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3,96

sur 2554 notes
le récit implacable et froid d'un soldat SS en charge de la question juive pendant les années de guerre...se confondent deux histoires : celle des afres de la guerre et celle d'un homme qui, malgré sa foi et sa fidélité au national-socialisme se trouve confronté à son propre désarroi moral, son passé troublé, ses tourments, ses questionnements qui vont grandissant au fur et à mesure que la guerre se révèle dans tout ce qu'elle a de monstrueux. Dés lors on n'arrive pas à haïr ce bourreau qui, c'est vrai, n'a pas pour mission de participer directement au génocide - il effectue une mission d'observation - tout simplement parce que derrière chaque bourreau il y a avant tout un homme et que l'inhumain procède de l'humain.
toutefois on peut être décontenancé par la fin loufoque, totalement décalée, où tout devient imprévisible, saugrenu et sauvage, somme toute à l'image des névroses et délires du narrateur qui atteignent à la fin une grave intensité.
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Pfffff déjà 251 critiques !!!

Ca m'évite d'en faire le résumé.
De toute façon je n'en fais jamais... ou presque.

Quelques remarques, quand même.

Non les 1400 pages de l'édition de poche ne m'ont pas rebuté, bien au contraire, l'auteur écrit bien et, à une ou deux exceptions près, il ne lasse pas.

J'ai d'abord trouvé amusante la répétition des grades à rallonge des hiérarchies de la Wehrmacht et des SS, puis ça m'a très vite gavé.

La description minutieuse de son fonctionnement administratif à enrichi d'un angle nouveau ma perception de la machine de destruction nazie.

L'aspect psychanalytique de la vie intérieure du Dr Maximilien Aue m'a moins intéressé.

La scène finale, abrupte, légèrement grand-guignole, voire cinématographique m'a laissé ébaubi.

Un très bon livre.
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Max Aue est un ancien Nazi qui a échappé à tout procès en s'enfuyant en France. Il raconte son histoire pendant la période sombre que tout le monde connaît bien...

