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sur 96 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Entrez dans une Légende : Orphée et Eurydice.

O. et Anaîs, Loren ou Reina, qui que ce soit voici l'histoire merveilleuse d'un Bel Amour (presque autobiographique).

Pour ce faire, j' ai assemblé des phrases bout à bout, choisies au fil des pages.

* La lumière commençait à enfouir son museau dans le cou de la ville" ; et toi mon acrobate je t'ai cherché jusqu'à en perdre l'équilibre. Je t'ai cherché sur le fil des jours.

- Tu as ramené tes cheveux en arrière, une mélancolie voluptueuse berçait la cime des marronniers.

- La mémoire de nos nuits d'amour est mêlée de songes.

- Une seule nuit et mille et une nuits d'amour ... chaque nuit fait éclater dans toutes les zones de mon corps des électricités particulières et violentes, chaque caresse épelle des vertiges, fixe des abandons, diffuse ... l'infinie variété du plaisir.

Tu as remarqué : le mot étreinte est l'anagramme du mot éternité !

- ... j'avais le mal de toi ... ton corps était un soleil.

- Elle disait que les femmes sont des fleurs renversées dont le sexe est la corolle.

- .... c'est la première fois (disait-elle) que j'ai rencontré un garçon qui m'as fait me sentir vivante....

* Une histoire comme dans les contes de fées où l'amour a la couleur brûlante et glacée du désir.

¤ "Ne désespérez jamais, faites infuser davantage".
(Henri Michaux)

Vous vous en doutez j'ai beaucoup aimé.
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C'est Olivier Liron lui-même qui m'a conseillé la lecture de son premier roman, Danse d'atomes d'or, après avoir pris connaissance de mon ressenti mitigé pour Einstein, le sexe et moi… Il était certain que cette histoire d'amour à la Boris Vian qui revisite le mythe d'Orphée et d'Eurydice allait me plaire davantage…

Le titre est déjà une invitation poétique…
La danse me fait penser à une suite harmonieuse et rythmée, souvent trop codifiée, parfois libérée des contraintes ; c'est une succession avec des variations, un mouvement permanent ; il y a quelque chose de beau et d'artistique sous-entendu. La fête foraine et le cirque tiennent une place importante dans ce livre, lieux de spectacle, d'illusion et de mise en scène des corps ; la grande danseuse et chorégraphe Pina Bausch y est citée. Il y a également la danse des vagues, le flux et le reflux, « petits brins d'écumes à qui l'on peut tout raconter »… et surtout, la danse des mots.
Les atomes sont des constituants fondamentaux de la matière, de l'ordre de l'infiniment petit, poussière ou particule, ou même de l'invisible. Ils apportent une notion d'énergie, pas toujours positive quand on pense au nucléaire. Les personnages du livre sont pris dans un tourbillon tragique, une prédestination fatale.
Et l'or, alors ? Ce métal précieux évoque-t-il ici la richesse, un ornement, une caractéristique exceptionnelle ou une coloration de l'ensemble ?
Cette danse d'atomes d'or est bien plus que le reflet du soleil qui transforme la poussière. Olivier Liron a dit lui-même qu'« un titre doit donner une couleur au livre »…

Ce roman est d'inspiration très personnelle : il n'est pas anodin que le narrateur s'appelle 0, une simple initiale. le récit est à la première personne et le narrateur nous dit souvent qu'il décrit les choses d'une manière qui n'est sans doute pas exactement celle dont elles se sont passées entre mensonges, simulations, mise en scène de la mémoire et de l'émotion, invention des souvenirs : « le réel est une fable autobiographique ».
L'Histoire d'Orphée et d'Eurydice prend ici une coloration assez féministe car c'est la femme aimée qui mène le jeu, qui décide de sa vie et de sa mort ; elle reprend à son compte les désirs et les postures d'Orphée et le place dans l'attitude impuissante d'Eurydice. Danses d'Atomes d'or est l'histoire d'une Eurydice qui part et ne se retourne pas, qui ne veut pas attendre sagement son homme toute sa vie.
J'ai profondément adhéré à l'onomastique des lieux : la rue Gît-le coeur et Tombelaine… Les personnages portent aussi des noms improbables ou prédestinée ; ainsi Loren, prénom que le narrateur ne saisit pas d'emblée porte en lui la Laure de Pétrarque qui inspira toute son oeuvre poétique et son véritable nom est aussi lourd de sens. O. est à la fois Olivier et Orphée… Virgile Vediani me rappelle le guide de Dante aux Enfers dans La Divine Comédie, et pas seulement dans sa vision du périphérique de Caen. Les autres personnages sont-ils plus eux-mêmes que les noms écrits sur les post-it qu'ils se sont collés sur le front au début du livre?
L'écriture est belle, poétique, parfois très terre à terre, souvent décalée ; parfois, elle mérite qu'on s'y attarde et qu'on l'analyse, parfois il faut la prendre comme elle est sans trop chercher. L'écriture réinvente et redonne vie, elle collecte et rediffuse…

