AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,96

sur 2545 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
En premier lieu, je dois vous dire que je me suis forcé au départ. J'avais pourtant réuni de bonnes conditions de lecture ; les thrillers récents étaient lus et en août, le programme de la télé était comme un encéphalogramme plat.

Littell nous avait dit : " Vous possédez un pouvoir sans appel, celui de fermer le livre et de le jeter à la poubelle" et plusieurs fois j'ai failli le faire tant ce texte est dense. L'auteur ne nous en facilite pas la lecture ; la taille du livre pourrait permettre de caler une armoire à laquelle il manquerait un pied. Les mots allemands sont nombreux, même si un glossaire en fin d'ouvrage nous donne leurs significations, il n'en demeure pas moins que les weltanschauungsgegner, c'est-à-dire les adversaires de l'idéologie, sont des obstacles à une lecture fluide. D'ailleurs, rien n'est facile durant ces 894 pages, ni le point de vue du narrateur qui nous guide tout au long du roman ni les descriptions qui lorsqu'elles ne sont pas crasseuses, pouilleuses, pourries, sont pestilentielles. Ailleurs, c'est la folie sexuelle qui s'exprime en un délire onirique, avec une débauche calée sur le traitement infligé aux juifs.

On sort cabossé de cette lecture que l'on peut ne pas aimer. Rien n'est romanesque dans cette fiction pour laquelle l'auteur a étudié deux ans les archives écrites, sonores ou filmées de la guerre et du génocide.
Le texte réussit pourtant à créer une sorte de fascination qui nous conduit jusqu'au bout. le récit de Maximilien Aue nous interpelle et son incipit résonne en fin de lecture : "frères humains , laissez-moi vous raconter comment ça s'est passé."


Commenter  J’apprécie          625
Et puisque je suis dans Les Bienveillantes, livre qui m'avait beaucoup perturbée, sur le fond bien sûr-comment ne pas l'être- mais aussi parce que je ne comprenais pas du tout le raisonnement de Jonathan Littell, et ce qu'il voulait dire, un nième commentaire.

Ces presque 900 pages ( et c'est écrit petit...) ne s'oublient pas en passant à autre chose. Ne s'oublient sans doute jamais ainsi que cet cet univers ( dans lequel j'avais eu bien du mal à entrer d'ailleurs...)
Ce récit est composé comme une suite musicale. le premier chapitre est très court, 30 pages. Intitulé Toccata. Une vraie claque, qui pourrait suffire, on pourrait s'arrêter là, et beaucoup de choses seraient dites.
"Comme la plupart, je n'ai pas demandé à être un assassin. Si je l'avais pu, je l'ai déjà dit, j'aurais fait de la littérature... Qui, de sa propre volonté, à part un fou, choisit le meurtre? ....Il est des hommes pour qui la guerre, ou même le meurtre, sont une solution, mais moi, je ne suis pas de ceux-là, pour moi, comme pour la plupart des gens, la guerre et le meurtre sont une question, une question sans réponse, car lorsqu'on crie dans la nuit, personne ne répond. Et une chose en entraine une autre..... dire que s'il n'y avait pas eu la guerre , j'en serais quand même venu à ces extrémités, c'est impossible. Ce serait peut-être arrivé, mais peut-être non, peut être aurais-je trouvé une autre solution........ Je suis un homme comme vous. Allons, puisque je vous dis que je suis comme vous!"

Voilà, si on s'arrête là et qu'on considère que le reste de ce roman n'est qu'un développement de ces quelques phrases ( je mets de côté la documentation, exceptionnelle, que même les détracteurs ont louée), on se retrouve dans un récit extrêmement bien fait dont la seule part fictionnelle est le personnage central, ce Max Aue , un homme brillant, cultivé, pas du tout antipathique, né à un mauvais moment à un mauvais endroit, et qui s'est retrouvé coincé parce que les circonstances historiques avaient permis la prise de pouvoir par un fou furieux.
Ce personnage nous met en face de nos responsabilités , qu'auriez-vous fait, vous? nous dit-il, on prend ça dans les gencives, on repense à Steiner qui se posait toujours la même question de savoir comment on pouvait aimer la musique classique et assassiner des enfants, à l'intelligence d'Hannah Arendt, très fine et précoce analyste.
Et puis, Littell, dans ses entretiens, dit toujours la même chose: quand il était enfant, sa grande peur était qu'on l'envoie au Vietnam tuer des enfants..