Mon challenge de lecture de 2020, c'était de lire Ulysse de James Joyce. Après ça, je ne pensais pas qu'on pouvait faire pire expérience.
Bah si.
Et même de loin. (Hein, comment ? C'est possible ??)
C'est une vraie claque que je me suis prise en commençant Les Bienveillantes. Pas à cause de son sujet très difficile et spécial, nonnnn, mais bien parce que je ne m'attendais pas à autant me faire chier. Oui, c'est le mot. Si la première partie est intéressante car elle balance des données numériques sur le nombre de victimes lors de la Seconde Guerre mondiale et peut faire froid dans le dos grâce à sa factualité dénudée de toute émotion, la deuxième partie fut un calvaire à lire, et ce à divers égards. J'ai eu beaucoup de mal, comme nombre de lecteurs, avec la froideur du récit qui narre des épisodes déshumanisants terribles, dérangeants et historiques dans le fond. On a de nombreux sentiments à la lecture qui viennent successivement prendre le relais, sans répit, dont le voyeurisme, l'outrance et l'empathie, opposés de manière inimaginable à ceux de l'ennui et la fatigue loin de tout respect pour le passé. Et ce sont ces deux derniers que je n'avais pas vus venir, mais alors pas du tout.
Pourquoi se fait-on tant suer à cette lecture de faits avérés horribles ? Parce que c'est perdu dans un fatras d'informations et de récits divers dont on se fout ROYALEMENT : l'érudition mal placée du héros qui cite à tout va tel ou tel philosophe ou bouquin ; le fait qu'il vomisse tout le temps et les folles aventures de son système digestif ; son homosexualité et sa relation incestueuse avec sa soeur jumelle qui sortent de nulle part et ne vont pas trop de pair avec la société aryenne anti-homo d'Hitler et laissent complètement incrédule ; les titres et organisations nazis à rallonge et absolument insuivables à tel point qu'on ne les lit plus dès la 10ème page ; le parcours factuel sans fin et vide des soldats allemands qui avancent dans le froid vers la Russie ; les allers et retours dont on n'a cure dans toutes les villes de Pologne & Co ; les discours interminables sur les langues du Caucase et autres informations géo-politico-ethno-religieuses qui sont censées montrer que les SS ont bien étudié et travaillé la question judaïque pour prouver qu'ils n'ont pas tué n'importe qui ni tout ce qui bouge quand même ; la position soi-disant neutre du personnage principal Aue qui, les trois quarts du temps dans les réflexions avec ses collègues et supérieurs, ne fait que poser les questions "Comment ça ?" ou "ah oui ?" et n'est donc pas celui qui avance toutes les positions racistes, antisémites et dégueulasses ; les petites guéguerres internes et les promenades dans la campagne pour aller déjeuner pour faire style qu'il y a des descriptions… le tout dans un corps de texte infini qui incorpore les dialogues sans jamais aller à la ligne...
Au final j'ai passé plus de temps à survoler qu'à vraiment lire parce que j'avais atteint le comble de l'insupportable à des niveaux que je n'imaginais pourtant pas.
Cette agréable expérience s'est poursuivie avec les parties 3 et 4, pleines de mots mais vides d'intérêt. Max Aue n'a toujours aucun appeal en tant que personnage principal, ce n'est même pas un anti-héros qui pourrait avoir ses fans parce que derrière tout défaut, on trouve toujours une qualité. Eh bien là, non, pas du tout. Aue c'est un type qui aime se promener et faire chier les gens en plein Stalingrad assiégée, qui se prend une balle fatale mais qui en ressort vivant (y a pas de justice, on le savait déjà…), qui aime bouffer quitte à manger à tous les râteliers, qui part en convalescence au grand air et fait des pieds et des mains pour se caser une place au soleil loin du front, tout en se tapant toujours sa soeur ou fantasmant sur elle tout en se tapant des putes, nous précisant régulièrement où il fourre sa verge, avant d'aller emmerder sa mère et son beau-père qu'il finit par achever lui-même sans même se l'avouer (il devait déjà connaître les faits alternatifs, celui-là). Après le scato : le porno, toujours sur fond de Juifs et Bolcheviques à supprimer, toujours avec tous ces gradés qui, passez-moi l'expression, ne se sentent plus pisser.
Je pense que j'ai tellement détesté la deuxième partie, le personnage et l'écriture qui n'a rien d'extraordinaire quoi que d'autres en disent, que c'en était déjà fait de ce livre pour moi. Je subissais plus qu'autre chose, je ne prenais strictement aucun plaisir de lecture, j'ai même eu l'impression que j'avançais plus vite sur Ulysse, c'est dire.
J'en devenais à force presque plus choquée du personnage de Aue que des exactions commises contre l'Etre Humain. Je m'aperçois que le roman ne se focalise par sur ça mais sur Aue, qui est un personnage hyper complexe, absolument pas empathique pour un sou, qui pense à tout sur ses entrailles et extrémités mâles mais n'est jamais capable de formuler un argumentaire de lui-même contre les Juifs, car ce sont toujours d'autres personnages qui développent des théories.
Ensuite, il y a eu cette longue partie 5, que je n'avais jamais hâte de retrouver le soir ou le week-end. Si à de rares moments j'ai trouvé le contenu sensiblement plus intéressant une fois que Max arrive à Auschwitz grâce aux études hallucinantes sur les rations accordées aux détenus et toutes les coulisses en fait de la gestion de ces camps et de la solution finale, l'ennui et l'inintérêt sont restés de mise. Monsieur blablate à mort et s'attarde sur des détails dont on se fout royalement (j'ai dit, il a dit, alors j'ai répondu, et il a répondu, on a droit à tout le dialogue ou presque les 9/10èmes du temps...), et même lui le dit qu'il nous emmerde, je cite :

"Mais peut-être qu'au fond vous vous moquez de tout ceci. Peut-être préféreriez-vous, à mes réflexions malsaines et absconses, des anecdotes, des histoires piquantes. [...] je vous l'ai dit, je fatigue, il faut commencer à en finir. Et puis si je devais encore raconter le reste de l'année 1944 dans le détail, un peu comme je l'ai fait jusqu'ici, je n'en finirais jamais. Vous voyez, je pense à vous aussi [...] ; et puis, vous disposez d'un pouvoir sans appel, celui de fermer ce livre et de le jeter à la poubelle [...]."