Olivier Liron avait raison : ce roman m'a parlé, m'a émue et m'a beaucoup intéressée. C'est juste une belle histoire d'amour qui finit mal mais elle est superbement mise en valeur par le recours au mythe, miroir révélateur et par un style très personnel.
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« J'ai pensé que le bonheur, personne ne peut en forcer la porte, le trouver artificiellement. Il ne s'ouvre pas de l'extérieur, le bonheur. Il est malin. Il est beaucoup plus malin, mille fois plus que vous. Il est fermé à clé depuis l'intérieur. Et personne n'a la clé. Le bonheur ne s'ouvre que de l'intérieur. On ne peut que rester à la porte, et dire des choses très douces afin de l'amadouer, de le faire changer d'avis.
(Et moi, j'avais attendu si longtemps en silence, j'avais chuchoté et supplié tant d'années à la porte.) »
O et Loren se sont rencontrés chez des amis communs, alors qu'il incarnait Orphée, sans le savoir encore, pour le jeu du Post'it. Tout en refusant de participer, par provocation, elle avait choisi de s'attribuer le rôle d'Eurydice. Il pensait au bonheur quand elle est arrivée et aimerait à croire que c'est lui qui s'est levé et a ouvert quand elle a sonné.... Mais ce n'est pas comme cela que ça s'est passé, peut-être même ne l'a-t-il pas vue entrer dans la pièce. Il se souvient de quelque chose qui ressemble à un battement de cils, aux premières gouttes de pluie au moment de l'orage... Il se souvient avoir appris son visage par petites touches.... Il se souvient d'une main dans ses cheveux pour dompter une mèche rebelle, d'un rire dont il aimerait savoir parler, d'un regard aussi, empreint d'une indéfinissable expression de douleur...
Il est manutentionnaire, trie des colis, sans passion. Elle est artiste, acrobate dans un cirque. Deux conceptions de la liberté, de l'amour et du sexe qui s'attirent et s'appellent....
« Comme c'est long un désir qui s'ouvre, qui s'offre, qui ne se mesure pas. Qui ne se meurt pas. Si brûlants qu'on se veuille, ce n'est pas un coup de foudre, malgré les apparences : c'est quelque chose qu'on ne sait pas encore dire. Qu'on ne dit pas. Tu me délies. Je marche. Je connais un endroit près d'ici sur la rive. Un tressaillement. Come, mon amour, come to me. Come closer. Nous n'avons pas fini de nous parler d'amour. »
Ils vont se revoir, se reconnaître, s'aimer, passionnément, animés par la rage de vivre et une sensibilité à fleur de peau.
Jusqu'au jour où il l'attendra, vainement.... le premier jour d'une attente interminable, d'un manque lancinant, où l'absence de Loren occupera dans sa vie autant de place que sa présence, quand elle était à ses côtés....