La conclusion logique de tout cela, c'est une sorte d'acceptation du destin, la guerre est à l'origine de tout, il s'agit d'un parcours individuel qui s'inscrit en quelque sorte dans une folie collective ......
Oui.... sauf que ce n'est pas si simple. Enfin, je ne crois pas que ce soit ce que Jonathan Littell veut faire comprendre. Il y a des mots qui me semblent essentiels dans le discours initial du narrateur, ce livre , je l'ai repris tant cette assimilation , qui a fait couler beaucoup d'encre, me gênait. le narrateur, , il ne faut jamais l'oublier, est un personnage fictionnel. . Et qu'est donc ce Max Aue, sinon un psychopathe typique? Un personnage figé à un stade très précoce affectivement, qui n'a jamais su ( à sa décharge, n'a jamais pu...) dépasser une passion fusionnelle et incestueuse avec sa soeur jumelle, qui tue sa mère quand celle-ci tente de le faire accéder à certaines vérités, dont le corps se repent par des somatisations diverses, mais l'esprit jamais, qui se sort de ces horreurs auxquelles il a directement et volontairement participé sans remords, en relativisant les chiffres et en faisant quelques calculs, intéressants mais sordides sur le nombre de morts juives par rapport aux morts soviétiques, allemandes, etc, et qui nous annonce d'emblée qu'il est marié, a des enfants , et qu'il dirige une usine de dentelle...... Ah oui, il a encore bien des soucis digestifs, il fait quelques cauchemars, aussi, mais bon, il vit........
Et donc, cet homme, brillant, intelligent, qui n'a rien d'une brute épaisse, ne serait qu'un des maillons de cette responsabilité collective? Pas d'autre choix?
Hum..... Ce n'est pas ce qu'il dit ailleurs, et c'est en cela que Jonathan Littell est très malin.....
" Moi aussi, j'aurais pu demander à partir, j'aurais sans doute même reçu une recommandation positive de Blobel ou du Dr Rash. Pourquoi ne le faisais-je pas? Sans doute n'avais-je pas encore compris ce que je voulais comprendre. le comprendrais-je jamais? Rien n'était moins sûr. Une phrase de Chesterton me trottait par la tête: Je n'ai jamais dit que l'on avait toujours tort d'entrer aux pays des fées. J'ai seulement dit que c'était toujours dangereux. C'était donc cela, la guerre, un pays des fées perverti, le terrain de jeux d'un enfant dément, qui casse ses jouets en hurlant de rire, qui jette gaiement la vaisselle par les fenêtres?"
On n'est plus dans la responsabilité collective, là, ni dans la nième description de ce que la guerre peut faire des hommes. On est dans l'individuel, la folie individuelle, la responsabilité individuelle aussi, et les actes qu'un tel individu est capable de faire dans une guerre ...Bref, je ne suis pas certaine d'être très claire, mais je trouverais très dommage que l'on généralise , que l'on banalise, à partir de ce très important et très réfléchi roman les folies meurtrières de certains.... Cela n'enlève rien à la responsabilité collective, bien sûr, qui était réelle, mais un autre problème......