Mais grave, mec !!! C'est fou, l'auteur est conscient qu'il fait chier, qu'il donne trop de détails et que son livre est digne de la décharge publique ! Si cette lecture ne constituait pas un challenge, c'est clair que j'aurais fermé ce livre bien plus tôt !!
Dans cette partie toujours aussi longue, on a droit à Aue qui pète toujours plus haut que son cul, qui tente de se faire passer pour le gentil Nazi qui donne des chaussures et couvertures aux détenus des camps meurtris dans le froid et que c'est le seul qui veut leur donner plus à bouffer (genre son humanité s'est réveillée au bout de trois ans et six millions de morts, quel brave homme !), qui utilise les femmes comme bon lui semble, qui continue à nous bassiner avec le sexe, sa verge et celle des autres, qui croit dur comme fer qu'il est blanc comme un linge dans l'histoire du meurtre de sa mère et son mec. Un autre fait ahurissant est la visite répétitive des deux flics qui le suspectent des meurtres qui viennent toujours de super loin juste pour cinq minutes d'entretien et pour le narguer. Ils arrivent tellement toujours comme un cheveu sur la soupe que c'est franchement peu plausible.
Ce qui est pénible quand même, c'est que l'auteur a certainement fait plein de recherches pour parvenir à autant de détails, même supposés, sur le fonctionnement du régime nazi, les façons de penser, les théories développées... Sauf que la narration et le personnage principal avec ses élucubrations personnelles et en particulier sexuelles sont tellement imbuvables qu'ils balaient complètement le travail historique titanesque effectué. Je suis en fait bluffée par cet auto-travail de sape de l'auteur. A quoi pensait-il donc en nous abreuvant d'autant de détails sans aucun but et de considérations sur le sexe ??
Et donc, à presque cent pages de la fin, j'ai arrêté les frais, n'en pouvant plus. Oui, à seulement cent pages alors que j'en avais lu près de huit-cents. J'en étais venue à un point où je me fichais royalement de connaître la fin, le dégoût profond l'ayant emporté sur tout.
Tout ça m'amène à ces questions essentielles : c'est quoi ce Goncourt chiant et illisible dans son ensemble à 100% si c'est pour sauter des pages et des passages chiants et inutiles pour pouvoir avancer ?? Comment ce bouquin a-t-il justement pu avoir le Goncourt et comment de nombreux lecteurs peuvent l'ériger sur l'autel des meilleurs romans qu'ils aient pu lire, vu qu'on ne compte plus le nombre de critiques dithyrambiques ??
Ce livre est pour moi une impasse, un sentiment rare et étrange quand même pour un bouquin...
Lien : http://livriotheque.free.fr/..
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Une fois cet ouvrage terminé, certaines interrogations surgissent :
Fallait-il que ce livre soit écrit ?
Si oui, pourquoi ?
Il est impossible de sortir indemne après une telle lecture dérangeante et pesante, 9 ans après avoir tourné la 894ème et dernière page de ce livre.
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Lu il y a quelques années, je me souviens que ce livre m'avait laissé une forte impression. D'abord plusieurs scènes étaient à la limite du supportable. Mais cette vue de l'intérieur de la folie nazie fait peur. Au delà des penchants propres au personnage principal, on s'aperçoit que, une fois pris dans l'engrenage, les hommes sont capables de bien des bassesses dans la maelstrom de la folie guerrière. J'ai trouvé que ce livre exposait sans complaisance l'envers du cliché du méchant-nazi-SS-qui prend plaisir à commettre des crimes affreux et ce, sans tenter d'excuser ni de justifier. Dans cette optique c'est un livre osé à l'écriture terriblement efficace. Mais le propos dérange et n'est certainement pas à l'intention des coeurs sensibles.
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Un magnifique livre qui nous plonge sans espoir d'en réchapper dans la noirceur de l'âme humaine.
Récit d'une rare maîtrise malgré la grande complexité de la construction (rêve et réalité se côtoient), n'importe quel amoureux de l'Histoire du vingtième siècle sera emporté par la culture et la connaissance des mécanismes de la machine de guerre du III Reich.
On y croise tous les protagonistes de la deuxième guerre mondiale, avec une très belle réflexion sur les motivations réelles de ceux-ci.
Ajoutons une belle langue, des passages inconfortables mais riches de questions sur l'être humain et nous avons entre les mains un roman d'exception.
Dans tous les sens du terme.


