Putain de Covid

Je sais que le sujet du COVID est assez clivant au niveau de la population française. Je vais donc tacher de ménager toutes les susceptibilités. Ceci dit, il s'agit ni plus ni moins que le témoignage d'un interne de garde lors de la première vague de ce nouveau virus apparu en Chine en décembre 2019 et qui a ravagé notre pays au cours du mois de mars de l'année 2020.

N'oublions jamais d'où est venu ce virus pour commencer. A noter que ce fameux pays déplore toujours moins de 5000 morts à l'heure où j'écris cet avis ce qui me paraît assez suspect par rapport au plus de 618.000 morts chez leur concurrent les USA. Cela pousse à une certaine réflexion. Évidemment, ce n'est pas la faute aux chinois car cela aurait pu démarrer n'importe où sur le globe.

L'auteur va nous indiquer ce qu'il a vécu à la manière d'un journal intime tenu tous les jours pendant 35 jours correspondant au premier confinement décidé par le président de la République le 16 mars 2020. Ce jour là, il n'y avait encore que 6.633 cas et 148 morts. Il est vrai que le compteur a malheureusement dépassé les prévisions les plus folles. Nous sommes aujourd'hui à 112.620 morts.

C'est important d'avoir le vécu des soignants afin de comprendre l'ampleur du phénomène qui a touché le monde. Ils font toujours un travail remarquable afin de soigner les patients et de sauver le maximum de vie en prenant beaucoup sur eux. Les moyens n'étaient pas non plus mirobolants au début de cette crise. Je pense aux masques ou aux respirateurs.
Je cite une petite phrase issue de la vraie vie : « Bonne nouvelle les enfants : on a reçu des médicaments pour tenir jusqu'à la fin de la semaine ! On va pouvoir se détendre un peu !». C'est quand même triste et lamentable.

Mes reproches concernant la BD est que celle-ci est un peu brouillonne et un an après, beaucoup de choses paraissent un peu dépassées tant on a appris et également évolué dans la connaissance de cette nouvelle maladie infectieuse. Il y a beaucoup de textes qui constituent des compilations de faits et de réflexions très diverses.

Mon passage le plus marquant a été quand notre soignant croise des joggeurs qu'il aurait envie de tuer tant il se démène la journée dans son service. le soir, à 20 heures, ce sont les mêmes qui applaudissent au balcon de leur logement car il les reconnaît. Au fond, il n'aime pas vraiment toute cette hypocrisie liée à cette mise en scène.

Une de mes connaissances m'a indiqué que un métier devient difficile quand un événement particulier se produit (exemple: le métier de gardien de prison quand il y a une mutinerie). Elle pensait que c'était aux soignants de faire leur travail pour lequel ils sont payés et un point c'est tout car beaucoup de métier restent actuellement assez difficiles. J'avais un peu de mal à lui faire entendre un autre son de cloche.

Notre auteur Védécé s'étranglerait en entendant de telles remarques. En effet, il ne ménage pas la population qui ne fait rien pour se protéger et qui se met en risque. Cela en devient presque agressif comme si on pouvait attraper le covid à l'air libre en faisant un jogging. Moi, je dis qu'il faut relativiser. L'idée prédominante de l'auteur est que la dernière chose qui empêche l'hôpital public de sombrer, c'est uniquement la dévotion des soignants.

Pour autant, je trouve que ce témoignage est fort utile et cela se termine de manière fort poignante. C'est plus qu'une simple expérience de vie à affronter un putain de COVID. L'histoire en reparlera certainement avec plus de recul.

Je connaissais cette BD grâce à quelques planches publiées sur fb.

J'en appréciais le style et l'humour. Une certaine noirceur qui convenait au sujet. J'hesitais un peu à retrouver les angoisses du début de la pandémie, le sentiment d'impuissance et cette litanie du nombre de morts et de contaminations chaque matin. L'hôpital, ses couloirs sinistres, ses odeurs écoeurantes, ses néons blêmes, son café imbuvable, son ambiance déprimante, la mort embusquée sournoisement au tournant, c'est pas la lecture feel good recommandée pour l'été.