On ne sait pas toujours pourquoi on choisit un livre plutôt qu'un autre... parfois le titre qui nous murmure une invitation au voyage, la couverture qui séduit notre regard, le nom d'un auteur dont l'écriture nous est familière ou un résumé d'éditeur qui trouve écho en nous. Ce n'est pas ainsi que "Danse d'atomes d'or" s'est imposé à moi : un retour à la médiathèque, un ressenti de lecture si fort qu'il a besoin d'être partagé, une voix qui se brise, un regard qui se voile... et quelque chose, quelque part, qui se trouble en moi. C'est l'histoire de ma rencontre avec O et Loren, avec Orphée et Eurydice, et avec Olivier Liron puisqu'il s'agit ici d'un premier roman. Un roman poignant, intensément poétique, qui me laisse bouleversée. Si les références culturelles sont nombreuses, elles accompagnent le récit, l'éclairent de nuances supplémentaires, le rendent plus onirique. J'ai aimé la sensualité des mots, comme la caresse toujours tendre, parfois malicieuse, des doigts aimés sur notre peau ; une écriture charnelle, parfois violente comme un désir inassouvi ou une perte dont on ne se relève pas. L'histoire, dont je ne peux vous dire plus sans trop la dévoiler, est suivie d'un autoportrait bref et touchant de l'auteur, qui laisse entrevoir que le roman est, en partie du moins, autobiographique.
Et se dire avec Olivier Liron, après le point final : Oui, la douleur de l'amour perdu est toujours de l'amour.
« En amour il n'y a pas de silence, même quand on est loin.
Quand on se tait, c'est qu'on a tant de choses à se dire. »

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Attention pépite. Une petite pépite d'or, un presque coup de de coeur.
Longtemps que je n'avais plus déposé de mots pour une critique. Les 50 premières pages furent un enchantement pur. Une entrée en matière presque Vianesque, des accents d'Henri Michaux, une musique, un rythme d'écriture qui résonnait avec les battements de mon coeur, presque un long poème en prose. Une petite symphonie qui m'a transporté. Aller de phrase en phrase et chaque page être surpris par le décors. le plaisir de fermer un livre et de laisser les mots, les esquisses au fusain continuer à vivre de par mes neurones. Les mots jouent, dansent dans la lumière, le monde est autre, se transforme (au point que par deux fois je me suis trompe de tram … lieu de mes lectures du jour) et se perd dans l'imaginaire. L'histoire est d'amour et doucement entre dans la passion. le texte alors est parfois plus cru, plus charnel. A mes yeux des passages superflus. le monde presque cesse d'exister et ne tourne plus qu'autour de Loren et de O., que l'auteur veut être des Euridyce et Orphée modernes. C'est à partir de là que mon enchantement s'est dissipé, cache dans la brume pour n'apparaître que par trouées, parfois longues et lumineuses, parfois succinctes mais nettes. Tour de même, de jolis passage, une histoire qui ne surprend qu'à moitié. L'amour dévasté qui s'impose dans le récit. Un peu de mystère pour tenir le lecteur en haleine. Une détresse. Un cri. Les échos des enfers. Je n'irai pas plus loin dans ma critique au risque d'en révéler un peu de trop sur le récit.
Les épopées antiques étaient versifiées, presque de longs poèmes. Ce roman était pour moi de même, un poème « quasi-épique » en prose. Une écriture, une musique que j'aimerais avoir la chance de relire, en espérant qu'Olivier Libon n'ait pas trop donné de lui dans ce texte que pour pouvoir en écrire d'autres avec la même intensité, le même feu.
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On est souvent déçus par les romans que tout le monde encense, ils nous sont tellement vendus que la réalité ne parvient pas à égaler nos espérances. J'avais découvert Olivier Liron avec son deuxième roman, Einstein, le sexe et moi, j'avais apprécié sa plume et son humour. On dit aussi que les seconds romans sont moins bons que les premiers. Beaucoup d'idées reçues finalement, dont aucune ne parvient vraiment à justifier le ras de marée indescriptible que j'ai ressenti à la lecture de ce livre. Danse d'atomes d'or est un coup de coeur comme il m'en est rarement donné d'en avoir.

O. rencontre Loren, acrobate mystérieuse et libre, tombe follement amoureux, avant qu'elle ne disparaisse sans laisser de traces. Un synopsis simple comme il en existe tant dans la littérature, une histoire d'amour et d'abandon comme on en lit tous les jours. Et pourtant, celle-ci a un charme différent, elle est plus poétique que toutes les autres, elle est plus solaire, plus grandiose, plus drôle que toutes les autres. J'ai été bouleversée par tant d'amour si bien exprimé, tant de sincérité dans l'expression, tant de vérité à chaque phrase. Les mots sont au service des sentiments, chacun d'entre eux est prétexte au jeu. Avec une habilité déconcertante, Olivier Liron utilise la langue française pour traduire l'intraduisible, pour exprimer l'inexprimable, pour décrire l'indescriptible. L'amour ici n'est plus une notion vague, le bonheur non plus, tout cela a pris corps dans ces mots si habilement maniés, tout cela devient réalité et nous transporte, nous lecteurs, dans un idéal que nous n'avons toujours rêvé d'atteindre.