J'ai donc lu depuis la très brillante analyse de Daniel Mendelsohn , dans Si beau, si fragile,qui m'a un peu mieux expliqué ce livre...
Commenter  J’apprécie          578
Je ne me lancerai pas dans une critique dithyrambique ni dans un pamphlet. Pour la simple et bonne raison que je ne sais toujours pas quoi penser de ce livre, et que je l'ai lu en deux semaines, tantôt passionnée tantôt peinant à tourner les pages.... La première chose à souligner est donc la complexité de ce livre, difficile à comprendre parfois, faute de références historiques assez solides, et à appréhender surtout. En effet, à partir du moment où un officier SS passé par les Einsatzgruppen parle à la première personne -en commençant par une adresse directe au lecteur- , il ya de quoi être déstabilisé. Le talent de l'auteur est de nous amener au bout de ces 900 pages et de nous livrer un récit hyper documenté. Le narrateur est réaliste : complexe, étrange mais réaliste. Sa personnalité dérange sans doute, tout comme ses actes et l'atrocite des scènes qu'il décrit. Ainsi, ce roman est puissant, troublant et m'a permis de découvrir l'organisation interne de l'Allemagne nazie. À lire absolument, ne serait ce que pour se faire un avis. Je joins à cette modeste critique un article d'historien qui m'a aidée à y voir un peu plus clair et à réfléchir et mettre en perspective cette oeuvre : https://www.cairn.info/revue-d-histoire-moderne-et-contemporaine-2007-3-page-159.htm
Commenter  J’apprécie          353
Voilà, je suis parvenue au bout de cette somme, de cette fresque tourbillonnante et terrifiante qui nous entraîne au coeur de la Seconde guerre mondiale, du côté des bourreaux. Après ces longues semaines de lecture, il est dur de se défaire de ce roman ; de quitter ce trouble, sordide et fragile personnage Maximilien Aue, tout à fait fascinant. Ce n'est pas que je m'y suis attachée, loin de là, peut-être juste habituée.
Par où commencer ? « Frères humains, laissez-moi vous raconter comment ça s'est passé » (p.11). Ce sera en effet le plus simple.

Le narrateur, vieillissant, décide de raconter ses Mémoires. Non pas pour justifier ses actes passés, cela, il l'explique très bien dès le début. Il ne faisait que son travail après tout… Non, il décide de mettre par écrit ses souvenirs pour s'occuper et lui faire oublier ses problèmes de constipation. En fait, on le voit, le caractère du personnage est tout de suite cerné. On ne trouvera jamais de remords vis-à-vis des actes horribles qui se sont déroulés et auxquels il a pris part. « Je vis, je fais ce qui est possible, il en est ainsi de tout le monde, je suis un homme comme les autres, je suis un homme comme vous » (p.30). Et c'est sans doute cela qui crée un malaise dès le début…
L'histoire de Maximilien Aue dans la grande Histoire, la voici donc. Nous traversons avec lui toutes les horreurs de la guerre. Des Einsatzgruppen sur le front de l'est à la bataille de Stalingrad, des camps de concentration aux bombardements de Berlin, des marches de la mort au bunker d'Hitler, tout y est.