Et alors là, putain de BD ! Avec ce sujet casse-gueule ressassé par tous les médias, on se trouve devant une véritable oeuvre littéraire, forte, bouleversante, on est plongé dans le tsunami qui submerge avec violence les digues construites à la hâte par les soignants, les administratifs, on souffre, on est secoué comme un fetu de paille sous l'orage.

Comme les Poilus de 14-18, le bataillon des soignants tient tête aux bombardements, résiste à la mitraille, et ne lâche pas un pouce de terrain. le spectre du découragement les guette, la fatigue est immense, les munitions viennent à manquer. L'absurdité, la bêtise, l'inconscience, viennent attaquer le moral des troupes.
Mais il y a aussi des gestes de solidarité, des fous rires, des beaux moments d'humanité et de tendresse. Comme on peut en vivre dans ce métier.

Lisez le, achetez le, partagez le. Ça mérite autant le Goncourt que n'importe quel roman.

J'avais envie de lire cette BD/livre pour les dessins de Vedece et son humour sur l'hôpital, à la fois corrosif et instructif sur l'état de notre système de santé, que le gouvernement rêve de laisser enfin libre à la concurrence.

Cet album est la compilation des notes de L'interne de garde ainsi que les dessins de Védécé qu'il avait publié tout au long du covid. Ces deux mélangent leur texte et leurs dessins pour nous plonger au coeur de la première vague du Covid mais au niveau des soignants, de ceux qui étaient en première ligne. Ceux qu'on applaudissaient et qu'on a oublié ...

L'album est une bonne plongée dans le monde hospitalier et rappelle que les personnes derrière les médecins ont subis comme jamais pendant la crise. Et il est important de nous rappeler que ce fut une quantité astronomique de morts qui auraient pu être évitée par une politique publique de soins mieux faite.

Maintenant, j'ai tout de même un petit doute sur l'intérêt de l'album en tant que tel. le contenu semble être une simple mise en page des BD et des textes, sans ajout supplémentaire ni mise en perspective. Au final, je trouve qu'on a pas grand ajout à la BD et l'absence de dialogue entre les parties écrites et dessinées est un vrai manque de la BD. Une édition aurait gagnée à jouer là-dessus et justement développer ces deux moyens d'expressions. Ici rien ne les lie vraiment.
C'est donc un peu regrettable, puisqu'en dehors de la valeur témoignage de l'album rien de bien spécifique n'en ressort. Une sorte de conclusion des deux médecins m'aurait bien plus, ou alors simplement un dialogue final qui met les deux en relation. A mon sens, une édition moins intéressante qu'elle n'y parait pour un contenu qui permet de refaire témoignage pour l'avenir.

Deux médecins nous font vivre au plus près leur quotidien pendant la première vague du covid, alors même que nous subissons la deuxième et un nouveau confinement.
L'un par les mots, l'autre par ses dessins, ils racontent la désillusion, l'impuissance, la fraternité, l'humanité, la solidarité, la peur, la mort ; des soldats affrontant l'ennemi sans relâche avec des moyens dérisoires ; quand d'autres sont dans leur petit cocon devant Netflix à râler que ça fait bien chier le confinement et que le masque ça sert à rien.
Le système de santé ne tient que grâce au dévouement de toutes ces personnes (aide-soignant, infirmière, interne, médecin..), quand celui-ci sera épuisé il n'y aura plus personne.

En connaissant moins l'interne de garde je ne doutais pas de la qualité de l'ouvrage en reconnaissant la plume de VDC. Je ne loupe aucun de ces dessins et BD alors d'autant plus sur une actualité bien (trop) présente je ne pouvais que m'y jeter corps et âme.
Peut être que cela me touche trop ou que la façon BD/ livre scientifique ne m'a pas convaincu que je ne mettrais pas 5/5 comme à chaque fois. Mais une chose est sur..la vérité sort toujours de la plume de celui qui l'a vit. À bonne entendeur messieurs dames du gouvernement.