Naviguant sur les registres dramatiques et comiques, jamais dans l'excès, toujours dans la juste mesure, l'auteur donne à cette histoire d'amour une profondeur universelle, de celles qui parlent à tous et font naître de petites larmes au coin des yeux. Ce livre est une merveille, sublimant le monde à coups de mots magiques, renversant l'âme par ses images poétiques. Maintenant, je comprends mieux l'engouement qu'il a suscité.
Lien : https://theunamedbookshelf.c..
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Un tout grand merci à Alma Editeur et à Babelio, via sa Masse Critique, de m'avoir fait découvrir cet auteur et ce magnifique premier roman.A la lecture de la quatrième de couverture, j'avais senti que ce récit était susceptible de me plaire mais je ne m'attendais pas à ce qui n'y figure pas… me plaise plus encore !

C'est donc l'histoire d'O. et Loren qui se rencontrent dans une soirée. Via à jeu, ils empruntent le temps de cette soirée, les rôles d'Orphée et d'Eurydice. Avant de tomber éperdument amoureux l'un de l'autre.

La première partie du livre « Orphée » est la vision masculine de cette histoire d'amour débutante entre ces deux êtres qui semblent s'être trouvés et ne faire qu'un.

Mais un jour, c'est le drame : Loren/Eurydice a disparu ! On ressent parfaitement le désarroi, la solitude, la dépression qu'Orphée doit affronter.

Ecrire au sujet du contenu de la suite de ce livre serait spoiler et, surtout, gâcher votre lecture. Je m'arrêterai donc ici !

Disons uniquement que la deuxième partie est transitionnelle et la troisième donne, elle, la parole à Loren/Eurydice.




L'écriture est magique, féérique, poétique et imagée. C'est un vrai bonheur de se plonger dans ce récit, si réel, de cet amour naissant, de cette relation qui se noue.

Les références de l'auteur (diverses et variées ; allant de Balavoine à Pina Bausch en passant par Barbarella, la Hune, la mythologie, Alizée, l'art contemporain, etc.) m'ont touchée, m'ont fait sourire et/ou m'ont rappelé de sympathiques souvenirs. Les lieux décrits par Olivier Liron ont également fait mouche ; je m'y suis retrouvée et/ou imaginais parfaitement y déambuler d'ici peu.

Il faut, tout de même, reconnaître, seule faiblesse du livre, que l'on sent qu'il s'agit, ici, d'un premier roman avec, comme principal défaut, un flot débordant de thématiques et d'idées qui fusent de toutes parts chez les deux principaux protagonistes. Certes, Loren, est une artiste un peu fantasque (personnalité permettant pas mal de digressions) mais, au fil des pages, j'aurais préféré que toutes ces idées se retrouvent plus canalisées et plus organisées. Nul doute qu'Olivier Liron y parviendra dans son deuxième roman. Nul doute aussi que je le lirai !




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Tout commence par un jeu, celui du « Post-it » : le narrateur, O., se découvre Orphée ; Loren, Eurydice. Suit alors un conte original, basé sur ce mythe, dans lequel deux personnes vont s'aimer follement le temps de quelques jours. La rencontre avec Loren va marquer la vie de O. : dès les premiers instants, il est fasciné par la jeune femme. Reine du spectacle la nuit, elle offre au narrateur une vie de bohème entre son petit appartement sous les toits et les promenades interminables dans les rues de Paris. L'enthousiasme des personnages pour cette vie épicurienne est véhiculée par un rythme d'écriture à la fois scandé et allongé. La plume de l'auteur agit comme une mimétique du texte : ainsi les moments de contemplation de l'être aimé se transforment en un tableau d'émotions et la passion du narrateur dépasse le cadre du récit.