J'ai beaucoup apprécié le remarquable travail de recherches historiques, fouillé et précis : les Einsatzgruppen, le front de l'est ou Berlin sous les bombes, tout est hyper documenté.
Nous découvrons ainsi le personnage de Maximilien Aue dans son costume nazi, en 1941, au service du SD, le service de sécurité du RSHA (le service de renseignement pour la sécurité du Reich). Dans ce service étaient recrutés de nombreux intellectuels, des jeunes gens de 20 ans, spécialistes du droit, juristes, qui pensaient dans la plupart des cas être cantonnés au recueil d'informations. Pour certains, c'était une promotion sociale d'appartenir à ce service et beaucoup se voyaient déjà en agents secrets infiltrés, avec des missions de haute surveillance. Une brillante carrière s'ouvrait à eux… Leurs missions allaient pourtant être d'un tout autre genre. En effet, ces jeunes gens du SD intégraient des Einsatzgruppen (des groupes d'action de la SD), des unités mobiles SS qui accompagnaient et fermaient l'avancée des groupes armés de la Wehrmacht lors de l'invasion de l'URSS. Leur fonction était de résoudre les tâches de sécurité les plus urgentes dans les territoires conquis en attendant l'établissement des Stelle (bureaux) de police permanents. Qu'entendait-on par « tâches de sécurité urgentes » ? Tout simplement « pacifier » ces nouveaux territoires en débusquant et tuant les responsables communistes qui étaient encore présents. Dans ces partisans, on incluait bien sûr tous les « Juifs bolchéviques », hautement dangereux et nuisibles. Maximilien Aue appartient donc à un de ces Einsatzgruppen envoyé en Ukraine, lors de la campagne du même nom qui dura de 1941 à 1944. Comme les autres jeunes nazis, il s'agit pour lui de ses premiers massacres où l'on tue directement à l'arme. Il participe tout d'abord aux assassinats des hommes, puis à l'été 1941, arrive le tour des vieillards, des femmes, des enfants... Les premières pulsions génocidaires des nazis ont lieu à cet instant, c'est le début du « nettoyage ethnique » des Juifs. C'est ce que l'on appellera plus tard la "Shoah par balles"... A chaque visite de hauts fonctionnaires, il y a comme une réaction en chaîne. Les tueries augmentent pour faire bonne impression, c'est-à-dire sortir des chiffres convenables. Aue nous raconte cela méthodiquement, froidement. Pas d'empathie, juste une gêne devant tout ce sang et ces corps qui s'entassent. La découverte que j'ai notamment faite en lisant ces passages (vérifiée par la suite) est la contribution des populations locales aux massacres des Juifs. En Ukraine, en Estonie, en Lettonie, les locaux ont vu les Allemands les libérer du joug bolchévique et ont été les premiers à lancer des pogroms contre les Juifs, « amis » des anciens oppresseurs, auxquels les Nazis au tout début assistaient en tant que spectateurs. L'épuration avant l'extermination totale…
Mais la carrière de Maximilien ne s'arrête pas là puisqu'on le suit également à Stalingrad, en décembre 1942 et janvier 1943, où l'on assiste avec lui à la défaite allemande. Dans ces passages, nous découvrons comment la folie gagne les soldats allemands totalement livrés à eux-mêmes dans le fameux « chaudron ».Vivant comme des rats sous terre, affamés, malades, envahis par les poux, ils sont lentement abandonnés à une « agonie collective ». Il fallait continuer à se battre alors que tout était perdu depuis bien longtemps.
L'idéologie nazie concernant les Juifs est évidemment largement abordée à travers les réflexions des différents personnages. Aue n'hésite pas ainsi à expliquer qu'il y avait très peu de véritables antisémites parmi les nazis. Beaucoup suivaient l'idéologie du Führer et s'acquittaient de leur mission surtout par obéissance et devoir. Ainsi, des opinions divergeaient sur le traitement des Juifs. L'idée qui ressort notamment lorsqu'Aue doit établir des rapports concernant le traitement des détenus (Häftling) dans les camps est que les Juifs étaient considérés également comme une force de travail pour le Reich. Il fallait penser à la reconstruction de l'Allemagne, à son industrie, et vider le Reich de toute force de travail était contre-productif. Il y avait alors une contradiction évidente : d'un côté, il fallait éliminer les Juifs, rendre le Reich pur ; d'un autre, ils représentaient une contribution non négligeable pour l'économie de guerre et donc, il fallait les garder un « minimum » en bonne santé. On l'avait déjà largement vu dans la spoliation des biens des déportés, dans la « récupération » de leurs cheveux, de leurs dents… . le système nazi avait véritablement mis sur pied une industrialisation humaine monstrueuse, le Juif n'était qu'un produit dont il fallait tirer le maximum de profit avant de le tuer. Arrivé à ce stade, être antisémite ou simple soldat n'avait plus grande différence. le résultat était le même. C'était une déshumanisation totale où des êtres humains étaient réduits à l'état de produit nuisible et de mauvaise qualité. Comme on élimine la vermine sans y penser, sans méchanceté mais méthodiquement et radicalement…
On le voit, ce roman soulève un grand nombre de réflexions ou de révélations. La fin du livre qui décrit les bombardements alliés sur Berlin montre ainsi combien les civils allemands ont également souffert de cette guerre. Evidemment, les livres d'histoire en parlent moins. Population « coupable », méritait-elle que l'on s'apitoie sur son sort ? On oublie que les Allemands vivaient eux-mêmes sous une dictature et étaient soumis à de nombreuses persécutions (ce qui n'est pas décrit dans le roman).
Enfin, la peur « d'Yvan », de l'arrivée des soviétiques est très bien décrite. La propagande nazie faisait bien sûr son oeuvre pour motiver les soldats allemands. Il fallait se battre jusqu'au dernier pour empêcher les Soviétiques de venir violer les femmes. Et c'est un fait… Combien d'atrocités commises, combien de viols systématiques dans les villages, à Berlin, de la fillette à la grand-mère…
On pourrait bien sûr en écrire davantage sur toute cette épopée mais les livres d'histoire le feront mieux que moi. Jonathan Little offre avec « Les Bienveillantes » une somme sur la Seconde guerre mondiale vue du côté nazi qui comblera ceux qui s'intéressent à cette période.

