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Félicien Leuridant (Éditeur scientifique)Chantal Thomas (Préfacier, etc.)
EAN : 9782715225121
644 pages
Le Mercure de France (30/09/2004)
3.32/5   11 notes
Résumé :

Charles-Joseph de Ligne (1735-1814), sensible très jeune aux récits des batailles de Charles XII, Turenne ou Condé, s'engage précocement dans la carrière militaire. Avec l'armée impériale autrichienne, il participe à la guerre de Sept Ans ; il prend part à la guerre de succession de Bavière (1777-1779) ; en 1789, aux côtés de Catherine II, il joue un rôle majeur dans la prise de Belgrade... ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Ces Mémoires n'en sont pas vraiment. Des souvenirs légers plutôt, écrits sans lien ni chronologie, nonchalamment, au fil des années, au gré de l'humeur et de la fantaisie, et par petites touches.

Le Prince de Ligne était un européen par excellence, née en Belgique d'une grande famille aristocratique, maréchal de l'armée du Saint-Empire, diplomate, homme de lettres, ou plutôt « d'esprit », fréquentant les grandes cours européennes, correspondant avec Voltaire ou Catherine II, ami de Casanova et de Mme de Staël, en bref un homme totalement inséré dans l'Europe des Lumières.

Il représente bien le ton du XVIIIe siècle, comme on l'imagine en tout cas : libertin, léger, gai, poli, cultivé, spirituel et libéral. Ces Mémoires sont à l'image de leur auteur, ils ont le charme d'une conversation vive et gaie, plaisante, entre gens bien nées, possédants tous les codes de la sociabilité aristocratique — tout n'est donc pas compréhensible pour le lecteur contemporain —, mais ils sont sans profondeur ni perspicacité sur la situation historique, ce qu'ils ne cherchent de toute façon pas.

À la fin de cette lecture il ne me reste pas grand-chose, si ce n'est quelques anecdotes et une impression charmante sur un homme singulier, représentant d'un monde aujourd'hui complètement disparu.
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Lus à toute hâte en moins d'une heure car rien n'y accrochait le regard, ces mémoires fragmentaires m'ont parus anecdotiques, banals et décevants.
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Une drôle d'idée qu'a eue le prince de Nassau, c'était de rétablir les seconds dans les duels, et il daigna jeter les yeux sur moi à ce sujet. Il devait se battre avec M. de Buzançais. Il vient me trouver pour me proposer de l'accompagner à Quiévrain. « Mon ami, il fait trop froid et je m'amuse à Paris. — Tu refuses ce qui te fera honneur et à moi aussi. — Bel honneur de regarder bêtement des gens qui se tuent. — Non, ce n'est pas cela , tu seras peut-être tué toi-même. — Oui, par ta maladresse ou celle de ton Buzançais, s'il tire de côté. — Point ; le duc de Luxembourg m'a promis qu'il se battrait avec toi : c'est son cousin, tu es le mien. Nous partirons tous les quatre. Me voilà consterné. Pourtant, cela me fait rire. J'accepte. Je pense que le duc de Luxembourg aura moins d'envie encore de se battre que moi. Précisément. Il dit qu'il est enrhumé ; la partie se dérange. Il m'envoie faire ses excuses par un vieux lieutenant-colonel de son régiment du Hainaut, qui doit, me dit-il, aller à sa place .
« Monsieur, lui dis-je, compte-t-il être acteur ou spectateur? — Oh! je ne donne pas là-dedans, je suis témoin. — Monsieur, en ce cas, je vous donne à ma place M. de Gervasi, major de Nassau, et cette lettre pour mon concierge de Belœil, pour que l'on se batte au moins chaudement après y avoir dormi. »
Les papiers publics m'ont appris ce que j’avais oublié et ce qui y était : « À dîner pour quatre, à souper trois. Enterrement dans mes serres et digne d'un grand d'Espagne, car ces messieurs le sont tous les deux. »
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J'avais autrefois une grande branche d'amusement aux réceptions de francs-maçons. On m'accordait les honneurs de maître écossais dans les provinces qui dépendaient de moi. On ne pouvait pas croire que je ne fusse qu'un apprenti, et même compagnon. J'y ai eu de rudes pénitences, comme de boire trois verres d'eau, de suite, entre les deux surveillants, pour leur avoir manqué, parce que souvent, étant ivres à force de faire des santés d'usage, ils faisaient de fausses liaisons dans des harangues ridicules. On me jeta un jour sur les cadavres. C'est ainsi qu'on appelle les bouteilles vides. Je faisais quelquefois le chirurgien. Je piquais avec mon cure-dents, et faisais boire de l'eau chaude, en faisant croire au récipiendaire que c'était son sang. On tua un jour innocemment dans une de nos loges, un pauvre diable qu'un frère terrible qui n'était pas assez fort, laissa tomber dans un tournement entier qu'il fit faire à sa personne et dont il ne put jamais se remettre. Je ne faisais mourir personne que de peur par tous les tourments que je faisais éprouver. Les bancs sur lesquels je les élevais jusqu'au grenier les y faisant tenir par les cornes; les rames sur les baquets d'eau qui passaient pour la mer : et mille autres choses pareilles : je faisais faire des confessions générales : je faisais croire qu'il se passait des horreurs, dont on nous a soupçonnés.
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J'avais été moliniste sans le savoir avec mes deux jésuites qui m'avaient entretenu de Mme Guyon, de Fénelon et du quiétisme ; j'étais devenu janséniste de même avec mon ex-oratorien qui ne me parlait que de Bossuet et me donnait à lire le catéchisme de Montpellier, l'Ancien Testament de Mézangui, l'Histoire des variations, etc. Les premiers m'avaient rendu savant sur Molina et Molino. L'abbé dont j'ai parlé, le seul qui crût en Dieu, m'avait donné à lire Marie Agreda et Marie Alacoque. Et avec toute mon érudition ecclésiastique, je ne savais pas un mot de la religion. On s'en aperçut parce que j'avais quatorze ans et qu'on me parla de me faire faire ma première communion. J'allai tout apprendre, tout, depuis la création jusqu'aux mystères, chez le curé du village. Il me dit qu'il n'y comprenait rien non plus que moi. Je crus au christianisme, dont on ne m'avait jamais parlé : et je fus dévot pendant quinze jours.