Danse d'atomes d'or est une histoire d'amour furtive et surtout intense : un amour qui se consume, se dévore et détruit. Nous sommes exclusivement dans la tête de O., le narrateur, si bien que nous vivons son amour mais aussi sa décontenance devant la tornade que représente la jeune femme.
La magie de la rencontre commence dès lors à s'effriter : ce personnage que l'on croyait invincible montre une petite part de faiblesse qui demeure incompréhensible. Cette brèche s'ouvre complètement lorsque Loren disparaît, sans rien laisser derrière elle. O. est désarmé, sans aucun moyen pour comprendre ou retrouver celle qu'il aime. Ce basculement du récit est également visible dans l'écriture qui prend la forme d'une complainte.

Entre polar, réécriture de conte et poésie, Olivier Liron signe un premier roman ambitieux, plein de charme, qui s'inscrit entre rêverie et descente aux Enfers. Ce livre nous rend vivants, donne envie d'être amoureux. Comme la passion qui y est décrite de façon crue et poétique, il se dévore. le bagage culturel de l'auteur se ressent dans sa plume, mais ne s'impose pas comme une barrière avec le lecteur : il agit au contraire pour véhiculer toute la poésie présente dans le texte. le titre du roman en est d'ailleurs la meilleure preuve.

Découvrez ma critique de ce livre en vidéo > https://www.youtube.com/watch?v=EkOZY8uE3b0
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« Dans la vie, l'essentiel est de porter sur tout des jugements a priori. Il apparaît, en effet, que les masses ont tort, et les individus toujours raison. Il faut se garder d'en déduire des règles de conduite : elles ne doivent pas avoir besoin d'être formulées pour qu'on les suive. Il y a seulement deux choses : c'est l'amour, de toutes les façons, avec des jolies filles, et la musique de la Nouvelle-Orléans ou de Duke Ellington. le reste devrait disparaître, car le reste est laid, et les quelques pages de démonstration qui suivent tirent toute leur force du fait que l'histoire est entièrement vraie, puisque je l'ai imaginée d'un bout à l'autre. Sa réalisation matérielle proprement dite consiste essentiellement en une projection de la réalité, en atmosphère biaise et chauffée, sur un plan de référence irrégulièrement ondulé et présentant de la distorsion. On le voit, c'est un procédé avouable, s'il en fut.
La Nouvelle-Orléans.
10 mars 1946. »
Avant-propos à « L'écume des jours »-Boris Vian



Il est des livres écrits avec les tripes… « Danse d'atomes d'or » est écrit avec le coeur.
Le coeur d'artichaut, le coeur lourd ou à coeur joie…Olivier Liron est un bourreau du coeur.
Les papillons dans le ventre migrent, deviennent particules, éléments-terres diffractés, pulsations émouvantes, ondes ductiles ou diatomées farouches.
Bourreau, fais ton office…
A coeur ouvert. A corps perdus.
Corps impatients, O. et Loren, vibrent et se cambrent, déambulent, se consument ou s'envolent, au gré de l'encre délicate de l'auteur.
Poésie de l'intime, caresse des mots, désirs sublimés d'émotions tantôt charnelles parfois terriblement pudiques…O. et Loren, dansent l'éternel ballet de l'amour, sur une partition aérienne, sensuelle et tendre.
Chorégraphie pailletée, réjouissante, voluptueuse, érotique, sous la plume-lyre d'Olivier Liron, qui confie ainsi aux yeux, et au coeur, du lecteur, l'étrange alchimie de l'acrobate et de son amoureux, équilibre ténu entre une Eurydice funambule et un Orphée aussi ardent qu'envoûté. Loren et O., dignes descendants de Chloé et Colin, amants-poètes dans un monde onirique et fantasque où les fêtes foraines résonnent des notes de pianocktails modernes.
Un jour, Loren disparaît, et c'est comme si les cavaletti de la belle structure avaient cédé, le câble, le lien, si vibrant s'effondre, plus aucun hauban ne tient O., gisant dans la sciure de la piste désertée.
De cette rupture unilatérale et incompréhensible, ne restent que les mots énigmatiques que O. reçoit par courrier et qui le conduiront aux portes d'un Ténare plus septentrional, en quête de sa nymphe décidément mystérieuse…
Exécuteur des hautes-oeuvres de nos sentiments, Olivier Liron joue de l'arrache-coeur, du tire-larmes, sans aucune mièvrerie. Les mots sont bleus, multicolores, dorés à la feuille. Les métaphores, lumineuses, enflammées, drôles parfois, justes, toujours.
Fort d'un patronyme qui ne laisse aucune équivoque sur son avenir, Olivier Liron grave comme une brettelure la poésie sur son écriture d'orfèvre, semant les quelques grammes de poussière d'or indispensables pour révéler la lumière d'un grand écrivain…

« In a Sentimental Mood I can see
The stars come through my room
While your loving attitude is
Like a flame that lights the gloom »[…]
Duke Ellington – Sentimental mood
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De la poudre d'or...
Des particules légères virevoltent dans l'air, embrasement chorégraphié à la grâce du soleil. Des étincelle de vie révélées par la lumière, mises à nu ; vérité crue qui s'infiltre et déstabilise.