Tout est là sauf une chose… L'émotion, les regrets, l'humanité. Ce récit, nous le suivons à travers l'histoire d'un homme, Maximilien Aue. Cet homme torturé, qui voue un amour incestueux à sa soeur jumelle, est pétri de toutes les contradictions humaines. Il est tellement obsédé par son amour impossible pour sa soeur Una, par sa haine pour sa mère, que toute empathie s'est retirée de lui. Il observe, d'un oeil froid de technicien, les atrocités de son monde. Il y réfléchit beaucoup certes, mais à la manière d'un chercheur ou d'un philosophe. Il est un petit officier pointilleux, travailleur, cultivé. Bien sûr, il a du mal à supporter parfois les tueries, cela le rend malade physiquement. Mais pourquoi finalement ? Tout être humain normalement constitué supporte mal d'assister à la souffrance des autres. Mais cela ne va pas plus loin pour lui… Pourtant, il se prévaut d'être comme vous, comme moi. Et bien non, indéniablement non. le malaise du début face à cette affirmation est passé. Chaque être humain a son libre-arbitre, ce qui implique de grandes responsabilités et aussi de grandes pertes parfois. le tout est d'agir en son âme et conscience. C'est ce qui fait que l'on ne peut pas simplement se justifier en disant « Et vous, qu'auriez-vous fait à ma place ? ». Ce qu'il fait, il le fait de son propre chef, c'est sa décision. Des Allemands sont entrés en résistance, des Allemands sont morts parce qu'ils s'opposaient aux Nazis. Aue n'était pas de ceux-là … mais il aurait pu faire autrement.

Il reste quelques déceptions par rapport à ce long récit. Tout d'abord, la partie où Aue se cache dans le manoir de sa soeur est vraiment trop long. On a compris ses délires, pas besoin de faire plus développé. Ensuite, la « pirouette » imaginée à la fin du roman dans le bunker d'Hitler concernant Aue m'a totalement déçue. Emportée dans l'Histoire, je suis redescendue durement ! Enfin, le style n'est pas des plus simples. On sait que Jonathan Little, franco-américain, a écrit son livre en Français. Ce qui nous donne des phrases interminables où parfois on perd le sens. J'ai vraiment du m'accrocher jusqu'à la 200e page (version Gallimard page blanche) pour ne pas abandonner. C'est souvent très lourd… Mais tout ceci n'est que détails superflus. Ce livre est, pour ma part, une somme dans tous les sens du terme. Une somme sur l'horreur de la guerre, l'horreur de l'humain, l'horreur d'un homme qui apparaît dans tout ce qu'il peut avoir de plus terrifiant.
Commenter  J’apprécie          265

Pfffff déjà 251 critiques !!!

Ca m'évite d'en faire le résumé.
De toute façon je n'en fais jamais... ou presque.

Quelques remarques, quand même.

Non les 1400 pages de l'édition de poche ne m'ont pas rebuté, bien au contraire, l'auteur écrit bien et, à une ou deux exceptions près, il ne lasse pas.

J'ai d'abord trouvé amusante la répétition des grades à rallonge des hiérarchies de la Wehrmacht et des SS, puis ça m'a très vite gavé.

La description minutieuse de son fonctionnement administratif à enrichi d'un angle nouveau ma perception de la machine de destruction nazie.

L'aspect psychanalytique de la vie intérieure du Dr Maximilien Aue m'a moins intéressé.

La scène finale, abrupte, légèrement grand-guignole, voire cinématographique m'a laissé ébaubi.

Un très bon livre.
Commenter  J’apprécie          244
Lu il y a quelques années, je me souviens que ce livre m'avait laissé une forte impression. D'abord plusieurs scènes étaient à la limite du supportable. Mais cette vue de l'intérieur de la folie nazie fait peur. Au delà des penchants propres au personnage principal, on s'aperçoit que, une fois pris dans l'engrenage, les hommes sont capables de bien des bassesses dans la maelstrom de la folie guerrière. J'ai trouvé que ce livre exposait sans complaisance l'envers du cliché du méchant-nazi-SS-qui prend plaisir à commettre des crimes affreux et ce, sans tenter d'excuser ni de justifier. Dans cette optique c'est un livre osé à l'écriture terriblement efficace. Mais le propos dérange et n'est certainement pas à l'intention des coeurs sensibles.
Commenter  J’apprécie          230
Dans cet énorme roman, J. Little nous emmène voir l'intérieur du régime nazi à travers les yeux d'un de ses officiers supérieurs. Une plongée éprouvante, dense et violente servie par une écriture précise et froide. Si le travail de documentation de l'auteur pour accoucher d'un tel monument est à saluer, la fin du roman est gâchée par une envie de trop en faire.

