T’écrire un poème
Je voulais t’écrire un poème
assise à une table de café
dans une ville étrangère
te dire qu’ici
l’air est humide et chaud
et que les hommes
qu’ils soient grands ou petits
ont une allure fière
et que les femmes
sont comme des fleurs
dépliées et bavardes
Je voulais te dire
je pleure souvent ici
mais ce n’est pas ma vieille tristesse
qui me remonte à la gorge
c’est autre chose
de plus pesant
et de plus léger à la fois
comme un fruit qui craque
et se répand au soleil
La poésie
La poésie c’est comme la vie
C’est plein de trous
C’est dans les trous
Que l’art se fait
Que l’amour se fait
Dans les ruelles
Entre les lignes
Derrière les arbres
Là où ça paraît vide
Mais en fait ce n’est que caché
Soleil mûr
Soleil mûr
Au-dessus des maisons
Il n’y a plus de regrets
Dans ton cœur
Chansons
Accrochées dans les arbres
Tu ne sens plus
Le vent froid de la mort
Scintillement des forêts
Condensation des désirs
Tu marches dur un fil
Aimer quelqu’un
Aimer quelqu’un
Est-ce être passionné avant tout
Par l’histoire de l’autre
Ou par sa chair?
Est-ce l’amour de la chair
Qui donne envie
De connaître l’histoire
Ou bien est-ce l’histoire de l’autre
Qui nous donne envie
De sa chair?
Fenêtre
Pour écrire un poème
Il faut une fenêtre
Et l’eau du fleuve
Qui coule
Dans le soleil couchant
Une fenêtre de train
Absolument
Une fenêtre en mouvement