De la poudre d'or...
Poussière en suspension ; ballon s'approchant des cieux ; nacelle s'élevant dans les airs en équilibre.
Acrobate sur un fil.
Flirts avec le soleil.

De la poudre d'or...
L'élégance et la souplesse de l'équilibriste défient l'apesanteur ; agile sur son fil, lien ténu entre légèreté des évènements et profondeur du propos.

Le fil, guide indestructible entre terre et cieux , profane et divin, frivolité et gravité.
Une métaphysique de la futilité pour donner sens au vide. La loi de l'attraction pour ancrer les mots dans un sérieux aux accents scientifiques.

Le fil , unique appui pour dominer le vide, dans la chorégraphie des êtres et l'union des âmes au carrefour de leur existence.

Un fil d'Ariane pour quitter les Enfers et s'approcher du soleil , paradis céleste.
Poursuivre sa route. Ne pas se retourner.
Unir Orphée et Eurydice, les lier d'un fil d'or.
Pour garder l'amour auprès de soi.

Le fil de la vie au fil du temps. Dilaté; élasticité de la douleur.
Distorsion d'une précision d'horloger.
Une danse de l'éphémère au tempo irrégulier, trait d'union entre les êtres , passerelle entre les âmes.

Au fil de la plume, les lettres sont tissées, dentelle de soi d'une finesse incomparable. Les mots sont justes, brodés avec précision. L'auteur joue sur les sons et les sens ; la langue danse, dense et riche, arabesque ondulante.
le roman est une guipure ajourée ; les mots s'étirent délicatement, se serrent d'une forte fragilité, remplissent le vide , élégamment, liés les uns aux autres par un fil de soie pour donner sens à la perte, à la douleur. Un fil pour s'élever , s'approcher du soleil. Toucher la poussière d'or.
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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Quand j'ai terminé Danse d'atomes d'or, je n'ai pas bougé. J'ai pris le temps, laissé mes yeux dans le vague et mon esprit libre. Il a fallu que je laisse les mots vivre encore un peu, libres de se cogner, de retomber, doucement, pour trouver leur place et y rester. Quand un livre me bouleverse, j'ai besoin d'une pause. Pas de son, pas d'image, rien pour parasiter ce qui reste quand les pages se ferment. Et là, j'ai été touchée, bousculée, par l'intensité et la poésie qui s'échappaient avec force du texte.

Ce livre, c'est l'histoire d'un amour ardent et éphémère. L'histoire d'une passion inachevée, déchirante et déchirée par une disparition brutale et inexpliquée, laissant derrière elle un coeur suspendu aux souvenirs. Meurtri. Perdu.
C'est une poésie-tourbillon qui nous emporte, nous gonfle le coeur, et le retourne. J'en suis sortie étourdie comme au sortir d'une valse, troublée comme quand la musique s'arrête après un paso doble fougueux.

Olivier Liron écrit d'une plume qui sait être dure et tendre, douce et crue et nous livre un roman à fleur de peau. Il nous offre une lecture qui reste, une de celles dont on se souvient.
Il a su, dans le creuset de son esprit, transmuer ce qui aurait pu n'être qu'une simple romance en poésie sublime. Alchimiste de sa Danse d'atomes d'or. Auteur-parfumeur qui a su distiller les mots pour les faire élixir.

Lire O. et se souvenir de Rimbaud et de son Alchimie du verbe qui donne des couleurs aux voyelles. Lire le jeu du post-it et penser au Qui suis-je de Breton dans Nadja. Et puis Nadja, encore, ailleurs, un peu partout. Fermer le livre, frissonner, avoir de l'eau au bord des yeux et se dire que, décidément, Olivier Liron a sacrément de talent.
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