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Jonathan Littell nous fait revivre les horreurs de la Seconde Guerre mondiale du côté des bourreaux, tout en nous montrant un homme, un officier SS, comme rarement on l'avait fait : l'épopée d'un être emporté dans la traversée de lui-même et de l'Histoire.

Un roman qui prend littéralement aux tripes et nous interroge.
Aurions-nous été des héros où aurait-on, comme beaucoup d'hommes été de simples exécutants ?
S'agit –il D d'ignorance, de lâcheté ou d'aveuglement ?

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Dans cet énorme roman, J. Little nous emmène voir l'intérieur du régime nazi à travers les yeux d'un de ses officiers supérieurs. Une plongée éprouvante, dense et violente servie par une écriture précise et froide. Si le travail de documentation de l'auteur pour accoucher d'un tel monument est à saluer, la fin du roman est gâchée par une envie de trop en faire.

Le texte commence par une sorte d'adresse au lecteur écrite par le Dr Aue, le narrateur lui-même. On y trouve ce qui semble la thèse du livre : dans des circonstances pareilles, n'importe qui aurait pu commettre les horreurs qu'à commises Aue. Si vous croyez le contraire, que vous auriez été différent, là commence le danger.

Le roman, ensuite, commence fort : les scènes d'exécution de masse et de pogrom dans les villes ukrainiennes sont d'une violence insoutenable. Violence renforcée par la quasi apathie du narrateur, qui se pose des questions mais semble déambuler au milieu des cadavres avec le goût de l'habitude. Cette violence d'emblée, il faut l'encaisser, et serrer les dents : car les premières centaines de pages seront de cet acabit. La campagne d'Ukraine est marquée par des exécutions de masse barbares, chaotiques, dont l'auteur ne nous épargne rien. Heureusement la suite – par moment en tout cas – est un peu plus « soft », si tant est ce mot est un sens dans ce genre de livre. Le narrateur quitte le front direct, et son travail de renseignement l'amène à prendre un peu de distance avec les massacres. Jusqu'à Stalingrad, où on le retrouve à nouveau au front, avec une nouvelle forme de violence. La fin du livre nous amènera jusqu'à l'horreur des camps d'extermination.

J. Little a amassé des quantités incroyables d'informations pour écrire son livre. On sent l'univers maitrisé, l'ensemble est très carré. Malgré la violence, on rentre dans ce livre avec un air de réalité. C'est presque un reportage. Par les yeux de ce narrateur qui va de service en service, de ville en ville, de campagne en campagne, on découvre l'intérieur du régime nazi – que pour ma part je connaissais d'abord écrit par le point de vue des victimes. C'est extrêmement intéressant, et ça met en avant des dimensions qui m'étaient inconnues. Par exemple : le poids de l'administration ou encore les luttes d'influence entre les différents courants du nazisme. J. Little pourtant arrive à dépasser le simple roman historique. Son héros a de la profondeur, une histoire intime qu'on découvre par touche tout le long du roman. Intime et histoire se superposent avec équilibre.

Dans les analyses que portent le narrateur (ce ne sont pas forcément celles de l'auteur), dans ce que le roman montre par les actions des personnages secondaires, j'ai noté 3 idées fortes en cours de lecture :
--- Que n'importe quel homme aurait pu faire ce qu'il a fait à sa place.
--- Que la logique de l'Etat nazi n'était pas foncièrement différente, en nature, de celle des autres Etats occidentaux de l'époque (même ceux qui se prétendent démocratiques). La meilleure preuve étant ce qui a été fait aux colonies (massacres au Congo par les Belges, ou projets de « massacres administratifs » dans les colonies britanniques). L'Allemagne est simplement allé plus loin dans la radicalité de cette violence d'Etat – notamment à cause de l'humiliation post-1ere guerre mondiale.
--- Que le capitalisme s'en est donné à coeur joie dans l'Allemagne nazie. Dans la SS, dans la Wehrmath, l'auteur nous montre comment des individus haut placés ont transformé les institutions étatiques ou militaires en véritables empires commerciaux (avec le pillage des Juifs et le travail forcé des ennemis politiques comme base de l'enrichissement).