Mon père, craignant que toutes ces controverses ne m'eussent gâté l'esprit, eut encore recours à l'armée française pour former mes moeurs et ma religion. Il se ressouvint que le chevalier des Essarts avait été déiste, et moi aussi, par conséquent, avec lui. Il demanda à un chevalier de Saint-Maurice, qui était capitaine des housards de la Morlière, s'il était déiste aussi. Celui-ci lui assura que non. Il le prit pour mon gouverneur. Le chevalier ne mentait pas, car il était athée : et nous voilà athées, ou plutôt ne pensant à rien de tout cela.
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A douze ans, j'avais un corbeau, un mouton aussi et un renard qui me consolaient des rigueurs de mes maîtres tous mécontents de moi. Le corbeau piquait les jambes de celui à danser, comme s'il avait su que c'était celui que je haïssais le plus. Le renard était un polisson qui prenait le coton de l'écritoire de mon gouverneur pour en barbouiller tous ses papiers. Un jour, il fit ses ordures dans la bouche d'un de mes ancêtres en peinture qui, avec d'autres, était étalé à terre dans un salon que mon père faisait arranger. Celui-ci fut d'une colère affreuse de ce qu'il avait manqué, à dessein, croyait-il, à son bisaïeul.
Entre ces deux âges de mes goûts pour les bêtes, j'en ai eu pour d'autres qui souvent ne les valaient pas.
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La Comtesse Diane de Polignac m’avait fait promettre de lui écrire des nouvelles de l’armée. Elle reçoit l’une de mes lettres devant M. de Maurepas : « Voulez-vous savoir, dit-elle, des choses intéressantes ? C’est charmant à lui de se souvenir de moi, et de me mettre à même de vous en apprendre. »
Elle lit :
« Notre armée est composé d’infanterie et de cavalerie. Nous auront des pontons s’il faut passer des rivières. Notre artillerie servira à canonner. Si nous attaquons l’ennemi ou s’il nous attaque, il y aura vraisemblablement une bataille. Le temps est beau, mais s’il y a de la pluie, il y aura bien du monde de mouillé. Brûlez ma lettre, car à la Cour il ne faut rien laisser tomber et je ne veux pas me compromettre. »
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Video de Charles Joseph de Ligne (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Charles Joseph de Ligne
« […] Tandis que le monde des livres est devenu pour soi-même non seulement une fin sans finalité mais un énorme surmoi se travaillant à jeter un voile d'étouffante obésité sur l'évidence des grandeurs, il s'agit de faire sortir de ce cercle, à quoi condamne l'incurie de cet artificieux inconscient, tant d'oeuvres qui continuent certes leur vie dans le silence, parallèlement au monde des agités, mais dont empêche de jouir cette hypnose culturellement affairée. Les Classiques favoris sont précisément là pour ruiner maints silences inconvenants à coups d'éternité tapageuse. […] en une ère de l'indiscernable et de la quantité, qui fourmille sans jamais exulter, nous restituons la singularité : nous avons suspendu le monde de ceux qui croient qu'un auteur classique est un auteur classé, nous avons donné notre faveur à telle oeuvre inépuisable et pourtant épuisée, à telle oeuvre disparue ou détruite par des éditions fausses, nous soulignons l'incessante surprise que, classique, porte telle oeuvre qui ne cesse de se montrer neuve et dont ne séparent que le préjugé mou ou la hâte en cravate. […] en publiant tel livre dont, une fois ouvert, l'on se demande comment il a pu demeurer introuvable, cette collection a pour vocation de montrer à chacun combien il est simple, et combien préférable, de voyager longtemps sur la mappemonde étrangement inexplorée du génie. » (Maxence Caron)
« [1170] Les sots reprennent si souvent la parole, la gardent si longtemps, contrarient si souvent, surtout quand quelques femmes les écoutent, que c'est ce qui engage, je crois, à écrire. On ménage ses poumons. Il vaut mieux ne pas les user, et user sa plume et son encre. » (Charles-Joseph de Ligne [1735-1814])
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Référence bibliographique : Charles-Joseph Prince de Ligne, Mes Écarts ou Ma tête en liberté, éditions Les Belles Lettres, 2016.
Image d'illustration : https://tresorsdelacademie.be/fr/patrimoine-artistique/buste-de-charles-joseph-prince-de-ligne
Bande sonore originale : Carlos Viola - The Hills Of Éllís Mór
Site : https://thegamekitchen.bandcamp.com/track/the-hills-of-ll-s-m-r-2
#PrinceDeLigne #MesÉcartsOuMaTêteEnLiberté #LittératureBelge
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