Le texte commence par une sorte d'adresse au lecteur écrite par le Dr Aue, le narrateur lui-même. On y trouve ce qui semble la thèse du livre : dans des circonstances pareilles, n'importe qui aurait pu commettre les horreurs qu'à commises Aue. Si vous croyez le contraire, que vous auriez été différent, là commence le danger.

Le roman, ensuite, commence fort : les scènes d'exécution de masse et de pogrom dans les villes ukrainiennes sont d'une violence insoutenable. Violence renforcée par la quasi apathie du narrateur, qui se pose des questions mais semble déambuler au milieu des cadavres avec le goût de l'habitude. Cette violence d'emblée, il faut l'encaisser, et serrer les dents : car les premières centaines de pages seront de cet acabit. La campagne d'Ukraine est marquée par des exécutions de masse barbares, chaotiques, dont l'auteur ne nous épargne rien. Heureusement la suite – par moment en tout cas – est un peu plus « soft », si tant est ce mot est un sens dans ce genre de livre. Le narrateur quitte le front direct, et son travail de renseignement l'amène à prendre un peu de distance avec les massacres. Jusqu'à Stalingrad, où on le retrouve à nouveau au front, avec une nouvelle forme de violence. La fin du livre nous amènera jusqu'à l'horreur des camps d'extermination.

J. Little a amassé des quantités incroyables d'informations pour écrire son livre. On sent l'univers maitrisé, l'ensemble est très carré. Malgré la violence, on rentre dans ce livre avec un air de réalité. C'est presque un reportage. Par les yeux de ce narrateur qui va de service en service, de ville en ville, de campagne en campagne, on découvre l'intérieur du régime nazi – que pour ma part je connaissais d'abord écrit par le point de vue des victimes. C'est extrêmement intéressant, et ça met en avant des dimensions qui m'étaient inconnues. Par exemple : le poids de l'administration ou encore les luttes d'influence entre les différents courants du nazisme. J. Little pourtant arrive à dépasser le simple roman historique. Son héros a de la profondeur, une histoire intime qu'on découvre par touche tout le long du roman. Intime et histoire se superposent avec équilibre.

Dans les analyses que portent le narrateur (ce ne sont pas forcément celles de l'auteur), dans ce que le roman montre par les actions des personnages secondaires, j'ai noté 3 idées fortes en cours de lecture :
--- Que n'importe quel homme aurait pu faire ce qu'il a fait à sa place.
--- Que la logique de l'Etat nazi n'était pas foncièrement différente, en nature, de celle des autres Etats occidentaux de l'époque (même ceux qui se prétendent démocratiques). La meilleure preuve étant ce qui a été fait aux colonies (massacres au Congo par les Belges, ou projets de « massacres administratifs » dans les colonies britanniques). L'Allemagne est simplement allé plus loin dans la radicalité de cette violence d'Etat – notamment à cause de l'humiliation post-1ere guerre mondiale.
--- Que le capitalisme s'en est donné à coeur joie dans l'Allemagne nazie. Dans la SS, dans la Wehrmath, l'auteur nous montre comment des individus haut placés ont transformé les institutions étatiques ou militaires en véritables empires commerciaux (avec le pillage des Juifs et le travail forcé des ennemis politiques comme base de l'enrichissement).

Un défaut principal : J. Little a voulu trop en faire, trop montrer et le livre est trop long. Les premières centaines de pages sont magistrales, dures mais bien ficelées. A partir de Stalingrad, quelque chose dérape. On dirait que l'auteur a voulu tout montrer via les yeux de Aue. du coup son personnage se retrouve dans tous les endroits importants, voit tout, s'en sort toujours. Il y a un effet d'accumulation qui fait perdre la crédibilité. le passage par le bunker d'Hitler est une fin qui illustre bien ce phénomène.

