IL PELUCHE DE LA NEIGE
J'aurais donné un litre de mon précieux sang pour avoir ne serait-ce qu'imaginé cette phrase là...
Stendhal, âme sensible, trop sensible, si compliquée dans ses élans...mais quelle plume, quelle façon d'enchaîner, d'analyser, d'essayer...
Ce journal est de l'Art Brut centré sur les émotions, les passions, les désirs et la femme...
Je retrouve dans ce livre tout ce qui est la marque d'un livre d'une vie...Le soir, même crevé par une journée d'intense boulot, il me faut mes pages avant d'aller chez Morphée...Bref du beau comme s'il en pleuvait...
C'est ce que je vous disais...Il peluche de la neige
C'est le carnet de bord ou journal de bord de l'auteur qui y expose son style habituel pour faire de long ouvrage une oeuvre captivante et jamais barbante comme peuvent l'etre ce genre d'exercice: un des meilleurs journaux ecrit par un ecrivain à redecouvrir d'urgence
Stendhal tient un journal dés son entrée dans le cercle mondain parisien qu'il fréquente pour faire connaître ses premières proses, pour rencontrer du beau monde et des dames, dont il s'amourache facilement.
Il tient également ses comptes dans ce Journal, il est aidé financièrement par sa famille car il a décidé de vivre à Paris pour avoir une bonne situation et parce que la littérature se fait dans la capitale.
Bizarrement, ce journal s'arrête dés lors où il commence à écrire des romans. Ce livre très imposant rassemble aussi ses voyages dans lesquels il donne des descriptions très détaillés des édifices religieux ou musées.
Les feuillets de son journal seront dispersés par l'auteur auprès de divers amis car je pense qu'il ne souhaitait pas de publication. Nous découvrons dans ce livre, les premiers De Stendhal.
31 octobre 1823 - Je suis au milieu de Francs-Comtois que je trouve les gens les plus francs du monde. Les domestiques ne sont point insolents ; le maître est un bon homme qui a ri comme un fou et d'un rire presque inextinguible, comme celui des dieux, en me voyant manquer un perdreau dans une position superbe. Ce rire m'a déridé tout à fait ; j'ai osé dire à mon ami de 1823 : « Vous vous moquez de moi, vous me plaisez tout à fait; vous êtes cet homme franc que j'estimais tant en 1813, durant cet armistice si ennuyeux de..., où nous n'avions que de l'eau bourbeuse, une chambre pour huit; jamais de solitude par conséquent. — Oui, ajoute-t-il, et, quand nous faisions semblant de dormir, les quatre ou cinq espèces d'insectes nuisibles à l'homme sortaient de notre paille et nous mettaient au supplice. »
Mon ami est marié à une femme qui n'a rien de romanesque qu'une jolie figure; c'est la raison elle-même, et je n'ai pas vu un geste, un regard, entendu une parole de cette belle Franc-Comtoise qui ne fût le " beau idéal" de la raison.
1139 - [Folio Classique n° 5082, p. 1065]
23 ventôse An XIII : Je sens qu'elle occupe toute mon âme. Je n'ai plus de sensibilité pour sentir autre chose. Tout ce que je fais est fait machinalement ; ma pensée est toujours fixée sur elle, je l'ai toujours devant les yeux, et, mon expérience m'empêchant d'en faire confidence à personne, mon seul soulagement est d'écrire. Je suis languissant pour tout le reste.
28 – [Folio n° 5082, p. 298]
J’entreprends d’écrire l’histoire de ma vie jour par jour. Je ne sais si j’aurai la force de remplir ce projet, déjà commencé à Paris. Voilà une faute de français ; il y en aura beaucoup, parce que je prends pour principe de ne pas me gêner et de n’effacer jamais. Si j’en ai le courage, je reprendrai au 2 ventôse, jour de mon départ de Milan, pour aller rejoindre le lieutenant-général Michaud à Vérone.
30 – [Folio n° 5082, 28 germinal An IX, p. 23]
J'ai trop à écrire, c'est pourquoi je n'écris rien.
1770 - [Folio n° 5082 p. 97]
Hâtons-nous de jouir, nos moments nous sont comptés, l’heure que j’ai passée à m’affliger ne m’en a pas moins rapproché de la mort. Travaillons, car le travail est le père du plaisir ; mais ne nous affligeons jamais. Réfléchissons sainement avant de prendre un parti ; une fois décidé, ne changeons jamais. Avec l’opiniâtreté, l’on vient à bout de tout. Donnons-nous des talents ; un jour je regretterai le temps perdu.
De quel pays est originaire le héros du roman ?