Un défaut principal : J. Little a voulu trop en faire, trop montrer et le livre est trop long. Les premières centaines de pages sont magistrales, dures mais bien ficelées. A partir de Stalingrad, quelque chose dérape. On dirait que l'auteur a voulu tout montrer via les yeux de Aue. du coup son personnage se retrouve dans tous les endroits importants, voit tout, s'en sort toujours. Il y a un effet d'accumulation qui fait perdre la crédibilité. le passage par le bunker d'Hitler est une fin qui illustre bien ce phénomène.

A part ce défaut, un livre qui m'a marqué et impressionné de maitrise.
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Goncourt bien merité pour se livre qui nous plonge pendant la seconde guerre mondiale sur le front de l"est dans la peau d'un officier nazi. Livre prenant du debut à la fin avec tout un questionnement sur la culpabilite et le "bien fondé " des actions menées. Je recommande se livre pour qui s'interesse à la seconde guerre mondiale
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« Les Bienveillantes » de Jonathan Littell, prix Goncourt 2006. Horriblement magistral, monumentalement ignoble. La seconde Guerre Mondiale du côté des « méchants ». Mais méchants pour qui?

Maximilien Aue, personnage fictif officier de la SS ayant contribué aux massacres nazis n'est pas véritablement décrit, on n'apprend rien ou pas grand-chose de ses goûts. On découvre plutôt des choses factuelles, son parcours de vie (sa famille, sa soeur, sa mère.) qui a sans doute engendré chez lui un terreau favorable pour commettre ses futures exactions. Peu décrit parce que LUI pourrait être n'importe qui d'autre, même NOUS. Il a peut-être la couleur de mes yeux ou les pieds égyptiens de ma fille. En période de guerre, nous sommes tous potentiellement victimes… ou bourreaux.

« Comme la plupart, je n'ai jamais demandé à devenir un assassin. »

Et pourtant, il l'est devenu. Selon moi, il est + question dans ce livre d'interroger sur la responsabilité individuelle que sur la collective. Au fil des (nombreuses) pages, j'ai rencontré des soldats qu'on manipule, qu'on anesthésie à l'alcool ou autres substances pour leur donner le courage de traquer et tuer, pour éteindre les sursauts de honte et de culpabilité qu'ils peuvent ressentir lorsque leurs consciences les rattrapent. Il y a ceux séduits par la propagande qui oeuvrent de bon coeur dans la folie de l'administration allemande, convaincue du bien-fondé et de la nécessité de ses crimes.

Il faut de tout et surtout d'un peu de chacun d'entre nous, pour faire une guerre.

Le style d'écriture est oppressant, du genre à devoir reprendre son souffle par moments, suffoquant (oui, j'ai osé) et Jonathan Littell ne nous épargne rien des atrocités commises durant cette période. Avec un tel sujet de fond, ce n'était pas gagné d'avoir une forme à la hauteur. Et pourtant l'auteur nous livre un récit incroyablement dense, puissant, riche de références historiques et de questionnements sur la nature humaine, le libre-arbitre. Tous responsables mais pas coupables, tous coupables mais pas responsables ou tous coupables ET responsables ?

« Si vous êtes né dans un pays ou à une époque où non seulement personne ne vient tuer votre femme, vos enfants, mais où personne ne vous demande de tuer les femmes et les enfants des autres, bénissez Dieu et allez en paix. Mais gardez toujours cette pensée à l'esprit : vous avez peut-être eu plus de chance que moi, mais vous n'êtes pas meilleur. » La messe (noire) est dite.
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