A part ce défaut, un livre qui m'a marqué et impressionné de maitrise.
Commenter  J’apprécie          213
Goncourt bien merité pour se livre qui nous plonge pendant la seconde guerre mondiale sur le front de l"est dans la peau d'un officier nazi. Livre prenant du debut à la fin avec tout un questionnement sur la culpabilite et le "bien fondé " des actions menées. Je recommande se livre pour qui s'interesse à la seconde guerre mondiale
Commenter  J’apprécie          202
Un livre dont la préface est "Pour les morts" laisse présager quelque chose de froid, de métallique, de pesant, d'inhumain. C'est le cas.
Ce Dr Aue, Maximilien, nous met en garde dés les premières lignes, un peu comme une menace, on peut jeter le bouquin si le coeur ne nous en dit pas.
L'ambiance étant posée, l'histoire peut commencer. Elle sera longue, pénible, révoltante, atroce, livrant les pires dérives des hommes. Si on peut encore appeler "homme" celui qui n'a plus une goutte d'humanité dans les veines.
On suit la trajectoire du Dr Aue qui débute petit juriste, fonctionnaire de la sécurité pour continuer une "belle" carrière chez les SS, Obersturmfürher (Lieutenant), Hauptsturmfürher (Capitaine), Sturmbannfürher (Commandant) Obersturmbannfürher (Lieutenant colonel). Cette trajectoire professionnelle suit une courbe qui déforme avec rage les mots "lois", "justice", "morale" et "éthique".
Dés le début de ses missions le Dr Aue assiste aux massacres, sans ciller, en "fonctionnaire de la violence ", il doit se dire que "les chefs doivent à l'Allemagne le sacrifice de leurs doutes". Il croit dur comme fer à "l'élimination d'ennemis objectifs" alors qu'il n 'y a ni ennemis ni objectivité dans les tueries organisées contre les Juifs ou les Tsiganes : est-ce qu'un enfant de 4 ans est un ennemi objectif ? Dr Aue devient une caricature vomissante de lui-même qui utilise son intelligence et ses hautes études pour faire partie de l'Aktion, de la solution finale.

Ce livre est un coup de poing qui passe sans transition des détails d'atrocités (le visage d'un pendu qui tourne au bout d'un lampadaire) à la description Flaubertienne d'un sous bois en automne. C'est l'éducation sentimentale dans une flaque de sang.
On en ressort peu rassuré sur la nature humaine, sur cet intérêt personnel qui passe avant tout, sur cet embrigadement de l'esprit qui permet aux pires d'entraîner les faibles dans une folie collective.

A lire donc !

Seul bémol : le nombre de pages, 1390 en édition de poche dont 60 pour décrire avec force détails la sombre sexualité du Dr Aue.
Commenter  J’apprécie          191
En voyant ce pavé de 1400 pages en version poche, il m'est arrivé de faire le rapprochement avec des oeuvres tel que Guerre et paix de Tolstoï ou encore les misérables de Hugo. 2 oeuvres immenses mais un peu indigeste dans le style à cause de nombreuses longueurs.
Dans un livres de 1400 pages, difficile de ne pas en faire, et pourtant... Les bienveillantes, hormis 2 passages, a su relever le défi.
Un travail de recherche fabuleux de l'auteur où l'on suit le personnage principal tel Forrest Gump qui se retrouve dans tous les événements clés de la seconde Guerre mondiale et nous expose la vision côté allemand.

Alors bien évidemment, certains passages sont déroutants, mais quiconque a lu sur le nazisme est plus ou moins préparé à ce qui est décrit. Ce livre s'inscrit dans la lignée de "la mort est mon métier" de Robert Merle. Et je dirai que l'on y trouve beaucoup de similitude sur la psychologie des nazis.

Je reste tout de même un peu sur ma fin car je la trouve un peu rocambolesque, tout comme un autre passage que j'ai trouvé très long et décousu à Stalingrad.
On comprend pourquoi après, néanmoins ce passage aurait pu être abrégé, tout comme le long passage imaginé sur sa relation avec sa soeur vers la fin du livre. C'est assez lourd et ne sert pas vraiment l'histoire si ce n'est de donner un sens au titre du livre et à l'analogie à l'Orestie.

Dommage, ces dernières choses lui font perdre une étoile pour ma part mais ce livre n'en reste pas moins un livre marquant et qui le restera.
Commenter  J’apprécie          172




Lecteurs (7947) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3179 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}