du phare, pour quelles raisons on construisait des phares et par la suite, nous raconte la vie, de quelques gardiens, et quelques secrets aussi du phare d'Ar-Men.
Un superbe ouvrage, l'histoire m'a touchée, pas spécialement fan de phares, mais après avoir lu cette lecture, il est certain que je ne considérerais plus jamais un phare de la même manière.
Et les dessins... sublimes, une bédé très réussie.
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6 ans de Babelio aujourd'hui, et ce n'est que ma huitième critique de BD, et toutes cette année. Merci à mes amis et amies babeliotes qui m'auront convaincu de renouer avec un genre que je ne lisais plus ...
Pour cette BD-ci, les critiques de HundredDreams (Sandrine) et Berni_29 (Bernard) ont été décisives, décision facilitée par mon amour de la Bretagne et de l'océan.

Ar Men, phare construit au large de l'ile de Sein: c' est le phare le plus exposé et le plus difficile d'accès de Bretagne, c'est-à-dire du monde. On le surnomme "l'Enfer des enfers".

Dans cette BD se croisent plusieurs histoires, à différentes époques:
Celle de la ville d'Ys, engloutie par les flots, parce qu'elle était libre, ville de l'art et de l'amour, hors de l'influence de l'Eglise, péché mortel à cette époque.
Celle de Germain et Louis, gardiens d'aujourd'hui, qui l'un et l'autre essayent d'échapper à leurs souvenirs dans ce phare
Celle de Moïzez, fortune de mer, bébé découvert dans une épave et qui deviendra l'un des bâtisseurs du phare et son premier gardien. Il en écrira l'histoire sur son mur.

Ces histoire se mêlent étroitement, sans jamais se confondre, chacune étant baignée d'une tonalité différente. Et c'est là que je m'aperçois du chemin parcouru depuis le débit de l'année et des premières BDs que je rouvrais à l'époque : j'ai été fascinée par les images, le dessin, les couleurs de cette BD qui illustrent à merveille les histoires contées.
Je vous jure que j'ai entendu la mer s'écraser sur le phare, j'ai senti l'odeur du pétrole, j'ai tremblé avec le phare sous les coups de butoir des lames, j'ai frissonné dans l'humidité salée de ces lieux envahis par la mer et ses embruns.

Une plongée dans un univers fascinant.
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